Deux semaines après le verdict de la CIJ ordonnant à Israël d’arrêter immédiatement son attaque contre Gaza, ce pays continue de plus belle :
« Les forces spéciales israéliennes ont attaqué l’hôpital Nasser à Gaza, le plus grand hôpital fonctionnel de l’enclave, après avoir assiégé l’établissement pendant des jours.
Israël a déclaré qu’il pensait que les corps des otages morts étaient détenus à l’intérieur de l’hôpital. Le Hamas a nié ces affirmations, affirmant que le groupe n’avait « rien à faire » à l’hôpital.
Les forces israéliennes ont bombardé l’hôpital tôt jeudi, tuant et blessant un « nombre indéterminé de personnes », selon Médecins sans frontières (MSF). Depuis l’attaque, un de leurs collègues est toujours porté disparu.
La nouvelle est intervenue après que des médecins et des responsables médicaux du sud de Gaza ont déclaré que des tireurs d’élite israéliens avaient abattu un certain nombre de personnes alors qu’elles tentaient de fuir l’hôpital Nasser. Un témoin oculaire de la fusillade, qui est chirurgien traumatologue à l’hôpital, a déclaré qu’au moins deux personnes avaient été tuées par des tireurs embusqués mardi, et d’autres ont été blessées par balle. »
« Une zone tampon étroite entre l’Égypte et la bande de Gaza, le « corridor de Philadelphie » fait l’objet d’une surveillance croissante alors qu’Israël prévoit une offensive militaire à grande échelle sur Rafah, la ville surpeuplée la plus au sud de Gaza, près de la frontière. Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a déclaré à plusieurs reprises l’intention de son pays de prendre le contrôle de cette bande de terre stratégique. Cela inquiète l’Égypte, qui craint une rupture des accords de paix, vieux de plusieurs décennies, entre l’Égypte et Israël. »
La famine s’aggrave.
« Le ministre des Finances d’extrême droite, Bezalel Smotrich, a confirmé mardi soir qu’il bloquait le transfert de cargaisons de farine vers la bande de Gaza pour tenter de l’empêcher d’atteindre l’UNRWA, et de là, le Hamas.
Le chef du parti sioniste religieux a écrit sur X, anciennement Twitter, qu’il « se coordonnait avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu pour enquêter sur un mécanisme de distribution différent qui n’inclurait pas l’aide au Hamas ». »
Même l’aide envoyé par les Etats-Unis est refusée, mettant Biden en mauvaise posture :
« Le ministre israélien des Finances a bloqué une importante livraison américaine d’aide humanitaire destinée à nourrir les Palestiniens de la bande de Gaza, selon Axios, créant ainsi une confrontation avec l’administration Biden, qui subit une pression croissante de la part des démocrates du Congrès pour augmenter le flux d’aide dans le territoire assiégé.
La nouvelle intervient quelques jours seulement après que le président Joe Biden a publié un mémorandum dans lequel il s’engage à appliquer une disposition peu utilisée de la loi américaine qui interdit à Washington d’apporter une assistance en matière de sécurité aux États qui bloquent l’aide humanitaire américaine. Le mémorandum s’inspire largement d’une proposition du sénateur Chris Van Hollen (démocrate du Maryland) qui appelait à la mise en œuvre de la loi américaine restreignant l’aide militaire aux violateurs des droits de l’homme.
Biden se retrouve désormais dans une impasse : il peut ignorer le mémo et mettre en colère ses alliés au Sénat ; couper l’aide militaire à Israël ; ou émettre une dérogation qui permettrait la poursuite des expéditions tout en admettant que les actions israéliennes sont contraires à la loi américaine.
“La possibilité la plus probable est que le président dise : ‘Oui, il y a eu une restriction, mais en raison de l’importance de soutenir Israël, nous allons y renoncer'”, a déclaré John Ramming Chappell, avocat et chercheur au Centre pour les civils en conflit. Une dérogation, affirme Ramming Chappell, « nécessiterait d’être honnête sur le fait que le gouvernement israélien restreint l’acheminement de l’aide humanitaire ».
Un tel aveu serait embarrassant pour l’administration étant donné ses déclarations répétées selon lesquelles elle n’a pas vu d’allégations crédibles de crimes de guerre israéliens, un point de vue en contradiction avec l’évaluation de toutes les principales organisations de défense des droits de l’homme et même des alliés des États-Unis. »
Pour essayer de cacher la misère, Israël n’hésite pas à utiliser mensonges et manipulations :
« Israël a admis mardi avoir utilisé des images d’archives d’un camp de réfugiés moldaves dans une vidéo publiée sur X, vantant ses affirmations selon lesquelles il aurait fourni des dizaines de milliers de tonnes d’aide humanitaire à Gaza pendant la guerre.
Le compte X officiel du pays a supprimé la vidéo contenant la photo incriminée, qui, selon lui, avait été utilisée « à des fins d’illustration uniquement », et a promis de « garantir la transparence » dans les visuels ultérieurs.
Le journaliste de la BBC Shayan Sardarizadeh a dévoilé lundi le clip frauduleux, en publiant côte à côte des captures d’écran de la vidéo israélienne, qui affirmait que Jérusalem-Ouest avait envoyé « 23 000 tonnes de tentes et d’équipements d’abris » à Gaza, et l’image originale sur le service de photos iStock .
La description de la photo dit clairement : « Terrain aménagé sur le territoire de la Moldavie avec des tentes près de la frontière ukrainienne pour les réfugiés venant de la guerre en Ukraine. »
Israël affirmait dans la vidéo qu’il avait envoyé 11 000 camions d’aide à Gaza depuis qu’il a déclaré la guerre au Hamas en octobre, dont 140 000 tonnes de nourriture, 1 000 camions d’eau et 17 000 tonnes de fournitures médicales, en plus du matériel d’abri prétendument envoyé. »
Ils nomment cela la « guerre psychologique » :
« Le partage par Tsahal d’une vidéo de Yahya Sinwar dans les tunnels de Gaza n’était pas destiné au public israélien, mais il s’agissait d’une guerre psychologique destinée aux Gazaouis, à Sinwar et même à Ismail Haniyeh.
Ce n’est pas une coïncidence si l’émission du porte-parole de Tsahal mardi soir a été retardée ; il fallait l’approbation de plusieurs niveaux, jusqu’au Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Le message diffusé n’était pas critique pour nous, le public israélien, mais pour son public cible : les habitants de Gaza, Yahya Sinwar et même Ismail Haniyeh.
Le message véhiculé était très clair, donc chaque mot prononcé par le porte-parole de Tsahal revêt une importance significative.
Commençons par les Gazaouis – le porte-parole de Tsahal a déclaré que Sinwar s’enfuyait avec ses enfants et l’une de ses femmes, escortés par son frère.
Dans la vidéo tournée le 10 octobre au début de la guerre, on voit comment il s’est enfui avec sa famille.
L’armée israélienne connaît l’importance d’un message simple, reproductible et émouvant. Porte-parole R.-Adm. Daniel Hagari a utilisé plusieurs verbes tels que « se dérober », « s’enfuir » et « escorté ». Cela leur a permis d’illustrer la passivité, l’impuissance et la lâcheté de Sinwar. Le grand Yahya Sinwar, celui qui prend les décisions, le grand héros, s’enfuit dans les tunnels en tongs, comme un lâche. »
Et pour augmenter sa puissance dans cette « guerre psychologique », Israël s’arme en conséquence :
« Israël a acheté un système d’influence de masse en ligne pour contrer l’antisémitisme et le déni des atrocités du Hamas.
Les organismes de défense, de renseignement et civils ont réalisé peu après le 7 octobre qu’ils perdaient la bataille en ligne face à ce que des sources appellent la « machine de guerre psychologique et informationnelle bien huilée » du Hamas. Ils ont donc discrètement acheté des outils numériques pour lutter contre la désinformation, malgré les craintes d’abus politiques futurs. »
Les trolls pro-israéliens vont donc déferler sur internet.
Dans le cadre de sa guerre psychologique, on se souvient qu’Israël avait accusé l’UNRWA d’employer des membres du Hamas et que, sous la pression, l’agence les avait renvoyés immédiatement et de nombreux pays occidentaux avaient arrêtés leurs financements. Et bien les Nations Unis attendent toujours les preuves de ces accusations de la part d’Israël :
« L’ONU réclame aussi depuis plusieurs mois des preuves à Israël, et en particulier depuis trois semaines, quand le gouvernement de Benyamin Netanhayu a publiquement accusé douze salariés de l’Unrwa d’être impliqués dans les attaques du 7 octobre. Elle n’en a pour l’instant obtenu aucune. »
Pour finir de démolir l’UNRWA dans sa « guerre psychologique », Israël a même prétendu que :
« Au cours du week-end, l’armée israélienne a déclaré avoir découvert une « infrastructure électrique » et des rangées d’ordinateurs » sous le siège de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, dans la ville de Gaza.
Bien que les journalistes aient été invités à visiter le site, que les responsables militaires israéliens ont décrit comme un « centre de renseignement du Hamas », Tsahal n’a pas fourni de preuve définitive que les militants du Hamas avaient mené des opérations dans le tunnel, selon Associated Press.
Philippe Lazzarini, le commissaire général de l’UNRWA, a déclaré samedi dans un post X que l’agence “ne savait pas ce qu’il y avait sous son siège à Gaza”.
Il a mentionné que l’UNRWA avait eu connaissance des informations faisant état d’un tunnel sous le siège par les médias, affirmant que l’agence n’aurait pas été au courant des activités dans le complexe depuis que son personnel l’avait quitté le 12 octobre. »
Accompagné de ce genre d’article de propagande dans les journaux israéliens :
« A noter que l’UNRWA a « pris au sérieux les informations » selon lesquelles ses employés auraient été pris dans des actes de viol, de boucherie, d’incendies vifs et de décapitation le 7 octobre dans l’enveloppe de Gaza.
Maintenant, posez-vous deux questions :
De tels actes constituent-ils un crime capital contre l’humanité ou,
De tels actes relèvent-ils de pratiques de travail inappropriées ?
Ne souriez pas. L’employeur, par les mesures prises, a critiqué les pratiques de travail inappropriées. L’UNRWA a licencié les travailleurs errants impliqués. Ils ont violé leurs conditions de travail et en ont payé le prix.
Retenez votre colère. Israël est d’accord. Revenez au rapport. Le reproche d’Israël est que l’UNRWA n’a pas traité le problème, « systématiquement mais plutôt au cas par cas et en privé ». Qu’est-ce que cela signifie exactement ? Le sens clair du reproche d’Israël est que l’UNRWA n’est pas allé assez loin. Étant donné que des milliers de personnes de l’UNRWA travaillent ou combattent pour le Hamas, ils devraient être traités de la même manière que la douzaine de « pommes pourries » et licenciés.
Membres du jury ! L’UNRWA n’a pas fait arrêter les « pommes pourries » sous l’accusation de meurtre. Non, il les a licenciés.
Pour autant que nous sachions, ils ont reçu une tape sur les doigts, suivie d’une indemnité de licenciement.
Pourtant, personne, Israël en particulier, n’a posé à Philippe Lazzarini la question à un million de dollars : « Vous avez payé un salaire mensuel à la douzaine de « pommes pourries ». Ils ont violé, massacré, brûlé vif et décapité. Pourquoi l’UNRWA les a-t-il laissés partir ? Pourquoi ne les a-t-il pas fait arrêter ? »
On remarque que les accusations « Ils ont violé, massacré, brûlé vif et décapité » sont encore et toujours utilisées alors qu’il a été démontré que la propagande israélienne les avait grandement exagérées (viols et décapitations), voire inventées, et que l’armée israélienne était responsable d’une grande partie des brulés et des morts. D’ailleurs, comme on l’a vu plus haut, l’ONU attend toujours les preuves concernant ces « atrocités » du Hamas.
Mais il n’y a pas qu’Israël à jouer un double jeu. Alors que, comme nous l’avons vu plus haut, Biden essaye d’envoyer une aide humanitaire à Gaza, le Congrès étasunien vient de voter une loi pour donner de l’argent à l’Ukraine mais aussi à Israël, malgré la décision de la CIJ. Caché au milieu de cette loi, un amendement interdisant le financement de l’UNRWA :
« Le projet de loi que le Sénat vient de voter par 66 voix contre 33 vise à interdire le financement de l’UNRWA
Et cela aussi :
– fait une exception autorisant les États-Unis à réserver davantage d’armes pour Israël et supprime l’obligation pour le président d’en informer le Congrès
– impose un contrôle plus strict sur l’aide à Gaza
Bernie Sanders et Jeff Merkley sont les seuls Démocrates à avoir voté non »
Et, dans les pays occidentaux, les critiques d’Israël continuent d’être censurés et mises au ban :
« Keir Starmer a voulu éteindre l’incendie au plus vite, quitte à perdre deux sièges au Parlement. Le parti britannique a suspendu mardi soir l’ancien député et candidat aux prochaines législatives Graham Jones en attendant l’issue d’une enquête pour des propos anti-Israël tenus lors d’une réunion à l’automne 2023. Il lui est notamment reproché d’avoir déclaré que les Britanniques qui rejoignent l’armée israélienne devraient être « enfermés ».
Le parti a aussi retiré l’investiture au candidat Azhar Ali en vue d’une élection partielle le 29 février. Lors de la même réunion, il avait soutenu qu’Israël avait délibérément permis au Hamas de l’attaquer sur son sol le 7 octobre, afin de justifier ensuite une invasion de la bande de Gaza. Il avait présenté des excuses, mais a été désinvesti après l’émergence d’autres propos, où il accusait « les médias et certaines personnes issues des quartiers juifs travaillant dans les médias » d’avoir agi en faveur de la suspension d’Andy McDonald, un ancien député pro-palestinien du Labour. »
Voyant cela l’Afrique du sud relance une demande auprès de la CIJ :
« « Dans une requête soumise au tribunal hier [lundi], le gouvernement sud-africain s’est déclaré gravement préoccupé par le fait que l’offensive militaire sans précédent contre Rafah, annoncée par l’État d’Israël, a déjà conduit et entraînera de nouvelles attaques à grande échelle, des meurtres, préjudices et destructions », indique un communiqué publié par la présidence sud-africaine.
« Cela constituerait une violation grave et irréparable à la fois de la Convention sur le génocide et de l’ordonnance de la Cour du 26 janvier. »
Il n’y a eu aucun commentaire immédiat de la part de la CIJ, basée à La Haye. »
La réponse d’Israël n’est pas vraiment surprenante :
« « Moralement répugnant », répond Israël sur trois pages. Une réponse dont la tonalité n’est pas habituelle devant cette Cour de l’ONU.
L’État hébreu affirme, sans réserve, respecter le droit international et assure l’avoir « démontré en paroles et en actes ». C’est ce qu’on peut lire dans la réponse remise par Israël à la Cour.
Deux semaines après la première ordonnance des juges, Pretoria alerte de la situation à Rafah. Mais l’offensive militaire que dénonce l’Afrique du Sud sur le sud de l’enclave n’a pas eu lieu, dit Israël, qui voit dans cette nouvelle demande la tentative cynique d’utiliser la Cour comme « une épée plutôt qu’un bouclier ».
Ce que veut l’Afrique du Sud, c’est que la Cour gère la conduite des hostilités, écrivent encore les avocats d’Israël, qui affirment que les bataillons du Hamas restent la cible des opérations à Rafah. »
La réponse de la CIJ est un peu plus surprenante :
« La Cour internationale de Justice (CIJ), plus haute instance judiciaire des Nations unies, a rejeté vendredi la requête additionnelle de l’Afrique du Sud contre Israël, estimant que l’État hébreux devait respecter les mesures déjà ordonnées. «Cette situation alarmante exige la mise en œuvre immédiate et effective des mesures conservatoires indiquées par la Cour dans son ordonnance du 26 janvier 2024, qui sont applicables à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris Rafah, et ne nécessitent pas l’indication de mesures additionnelles», a estimé la CIJ. »
Quant à la « solution à deux états » elle semble s’éloigner de plus en plus :
« Ce projet n’a pas été officiellement annoncé, mais il suscite déjà de vives réactions. Les négociateurs tentent de gérer l’urgence tout en posant les bases du long terme. Leur priorité reste d’obtenir une trêve et s’ils y réussissent, ils pourraient alors présenter un plan en vue de l’établissement d’un État palestinien.
Selon le Washington Post, ce plan inclurait la mise en place d’un gouvernement intérimaire dans les territoires palestiniens, le démantèlement d’un certain nombre de colonies israéliennes ou encore la reconnaissance de Jérusalem-Est comme capitale de cet État palestinien.
Des mesures inenvisageables pour plusieurs membres du gouvernement israélien. Les ministres d’extrême-droite, Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir, l’ont d’ores et déjà rejetés. Ce plan « dit en réalité que les Palestiniens méritent une récompense pour le terrible massacre qu’ils ont commis », a réagi Bezalel Smotrich sur X. « Créer un État palestinien revient à créer un État du Hamas » a pour sa part commenté Itamar Ben Gvir sur le même réseau social.
Un autre député, membre du parti plus centriste de Benny Gantz qui a rejoint le cabinet de guerre après le 7 octobre, a, lui aussi, évoqué « un projet dangereux qui se dessine ». « Non seulement ce plan ne résoudra pas le conflit, mais il le rendra insoluble » a jugé Gideon Sa’ar.
De son côté, le Premier ministre n’a pas réagi à ces informations de presse. Mais Benyamin Netanayahu s’est déjà, à de nombreuses reprises, opposé à la création d’un État palestinien. Dimanche dernier, il déclarait encore qu’Israël devait garder le contrôle sécuritaire de l’ensemble du territoire. »
Voire même officiellement refusée :
« Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a récemment déclaré au secrétaire d’État Antony Blinken que toute reconnaissance américaine d’un État palestinien serait un « prix » pour les terroristes du Hamas qui ont planifié le massacre du 7 octobre.
Netanyahu a fait ce commentaire à Blinken lors de leur rencontre face-à-face la semaine dernière, a rapporté Axios jeudi. Le Premier ministre a déclaré à Blinken qu’une reconnaissance directe ou même indirecte « serait une récompense pour ceux qui ont planifié et orchestré le massacre du 7 octobre ».
Le président Biden et d’autres responsables américains ont déclaré à plusieurs reprises que la guerre d’Israël contre le Hamas devrait se terminer par une solution à deux États, ce qui implique que les États-Unis reconnaîtraient un État palestinien.
Les États-Unis pourraient potentiellement reconnaître indirectement un État palestinien en n’utilisant pas leur veto pour empêcher l’ONU de reconnaître pleinement les responsables palestiniens en tant qu’État membre. »
Les Etats-Unis ont utilisé ce veto depuis toujours, vu l’incroyable force de la pression israélienne il y a peu de chance qu’ils changent d’avis.
L’affrontement avec le Hezbollah est encore monté d’un cran supplémentaire :
« Les frappes aériennes israéliennes ont tué 10 civils libanais en une seule journée. Le Hezbollah a juré de riposter »
Et l’attitude israélienne ne peut qu’empirer puisque :
« Soixante et onze pour cent des Israéliens pensent qu’Israël devrait mener une opération militaire à grande échelle contre le Liban pour dissuader le Hezbollah, selon un récent sondage.
L’enquête a été menée par le journal israélien Maariv dans un contexte d’aggravation des violences transfrontalières entre l’armée israélienne et le puissant groupe militant du Hezbollah, soutenu par l’Iran.
Au cours des quatre derniers mois, depuis la recrudescence des tensions qui a suivi le début de la guerre israélienne contre Gaza le 7 octobre, les frappes israéliennes dans le sud du Liban ont tué plus de 250 personnes, dont 203 combattants du Hezbollah. »
Ceux qui pensent que si Netanyahou n’était plus au pouvoir la situation se calmerait devrait peut-être revoir leur point de vue. C’est tout le pays qui est pris d’une dangereuse rage meurtrière.
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Le rapport sur l’âge du capitaine Biden.
On se souvient que, au même moment que pour Trump, le FBI avait fouillé la maison de Biden et y avait trouvé des documents classifiés qui n’auraient pas dû être là. Les médias, qui avait largement rabroué Trump pour avoir fait la même chose, se sont montré plus cléments envers Biden. Mais il fallait quand même une enquête officielle. Pour ne pas avoir à charger Biden, le procureur chargé de l’enquête à trouvé comme excuse la mauvaise mémoire de Biden :
« Dans son rapport rendu public ce jeudi 8 février, Robert Hur conclut que Joe Biden, 81 ans, a « sciemment gardé et divulgué des documents classifiés après sa vice-présidence alors qu’il était un simple citoyen ». Mais il considère qu’« une inculpation ne se justifierait pas », estimant notamment qu’un jury accorderait le bénéfice du doute à « un homme âgé, sympathique, bien intentionné, avec une mauvaise mémoire ».
Dans son rapport de 388 pages, Robert Hur évoque notamment son entretien de cinq heures avec Joe Biden au cours duquel il dit avoir constaté que « sa mémoire avait empiré ». « Il ne se souvenait plus quand il était vice-président », ne sachant plus exactement en quelle année son mandat avait commencé ou s’était achevé, ni exactement l’année du décès de son fils aîné Beau, y affirme le procureur spécial. »
Alors que c’était fait pour le protéger, Biden n’a pas vraiment aimé :
« Le président a détesté la description faite par le procureur spécial de lui comme un homme âgé qui était distrait lors des interviews lors de remarques programmées à la hâte à la Maison Blanche jeudi soir. Mais quelques minutes seulement après avoir défendu sa mémoire et ses connaissances, Biden s’est mal exprimé et a qualifié le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi de « président du Mexique », un moment qui a mis à mal sa résistance énergique au rapport. »
Mais il y a pire :
« Le problème, qui s’accentue dangereusement depuis quelques mois, c’est que Joe Biden semble avoir une mémoire qui flanche de plus en plus. Une élocution parfois difficile, et surtout ce phénomène remarqué ces derniers jours : le président américain se souvient de certains événements, mais confond les intervenants de manière troublante, comme s’il était resté figé entre les années 1980 et 2000. C’est ainsi que, évoquant le sommet du G7 dans les Cornouailles en juin 2021, il se souvient d’une conversation avec… François Mitterrand, décédé en 1996… au lieu, bien sûr, d’Emmanuel Macron.
Il remet ça quelques jours plus tard, toujours à propos de ce sommet qui l’a marqué, dit-il, car les dirigeants européens exprimaient leurs inquiétudes sur l’état de la démocratie américaine après le mandat de Donald Trump. Il parle cette fois d’une conversation qu’il a eue avec le chancelier allemand Helmut Kohl, mort en 2017, en lieu en place d’Angela Merkel, bien présente, elle, au sommet du G7. »
Mieux que des mots, une vidéo qui montre l’extrême fatigue mentale de Biden. Il fait carrément pitié.
Ainsi sa faiblesse mentale devient de plus en plus évidente aux yeux de la population, alors qu’il veut pourtant se lancer dans un deuxième mandat et que les caciques du Parti Démocrate ne veulent pas d’autres candidats que lui :
« Les sondages montrent avec constance de profondes inquiétudes parmi les électeurs quant à l’âge de Biden. Un nouveau sondage NBC publié cette semaine a révélé qu’un total de 76 pour cent des électeurs déclarent avoir des inquiétudes majeures (62 pour cent) ou modérées (14 pour cent) concernant le fait que Biden ne possède pas la santé mentale et physique nécessaire pour être président pour un second mandat. Ce qui est peut-être le plus inquiétant pour le président, c’est que 81 % des indépendants et 54 % des démocrates déclarent avoir des inquiétudes majeures ou modérées quant à l’aptitude de Biden à un second mandat. »
Un tapis rouge pour l’élection de Trump.
De plus, le fait qu’une personne un peu sénile puisse continuer d’être le président d’une grande puissance comme les Etats-Unis sans que cela ne soit un réel problème, met en évidence le peu d’importance qu’un président peut avoir dans la vie politique de ce pays, malgré ce qu’en disent les médias. Dit autrement que ce soit Biden le sénile ou Trump le furieux, ou même « Obama le prix nobel de la paix », qui soit président, cela n’a pas changé grand-chose aux directions politiques qu’ont pris les Etats-Unis. Guerres incessantes, politique étrangère très agressive et politique intérieure ultralibérale. Mais alors, qui décide réellement dans « la plus grande démocratie au monde » ?
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L’économie du monde occidental continue de chuter, tous les pays étant touchés les uns après les autres, même le Japon :
« Le Japon est tombé de manière inattendue dans une récession à la fin de l’année dernière, perdant son titre de troisième économie mondiale au profit de l’Allemagne et soulevant des doutes sur le moment où la banque centrale commencera à abandonner sa politique monétaire ultra-accommodante qui dure depuis une décennie.
Certains analystes mettent en garde contre une nouvelle contraction au cours du trimestre en cours, car la faiblesse de la demande en Chine, la faiblesse de la consommation et l’arrêt de la production dans une unité de Toyota Motor Corp, laissent entrevoir un chemin difficile vers une reprise économique. »
Pourtant, miracle de la fameuse « économie financiarisée », sur la même page de Reuters cet article suivait :
« La moyenne de l’action Nikkei japonaise a atteint jeudi son plus haut niveau en 34 ans, alors que les actions liées aux puces informatiques ont suivi les gains de leurs pairs de Wall Street au cours de la nuit.
L’indice boursier de référence se situe désormais à seulement 800 points, soit environ 2 %, en dessous de son plus haut historique de 1989, qui marquait l’apogée de ce que l’on appelle la « bulle économique » du Japon. »
Cette apparente contradiction entre une économie en berne et une bourse florissante s’explique par cette phrase du premier article « soulevant des doutes sur le moment où la banque centrale commencera à abandonner sa politique monétaire ultra-accommodante qui dure depuis une décennie ».
Depuis la crise bancaire de 2008, les banques centrales des pays du bloc occidental impriment de l’argent à tout va, caché sous le joli nom de « quantitative easing ». Mais cet argent ne sert pas à relancer l’économie réelle ou la consommation des citoyens, il sert à faire monter artificiellement les cours de la bourse, maintenant ainsi l’économie financière sous perfusion des banques centrales. Le Japon n’étant « pas prêt à abandonner sa politique monétaire ultra accommodante », la bourse du Japon a donc fêté cela comme il se doit.
Pour résumer cela en quelques mots simples, les économies occidentales sont soutenues par une augmentation de la dette des banques centrales, dettes qui atteignent une telle ampleur qu’elles ne seront pas remboursables, encore moins avec une économie réelle en berne.
« L’économie britannique est tombée en récession au second semestre 2023, un contexte difficile à l’approche de l’élection prévue cette année du Premier ministre Rishi Sunak, qui a promis de stimuler la croissance.
Le produit intérieur brut (PIB) s’est contracté de 0,3% au cours des trois mois précédant décembre, après avoir diminué de 0,1% entre juillet et septembre, selon les données officielles.
La contraction du quatrième trimestre a été plus importante que les estimations de tous les économistes dans un sondage Reuters, qui pointaient une baisse de 0,1%. »
Les semaines précédentes, nous avions déjà vu l’annonce de la récession allemande. En voilà une des conséquences :
« Un fabricant allemand sur trois envisage de déplacer sa production vers d’autres pays en raison de difficultés économiques, soit le double du nombre enregistré en 2022, a rapporté samedi le journal Bild, citant Siegfried Russwurm, président de la Fédération des industries allemandes (BDI).
Selon le rapport, parmi les dernières entreprises envisageant de délocaliser figure le fabricant d’appareils électroménagers Miele, qui prévoit de supprimer 2 000 emplois en Allemagne et de déplacer 700 postes vers son site en Pologne. Le fabricant de chauffage Viessmann a déjà transféré 3 000 emplois en Pologne.
Volkswagen a annoncé l’année dernière qu’il construirait une nouvelle usine de batteries aux États-Unis, et BASF a annoncé son intention d’investir 10 milliards d’euros dans une usine pétrochimique en Chine, dans un contexte de suppressions d’emplois à son siège social en Allemagne. Le fabricant français de tubes en acier Vallourec a arrêté sa production en Allemagne en septembre de l’année dernière, tandis que le fabricant de pneumatiques Michelin et son rival américain Goodyear ont annoncé qu’ils fermeraient également leurs usines allemandes d’ici fin 2025. »
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En Ukraine, l’armée russe continue sa lente destruction de la ligne de front ukrainienne :
« L’Ukraine a annoncé jeudi qu’elle retirait ses troupes de la ville industrielle d’Avdiivka pour occuper de meilleures positions défensives, ses forces perdant rapidement du terrain face à leur ennemi.
Les troupes ukrainiennes seraient sur le point d’être encerclées après que les forces russes ont rompu une ligne d’approvisionnement critique entre la ville et l’usine de coke et de produits chimiques d’Avdiivka, qui pourrait être utilisée par les hommes de Kiev pour monter une position finale.
La troisième brigade d’assaut séparée d’élite, l’une des unités combattantes les plus importantes d’Ukraine, a été déployée dans la région dans le but de stabiliser la situation.
Andrii Biletskyi, commandant de la brigade, a déclaré : « Avdiivka, c’est l’enfer ».
Il a décrit la situation comme « précaire et instable », les Russes déployant constamment de nouvelles troupes et ressources pour le combat. »
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Nous terminerons par cette analyse d’Eric Dénécé, un spécialiste français de géopolitique, qui rappelle que le narratif officiel occidental au sujet de la guerre en Ukraine repose sur « des postulats erronés, délibérément ou par méconnaissance » :
« Lorsqu’ils considèrent la guerre d’Ukraine, la plupart des analystes[1] partent, me semble-t-il, de postulats erronés – délibérément ou par méconnaissance – que je crois instillés par les États-Unis et l’Ukraine, et qu’il convient de signaler, car ils sont à l’origine d’une vision qui s’affirme de plus en plus fausse des origines et des réalités de ce conflit et donc de son issue probable.
Il ne s’agit pas, répétons-le une nouvelle fois, de défendre les positions de la Russie, mais de rappeler certains faits et de faire prendre conscience du narratif élaboré par les Américains pour justifier le bien-fondé de cette guerre aussi horrible qu’inutile, et de la désinformation majeure dont nous sommes victimes en Europe, et en particulier en France, depuis maintenant deux années.
QUATRE POSTULATS (DÉLIBÉRÉMENT) ERRONÉS
- LA RUSSIE VOULAIT ENVAHIR L’UKRAINE.
Nous savons aujourd’hui que le corps de bataille russe massé à la frontière ukrainienne début 2022 comptait entre 120 000 et 150 000 hommes selon les sources et que la première vague d’assaut ne comprenait que 60 000 hommes environ. Le simple bon sens voudrait que des analystes sérieux aient eu l’objectivité de reconnaitre qu’il s’agissait bien d’une opération miliaire « spéciale » – qu’ils étaient en droit de dénoncer – au lieu d’abonder dans le sens de la propagande diffusée par Kiev, Londres, Washington et Varsovie s’attachant à faire croire à une invasion menaçant toute l’Europe occidentale. Les effectifs russes engagés étaient clairement ceux d’une action limitée, donc notoirement insuffisants pour une opération d’ampleur contre un État de 603 000 km2 et de 43 millions d’habitants. Rappelons pour mémoire que lors de leur invasion de l’Irak – 438 000 km2, 27 millions d’habitants et des forces armées non soutenues par – en 2003[2], les Américains ont engagé une armée de 150 000 hommes assistée de 45 000 Britanniques et de 70 000 Kurdes[3]. Ce premier postulat ne résiste donc pas à l’analyse militaire élémentaire.
- LA RUSSIE DISPOSAIT D’UNE ARMÉE PUISSANTE QUI AURAIT DÛ BALAYER LES UKRAINIENS EN QUELQUES SEMAINES. CELA N’A PAS EU LIEU, CE QUI RÉVÈLE SA MÉDIOCRITÉ ET CELLES DE SES CHEFS.
Les forces russes qui ont attaqué l’Ukraine l’ont fait avec un rapport de forces très défavorable de 1 contre 3. Elles ne pouvaient donc submerger ni écraser l’armée ukrainienne, très supérieure en nombre. Leur objectif était de la paralyser et de contraindre Kiev à la négociation.
De plus, on oublie ce que de nombreux experts militaires observaient déjà pendant la Guerre froide et jusqu’au début des années 2000 : les forces soviétiques (malgré leur importance), étaient d’abord des forces préparées pour la défense et non pour les opérations extérieures, à la différence des forces occidentales. Nous savons donc depuis longtemps que la logistique, surtout pour la projection de forces, n’est pas leur point fort, ce qui a été confirmé par les observations de nombreux officiers s’étant rendus en Russie après la dissolution de l’URSS… et par les premières semaines de « l’Opération militaire spéciale ».
Ces défauts, ne se sont pas améliorés après la chute du mur de Berlin, tant l’armée russe a connu de coupes sombres, tant en matière de budget, de ressources humaines que d’unités. Il a fallu attendre le début des années 2000 pour observer le début d’un redressement. Néanmoins, l’armée russe d’aujourd’hui n’est pas l’Armée rouge d’hier, bien qu’elle en soit l’héritière.
Aussi, nous nous permettons de penser que cette surestimation de la force russe, largement relayée par les médias occidentaux, n’avait pour but que de glorifier la résistance ukrainienne et d’humilier Moscou, dans le but possible de provoquer une fronde contre Poutine et son état-major.
- LES FORCES RUSSES VOULAIENT PRENDRE KIEV, MAIS ELLES ONT ÉCHOUÉ.
Autre ineptie. Seule une fraction des forces de l’Opération militaire spéciale a été affectée à l’offensive visant la capitale ukrainienne, non dans le but de la conquérir, mais de fixer les forces de Kiev (manœuvre opérative). Il est totalement délirant de croire que les Russes envisageaient de conquérir une agglomération couvrant 12 300 km² – au cœur d’une aire urbaine de28 900 km² –, regroupant au total 4,6 millions d’âmes[4], et encore une fois face à des forces supérieures en nombre et installées sur un territoire qu’elles connaissaient parfaitement. Ceux qui savent les extrêmes difficultés de la guerre urbaine n’ont cessé de dénoncer cette affirmation des Ukrainiens et de leurs mentors occidentaux comme totalement fantaisiste.
À titre de comparaison, il convient de rappeler que pour son opération de nettoyage de la bande de Gaza (360 km2, 2,6 millions d’habitants), l’armée israélienne a engagé plus de 180 000 hommes, dispose d’un contrôle du ciel total et d’une assistance américaine et britannique en matière de collecte de renseignements et de fourniture de munitions. Néanmoins, quatre mois après le début de son offensive, Tsahal n’est toujours pas parvenu à en prendre le contrôle total alors même que les combattants du Hamas (20 000 hommes) ne sont pas des adversaires comparables à l’armée ukrainienne formée par l’OTAN.
- LA RÉSISTANCE HÉROÏQUE DES FORCES UKRAINIENNES A SURPRIS LE MONDE COMME LA RUSSIE ET MONTRE LA SOLIDITÉ ET LA DÉTERMINATION DE CETTE NATION.
Cette affirmation nous semble relever d’une sous-estimation délibérée de l’armée ukrainienne afin d’atteindre le but psychologique évoqué au point n°2 ci-dessus. Encore une fois, revenons-en aux chiffres. Début 2022, les forces armées ukrainiennes comptaient 250 000 hommes, soit les deuxièmes les plus importantes en volume en Europe orientale, après l’armée russe. Elles étaient de plus complétées par les gardes-frontières (53 000 hommes), la nouvelle Garde nationale d’Ukraine (60 000) et les divers services de sécurité intérieure. Surtout, ces forces avaient bénéficié, depuis 2014 d’une assistance majeure de plusieurs pays de l’OTAN (États-Unis, Royaume-Uni, Canada), en matière de formation et de livraisons d’armes, et recevaient aussi de très nombreux renseignements sur la Russie dont ces pays disposaient[5]. C’étaient donc des forces professionnelles, bien équipées et disposant, pour certaines d’entre elles, d’une expérience du combat pour avoir participé depuis 2014, aux opérations militaires contre les régions autonomistes du Donbass. Rien à voir donc avec « la petite armée » ukrainienne que nous ont vendue l’OTAN et les médias.
Ajoutons à cela que l’armée ukrainienne avait établi, principalement autour du Donbass, de très solides positions défensives, qu’elle combattait sur un terrain qu’elle connaissait, qu’elle était trois fois plus nombreuse que les forces d’attaque russes, et que si celles-ci avaient l’initiative, leur offensive était largement attendue.
Ces quatre postulats – dont l’analyse rapide permet de mesurer qu’ils ne résistent pas aux faits – relèvent donc de la mauvaise foi, si ce n’est d’une désinformation délibérée, afin de fausser la perception du conflit et de décrédibiliser l’adversaire russe, manœuvre en soi de bonne guerre.
À côté de ses fausses affirmations, il convient également de se pencher sur d’autres faits, qui s’ils n’ont pas été déformés par le narratif otano-ukrainien, ont été passés sous silence, car ils contribuent également à éclairer les réalités de ce conflit d’un jour nouveau.
LA NÉCESSAIRE RELECTURE DES PREMIERS MOIS DU CONFLIT
- Depuis 2014, les Américains n’ont eu de cesse de soutenir l’Ukraine et de la pousser à reconquérir le Donbass et la Crimée – qui sont des terres russes – en encourageant son nationalisme et en l’armant, poussant de ce fait les Russes dans leurs retranchements. Washington comme Kiev connaissaient pourtant les multiples avertissements qu’avait lancés Vladimir Poutine à partir de 2007 et ses réactions face à l’avancée agressive de l’OTAN aux marges de la Russie (Géorgie 2008, Ukraine 2014). Américains et Ukrainiens se doutaient bien que les Russes ne resteraient pas sans réagir – tout en espérant peut être le contraire… – et qu’il fallait alors les faire tomber dans un piège : les placer en position d’agresseurs et de violation du droit international. Ils n’ont donc eu de cesse, depuis le milieu de l’année 2021, d’alerter l’opinion internationale sur la menace russe et le risque de guerre (qu’ils étaient en train de provoquer) dès qu’ils ont observé que Moscou massait ses troupes à la frontière ukrainienne et s’y livrait à des exercices militaires.
Il est finalement possible de considérer que les deux adversaires ont « bluffé » : les Américains et les Ukrainiens en pensant que les Russes ne réagiraient pas ; et Moscou estimant sans doute qu’en massant ses forces à la frontière, Washington et Kiev renonceraient. Mais aucune de ces deux manœuvres n’a fonctionné et elles ont irrémédiablement conduit à la guerre.
- Ukrainiens et Américains savaient parfaitement qu’en lançant l’opération de reconquête du Donbass le 17 février 2022, Moscou interviendrait en soutien des populations russophones menacées. Leur objectif était alors d’amener l’armée russe à buter sur les nombreuses fortifications érigées depuis 7 ans à dans le sud-est du pays et à leurs nombreux moyens antichars, afin de lui infliger une défaite. Mais les Russes ne sont pas tombés dans ce piège.
- Il n’est pas imaginable que Washington et Kiev aient décidé cette provocation contre la Russie sans que l’armée ukrainienne soit prête à résister et ait pris des dispositions défensives solides. Encore une fois, la – légitime – résistance ukrainienne n’est pas surprenante et s’est donc paradoxalement révélée moins performante que prévu, les Russes ayant pu fixer une partie des forces autour de Kiev et occuper très rapidement plus de 30% du territoire.
- Le retrait des forces russes de la région de Kiev, fin mars 2022, n’est pas lié à un échec militaire – bien qu’elles y aient rencontré une farouche résistance ayant contrarié leur progression – mais à une concession de Moscou dans le cadre des négociations d’Istanbul[6], comme l’a confirmé Poutine lors de son interview accordée à Tucker Carlson. Certains continuent de nier ce fait, mais sans aucun argument, car les forces russes se sont retirées en bon ordre… avant que les Ukrainiens, sous l’influence de Boris Johnson, ne décident de mettre un terme à des négociations en passe d’aboutir !
- Tout cela ne veut pas dire que les Russes n’aient pas commis d’erreurs. Il y a eu sans aucun doute de mauvaises estimations initiales de l’adversité, due à des rivalités entre services de renseignement. Dans un article récent[7], Andrei Kozovoï, professeur à l’université de Lille, évoque le fait que seules trois personnes, en dehors de Poutine lui-même, auraient été au courant du projet d’invasion décidé lors du Conseil de sécurité du 21 février : le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou ; le secrétaire du Conseil, Nikolaï Patrouchev ; et le directeur du FSB, Alexandre Bortnikov. Les autres membres de cette instance – dont Sergeï Lavrov, ministre des Affaires étrangères, Mikhaïl Michoustine, Premier ministre et Sergueï Narychkine, le chef du SVR – auraient été, eux, favorables à la poursuite du processus diplomatique.
Par ailleurs Andrei Kozovoï rappelle justement que depuis l’arrivée de Poutine à la présidence en 2022, le FSB n’a cessé de prendre l’ascendant sur les autres services de renseignement, le SVR, mais aussi le GRU (Direction du renseignement militaire). Le premier s’étant déconsidéré aux yeux de Poutine à la suite de l’arrestation, en 2010 aux États-Unis, d’une dizaine d’illégaux par le FBI ; le second en raison du fiasco de l’empoisonnement de Skripal, à Londres, en 2018. Le FSB se serait de facto retrouvé en position de force dans l’élaboration du processus décisionnel, pesant de tout son poids en faveur d’une intervention militaire en Ukraine.
La décision de lancer l’opération militaire spéciale – certainement envisagée de longue date, mais non planifiée aussi en détail qu’elle aurait dû l’être – semble ainsi avoir été prise dans l’urgence. Une fois celle-ci engagée, comme tous les militaires le savent, un plan d’opération ne résiste jamais à plus de trois jours de guerre et les forces russes ont été confrontées à une plus forte adversité que ce qu’elles escomptaient, ce qui leur a coûté cher.
LE CINQUIÈME (NOUVEAU) FAUX POSTULAT
- IL EXISTE UN RÉEL RISQUE DE GUERRE AVEC LA RUSSIE D’ICI 5 À 8 ANS ET LES OCCIDENTAUX DOIVENT S’Y PRÉPARER.
Depuis la fin de l’année 2023, en raison de l’échec de la contre-offensive ukrainienne et des difficultés d’approvisionnement en armes, un nouveau narratif est produit par l’OTAN : celui d’un risque de guerre avec la Russie à l’horizon de 5 à 8 ans. Ainsi se succèdent les déclarations alarmistes des principaux responsables politiques et militaires des pays de l’OTAN, dans une campagne savamment orchestrée.
– En décembre 2023, les principaux collaborateurs du président Joe Biden déclarent au Congrès que si les parlementaires ne votent pas rapidement pas une aide militaire supplémentaire à l’Ukraine, la Russie pourrait gagner la guerre en quelques mois, voire quelques semaines. Mais les Républicains continuent à ce jour de s’opposer à une nouvelle aide de 61 milliards de dollars à Kiev.
– Puis, le 7 janvier, à l’occasion de leur séminaire annuel sur la défense, des membres du gouvernement suédois et des haut-gradés de l’armée déclarent que le pays doit se préparer à une guerre avec la Russie.
– Le 16 janvier, le journal allemand Bild publie un document « confidentiel » de l’état-major allemand montrant que celui-ci envisage sérieusement une attaque russe et décrivant comment il se prépare à y faire face.
– Le 21 janvier, l’amiral néerlandais, Rob Bauer, président du Comité militaire de l’OTAN déclare que l’Alliance n’exclut pas une guerre avec la Russie : « Nous nous préparons à un conflit » annonce-t-il.
– Le 21 janvier toujours, le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, met en garde contre le risque d’une guerre dans un entretien diffusé par la chaine télévisée ZDF, affirmant que « même si une attaque russe ne paraît pas probablepour l’instant, nos experts s’attendent dans cinq à huit ans à une période au cours de laquelle cela pourrait être possible ».
– Le 24 janvier, le général Sir Patrick Sanders, chef de la British Army estime, dans une interview au Guardian, que la société britannique doit se préparer à l’éventualité d’une guerre.
– Le 5 février, dans un entretien paru dans le tabloïd Super Express, le ministre de la Défense polonais, Wladyslaw Kosiniak-Kamysz, déclare ne pas exclure une guerre imminente avec la Russie.
– Enfin, le 9 février Le ministre danois de la Défense, Troels Lund Poulsen, affirme, dans une interview au quotidienJyllands-Posten, que la Russie est capable de passer rapidement à l’offensive et que le Danemark doit être prêt à ce scénario.
Tous déclarent que face à la menace, les budgets de défense et les achats d’armement doivent être augmentés sans attendre[8]. Évidemment, on ne s’interroge guère quant à savoir à qui profite cette manœuvre politico-médiatique[9]
Or, indépendamment du fait que Vladimir Poutine ait été très clair sur ce point lors de son interview avec Tucker Carlson[10], les réalités démographiques et militaires montrent que cette hypothèse est totalement irréaliste et relève, une nouvelle fois, de la propagande, dans le but de maintenir à tout prix la cohésion de l’OTAN, qui commence à se fissurer, et surtout de faire peur aux opinions publiques qui voient bien quelle vont être l’issue de la guerre et les conséquences économiques déplorables qu’elle a engendrées pour elles.
Population
Russie 145 millions d’habitants[11]
Union européenne 449 millions (soit 3 fois la Russie)
Europe avec Royaume-Uni et Norvège 521 millions (soit 3,5 fois la Russie)
États-Unis 333 millions (soit 2,2 fois la Russie)
OTAN 956 millions (soit 6,6 fois la Russie)
Budget de défense[12]
Russie 86,4 milliards de dollars
États-Unis 877 milliards (soit 10 fois la Russie)
France + Allemagne + Royaume Uni 53,6 + 55,8 + 68,5 = 177,9 milliards (soit 2 fois la Russie)
OTAN 1 200 milliards d’euros (soit 14 fois la Russie)
Effectifs militaires[13]
Russie 1 150 000 hommes[14]
Ukraine 650 000 hommes
Pays d’Europe de l’Est membres de l’OTAN[15] 1 200 000 hommes (soit l’équivalent de la Russie)
États-Unis 1 390 000 hommes
Union européenne 1 800 000 hommes (soit 1,5 fois la Russie)
OTAN 3 370 000 hommes (soit 3 fois la Russie)
Les chiffres et les faits sont têtus et parlent d’eux-mêmes. Et le décalage entre la réalité de terrain et le discours des Occidentaux et des Ukrainiens ne cesse de croître. Nous sommes donc en plein délire politique et en droit de nous demander si ceux qui nous gouvernent – comme ceux qui commentent ce conflit – sont stupides, incompétents, achetés ou irrémédiablement gagnés à l’idéologie néoconservatrice américaine, car ils défendent davantage les intérêts de Washington que ceux de leur propre pays[16] ! La question reste ouverte…
[1] Y compris l’excellent Emmanuel Todd – dont le dernier ouvrage (La Défaite de l’Occident, Gallimard, Paris, 2024) est en tout point remarquable – qui s’égare parfois lorsqu’il aborde les questions militaires.
[2] Opération lancée en dépit de l’opposition très claire de l’ONU et illégale au regard du droit international.
[3] https://fr.wikipedia.org/wiki/Invasion_de_l%27Irak_par_les_%C3%89tats-Unis_en_2003
[4] Cf. https://www.populationdata.net/pays/ukraine/aires-urbaines. La ville de Kiev stricto sensu couvre 827 km2 et compte 3 millions d’habitants, une superficie et une population toujours supérieures à Gaza.
[5] Eric Schmitt, Julian Barnes & Helen Cooper, “Commando Network Coordinates Flow of Weapons in Ukraine, Officials Say”, New York Times, June 25, 2022. Greg Miller and Isabelle Khushudyan, “Ukrainian spies with deep ties to CIA wage shadow war against Russia”, The Washington Post, October 23, 2023.
[6] Voir à ce sujet mon éditorial n°62, « Quand le brouillard de la guerre commence à se dissiper », février 2023 (https://cf2r.org/editorial/quand-le-brouillard-de-la-guerre-commence-a-se-dissiper/).
[7] Andrei Kozovoï, « Poutine ou l’intoxiqueur intoxiqué » Politique internationale, n°178, Hiver 2023. Cet article, qui apporte des éléments intéressants, se décrédibilise malheureusement par sa grossière orientation anti-Poutine. L’auteur va jusqu’à attribuer la responsabilité de l’assassinat de Daria Dougina au FSB… alors que le SBU ukrainien l’a clairement revendiqué !
[8] Seule voix discordante, le chef d’état-major des armées (CEMA) français, le général Thierry Burkhard a déclaré, le 22 janvier, lors d’une conférence à la Sorbonne, que « quelle que soit l’issue de la guerre en Ukraine, la Russie a déjà subi une défaite stratégique. (…) L’armée de terre russe est dans un état critique. Elle ne constitue plus une menace pour l’OTAN » (https://www.opex360.com/2024/01/24/pour-le-chef-de-la-british-army-la-societe-britannique-doit-se-preparer-a-leventualite-dune-guerre/).
[9] En 2023, les exportations d’armes américaines ont augmenté de 56% par rapport à 2022 selon le département d’État américain. C’est essentiellement la guerre en Ukraine qui explique cet accroissement record.
[10] Alors que Tucker Carlson, lui demandait s’il pouvait « imaginer un scénario dans lequel vous envoyez des troupes russes en Pologne », Vladimir Poutine a répondu : « Seulement dans un cas de figure, si la Pologne attaque la Russie. Nous n’avons pas d’intérêts en Pologne, en Lettonie ou ailleurs. Pourquoi ferions-nous cela ? Nous n’avons tout simplement aucun intérêt (…). Il n’en est pas question », a-t-il ajouté.
[11] https://fr.statista.com/statistiques/565077/population-totale-de-la-russie-2024/
[12] Et avec un affaiblissement démographique à compter de 2030 (cf. E. Todd, op. cit. p. 64)
[13] https://atlasocio.com/classements/defense/effectif/classement-etats-par-effectif-militaire-total-monde.php
[14] Il convient de rappeler que la Russie ne peut concentrer toutes ses forces en Europe car elle doit assurer la sécurité de ses frontières et de son immense territoire.
[15] https://www.cairn.info/revue-defense-nationale-2023-HS13-page-342.htm
[16] Pour les deux derniers, nous proposons deux réponses que nous empruntons à Emmanuel Todd dans son dernier livre :
– « Si les citoyens d’Europe, et notamment de France, ne savent pas où est l’argent de leurs dirigeants, la NSA, elle, le sait et sait que ces dirigeants le savent. En toute honnêteté, je ne puis vraiment dire dans quelle mesure les données collectées par la NSA permettent de tenir les élites occidentales ; Je ne sais pas non plus jusqu’à quel degré cette institution peut réellement atteindre des comptabilités privées, ni quelles sont ses capacités de stockage. Mais il suffit que les élites européennes croient en son pouvoir pour se montrer très prudentes dans leurs rapports avec le maître américain » (op. cit., p. 189) ;
– « Notre problème intellectuel, au fond, est que nous aimons l’Amérique. Les Etats-Unis ont été l’un des tombeurs du nazisme ; ils nous ont montré la voie à suivre pour atteindre la prospérité et la décontraction. Pour accepter pleinement l’idée qu’aujourd’hui ils tracent celle qui mène à la pauvreté et à l’atomisation sociale, le concept de nihilisme est indispensable. » (op. cit., p. 244).
Par Wayan – Le 19 février 2024 – Le Saker Francophone