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Couverture de GUEVARA Ernesto, La Guerre de Guérilla, Paris, Flammarion, 2010, 216 p.

 

Ernesto « Che » Guevara ne fut pas qu’un redoutable révolutionnaire, il fut aussi un théoricien de la guérilla, étudiée dans les académies militaires. C’est de sa pensée qu’il sera question ici, avec une brève étude de son ouvrage La Guerre de Guérilla, publié en 1961, premier pas pour l’élaboration puis l’utilisation de la stratégie révolutionnaire du Foco revolucionario, le foyer révolutionnaire.

Resituons brièvement le contexte de l’œuvre : l’insurrection castriste a renversé le régime dictatorial de Fulgencio Batista après une lutte de cinq ans et cinq mois. Alors en pleine période de la Guerre froide, le monde est le théâtre de plusieurs insurrections. Ernesto Guevara écrit son ouvrage, véritable manuel d’instruction, pour décrire et théoriser la guerre dont il vient d’être acteur et témoin, afin qu’il puisse servir à d’autres révolutionnaires.

L’ouvrage se compose de trois chapitres, chacun abordant un sujet précis.

Le premier s’intéresse aux principes généraux de la guerre de guérilla : trois points sont énoncés dès le départ, précisant que le peuple peut vaincre une armée régulière ; la guérilla peut débuter directement sans attendre de conditions théoriques nécessaires à son bon fonctionnement, puisqu’elle peut créer les siennes ; enfin le théâtre rural semble le plus adapté, du moins en Amérique Latine. Après l’énonciation de ces points, l’ouvrage aborde différents éléments concernant la guerre de guérilla. Cette forme asymétrique inclut de fait que les rebelles, en infériorité numérique et technologique, devront exploiter au maximum l’effet de surprise, notamment en se déplaçant de nuit, en harcelant les forces adverses, en misant sur la mobilité et le sabotage pour entraver les possibilités de l’ennemi.

Le reste du chapitre concerne les environnements où pourront avoir lieu les affrontements. Ils sont dits favorables lorsqu’ils avantagent les rebelles. Ce sont donc des sanctuaires difficilement accessibles ou bridant grandement les capacités adverses. On y trouve les montagnes, les forêts, les déserts. A contrario, les environnements à découverts favorisent les forces loyalistes et sont donc jugés défavorables pour les rebelles qui devront au maximum les éviter. Enfin le théâtre urbain est mentionné. Il n’est pas question pour les insurgés de mener une guérilla mais plutôt une succession de sabotages, le terrain étant très dangereux. Ernesto Guevara fait d’ailleurs la différence entre sabotage et terrorisme, ce dernier devant à tout prix être évité pour ne pas retourner l’opinion publique contre les rebelles.

Le deuxième chapitre aborde davantage le thème du guérillero et des groupes armés : le rebelle de base est un combattant, mais aussi un réformateur. Il doit pouvoir supporter des conditions de vie particulièrement dures, se contenter du strict minimum et faire preuve d’un comportement exemplaire. Il agit de concert avec ses camarades, au sein de formations variant en taille et équipements en fonction de la situation. En combat, les tactiques employées permettent de prendre l’ennemi par surprise, en lui causant des pertes tout en économisant le peu de munitions disponibles. En effet, outre la fabrication artisanale, la plupart des ravitaillements en munitions se font sur l’ennemi. Enfin, la guérilla évolue et gagne en ampleur afin de devenir une armée régulière, dotée d’infrastructures proto-étatiques sur une surface territoriale qu’elle contrôle.

Le dernier chapitre concerne l’organisation du front de guérilla d’une vision plus globale, comprenant le ravitaillement, l’organisation civile, l’entraînement, le renseignement… En somme, tout ce qui va permettre à la guérilla de s’inscrire dans son environnement et de croître afin de l’emporter. Une note particulière est à souligner concernant les femmes guérilleros : leur rôle n’est pas minimisé, le « Che » évoque leur capacité à combattre, mais surtout leur utilité en tant que messagères puisqu’elles éveilleront moins les soupçons adverses lorsqu’elles seront amenées à traverser les lignes ennemies.

En conclusion et appendices, l’accent est mis sur la situation cubaine, mais aussi sur les procédés à employer pour sauvegarder les acquis obtenus par la guérilla une fois la victoire emportée.

Un véritable petit manuel de guerre irrégulière en somme, dont les préceptes furent par la suite transposés par Ernesto Guevara lui-même sur d’autres théâtres insurrectionnels, avec moins de succès qu’à Cuba. C’est en continuant justement à mener sa stratégie révolutionnaire qu’il finira par rencontrer son destin en Bolivie : capturé, il est exécuté le 9 octobre 1967.

Bibliographie :

GUEVARA Ernesto, La Guerre de Guérilla, Paris, Flammarion, 2010, 216 p.

CYRIL B. 17 DÉCEMBRE 2022

 

Source:                                        ecg1

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