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La guerre en Ukraine

La Russie et les Etats Unis ayant rompu tous liens entre eux, il ne reste que les médias pour faire passer les messages. Cette semaine, la CIA a donc envoyé quelques « officiels parlant sous anonymat » et experts du renseignement pour dire au magazine Newsweek que :

« “Ne sous-estimez pas la priorité de l’administration Biden, qui est de maintenir les Américains hors de danger et de rassurer la Russie sur le fait qu’elle n’a pas besoin d’escalade”, déclare l’officier supérieur du renseignement. “La CIA est-elle présente sur le terrain en Ukraine ? demande-t-il de manière rhétorique. “Oui, mais ce n’est pas non plus une activité malveillante”…

Les experts du renseignement disent que cette guerre est unique en ce sens que les États-Unis sont alignés sur l’Ukraine, mais que les deux pays ne sont pas alliés. Et bien que les États-Unis aident l’Ukraine contre la Russie, ils ne sont pas formellement en guerre contre ce pays. Ainsi, une grande partie de ce que Washington fait pour aider l’Ukraine est gardée secrète – et une grande partie de ce qui relève normalement du domaine de l’armée américaine est menée par l’Agence. Tout ce qui est fait, y compris le travail à l’intérieur même de l’Ukraine, doit respecter les limites établies par Biden.

“C’est un exercice d’équilibre délicat – la CIA étant très active dans la guerre tout en ne contredisant pas l’engagement central de l’administration Biden, à savoir qu’il n’y a pas de bottes américaines sur le terrain“, déclare un deuxième haut responsable du renseignement qui a obtenu l’anonymat pour parler avec Newsweek.

Pour la CIA, son rôle majeur dans la guerre en Ukraine lui a remonté le moral après sa relation aigrelette entre l’ancien président Donald Trump. Le deuxième responsable affirme que même si certains membres de l’Agence veulent parler plus ouvertement de cette importance renouvelée, cela ne se produira probablement pas. “L’entreprise CIA craint que trop de bravade à propos de son rôle ne provoque Poutine“, a déclaré le responsable du renseignement…

Cet article est donc présenté comme un insistant message d’apaisement disant que, malgré l’échec de l’Ukraine, « nous ne voulons pas entrer en guerre directe contre vous ». Mais cela pourrait être aussi un piège pour que la Russie pense qu’il n’y a pas de danger de la part des Etats Unis et baisse la garde. Un vrai jeu de dupes :

« C’est en partie la raison pour laquelle la CIA tient également à se distancer de tout ce qui suggère une attaque directe contre la Russie et un rôle dans les combats réels, ce que Kiev a fait à plusieurs reprises, depuis le sabotage du gazoduc Nord Stream et du pont du détroit de Kertch jusqu’aux attaques de drones et aux opérations spéciales qui traversent la frontière. Ces attaques semblent contraires aux promesses de Zelensky selon lesquelles l’Ukraine n’entreprendrait pas d’actions susceptibles d’étendre la portée de la guerre…

“À mon humble avis, la CIA ne comprend pas la nature de l’État ukrainien et les factions extrémistes qui y existent“, a déclaré le fonctionnaire polonais, qui a demandé l’anonymat pour pouvoir parler franchement.

En réponse, le haut responsable du renseignement de défense américain a souligné l’équilibre délicat que l’Agence doit maintenir dans ses nombreux rôles, en déclarant : “J’hésite à dire que la CIA a échoué. Mais le responsable a ajouté que les attaques de sabotage et les combats transfrontaliers créaient une toute nouvelle complication et que la poursuite des sabotage ukrainien “pourrait avoir des conséquences désastreuses”. »

https://www.newsweek.com/2023/07/21/exclusive-cias-blind-spot-about-ukraine-war-1810355.html [Pour traduire les articles en anglais, utilisez DeepL]

Il semble que le reste du message s’adresse aussi à Kiev l’avertissant que si l’Ukraine menait des attaques directes contre la Russie, les Etats Unis s’en désolidariseraient. En particulier toute attaque contre la centrale nucléaire de Zaporojie, comme nous le verrons plus loin.

En réponse, Zelensky s’est justifié :

« Kiev ne garde « aucun secret » vis-à-vis de la Central Intelligence Agency (CIA) américaine, a admis le président Vladimir Zelensky. Il a fait ces remarques dans une interview exclusive avec CNN, diffusée lundi, exprimant sa “surprise” que sa récente rencontre avec le patron de la CIA, William Burns, ait été sous les projecteurs des médias.

« Ma communication avec le chef de la CIA devrait toujours se faire dans les coulisses. Nous discutons de choses importantes – ce dont l’Ukraine a besoin et comment l’Ukraine est prête à agir », a déclaré Zelensky.

Kiev reste en étroite coopération avec l’agence d’espionnage américaine, a admis Zelensky, ajoutant que le pays n’a pratiquement aucun secret pour la CIA. Les agences d’espionnage ukrainiennes entretiennent des contacts avec la CIA, a-t-il ajouté, sans préciser les agences en question. »

https://www.rt.com/russia/579150-ukraine-cia-no-secrets/

Cette mise en garde médiatique se fait dans le contexte d’un nouvel épisode de brouillard de guerre, « l’attaque contre la centrale nucléaire de Zaporojie ».

L’échec de sa contre-offensive oblige l’Ukraine à revoir ses plans :

« La “destruction maximale” du personnel et du matériel militaires russes est maintenant “la tâche numéro un” de l’Ukraine, a déclaré le chef de la sécurité nationale du pays, Aleksey Danilov.

“À ce stade des hostilités actives, les forces de défense ukrainiennes accomplissent la tâche numéro un : la destruction maximale des effectifs, des équipements, des dépôts de carburant, des véhicules militaires, des postes de commandement, de l’artillerie et des forces de défense aérienne de l’armée russe”, a déclaré M. Danilov dans un message sur Twitter mardi, affirmant que les “derniers jours ont été particulièrement fructueux”.

“Désormais, la guerre de destruction est égale à la guerre des kilomètres. Plus de destructions signifie plus de libérations”, a-t-il ajouté. »

https://www.rt.com/russia/579213-ukraine-counteroffensive-focus-shift/

https://lesakerfrancophone.fr/lukraine-adopte-une-tactique-de-guerre-qui-lui-causera-encore-des-pertes

Dans la foulée de cette annonce :

« La ville de Makeevka, dans la République populaire de Donetsk (RPD), a fait l’objet d’intenses bombardements mardi, selon le chef par intérim de la région, Denis Pushilin. Les forces ukrainiennes auraient pris pour cible des quartiers résidentiels, endommageant plusieurs maisons, ainsi qu’une école et un hôpital.

Au moins une personne a été tuée et plusieurs dizaines d’autres blessées, dont deux jeunes enfants, selon les données préliminaires communiquées par M. Pushilin. “Tard dans la soirée, l’ennemi a mené des frappes violentes sur des zones résidentielles et sur le complexe hospitalier dans le district de Chervonogvardeysky à Makeevka”, a écrit le responsable sur Telegram.

Le nombre de victimes a ensuite été revu à la hausse, passant à 41, car d’autres personnes ont cherché à se faire soigner pour diverses blessures. Les victimes reçoivent des soins médicaux, même si plusieurs établissements de santé ont été endommagés, ont ajouté les responsables.

La capitale régionale de la RPD a également été la cible de tirs mardi, avec au moins deux personnes tuées et plusieurs blessées en début d’après-midi, selon le maire de Donetsk, Aleksey Kulemzin. Au total, les forces ukrainiennes ont attaqué la ville et ses banlieues à deux douzaines de reprises mardi, tirant quelque 166 obus d’artillerie de 155 mm fournis par les pays occidentaux, selon le responsable. »

https://www.rt.com/russia/579217-makeevka-donetsk-attack-victims/

Puis, par la voix de l’un de ces fonctionnaires à l’énergie atomique, la Russie prévient que :

« L’Ukraine pourrait lancer une attaque de grande envergure contre la centrale nucléaire de Zaporojie (ZNPP) au cours de la nuit, a averti un haut responsable de l’industrie de l’énergie atomique russe mardi en fin de journée. Kiev pourrait également frapper la centrale avec un missile rempli de déchets radioactifs, a-t-il ajouté.

L’avertissement a été lancé par Renat Karchaa, un haut responsable de Rosenergoatom, une filiale de Rosatom, le géant public russe de l’énergie atomique. Le fonctionnaire a cité des données de renseignement reçues par l’industrie. »

https://www.rt.com/russia/579215-ukrainian-attack-nuclear-plant/

Le lendemain, le Kremlin lui-même insiste :

« Une éventuelle tentative ukrainienne de sabotage de la plus grande centrale nucléaire d’Europe, située dans la région russe de Zaporozhye, pourrait avoir des conséquences “catastrophiques”, a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

La situation autour de la plus grande centrale nucléaire d’Europe, qui est sous contrôle russe depuis mars 2022, reste “tendue”, a déclaré Peskov aux journalistes mercredi.

“Il y a vraiment une forte menace de sabotage par le régime de Kiev, un sabotage qui pourrait avoir des conséquences catastrophiques”, a averti Peskov. »

https://www.rt.com/russia/579240-zaporozhye-nuclear-ukraine-peskov/

Evidemment, de son côté l’Ukraine accuse la Russie :

« Le président ukrainien Volodymyr Zelenskiy a averti samedi qu’une “menace sérieuse” subsistait dans la centrale nucléaire de Zaporizhzhia occupée par la Russie et a déclaré que la Russie était “techniquement prête” à provoquer une explosion localisée dans l’installation.

Zelensky a cité les renseignements ukrainiens comme source de ses informations.

“Il y a une menace sérieuse parce que la Russie est techniquement prête à provoquer une explosion locale à la station, ce qui pourrait conduire à une libération (radiative)”, a déclaré Zelensky lors d’une conférence de presse aux côtés du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez.

Il n’a donné aucun autre détail. Les services de renseignement militaires ukrainiens ont précédemment déclaré que les troupes russes avaient miné l’usine. »

https://www.reuters.com/world/europe/ukraines-zelenskiy-says-serious-threat-remains-zaporizhzhia-nuclear-plant-2023-07-01/

Pourtant l’Agence Internationale à l’Energie Atomique, qui a du personnel chargé de surveiller cette centrale située sur la ligne de front mais sous contrôle russe, déclare :

« Les experts de l’AIEA “ont ces derniers jours et ces dernières semaines inspecté des parties de l’installation – y compris certaines sections du périmètre du grand bassin de refroidissement – et ont également effectué des visites régulières sur le site, jusqu’à présent sans observer aucune indication visible de mines ou d’explosifs”, dit un communiqué de l’AIEA.

“Les experts de l’AIEA ont demandé un accès supplémentaire nécessaire pour confirmer l’absence de mines ou d’explosifs. En particulier, l’accès aux toits des réacteurs 3 et 4 est essentiel, ainsi que l’accès à des parties des salles des machines et à certaines parties du système de refroidissement de l’usine. »

https://www.reuters.com/world/europe/iaea-has-seen-no-sign-explosives-zaporizhzhia-yet-more-access-needed-2023-07-05/

Ensuite, pour bien enfoncer le clou, deux sénateurs étasuniens de tendance néoconservatrice, un Républicain et un Démocrate, déposent une résolution bipartisane disant :

« Dans une résolution déposée plus tôt ce mois-ci, le sénateur du Connecticut a cherché à déclarer que toute attaque de la Russie qui causerait des “dommages importants” par des retombées radioactives dans les pays voisins de l’OTAN serait considérée comme une attaque contre l’alliance elle-même, déclenchant une réponse des États-Unis.

L’avertissement a été considéré comme une réponse aux alarmes déclenchées par les Ukrainiens selon lesquelles l’armée russe prévoyait de saboter une centrale nucléaire à Zaporizhzhia, près du site d’un barrage qui a explosé plus tôt cette année. »

https://www.ctinsider.com/politics/article/blumenthal-lindsey-graham-nato-resolution-ukraine-18183150.php

Ainsi tout est prêt pour que, en cas d’attaque contre cette centrale, le conflit dégénère. Heureusement, au jour de publication de cette revue de presse, toujours aucune explosion n’a frappé cette centrale.

Christelle Néant, une journaliste française qui couvre le Donbass depuis 2014, le début de la guerre civile ukrainienne, nous fait son rapport de terrain sur cette affaire :

https://www.donbass-insider.com/fr/2023/07/04/faute-de-succes-sur-le-front-ukraine-pourrait-preparer-une-provocation-a-la-centrale-nucleaire-de-zaporojie/

***

Vendredi, à court de munitions à envoyer à l’Ukraine, Biden annonçait que :

« Les États-Unis vont fournir des armes à sous-munitions à l’Ukraine, a indiqué vendredi 7 juillet la Maison-Blanche, franchissant un seuil important dans le type d’armements offerts à Kiev pour se défendre contre la Russie. Ces armes sont interdites par plus de 120 pays à cause de leur impact mortel sur la population civile. La décision est donc controversée. Elle intervient au moment où les alliés s’inquiètent de la lenteur de la contre-offensive ukrainienne contre la Russie. »

https://www.rfi.fr/fr/europe/20230707-guerre-en-ukraine-joe-biden-approuve-la-livraison-à-kiev-des-très-controversées-armes-à-sous-munitions

Moon of Alabama nous explique ce qu’il en est :

https://lesakerfrancophone.fr/ukraine-biden-aggrave-encore-la-situation

Récemment, au cours d’un habituel « compte rendu à la presse », la porte-parole de la Maison Blanche affirmait pourtant :

« Q : Merci, Jen. Des rapports font état de l’utilisation par les Russes de bombes à fragmentation et de bombes à vide illégales. Si c’est vrai, quelle est la prochaine étape pour cette administration ? Y a-t-il une ligne rouge à ne pas franchir pour tolérer des actes de violence illégaux et potentiellement constitutifs de crimes de guerre à l’encontre de civils ?

MME. PSAKI : C’est – ce serait le cas. Je n’ai aucune confirmation à ce sujet. Nous avons vu les rapports. Si c’était vrai, il s’agirait potentiellement d’un crime de guerre. »

https://www.whitehouse.gov/briefing-room/press-briefings/2022/02/28/press-briefing-by-press-secretary-jen-psaki-february-28-2022/

Quant à l’Europe :

« L’UE débloque 500 millions d’euros pour augmenter sa production de munitions pour l’Ukraine.

Le Parlement Européen et les États membres sont parvenus à un accord pour accélérer la production de munitions, au sein de l’Union européenne. Avec cet accord, l’Union européenne dispose maintenant de l’outil qui devrait lui permettre à la fois de reconstituer ses stocks de munitions, tout en continuant à armer l’Ukraine. »

https://www.rfi.fr/fr/europe/20230707-l-ue-débloque-500-millions-d-euros-pour-augmenter-sa-production-de-munitions-pour-l-ukraine

Il semble que, dans l’esprit des dirigeants occidentaux, cette guerre est faite pour durer et qu’ils doivent s’y investir encore plus. Sous le sourire du CMI étasunien :

« Les entreprises de défense américaines sont susceptibles de recevoir jusqu’à la moitié du fonds de modernisation militaire de Berlin de 100 milliards d’euros (109 milliards de dollars), a averti la PDG d’un fabricant allemand de pièces de chars d’assaut. Elle a également accusé le gouvernement du pays de manquer de vision stratégique pour l’industrie nationale.

“Je ne crois pas qu’il restera beaucoup d’argent pour l’industrie allemande”, a déclaré Susanne Wiegand, du groupe Renk, à des journalistes, à Munich lundi. “L’Allemagne n’a pas de boussole politique pour l’industrie de la défense.

Le fonds de modernisation allemand a été finalisé en mai de l’année dernière après de longues négociations au sein de la coalition au pouvoir. Le chancelier Olaf Scholz a décrit l’injection de fonds comme une réponse sans précédent aux défis modernes et a promis qu’elle aiderait son pays à contribuer à la sécurité européenne à un niveau approprié pour la plus grande économie de l’Union. L’Allemagne a toujours consacré moins de 2 % de son PIB à la défense, ne satisfaisant pas au critère recommandé par l’OTAN à ses États membres. »

https://www.rt.com/news/579223-us-contractors-german-modernization/

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Pendant ce temps, le « reste du monde » commence à fatiguer de l’insistance avec laquelle l’Occident veut lui imposer son différend avec la Russie :

« Les chefs d’État et de gouvernement de 33 membres de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) devraient se rendre à Bruxelles les 17 et 18 juillet prochains pour un sommet avec leurs homologues de l’Union européenne.

En amont de ce sommet historique, les pays de la CELAC ont envoyé une contre-proposition de 21 pages au projet de texte que les États membres de l’UE leur avaient envoyé le mois dernier, datée du 4 juillet et consultée par EURACTIV.

Le texte initial de la déclaration proposé par l’UE comprenait plusieurs paragraphes sur le soutien à l’Ukraine, faisant référence aux résolutions de l’Assemblée générale de l’ONU, ont déclaré trois personnes au fait de la question.

« Le texte sur l’Ukraine était très équilibré », a affirmé un diplomate européen à EURACTIV. « Il n’y a rien de spécial dans ce que nous leur avons envoyé », a ajouté un second diplomate de l’UE.

Toutefois, les États d’Amérique latine « ont supprimé tout ce qui concernait l’Ukraine », a déploré un troisième diplomate de l’Union après avoir vu la contre-proposition…

La participation du président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui avait initialement reçu une invitation à participer au sommet de la part de l’Espagne, a été annulée après un refus des dirigeants latino-américains. Cette invitation a constitué un point de discorde supplémentaire avant le sommet conjoint. »

https://www.euractiv.fr/section/amerique-latine/news/leak-lamerique-latine-repousse-lukraine-de-lordre-du-jour-dun-sommet-avec-lue/

 

La relation Chine-Occident

Face à la pression occidentale qui ne faiblit pas, la Chine se prépare à la rétorsion en adaptant son cadre juridique :

« La Chine a adopté une nouvelle loi sur les relations extérieures qui renforce la base juridique du gouvernement en matière de “contre-mesures” contre les menaces potentielles pour sa sécurité économique, afin de faire face aux problèmes rencontrés par la Russie dans le cadre des sanctions occidentales. Le Congrès national du peuple a approuvé cette loi mercredi 28 juin.

Les médias occidentaux ont fait preuve d’une certaine confusion quant à la signification de cette loi. Dans cet article, nous fournissons une traduction en anglais, des liens vers l’original chinois et discutons des points saillants des six chapitres contenus dans cette nouvelle loi. Elle doit entrer en vigueur le 1er juillet 2023. »

https://www.china-briefing.com/news/chinas-new-foreign-relations-law-clarifications-analysis/

Dès le 3 juillet les premières mesures tombent :

« Nouvel épisode de cette rivalité technologique entre Pékin et Washington, la Chine a annoncé ce lundi l’imposition à compter du mois prochain de nouvelles restrictions sur les exportations de deux métaux rares essentiels dans la production de puces électroniques.

Il s’agit du gallium et du germanium, deux noms qui ne vous disent sans doute rien, pourtant ces métaux rares se trouvent dans notre quotidien dans les fibres optiques, les LED, les cellules photovoltaïques, les thermomètres, ou encore l’imagerie médicale…  Des semi-conducteurs, essentiels au fonctionnement de nombreux appareils électroniques, mais qui seront désormais de plus en plus difficiles à obtenir. La Chine qui est le principal producteur de gallium et de germanium va conditionner leur exportation à l’obtention d’une licence, le destinataire final et l’objet de leur utilisation devront également être précisés. »

https://www.rfi.fr/fr/économie/20230703-la-chine-annonce-des-restrictions-sur-l-exportation-de-ses-métaux-rares

Le 4 juillet les Etats Unis renvoient la balle :

« L’administration Biden se prépare à restreindre l’accès des entreprises chinoises aux services américains d’informatique en nuage, a rapporté mardi le Wall Street Journal, citant des personnes au fait de la situation.

La nouvelle règle, si elle est adoptée, exigerait probablement que les fournisseurs américains de services d’informatique en nuage tels qu’Amazon (AMZN.O) et Microsoft (MSFT.O) demandent l’autorisation du gouvernement américain avant de fournir à des clients chinois des services d’informatique en nuage qui utilisent des puces d’intelligence artificielle avancées, a indiqué le journal. »

https://www.reuters.com/technology/us-set-restrict-chinas-access-cloud-computing-wsj-2023-07-04/

https://www.rfi.fr/fr/amériques/20230704-les-états-unis-envisagent-de-limiter-l-accès-à-la-chine-aux-services-de-cloud

Le 5 juillet c’est l’Europe qui en prend une :

« La Chine a annulé un voyage du responsable de la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borrell, prévu la semaine prochaine, a déclaré mardi un porte-parole de l’UE.

Aucune raison n’a été donnée pour cette annulation, qui intervient alors que l’Europe cherche à réduire les risques créés par ses relations économiques étroites avec la Chine, que Bruxelles a qualifiée de “concurrent économique et de rival systémique”. »

La fin de l’article de Reuters laisse entendre les raisons de cette rebuffade :

« Borrell devait se rendre à Pékin le 10 juillet pour rencontrer son homologue chinois et discuter de “questions stratégiques”, notamment des droits de l’homme et de la guerre en Ukraine, a déclaré dimanche l’ambassadeur de l’UE en Chine.

Dans un discours préparé pour être prononcé à Pékin en avril, M. Borrell a déclaré que l’UE ne pouvait pas faire confiance à la Chine si elle ne cherchait pas à instaurer la paix en Ukraine. »

https://www.reuters.com/world/europes-top-diplomat-visit-china-july-10-2023-07-04/

Par la voie du Global Times, la Chine dit que cette mesure n’est qu’un avertissement, espérant qu’il sera entendu par l’Occident avant que la situation ne dégénère plus :

« Les États-Unis ont fait appel à leurs alliés pour intensifier la guerre des puces et la répression de la haute technologie contre la Chine, sans tenir compte des dommages potentiels que ce rideau de fer technologique pourrait causer aux chaînes d’approvisionnement et industrielles mondiales. La question est maintenant de savoir combien de temps Washington pourra ignorer l’avertissement concernant les conséquences lorsque la Chine commencera à prendre des mesures légitimes et raisonnables pour sauvegarder sa sécurité et ses intérêts nationaux…

Alors que les États-Unis font pression sur leurs alliés pour qu’ils coopèrent à l’interdiction de vente des puces contre la Chine, l’action de la Chine pourrait cette fois être plutot pris comme un avertissement, montrant que la Chine ne se laissera pas passivement évincer de la chaîne d’approvisionnement mondiale en semi-conducteurs. Il y a quelques jours, le gouvernement néerlandais a annoncé de nouvelles restrictions sur les exportations de certains équipements de semi-conducteurs, indiquant qu’ASML, la plus grande entreprise technologique d’Europe, devra demander des licences d’exportation pour les produits utilisés dans la fabrication de micropuces. »

https://www.globaltimes.cn/page/202307/1293723.shtml

Le 30 juin, le Conseil européen publiait un papier sur la Chine. Voici quelques extraits qui montrent bien l’état d’esprit de l’UE envers la Chine :

« Le Conseil européen a poursuivi son débat stratégique sur les relations de l’UE avec la Chine et a réaffirmé l’approche stratégique multiforme de l’UE à l’égard de la Chine, dans le cadre de laquelle ce pays est dans le même temps un partenaire, un concurrent et un rival systémique »

C’est une introduction un tantinet schizophrénique

« L’UE…encourage la Chine à mener une action plus ambitieuse en ce qui concerne le changement climatique et la biodiversité, la préparation en matière de santé et de pandémies, la sécurité alimentaire, la réduction des risques de catastrophe, l’allègement de la dette, ainsi que l’aide humanitaire. »

Là encore l’UE se pose en donneur de leçon et ferait bien de regarder la poutre qu’elle a dans l’œil sur tous ces sujets.

« En tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, la Chine a une responsabilité spéciale dans la défense de l’ordre international fondé sur des règles, de la charte des Nations unies et du droit international. Par conséquent, le Conseil européen appelle la Chine à faire pression sur la Russie pour qu’elle mette un terme à sa guerre d’agression et retire immédiatement, complètement et sans condition ses troupes d’Ukraine. »

La Chine pourrait comprendre ce passage si l’UE avait fait pression sur les Etats-Unis pour qu’ils mettent fin à leurs précédentes guerres d’agression. Cela n’a non seulement pas été le cas mais l’OTAN a de plus été complice dans ces guerres d’agression. Elle n’est donc pas en mesure de faire un tel appel à la Chine.

« L’Union européenne est préoccupée par la montée des tensions dans le détroit de Taïwan. Le Conseil européen s’oppose à toute tentative unilatérale de modifier le statu quo par la force ou la coercition. Il réaffirme la “politique d’une Chine unique” suivie de façon constante par l’UE. »

Tel qu’exprimé, ce passage est si ambigu que l’on se demande si l’UE pense à la Chine ou aux Etats Unis. Mais non, elle s’adresse bien à la Chine. Qui provoque la montée des tensions dans le détroit de Taiwan si ce n’est les USA en y envoyant ses navires de guerre, ses hauts dignitaires diplomatiques et en armant Taiwan ? Qui tente de modifier le statu quo ? Tout cela pour terminer par la reconnaissance de « la Chine unique » après avoir envoyé hommes politiques et armes à une province « reconnue comme chinoise » mais sans l’aval de Pékin.

Et bien sûr l’habituel couplet final :

« L’UE…réaffirme ses préoccupations quant au travail forcé, au traitement des défenseurs des droits de l’homme et des personnes appartenant à des minorités, à la situation au Tibet et au Xinjiang, ainsi qu’au respect des engagements pris antérieurement par la Chine en ce qui concerne Hong Kong. »

On comprend mieux pourquoi Beijing ne tient pas à recevoir Borell. Elle sait déjà que cela ne servira à rien.

https://www.consilium.europa.eu/fr/press/press-releases/2023/06/30/european-council-conclusions-on-china-30-june-2023/

Cet article d’un journal étasunien détaillant un rapport du Council on Foreign Relations, un influent Think tank étasunien, arrive aux mêmes conclusions :

« Compte tenu du nombre de ses membres et de sa direction prestigieuse, le Council on Foreign Relations (CFR) est généralement considéré comme le principal groupe de réflexion en matière de politique étrangère aux États-Unis, reflétant les opinions judicieuses et dominantes de l’establishment américain en matière de politique étrangère.

Il est donc remarquable et potentiellement dangereux que le CFR vienne de publier une évaluation de la politique américaine à l’égard de Taïwan qui reflète largement le point de vue des va-t-en-guerre de Washington sur une série de questions, notamment la valeur stratégique de Taïwan pour les États-Unis et les objectifs de Xi Jinping et du Parti communiste chinois (PCC). Si ce point de vue très contesté est interprété par l’ensemble des décideurs politiques comme un consensus d’experts, les États-Unis risquent de poursuivre l’escalade avec la Chine en direction d’un conflit grave.

Le rapport est censé s’appuyer sur les opinions d’un groupe de travail composé d’un large éventail d’experts sur les relations entre les États-Unis et la Chine et entre les États-Unis et Taïwan. Toutefois, la majeure partie de l’étude ignore ou minimise bon nombre des positions plus équilibrées défendues par ceux qui participent actuellement au débat sur la politique de Taïwan. En conséquence, cinq des 17 membres de la task force ont émis des avis défavorables au rapport, citant des problèmes fondamentaux liés à la nature de ses arguments et de ses recommandations (deux autres membres de la task force ont émis un avis défavorable dans un sens plus optimiste).

Le rapport commence sur une note prometteuse, faisant preuve d’une grande perspicacité dans la dynamique d’escalade qui a émergé de l’effondrement des relations entre les États-Unis et la Chine :

 « S’opposant aux mesures prises par les États-Unis concernant les relations avec Taïwan, la Chine a accusé les États-Unis d’avoir une “fausse” politique d’une seule Chine. Les États-Unis affirment que leurs actions sont conformes à leur politique d’une seule Chine et constituent une réponse nécessaire à la coercition accrue de la Chine à l’égard de Taïwan. Cette discorde a créé une dynamique d’action-réaction dans laquelle la Chine exerce des pressions sur Taïwan, ce qui incite les États-Unis à prendre des mesures pour démontrer leur soutien à Taïwan, ce qui a pour effet d’accroître les pressions chinoises sur l’île. »

À partir de là, on peut s’attendre à une exploration des actions déstabilisatrices de toutes les parties. En ce qui concerne les recommandations politiques, on s’intéresserait aux méthodes de réassurance mutuelle que chaque acteur devrait poursuivre, ainsi qu’aux lignes rouges que chacun devrait éviter. Plus important encore, on pourrait espérer une discussion sur la manière dont les États-Unis et la Chine pourraient redonner une base solide à leur relation plus large – la condition préalable étant que chaque partie fasse confiance aux assurances de l’autre quant au respect du statu quo qui a assuré la sécurité de Taïwan pendant plus de quarante ans.

Au lieu de cela, les moyens de pression chinois sont examinés en détail, tandis que ceux des États-Unis et de Taïwan sont laissés de côté, ce qui donne l’impression d’une agression unilatérale plutôt que d’une insécurité alimentée par les deux parties. Bien que le rapport soutienne rhétoriquement la politique d’une seule Chine et appelle judicieusement les États-Unis à éviter les gestes symboliques à l’égard de la souveraineté taïwanaise, toutes les autres suggestions visent à renforcer la capacité de Taïwan et des États-Unis à résister à l’influence chinoise. Nombre de ces idées sont judicieuses, mais elles ne peuvent réussir à dissuader l’agression chinoise que si elles sont accompagnées d’initiatives positives solides. Dans le climat actuel, un programme de “dissuasion” déséquilibré pousse la spirale de l’escalade vers le conflit.

Le problème le plus grave du rapport, qui influence toutes les autres évaluations, est peut-être sa représentation de Taïwan comme un lieu stratégique vital qui doit être maintenu à l’abri de l’influence chinoise afin de préserver la puissance militaire des États-Unis dans la région Asie-Pacifique.

Citant à plusieurs reprises le témoignage au Congrès d’un seul fonctionnaire de la défense américaine (dont les remarques n’ont pas été reprises par la suite par l’administration Biden), le rapport affirme que Taïwan est vital pour les États-Unis en raison de sa “position géographique au centre de la première chaîne d’îles… de son rôle en tant que centre mondial de fabrication de semi-conducteurs… [et] de sa volonté de travailler avec les États-Unis en tant que partenaire de confiance sur les questions transnationales”. Selon les auteurs, le sort de Taïwan “déterminera en grande partie la capacité de l’armée américaine à opérer dans la région”.

Pourtant, la valeur stratégique de Taïwan pour la position militaire globale des États-Unis en Asie est un point débattu par de nombreux analystes et universitaires, souvent sans conclusions décisives. Si le contrôle de Taïwan par la Chine aurait sans aucun doute des effets contraignants considérables sur la capacité opérationnelle des États-Unis en Asie, il est très douteux qu’il ait des effets aussi importants et déterminants sur la projection de la puissance régionale des États-Unis que l’affirme le rapport.

Plus important encore, en définissant Taïwan comme un atout stratégique essentiel pour les États-Unis, le rapport renie la politique d’une seule Chine, qui stipule que les États-Unis accepteront toute résolution de la question de Taïwan (y compris l’unification) si elle est obtenue de manière pacifique et sans coercition.

Bien qu’il présente la question de Taïwan comme un problème de concurrence stratégique entre les États-Unis et la Chine et qu’il fasse de nombreuses suggestions pour que Washington maintienne une position avantageuse par rapport à Pékin, le rapport recommande ironiquement que les États-Unis maintiennent la politique d’une seule Chine et rassurent Pékin sur le fait que Washington ne cherche pas à séparer Taïwan de la Chine de façon permanente.

Pour ce faire, il suffit apparemment de répéter le mantra selon lequel Washington maintient sa politique d’une seule Chine tout en évitant les “gestes symboliques (tels que le voyage de l’ancienne présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, à Taïwan en 2022) susceptibles d’entraîner une réaction brutale de la part de la RPC et de faire craindre à Pékin que Washington ne s’éloigne de sa politique d’une seule Chine”.  En d’autres termes, la Chine devrait nous croire sur parole. On ne voit pas comment des actions aussi modestes pourraient convaincre Pékin que Washington reste ouvert à une unification pacifique, alors que les États-Unis mettent en œuvre des politiques fondées principalement sur un argument stratégique visant à empêcher la Chine de s’emparer de Taïwan.

Une deuxième affirmation très problématique du rapport est la notion selon laquelle Xi Jinping deviendra probablement de plus en plus agressif à l’égard de Taïwan, et emploiera peut-être la force, afin de “rallier le soutien au PCC et à son règne personnel”, en particulier si l’économie chinoise continue de ralentir.

Bien que le rapport ne fournisse aucune preuve concrète et admette à juste titre que cette description de l’état d’esprit de Xi est purement spéculative, il utilise néanmoins cette affirmation comme un élément important de son argumentation en faveur d’un doublement de toutes les formes de dissuasion, tout en négligeant une réassurance crédible. Compte tenu de son analyse unilatérale et militarisée, le rapport recommande aux États-Unis de placer leur base industrielle de défense “sur un pied de guerre”.

L’accompagnement logique de l’importance accordée par le rapport à la dissuasion par rapport à la réassurance crédible est l’idée que les États-Unis devraient remplacer leur politique de longue date d’ambiguïté stratégique à l’égard d’une intervention militaire américaine dans un conflit avec Taïwan par une politique de clarté stratégique garantissant une telle intervention. Le groupe de travail a examiné le choix entre l’ambiguïté et la clarté, mais n’est pas parvenu à un consensus. Le rapport soutient néanmoins la clarté stratégique sur le fond en recommandant que les affirmations répétées du président Biden selon lesquelles les États-Unis interviendraient militairement dans tout conflit deviennent “la nouvelle base de référence de la politique déclaratoire des États-Unis”.

Dans l’ensemble, au lieu d’apporter un soutien à une approche plus crédible et plus équilibrée de la question de Taiwan, le rapport du CFR ne fera que renforcer l’approche de nombreux analystes de la défense à Washington, centrée sur la dissuasion militaire et sur la réassurance. Ce faisant, il ignore ou minimise les contre-arguments d’autres personnes, dont certaines faisaient partie du groupe de travail. Ses recommandations engageraient les États-Unis dans une course aux armements illimitée et de plus en plus intense avec la Chine au sujet de Taïwan. Une telle approche unilatérale renforcerait la suspicion et la méfiance des Chinois à l’égard des motivations des États-Unis, augmentant ainsi la probabilité d’une crise grave ou d’un conflit avec Pékin et mettant le peuple taïwanais en grand danger. »

https://responsiblestatecraft.org/2023/06/29/how-a-reckless-report-could-increase-the-chance-of-a-crisis-with-china/

On retrouve la même stratégie que les Etats Unis ont eu envers la Russie depuis la chute de l’URSS. Prétendre à la Russie que l’OTAN, qui a été spécialement créée pour contrer l’URSS, n’est pas un danger pour elle tout en se rapprochant de ses frontières. Promettre son intégration au continent européen tout en démonisant son dirigeant.

Dans le cas de la Chine, c’est prétendre suivre la « politique d’une seule Chine » tout en agissant avec Taiwan comme si elle était une ile indépendante. Vouloir conserver des relations commerciales avec la Chine tout en lui imposant des sanctions.

A quoi joue le monde occidental en voulant défier ces deux pays ?

Cette intéressante analyse historique [en français] donne des réponses et explique en partie l’attitude ambigüe des Etats Unis envers la Chine :

« Pourquoi les États-Unis tentent-ils de donner l’impression de faire de la diplomatie alors qu’ils sabotent délibérément toute amélioration des relations américano-chinoises ?

Avant de répondre à cette question, il est important de comprendre à quel point la politique américaine d’endiguement de la Chine est ancienne et à quel point il est peu probable que nous assistions aujourd’hui à une tentative sérieuse de la modifier. »

https://reseauinternational.net/la-veritable-politique-de-washington-a-legard-de-la-chine/

***

Vendredi, Janet Yellen, la ministre des finances étasunienne arrivait pour sa visite à Pékin. Voici les commentaires du Global Times :

« Le Premier ministre chinois Li Qiang a rencontré la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen à Pékin vendredi, exhortant les Etats-Unis à maintenir une attitude “rationnelle et pragmatique” et à travailler avec la Chine pour remettre les relations bilatérales sur la bonne voie dès que possible, tout en notant également que les relations Chine-Etats-Unis peuvent voir des “arcs-en-ciel” après une période de “vent et de pluie”.

Mme Yellen est à Pékin pour un voyage de quatre jours, son premier en tant que secrétaire au Trésor américain, dans le cadre de ce que les responsables américains appellent un effort pour accroître la communication avec leurs homologues chinois dans un contexte de tensions dans les relations bilatérales. Lors de la réunion de vendredi, Mme Yellen a déclaré que les États-Unis souhaitaient “une concurrence économique saine” et “davantage de communication et d’échanges”. 

L’augmentation des interactions entre les responsables chinois et américains est un signal positif pour le monde, qui a grand besoin de discussions et de coopération entre les deux plus grandes économies du monde face à des défis de plus en plus importants. Toutefois, malgré les récentes discussions, les liens entre la Chine et les États-Unis resteront probablement à leur point le plus bas depuis des décennies et Washington doit rester fidèle à ses paroles afin de stabiliser les relations, ont noté des experts chinois. »

https://www.globaltimes.cn/page/202307/1293956.shtml

Les commentaires du New York Times :

« Lors de son audition de confirmation au début de 2021, la secrétaire au Trésor Janet L. Yellen a adopté un ton dur à l’égard de la Chine, la décrivant comme le concurrent stratégique le plus important des États-Unis et s’engageant à lutter contre ses “pratiques abusives, déloyales et illégales” qui, selon elle, nuisent aux entreprises et aux travailleurs des Etats-Unis.

Depuis lors, Mme Yellen est devenue une voix de la modération dans l’administration Biden, embrassant le manteau du pragmatisme économique alors que l’économie mondiale fait face à l’inflation et à une croissance atone. Le secrétaire au Trésor a exprimé des objections au bilan de la Chine en matière de droits de l’homme, a appelé à diversifier les chaînes d’approvisionnement américaines et a reconnu que la protection de la sécurité nationale est primordiale.

Mais elle a également été la plus éminente partisane de l’administration du maintien des liens économiques avec la Chine, plaidant contre les tarifs douaniers, appelant à la prudence sur les nouvelles restrictions à l’investissement en Chine et, plus récemment, avertissant que le découplage des deux économies serait “désastreux”.

Mme Yellen naviguera dans ces intérêts conflictuels en temps réel lors d’une visite de quatre jours en Chine. Le voyage, son premier dans le pays en tant que secrétaire au Trésor, représente le test de diplomatie économique le plus difficile de Mme Yellen à ce jour alors qu’elle tente d’apaiser des années de méfiance entre les États-Unis et la Chine. »

https://www.nytimes.com/2023/07/06/business/janet-yellen-china-treasury.html

Le communiqué de presse de Reuters, qui sera repris par les petits journaux :

« La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a appelé vendredi à des réformes du marché en Chine et a critiqué ses récentes actions sévères contre les entreprises américaines et le contrôle des exportations de minerais, tandis que le Premier ministre chinois l’a appelée à “rencontrer la Chine à mi-chemin” et à remettre les relations bilatérales sur les rails.

Yellen a rencontré le Premier ministre Li Qiang vendredi lors d’une visite à Pékin visant à réparer les relations économiques américano-chinoises, mais a clairement indiqué dans ses remarques publiques que Washington et ses alliés occidentaux continueront de riposter à ce qu’elle a appelé les “pratiques économiques déloyales” de la Chine.

Malgré les discussions sur le découplage économique entre les États-Unis et la Chine, des données récentes montrent que les deux plus grandes économies du monde restent profondément liées, le commerce bilatéral ayant atteint un record de 690 milliards de dollars l’année dernière.

“Nous recherchons une concurrence économique saine qui n’est pas celle du gagnant-gagnant mais qui, avec un ensemble de règles équitables, peut profiter aux deux pays au fil du temps”, a déclaré Yellen au Premier ministre chinois Li Qiang lors d’une réunion vendredi que le Trésor a qualifié de “franc et constructif.” »

https://www.reuters.com/world/yellen-urges-china-adopt-market-reforms-insists-us-not-decoupling-2023-07-07/

Enfin, pour bien souligner la différence d’approche diplomatique des deux parties, nous finirons par un deuxième article du Global Times :

« La nature des relations économiques et commerciales entre la Chine et les États-Unis est mutuellement bénéfique et gagnant-gagnant. Il n’y aura pas de gagnant dans une guerre commerciale ou un “découplage”. Nous espérons que la partie américaine pourra créer un environnement sain pour le développement des relations économiques et commerciales entre la Chine et les États-Unis et promouvoir la coopération gagnant-gagnant par des actions concrètes, selon une déclaration publiée sur le site web de l’agence gouvernementale.

“La déclaration reflète le fait que la partie chinoise espère non seulement gérer les différences entre les deux pays, mais aussi améliorer les relations bilatérales”, a déclaré Li Yong, chercheur principal à l’Association chinoise du commerce international, au Global Times vendredi.

Il s’agit également d’une réponse aux principes unilatéraux des États-Unis qui empoisonnent les relations économiques et commerciales avec la Chine, ainsi qu’à la politique étrangère à double visage des États-Unis à l’égard de la Chine, a ajouté M. Li, faisant référence au discours de Mme Yellen en avril qui mettait l’accent sur la soi-disant sécurité nationale des États-Unis, ainsi qu’à la répression croissante des États-Unis à l’égard du secteur chinois des puces électroniques.

“Zhou Mi, directeur adjoint de l’Institut d’études américaines et océaniennes de l’Académie chinoise du commerce international et de la coopération économique, qui dépend du ministère du commerce, a déclaré vendredi au Global Times que la Chine et les États-Unis avaient des intérêts mutuels importants en matière de développement économique et que les deux parties devraient renforcer leur coopération. »

https://www.globaltimes.cn/page/202307/1293930.shtml

Cet article nous explique pourquoi il sera compliqué pour les entreprises occidentales de se « découpler » de la Chine :

« Dans le cadre de nos recherches sur la compétitivité mondiale, nous avons eu l’occasion d’examiner des données confidentielles provenant de certaines entreprises manufacturières. Ces données indiquent que même si les coûts de main-d’œuvre associés à la production sont nettement inférieurs sur d’autres marchés, tels que le Bangladesh, il en va de même pour la productivité.

La main-d’œuvre chinoise est à la fois plus chère et plus productive que celle des autres économies émergentes d’Asie. Ces deux facteurs doivent être pris en compte dans la décision de délocaliser la production hors de Chine. Mais ce n’est qu’une partie de l’histoire… »

https://theconversation.com/why-does-so-much-of-the-worlds-manufacturing-still-take-place-in-china-207178

 

Le sommet de l’Organisation de Coopération de Shangaï

L’OCS est :

« Succédant au « groupe de Shanghai », elle est instituée en 2001 par la Chine, la Russie et quatre États d’Asie centrale, le Kazakhstan, le Kirghizistan, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan. Elle s’élargit à l’Inde et au Pakistan en 2016, puis à l’Iran en 2021.

L’OCS vise d’abord à répondre aux bouleversements géopolitiques en Asie centrale, consécutifs à l’effondrement de l’URSS en 1991 et à l’instabilité que cela entraîne dans la région. Le groupe de Shanghai puis l’Organisation institutionnalisent peu à peu une coopération visant à assurer la sécurité collective de ses adhérents face aux menaces « du terrorisme, de l’extrémisme et du séparatisme ». La Chine et la Russie sont au centre de cette entente et formalisent par son biais une forme de rapprochement géostratégique qui dépasse le cadre régional. »

https://fr.wikipedia.org/wiki/Organisation_de_coop%C3%A9ration_de_Shanghai

Là encore les médias occidentaux renient leur devoir d’information en boudant complètement ce sommet qui est pourtant important pour comprendre l’équilibre géopolitique mondial. Il semblerait que les médias occidentaux veulent laisser leurs lecteurs aveugles à ce qui se passe en dehors du monde occidental.

Dans un discours prononcé à ce sommet, Xi Jinping a déclaré :

« La Chine propose à l’OCS d’intensifier le règlement en monnaie locale entre les États membres, d’étendre la coopération en matière de monnaie numérique souveraine et de promouvoir la création d’une banque de développement de l’OCS. La Chine est prête à partager les opportunités de marché et l’expérience de développement, et à mettre en œuvre le programme de renforcement des capacités pour autonomiser les jeunes agriculteurs professionnels. La Chine mettra en œuvre des programmes de formation aux technologies numériques en collaboration avec le centre de coopération Chine-OSC sur les données massives (Big Data Cooperation Center) et accueillera un forum national de l’OCS sur le développement écologique. »

http://english.www.gov.cn/news/202307/04/content_WS64a42528c6d0868f4e8dd7d3.html

Au même sommet, Poutine confirmait que la Chine et la Russie montraient déjà l’exemple pour les règlements en monnaie locale :

« La coopération commerciale et économique entre la Russie et la Chine se développe, plus de 80 % des règlements entre les deux nations étant actuellement effectués en roubles et en yuans, a révélé le président Vladimir Poutine. »

https://www.rt.com/business/579179-russia-china-trade-rubles-yuan/

Un pas de plus vers la dédollarisation du commerce international.

Russia Today nous donne un résumé de ce sommet :

« Les dirigeants de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), accueillis virtuellement par l’Inde mardi, ont publié une déclaration commune adoptant la Déclaration de New Delhi, a annoncé le ministre indien des Affaires étrangères Vinay Mohan Kwatra. La déclaration reflète les efforts concertés de lutte contre la radicalisation, la coopération en matière de transformation numérique entre les membres et un consensus sur dix résolutions visant à renforcer la coopération dans la région eurasienne.

Le document souligne l’importance de renforcer les efforts coordonnés de la communauté internationale “pour contrer les activités des groupes terroristes, séparatistes et extrémistes“, en accordant une attention particulière à “la prévention de la propagation de l’intolérance religieuse, du nationalisme agressif, de la discrimination ethnique et raciale, de la xénophobie, des idéologies fascistes et du chauvinisme“. »

https://lesakerfrancophone.fr/les-pays-de-locs-adoptent-la-declaration-de-new-delhi-qui-met-laccent-sur-le-multilateralisme-et-la-lutte-contre-le-terrorisme

Puis explique dans cet article pourquoi il est important pour la Russie de travailler sur la coordination de cette région :

« Au cours du premier semestre 2023, l’Union européenne et les États-Unis se sont montrés très actifs en Asie centrale, considérée par certains comme le “bas ventre” de la Russie. De nombreux politiciens et diplomates d’Europe occidentale et des États-Unis ont fréquenté la région et ont tenté de rallier les anciennes républiques soviétiques du Kazakhstan, du Tadjikistan, de l’Ouzbékistan, du Kirghizistan et du Turkménistan à leur cause dans le conflit qui les oppose à Moscou.

L’Occident veut convaincre ces États de soutenir les sanctions contre la Russie et de bloquer les importations parallèles vers le pays. Il a promis des compensations pour les pertes financières. En outre, les dirigeantes d’Europe occidentales considèrent le Kazakhstan comme une source de ressources naturelles qui pourrait potentiellement remplacer Moscou.

Avec toute cette attention récente, l’Asie centrale prend de plus en plus conscience de son importance politique. Mais cela l’amènera-t-il à rompre ses liens avec la Russie, comme l’espère l’Occident ? »

https://lesakerfrancophone.fr/un-coup-de-poignard-dans-le-bas-ventre-loccident-ouvre-un-nouveau-front-contre-la-russie

Mais l’analyste indien Bhadrakumar explique que son pays, tiraillé entre l’Occident et l’Orient, a du mal à respecter l’entente :

« Le discours d’ouverture du Premier ministre Narendra Modi à l’événement de l’OCS n’a pas réussi à convaincre, et encore moins à stimuler les autres pays membres – en particulier la Russie et la Chine qui ont inventé “l’esprit de Shanghai” il y a près de trois décennies, qui est devenu cinq ans plus tard, en 2001, la ligne directrice de la coopération au sein de l’OCS.

Le plus triste, c’est que Modi semble ignorer l’esprit de Shanghai, bien que son gouvernement ait fortuitement récolté l’initiative de politique étrangère du précédent gouvernement Manmohan Singh visant à obtenir l’adhésion de l’Inde à l’OCS. Les discours de Modi sur les plateformes multilatérales ont désormais acquis un caractère automatique : ils visent le Pakistan et la Chine par le biais d’insinuations. Ils enthousiasment les lobbies antimusulmans et sinophobes en Inde, mais ne sont d’aucune utilité pour le collectif de l’OCS. »

https://lesakerfrancophone.fr/le-mecontentement-de-linde-a-legard-de-locs

 

Le monde occidental

Comme nous l’avons vu, les médias occidentaux donnent à leurs lecteurs une vision déformée, carrément caricaturale, du monde non occidental, les empêchant ainsi de connaitre les grands changements géopolitiques actuels.

Cette propagande médiatique a de malheureuses conséquences. Cette analyse de l’ancien ambassadeur anglais Alastair Crooke, nous explique que le drame de l’Occident est son incapacité à voir que le monde change et que, par conséquent, il reste bloqué dans ses préjugés :

« La tragédie qui frappe l’Occident aujourd’hui consiste, d’une part, en l’impossibilité pure et simple pour lui de continuer à faire ce qu’il a fait – qui n’a d’égale que son impossibilité à faire autre chose.

Pourquoi en est-il ainsi ? Parce que les conditions qui ont donné naissance à l’âge d’or qui a créé la “génération confortable” ne sont plus réunies : des crédits à taux zéro, une inflation nulle, des médias de connivence et une énergie bon marché qui “subventionnent” une base manufacturière de plus en plus réduite et sclérosée (du moins en Europe).

Ces décennies ont été l’éphémère “moment au soleil” de l’Occident. Mais ce moment est révolu. La “périphérie” peut se débrouiller seule, merci ! Elle s’en sort bien – plutôt mieux, en fait, que le centre impérial ces jours-ci. »

https://lesakerfrancophone.fr/la-tragedie-en-cours-limpossibilite-de-faire-autre-chose

Quelques intellectuels occidentaux commencent tout juste à prendre conscience de ce problème. Voici par exemple un discours qui vient d’être donné par une ancienne fonctionnaire au US National Security Council pendant une conférence à l’International Defense and Security Council, en Estonie :

« Depuis 1991, les États-Unis semblent être la seule superpuissance mondiale. Mais aujourd’hui, après une période troublée de deux décennies, marquée par des interventions militaires menées par les Américains et un engagement direct dans des guerres régionales, la guerre en Ukraine met en évidence le déclin des États-Unis eux-mêmes. Ce déclin est relatif sur le plan économique et militaire, mais grave en termes d’autorité morale. Malheureusement, comme l’avait prévu Oussama ben Laden, les réactions et les actions des États-Unis ont érodé leur position depuis les attaques terroristes dévastatrices du 11 septembre. La “fatigue envers l’Amérique” et la désillusion quant à son rôle d’hégémon mondial sont largement répandues. Cela vaut également pour les États-Unis eux-mêmes, comme en témoignent les débats au Congrès, dans les médias et dans les groupes de réflexion. Pour certains, les États-Unis sont un acteur international imparfait qui doit s’occuper de ses propres problèmes intérieurs. Pour d’autres, les États-Unis sont une nouvelle forme d’État impérial qui ignore les préoccupations des autres et qui pèse de tout son poids militaire…

Dans ce qu’il est convenu d’appeler le “Sud global” et ce que j’appelle vaguement le “Reste du monde“, les États-Unis ne sont pas perçus comme un État vertueux. Les perceptions de l’orgueil démesuré et de l’hypocrisie des États-Unis sont largement répandues. La confiance dans le(s) système(s) international(aux) que les États-Unis ont contribué à inventer et qu’ils ont présidé depuis la Seconde Guerre mondiale a disparu depuis longtemps. Les élites et les populations de nombre de ces pays estiment que ce système leur a été imposé à un moment de faiblesse, alors qu’ils venaient à peine d’assurer leur indépendance. Même si les élites et les populations ont généralement bénéficié de la pax Americana, elles estiment que les États-Unis et leur bloc de pays de l’Occident collectif en ont bénéficié bien davantage. Pour eux, cette guerre vise à protéger les avantages et l’hégémonie de l’Occident, et non à défendre l’Ukraine…

La résistance des pays du Sud aux appels à la solidarité des États-Unis et de l’Europe sur l’Ukraine est une rébellion ouverte. Il s’agit d’une mutinerie contre ce qu’ils considèrent comme l’Occident collectif qui domine le discours international et rejette ses problèmes sur tous les autres, tout en écartant leurs priorités en matière de compensation du changement climatique, de développement économique et d’allègement de la dette. Les autres se sentent constamment marginalisés dans les affaires mondiales. En fait, pourquoi les qualifier (comme je le fais dans ce discours) de “Sud global“, alors qu’on les appelait auparavant Tiers monde ou Monde en développement ? Pourquoi sont-ils même le “reste” du monde ? En fait, ils sont le monde, représentant 6,5 milliards de personnes. Notre terminologie pue le colonialisme… »

https://lesakerfrancophone.fr/la-prise-de-conscience-dune-analyste-occidentale-la-rebellion-du-reste-du-monde-contre-les-etats-unis

Le fait que cette analyste emploie les mots de « rébellion » et de « mutinerie » montre que la pensée « le reste du monde est aux ordres des Etats Unis » est profondément ancré dans sa vision subconsciente du monde, comme elle l’est aussi dans l’inconscient collectif occidental et même de celui des « pays du Sud » qui, sous l’influence de l’extraordinaire « soft power » médiatique américain, avaient eux aussi intégré ce genre de vision subconsciente de l’ordre mondial.

C’est cela qui est en train de changer, par l’action de résistance de la Russie et de la Chine qui entrainent le « reste du monde » dans leur sillage. C’est contre cela que les élites occidentales veulent lutter, comme le montre la suite du texte précédent. Mais l’histoire ne fait jamais de marche arrière. Il serait donc plus judicieux que le monde occidental accepte et participe à ce changement de paradigme géopolitique plutôt que d’y résister. Encore faut-il que la population soit consciente de cette évolution du « reste du monde ». La propagande médiatique occidentale fait de son mieux pour que cela ne soit pas le cas.

Cette propagande est préparée au plus haut niveau, au Pentagone, comme nous l’explique cette enquête :

« Ken Klippenstein, journaliste d’investigation à The Intercept, a révélé comment le Pentagone a très discrètement lancé en mars une nouvelle division interne, baptisée “Bureau de gestion de l’influence et de la perception“.

Son existence n’est pas strictement secrète, bien qu’il n’y ait eu aucune annonce officielle de son lancement, et encore moins d’explication de la part des responsables du ministère de la défense quant à sa raison d’être ou à son mode de fonctionnement. Son budget reste également un mystère, mais il s’élèverait à plusieurs millions d’euros. »

https://lesakerfrancophone.fr/le-nouveau-bureau-de-gestion-de-linfluence-et-des-perceptions-du-pentagone

Comme le constate Caitlin Johnstone, cette propagande arrive à nous faire considérer comme normal l’illogisme, le deux poids deux mesures, de la politique des Etats Unis, sans même que nous en soyons conscients :

« “L’éventualité d’installations chinoises importantes à Cuba constitue une menace pour l’Amérique“, écrit Bolton, qui estime que de telles activités “pourraient bien camoufler des armes offensives, des systèmes de tir ou d’autres capacités menaçantes“. “Par exemple, les missiles de croisière hypersoniques, plus difficiles à détecter, à suivre et à détruire que les missiles balistiques, sont des candidats naturels à l’installation à Cuba, une perspective que nous ne pouvons tolérer, tout comme de nombreux autres risques, tels qu’une base de sous-marins chinois“, ajoute-t-il.

Autant d’arguments que la Russie et la Chine pourraient faire valoir, pratiquement mots pour mots, sur la manière dont les États-Unis menacent leurs intérêts en matière de sécurité en installant des machines de guerre dans leur environnement immédiat….

Exiger que la Russie et la Chine tolèrent de la part des États-Unis un comportement que les États-Unis ne toléreraient jamais de la part de la Russie ou de la Chine, c’est simplement exiger que le monde se soumette à l’empire américain. Ceux qui affirment que la Russie aurait dû tolérer que l’Ukraine devienne un membre de l’OTAN ou que la Chine devrait accepter l’encerclement militaire des États-Unis, au nom de la liberté et de la démocratie, ne font en réalité qu’affirmer que les États-Unis devraient être autorisés à régner sans partage sur chaque centimètre carré de la planète. »

https://lesakerfrancophone.fr/john-bolton-explique-accidentellement-pourquoi-la-politique-americaine-a-legard-de-la-russie-et-de-la-chine-est-erronee

 

Par Wayan – Le 10 juillet 2023 – Le Saker Francophone

 

 

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