Cette semaine la « guerre des blocs », avec la réunion des ministres des affaires étrangères des BRICS d’un côté et la réunion des pays du G7 de l’autre est entré dans une nouvelle phase. Cette fois c’est indéniable, les gants sont jetés et une deuxième « guerre froide » est lancée.
Dans le collimateur des pays du BRICS, l’hégémonie du couple dollar/euro utilisé comme arme financière permettant de bloquer le commerce international des « pays ennemis » :
« La Chine sera un pionnier en conduisant le monde vers un système financier et monétaire nouveau et innovant, alors que les appels mondiaux à une refonte du système de Bretton Woods – en place depuis 80 ans – gagnent du terrain en raison de l’abus de l’hégémonie du dollar par les États-Unis et sa politique irresponsable, ainsi qu’une économie mondiale fragmentée, ont déclaré des universitaires chinois et étrangers.
Le nouveau système financier devrait être basé sur un ensemble diversifié de monnaies plutôt que sur une monnaie unique, ont-ils noté. Il s’agira d’un système ouvert et inclusif dans lequel les voix des économies de marché émergentes seront mieux représentées, et il permettra aux pays de s’unir pour promouvoir la croissance économique mondiale et la stabilité financière.
Ces commentaires ont été faits lors du Forum financier mondial Tsinghua PBCSF 2024 à Hangzhou, dans la province du Zhejiang (est de la Chine). L’événement de deux jours s’est terminé mardi. Cette année, le forum avait pour thème « 80 ans après Bretton Woods : construire un système monétaire et financier international pour tous ». »
Le fameux système SWIFT, celui par lequel passait la majorité des paiement internationaux et dont la Russie a été exclue, aura bientôt un concurrent qui viendra casser son monopole :
« Moscou et Pékin développent un système de règlement qui pourra permettre de régler les transactions transfrontalières sans utiliser le système de messagerie financière occidentale SWIFT, a révélé le commissaire présidentiel russe aux droits des entreprises, Boris Titov.
Abordant les résultats de la conférence internationale « Russie et Chine : coopération dans une nouvelle ère » tenue à Moscou la semaine dernière, Titov a déclaré à TASS que les deux pays avaient accéléré leurs efforts pour s’éloigner de SWIFT et commercer en utilisant leurs monnaies nationales respectives.
“De nombreuses banques régionales le remplacent déjà (le SWIFT) par le système analogique chinois nommé CIPS”, a déclaré lundi le responsable, ajoutant que l’utilisation du système chinois pour les paiements en yuans continuerait de se développer. »
Ce nouveau système a été officiellement annoncé par Poutine :
« Dans ce qui constitue un développement historique, l’alliance économique des BRICS a officiellement annoncé le lancement d’un système de paiement indépendant. En effet, le président russe Vladimir Poutine a confirmé les travaux en cours sur le projet lors de la conférence SPIEF 2024 qui se déroule dans le pays.
Poutine a révélé que l’alliance « travaille sur notre propre système de paiement indépendant, libre de toute pression politique, abus et ingérence extérieure ». À l’inverse, les discussions sur l’intégration d’un système de paiement centré sur les BRICS ont été au centre des préoccupations du bloc pendant une grande partie de l’année dernière. »
Puis confirmé lors de la réunion des ministres des affaires étrangère des pays BRICS qui s’est tenue cette semaine :
« Les ministres des Affaires étrangères des BRICS se sont réunis à Nijni Novgorod en Russie le 10 juin et ont tenu de nombreuses discussions, dont une importante sur l’utilisation accrue des monnaies locales dans les transactions commerciales et financières entre les pays des BRICS.
Il s’agissait de la première réunion ministérielle après l’expansion des BRICS en 2023, lorsque l’Égypte, l’Éthiopie, l’Iran, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont rejoint le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud en tant que membres à part entière des BRICS. »
Les monnaies numériques de banque centrale font aussi leur entrée sur le marché du commerce internationale et pourront esquiver non seulement le dollar mais aussi le pétrodollar :
« L’Arabie saoudite a rejoint un essai transfrontalier de monnaie numérique de la banque centrale dominé par la Chine, ce qui pourrait être une nouvelle étape vers une diminution du commerce mondial du pétrole en dollars américains.
Cette décision, annoncée mercredi par la Banque des règlements internationaux, verra la banque centrale saoudienne devenir un « participant à part entière » du projet mBridge, une collaboration lancée en 2021 entre les banques centrales de Chine, de Hong Kong, de Thaïlande et des Émirats arabes unis.
La BRI, une organisation centralisant les banques centrales mondiales, qui supervise le projet, a également annoncé que mBridge avait atteint le stade du « produit minimum viable », ce qui signifie qu’il passera à la phase de type professionnel.
Environ 135 pays et unions monétaires, représentant 98 % du PIB mondial, explorent les monnaies numériques des banques centrales, ou CBDC. Mais les nouvelles technologies qu’ils utilisent rendent les mouvements transfrontaliers à la fois techniquement difficiles et politiquement sensibles. »
Ces projets de CDBC en sont déjà à un stade avancé dans le monde entier, sauf aux Etats-Unis qui se reposaient sur le dollar :
« Au total, 130 pays représentant 98 % de l’économie mondiale explorent désormais des versions numériques de leurs monnaies, dont près de la moitié en sont à des stades avancés de développement, de pilotage ou de lancement, selon une étude étroitement suivie.
L’étude publiée mercredi par le groupe de réflexion américain Atlantic Council indique que des progrès significatifs au cours des six derniers mois signifient que tous les pays du G20, à l’exception de l’Argentine, se trouvent désormais dans l’une de ces phases avancées.
Onze pays, dont un certain nombre dans les Caraïbes et au Nigeria, ont déjà lancé des monnaies numériques de banque centrale (CBDC), comme on les appelle, tandis que les tests pilotes en Chine touchent désormais 260 millions de personnes et couvrent 200 scénarios allant du commerce électronique aux paiements de relance gouvernementaux.
Deux autres grandes économies émergentes, l’Inde et le Brésil, prévoient également de lancer des monnaies numériques l’année prochaine. La Banque centrale européenne est sur le point de lancer son projet pilote d’euro numérique avant un éventuel lancement en 2028, tandis que plus de 20 autres pays prendront également des mesures significatives vers des projets pilotes cette année.
Aux États-Unis, cependant, les progrès en matière de dollar numérique ne « progressent » que pour une version de gros (banque à banque), selon les recherches de l’Atlantic Council, alors que les travaux sur une version de détail destinée à être utilisée par la population plus large ont « bloqué”.
Le président américain Joe Biden a ordonné aux responsables gouvernementaux d’évaluer les risques et les avantages de la création d’un dollar numérique en mars 2022. »
Une des principales raisons pour lesquelles les pays du Sud ne veulent plus être dépendants du système financier international occidental est celle-ci :
« Faire rembourser par la Russie l’aide allouée à l’Ukraine. C’est la philosophie de l’accord trouvé par les pays du G7 ce jeudi 13 juin en Italie. Ils prévoient d’utiliser les intérêts de l’argent détenu par la Russie dans les pays occidentaux, et gelé depuis le début de la guerre, pour financer un méga-prêt de 50 milliards de dollars (46 milliards d’euros environ) pour l’Ukraine d’ici fin 2024. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022, Moscou est en effet sous le coup de sévères sanctions économiques, notamment le gel des avoirs russes détenus à l’étranger. Une manière de faire pression sur la Russie. »
La Russie n’est pas le premier pays à s’être fait confisqué/volé ses avoirs placés en Occident. C’est déjà arrivé à l’Iran, au Venezuela, à l’Afghanistan, à l’Irak et la Lybie, petits pays qui ne pouvaient rien y faire. Mais le couple Russie/Chine est assez puissant pour rétorquer.
D’autres projets/déclarations ont été mis en avant pendant cette réunion des pays BRICS :
« 1. Réforme globale de l’ONU : Ils « soutiennent une réforme globale de l’ONU, y compris de son Conseil de sécurité » en vue de la rendre plus démocratique et « d’augmenter la représentation des pays en développement parmi les membres du Conseil »
- Réforme globale du système financier : Ils « reconnaissent la nécessité d’une réforme globale de l’architecture financière mondiale pour renforcer la voix des pays en développement et leur représentation au sein des institutions financières internationales ». De manière cruciale, ils ont également « souligné l’importance d’une utilisation accrue des monnaies locales dans les transactions commerciales et financières entre les pays des BRICS ».
- Dénonçant Israël et soutenant la création d’un État palestinien : « Les ministres ont exprimé de sérieuses inquiétudes face au mépris flagrant et continu d’Israël du droit international, de la Charte des Nations Unies, des résolutions de l’ONU et des ordonnances de la Cour. » Ils « soutiennent également l’adhésion à part entière de la Palestine aux Nations Unies » ainsi que « la création d’un État de Palestine souverain, indépendant et viable, conforme aux frontières internationalement reconnues de juin 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale ».
- Condamnant les « mesures coercitives unilatérales » et le protectionnisme : ils n’ont pas nommé les États-Unis, mais cette section ne laisse aucun doute quant à savoir à qui ils faisaient référence : « [Les ministres] ont exprimé leur inquiétude quant au recours à des mesures coercitives unilatérales, qui sont incompatibles avec les principes de la Charte des Nations Unies et produire des effets négatifs sur la croissance économique, le commerce, l’énergie, la santé et la sécurité alimentaire, notamment dans le monde en développement. Dans le même ordre d’idées, ils “s’opposent également aux mesures protectionnistes unilatérales, qui perturbent délibérément les chaînes mondiales d’approvisionnement et de production et faussent la concurrence”.»
Le statu quo géopolitique actuel est en train d’être totalement remis en question.
Joignant le geste à la parole, la Chine commence à se débarrasser de ses bons du trésor étasuniens :
« Alors que la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine s’intensifie, la Chine réduit ses avoirs en obligations américaines.
Les dernières données officielles sur les flux de capitaux américains montrent que la réserve chinoise de bons du Trésor américain et d’obligations d’agences au premier trimestre de cette année a diminué d’environ 40 milliards de dollars et 10 milliards de dollars, respectivement, sur une base ajustée en fonction des valorisations.
La Chine est le plus grand détenteur de réserves de change au monde, avec une réserve de 3 200 milliards de dollars au dernier décompte en avril. La répartition monétaire n’est pas publiquement connue, mais les experts estiment que pas plus de 60 % de cette répartition est en dollars. »
Mais il n’y a pas que le dollar qui perd son statut de monnaie de réserve internationale, l’euro aussi :
« La part de l’euro dans les avoirs mondiaux en devises a chuté l’année dernière, en raison des craintes que le projet d’utiliser les avoirs russes gelés pour financer l’Ukraine ne nuise davantage à l’attrait de la monnaie unique européenne.
D’autres pays ont réduit les avoirs en euros de leurs réserves de banque centrale d’environ 100 milliards d’euros l’année dernière, soit une baisse de près de 5 pour cent, a annoncé la Banque centrale européenne dans un rapport publié mercredi. L’euro est tombé à un plus bas de 3 ans à 20 % et en baisse par rapport à 25 %.
La BCE prévient que « militariser » les monnaies ne fait que les rendre moins attrayantes et mettre en danger la capacité de l’UE à émettre de la dette à moindre coût. Les membres de l’UE détenant 13 800 milliards d’euros (14 700 milliards de dollars). Un demi % (50 points de base) représente près de 70 milliards d’euros de plus que les pays de l’UE dépenseraient en paiements d’intérêts en un an. »
Il faut bien comprendre que tous ces dollars/euros revenant dans leurs zones d’origines vont créer une augmentation de la masse monétaire et donc aggraver l’inflation que subissent déjà les Etats-Unis et la zone euro.
Face à cette attaque en règle, les pays occidentaux utilisent les tactiques habituelles. Le déni médiatique d’abord. Peu de médias grand public occidentaux parlent des initiatives des BRICS, des monnaies numériques, mais, par contre, ils vantent la solidité de leurs économies et de leurs monnaies fiduciaires :
« Quatre-vingts ans se sont écoulés depuis la Conférence de Bretton Woods, lorsque le dollar américain est devenu le pilier central de l’économie mondiale et de la gouvernance économique américaine. Et depuis huit décennies, nous assistons également à des prédictions sur la disparition prochaine du dollar. Mais depuis le début, le débat sur l’avenir du dollar rate son but. La question n’est pas de savoir si un événement, une crise ou une nouvelle technologie fera tomber le dollar de son piédestal. Il s’agit plutôt de la façon dont les concurrents, et même les partenaires des États-Unis, repoussent les limites du système financier dans une économie mondiale où le dollar domine toujours mais où le consensus de l’après-guerre froide s’effondre. »
« Si l’économie des États-Unis était un athlète, elle serait actuellement au niveau de LeBron James. Si c’était une pop star, ce serait Taylor Swift. Il y a quatre ans, la pandémie a temporairement paralysé une grande partie de l’économie mondiale. Depuis lors, les performances économiques américaines ont laissé d’autres pays dans la poussière et ont même battu certains de leurs propres records. Le taux de croissance est élevé, le taux de chômage est à son plus bas historique, la richesse des ménages augmente et les salaires augmentent plus vite que les coûts, en particulier pour la classe ouvrière. Il existe de nombreuses façons de définir une bonne économie. L’Amérique est en très bonne forme selon à peu près n’importe lequel d’entre eux. »
Pourtant :
« Le public américain ne ressent pas cela – une dynamique que beaucoup de gens, dont moi, ont récemment tenté d’expliquer. Mais si, au lieu de demander ce que les gens pensent de l’économie, nous demandons comment elle fonctionne objectivement, nous obtenons une réponse très différente. »
Même pas peur disent les médias à leur public. Dormez, tout va bien.
Pourtant les mesures prises par les Etats-Unis en tête, suivi par l’Europe, montrent au contraire des signes de grande fébrilité en augmentant les sanctions économico-financières qui, pourtant, ce sont avérées contre productives puisque ce sont elles qui ont déclenché et accéléré les mesures de rejet du dollar et de l’euro :
« Les États-Unis ont ajouté trois autres entreprises à une liste qui interdit les importations en provenance d’entreprises prétendument impliquées dans le travail forcé des Ouïghours en Chine, selon un avis du gouvernement américain publié en ligne mardi.
Les dernières cibles incluent le fabricant de chaussures Dongguan Oasis Shoes Co, le fabricant d’aluminium électrolytique Xinjiang Shenhuo Coal and Electricity Co et le transformateur alimentaire Shandong Meijia Group Co, également connu sous le nom de Rizhao Meijia Group, indique l’avis du Département américain de la sécurité intérieure (DHS). »
« Les États-Unis ont dévoilé mercredi 12 juin une nouvelle salve de sanctions visant à asphyxier l’effort de guerre russe en Ukraine. Juste avant le sommet du G7 où le sujet de nouvelles sanctions doit être discuté, Washington cherche à mettre aussi la pression sur les institutions financières traitant avec l’économie russe.
Ces mesures, qui comprennent des sanctions touchant plus de 300 entités, dont la Bourse de Moscou, ciblent « les voies d’approvisionnement restantes par lesquelles (la Russie) se procure des matériaux et des équipements à l’international, a déclaré la secrétaire au Trésor Janet Yellen. Nous augmentons le risque pour les institutions financières qui traitent avec l’économie de guerre russe, éliminons les possibilités d’évasion et diminuons la capacité de la Russie à bénéficier de l’accès aux technologies, équipements, logiciels et services informatiques étrangers », a-t-elle précisé dans un communiqué.
Ces sanctions prises par les départements d’État et du Trésor concernent des entités situées en Russie et dans des pays comme la Chine, l’Afrique du Sud, la Turquie et les Émirats arabes unis. Parmi elles figurent la Bourse de Moscou et plusieurs filiales. L’objectif est de rendre plus difficiles les transactions de plusieurs milliards de dollars. On retrouve également des entités impliquées dans trois projets de gaz naturel liquéfié. En conséquence, la Bourse de Moscou a annoncé qu’elle allait suspendre les transactions en euros et en dollars sur son marché des changes. »
« La nouvelle a fait l’effet d’une douche froide sur les constructeurs automobiles chinois. Bruxelles a annoncé, mercredi 12 juin, jusqu’à 38,1% de droits de douane européens sur les importations de véhicules électriques chinois, taxées à partir du 4 juillet prochain. Ces montants, qui s’ajoutent aux 10% déjà existants, ont été rapidement dénoncés comme « purement protectionnistes » par Pékin.
Pour contrer l’offensive commerciale chinoise, l’Union européenne a donc décidé de multiplier les taxes « anti-dumping », destinées à compenser la différence entre le prix des marchandises importées et celui des produits fabriqués sur le sol européen. En général, « les droits de douane laissent un temps de respiration aux constructeurs européens qui font face à un coût de l’énergie et de main d’œuvre plus élevé », pointe Elvire Fabry, chercheuse spécialisée en géopolitique du commerce pour l’Institut Jacques Delors.
De nombreux secteurs de la production chinoise se retrouvent dans le viseur de l’Union européenne, qui a pendant longtemps hésité à sévir. Plusieurs enquêtes en cours scrutent les subventions aux équipements médicaux, le biodiesel, les éoliennes ou encore le constructeur ferroviaire CRRC, géant chinois du rail. Au total, l’Union européenne mène pas moins de 31 enquêtes sur des soupçons de pratiques anticoncurrentielles, dont 18 concernent la Chine.
Néanmoins, si elles témoignent d’une volonté politique de protéger le marché européen, ces enquêtes aboutissent bien souvent à des droits de douane nettement inférieurs à ceux imposés par les États-Unis. Faisant fi des règles de l’Organisation mondiale du commerce, le pays fixe des taxes douanières qui grimpent à 100% pour les véhicules électriques chinois, 50% pour les cellules photovoltaïques et les semi-conducteurs chinois, et 25% pour l’acier ou l’aluminium. »
« L’Occident doit montrer à Moscou qu’il soutient « totalement » l’Ukraine en sanctionnant tout ce qui est russe, a déclaré le ministre britannique des Affaires étrangères David Cameron.
« Nous montrerons au [président russe Vladimir] Poutine que nous sommes complètement derrière l’Ukraine : nous chasserons l’argent et le pétrole, nous arrêterons le gaz, nous arrêterons les navires, nous ferons tout ce que nous pouvons pour arrêter la machine de guerre russe et montrer à Poutine la folie de ses actions », a déclaré Cameron au média italien.
Le Royaume-Uni « chasse » les entreprises qui font des affaires avec la Russie « partout dans le monde », a-t-il déclaré. “Nous sanctionnerons les entreprises en Chine, en Turquie, au Kirghizistan et même en Israël, qui, selon nous, fournissent du matériel à double usage” à la Russie, a-t-il ajouté. »
Les Etats-Unis n’hésitant pas à faire pression sur les « alliés » peu enthousiastes à se lancer dans cette guerre commerciale :
« Les dirigeants des banques allemandes doivent se conformer davantage aux sanctions contre la Russie et mettre fin à toute tentative visant à les contourner, a prévenu mardi la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, lors d’une réunion avec des banquiers à Francfort, selon Reuters.
Le responsable américain a souligné que la Russie ne devait pas être autorisée à se procurer des « biens sensibles » pour l’aider dans ses opérations militaires en Ukraine, et a averti que Washington avait désormais le pouvoir d’imposer des sanctions secondaires aux banques étrangères si elles étaient soupçonnées d’aider l’armée russe.
« J’exhorte toutes les institutions ici à prendre des mesures de conformité renforcées et à se concentrer davantage sur les tentatives d’évasion russe », a déclaré Yellen, avertissant que ceux qui ne le feraient pas pourraient se voir empêcher d’utiliser le dollar américain.
Plus tôt ce mois-ci, Reuters a également rapporté que le Trésor américain avait menacé de couper l’accès de la banque autrichienne Raiffeisen Bank International (RBI) au système financier américain en raison de la poursuite de ses activités en Russie.
Après cet avertissement, RBI a annoncé qu’elle ne développerait plus ses activités en Russie, tandis qu’un porte-parole du groupe a déclaré qu’il avait « considérablement réduit » sa présence dans le pays pour atténuer les risques liés aux sanctions.
La Banque centrale européenne a également fait pression sur toutes les banques de la zone euro pour qu’elles accélèrent leur retrait de Russie sous peine de sanctions américaines – et leur a demandé de soumettre d’ici le mois prochain un « plan d’action » détaillant la manière dont elles suspendront leurs opérations dans le pays. »
« L’envoyé américain à Budapest a vivement critiqué mardi le gouvernement hongrois pour ses relations politiques et commerciales étroites avec la Chine, qui “sont souvent assorties de conditions, et les intérêts sont souvent payés en termes de souveraineté“.
Dans un discours prononcé devant les entreprises américaines qui ont investi en Hongrie, à la Chambre de commerce américaine, l’ambassadeur David Pressman a critiqué la Hongrie pour avoir fait des affaires avec la Chine sur la base de contrats non transparents « en proie à la corruption ».
Il a également critiqué le gouvernement nationaliste du Premier ministre Viktor Orban pour avoir autorisé les travailleurs chinois à entrer en Hongrie et pour une coopération en matière de sécurité entre les deux pays qui autorise la présence de policiers chinois en Hongrie.
Pressmann a déclaré que les États-Unis faisaient également des affaires avec la Chine, mais « de manière transparente, sur la base de règles claires et dans le souci des intérêts de sécurité de nos alliés ». »
Il est étonnant de voir que d’un côté les Etats-Unis prétendent se soucier de la souveraineté de la Hongrie alors que de l’autre l’Union Européenne punit la Hongrie pour ses lois sur « la protection de sa souveraineté » :
« La Commission européenne a lancé une action en justice contre la Hongrie pour sa récente promulgation de lois visant à « protéger la souveraineté nationale ».
L’exécutif de l’Union européenne a déclaré mercredi avoir envoyé une mise en demeure à Budapest l’informant que la législation viole les valeurs démocratiques et les droits fondamentaux du bloc. Les opposants au régime autoritaire du Premier ministre Viktor Orban affirment que les nouvelles lois menacent d’étouffer ses rivaux politiques, ainsi que les médias et la société civile critiques.
Le nationaliste Orban insiste sur le fait que la législation, qui réprime le financement étranger des candidats politiques, ainsi que de tout organisme ou individu ayant une influence sur le discours public, est essentielle pour freiner l’influence étrangère.
Le Bureau pour la défense de la souveraineté, récemment créé et dirigé par un représentant nommé par le gouvernement, a le pouvoir d’enquêter sur les bénéficiaires de financements étrangers. Il peut exiger des informations publiques et privées de la part de cibles, ainsi que des services de renseignement hongrois. »
On se rappelle que la France vient de voter une loi identique, au même moment que la Géorgie, sans que ni l’UE ni les médias n’en fassent le moindre commentaire. On voit bien qu’ils différencient deux sortes de gouvernements : les « gouvernements autoritaires », comme la Hongrie, la Géorgie, la Russie, la Chine…c’est-à-dire ceux qui refusent de rentrer dans le moule de l’ultra-libéralisme à l’américaine et non pas le droit de s’en protéger et « les démocraties libérales », dont la France fait partie, et qui ont le droit se protéger des influences extérieures, sauf celles de la Commission européenne, des Etats-Unis et d’Israël bien sûr.
En parlant de souveraineté, le président du Congrès étasunien vient de déclarer haut et fort que :
« Le président de la Chambre des représentants américains : « nous ne plaçons aucun organisme international au-dessus de notre souveraineté »
« Un organisme international au-dessus de la souveraineté » est la définition même du droit international.
C’est donc officiel : les États-Unis rejettent le concept même de droit international. »
« Faites ce que je dis » sinon gare aux sanctions et autres pressions militaro-économiques « mais pas ce que je fais » puisque seul moi, le gendarme du monde, peut me le permettre.
Mais revenons aux sanctions. La réunion du G7 a été l’occasion d’en remettre une autre couche :
« Les États-Unis ont élargi mercredi leurs sanctions contre la Russie alors que les dirigeants du G7 se préparent à se réunir en Italie pour un sommet dont les principales priorités seront de renforcer le soutien à l’Ukraine et de détruire la machine de guerre russe.
Le plan de mercredi visait les entreprises chinoises qui aident la Russie à poursuivre sa guerre en Ukraine et a fait monter les enjeux pour les institutions financières étrangères qui travaillent avec des entités russes sanctionnées.
Il a également ciblé l’infrastructure financière de la Russie, dans le but de limiter les flux d’argent entrant et sortant de Russie. Peu après que les sanctions ont été rendues publiques, la Bourse de Moscou a annoncé qu’elle suspendrait les transactions en dollars et en euros.
Les États-Unis ont sanctionné plus de 4 000 entreprises et particuliers russes depuis le début de la guerre, dans le but d’étouffer le flux d’argent et d’armements vers Moscou, dont la puissance de feu supérieure lui a donné un avantage sur le champ de bataille ces derniers mois. Néanmoins, de nouvelles entreprises apparaissent continuellement à mesure que la Russie tente de repenser ses chaînes d’approvisionnement.
« Nous devons être très honnêtes avec nous-mêmes : Poutine est un adversaire très compétent, prêt à s’adapter et à trouver des collaborateurs volontaires », a déclaré Aaron Forsberg, directeur de la politique et de la mise en œuvre des sanctions économiques au Département d’État, à l’Associated Press. »
C’est cela qui montre la fébrilité des pays occidentaux face aux BRICS. Les sanctions ne fonctionnent pas, au contraire elles renforcent la volonté des BRICS de les combattre, alors on en remet une couche, espérant que ce qui n’a pas fonctionné jusque-là pas se mette miraculeusement à fonctionner. Cela montre qu’ils n’ont pas d’autres solutions en vue. Il y en a pourtant une, proposée par la Chine et la Russie, la coopération au lieu de la lutte. Mais il semble que cela ne soit pas dans le programme mental des dirigeants occidentaux, peu enclins à partager le gâteau :
« La Chine a enregistré une croissance de ses exportations plus élevée que prévu en mai, de 11,2 % en RMB et de 7,6 % en dollars américains sur un an, ce qui indique que le pays est sur le point d’atteindre l’objectif de croissance de 5 % du gouvernement pour 2024.
L’intégralité de la croissance des exportations est venue des pays du Sud, tandis que les exportations vers les marchés développés sont restées atones, à des niveaux bien inférieurs aux sommets précédents.
Le mythe occidental sur la « surcapacité » chinoise ne fonctionne pas bien dans les pays du Sud, où la demande chinoise en infrastructures de télécommunications, en véhicules électriques à bas prix, en panneaux solaires et en acier est croissante. Malgré quelques frictions mineures avec les clients des marchés en développement, par exemple l’industrie sidérurgique brésilienne, la Chine a trouvé un marché en expansion dans les pays du Sud. »
« La Banque mondiale a relevé ses prévisions de croissance pour l’économie russe sur la base des chiffres révisés publiés mardi.
Selon les Perspectives économiques mondiales 2024, le PIB de la Russie connaîtra une croissance de 2,9 % cette année et de 1,4 % en 2025. Il s’agit d’une révision à la hausse par rapport aux prévisions précédentes de croissance de 2,2 % et 1,1 %, respectivement.
La Banque mondiale a ajouté que l’économie russe avait surperformé les attentes en 2023, avec une croissance atteignant 3,6 % l’année dernière, une forte augmentation par rapport à sa prévision de janvier de 2,6 % et à celle d’octobre de 1,6 %.
“Cette amélioration reflète en grande partie une demande privée plus forte que prévu, soutenue par des prêts hypothécaires subventionnés, des mesures fiscales et un marché du travail tendu”, écrit l’institution, notant que l’augmentation des dépenses militaires a également stimulé l’activité. »
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Cette semaine s’est déroulé une véritable tragi-comédie politico-médiatique orchestrée par l’équipe Biden qui cherche à démontrer à son jeune électorat que les « principes humanitaires » chers aux Démocrates ne sont pas à deux vitesses et s’appliquent aussi aux Palestiniens.
Cela a commencé par une déclaration de l’équipe Biden, que nous avions déjà noté la semaine dernière, annonçant que :
« Joe Biden appelle le Hamas à accepter une offre israélienne de paix « globale » à Gaza. Le président américain s’est exprimé depuis la Maison Blanche et a notamment déclaré qu’il ne fallait pas laisser passer cette occasion pour la paix. « Il est temps que cette guerre se termine », a-t-il dit, présentant une feuille de route qui, selon lui, a été soumise au Hamas via le Qatar. Le mouvement islamiste a réagi, affirmant qu’il « considère positivement » ce qui a été annoncé. »
La proposition est donc présentée comme si elle était « israélienne », c’est-à-dire proposée par le gouvernement israélien. La balle serait donc dans le camp du Hamas. Premier mensonge. Selon le Times of Israel :
« L’accord de cessez-le-feu proposé par Israël avec le Hamas comprend un engagement à mettre fin à la guerre à Gaza avant même que tous les otages ne soient libérés, selon un reportage publié lundi, qui montrait ce qu’il considérait comme le document complet et en citait des parties.
La Douzième chaîne a publié de nombreux détails sur ce qu’elle considère comme la proposition israélienne du 27 mai, sans citer de sources ni préciser comment elle l’a obtenue.
Contrairement à ce qu’a insisté le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le document de quatre pages rapporté ne prévoit apparemment pas l’élimination du Hamas en tant que force dirigeante à Gaza, et inclut un engagement israélien à mettre fin à la guerre avant même que tous les otages ne soient libérés. dit le rapport.
L’article 15 de la proposition, comme l’a montré la Douzième chaîne, prévoit, dans la deuxième phase de l’accord, le « rétablissement d’un calme durable (cessation définitive des hostilités militaires) et son commencement avant l’échange d’otages et de prisonniers… »
Immédiatement après la diffusion du rapport, le bureau de Netanyahu l’a qualifié de trompeur et a déclaré que l’affirmation selon laquelle Israël aurait accepté de mettre fin à la guerre avant d’avoir atteint ses objectifs était « un mensonge total ». »
Le gouvernement israélien n’est pas l’auteur de cette initiative. C’est donc l’équipe Biden qui en est l’auteur, mettant ainsi Netanyahou devant un fait accompli tout en pouvant rejeter la faute sur le Hamas si l’accord n’est pas signé.
C’est d’ailleurs ainsi qu’à procéder Blinken lors de son voyage au Proche Orient pour pousser les pays arabes à soutenir cet accord :
« Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a exhorté lundi le Hamas à accepter une proposition de cessez-le-feu présentée par Washington pour mettre fin à la guerre à Gaza.
Lors de son huitième voyage au Moyen-Orient depuis le début de la guerre, le plus haut diplomate américain a appelé les pays de la région à faire pression sur le groupe militant palestinien pour qu’il approuve le projet. Les États-Unis ont déclaré qu’Israël l’avait accepté, bien que les responsables israéliens ne l’aient pas officiellement annoncé.
“Mon message aux gouvernements de toute la région, aux habitants de toute la région, est le suivant : si vous voulez un cessez-le-feu, faites pression sur le Hamas pour qu’il dise ‘oui'”, a déclaré Blinken aux journalistes au Caire. »
Le premier mensonge ayant été débusqué par le gouvernement israélien, Blinken passe à un deuxième en disant : « Les États-Unis ont déclaré qu’Israël l’avait accepté, bien que les responsables israéliens ne l’aient pas officiellement annoncé ». Il pensait ainsi coincer Netanyahou mais c’était prendre ses désirs pour la réalité. La réponse de ce dernier a été immédiate :
« “Nous sommes déterminés à obtenir une victoire totale”, a déclaré Netanyahu dans un communiqué publié par son bureau, citant des propos qu’il a tenus dimanche aux proches des Israéliens tués à Gaza. Il a déclaré qu’il rejetterait une demande du Hamas de « s’engager à arrêter la guerre sans atteindre nos objectifs d’élimination du Hamas ». »
Pour accentuer la pression sur Netanyahou, les Etats-Unis soumettent la proposition à l’ONU :
« Les membres du Conseil de sécurité de l’ONU viennent d’adopter un projet de résolution américaine soutenant ce plan de cessez-le-feu dans l’enclave. Le texte a recueilli 14 voix pour, la Russie, s’est abstenue. Le Hamas « salue » l’adoption du plan de trêve par le Conseil de sécurité de l’ONU. »
Sautant sur l’occasion et voulant éviter que les Etats-Unis l’accusent d’avoir été la partie ayant fait échouer l’accord :
« Le Hamas a immédiatement réagi. Le mouvement palestinien « salue l’adoption de la résolution du Conseil de sécurité […] et souhaite réaffirmer sa volonté de coopérer avec les frères médiateurs pour entamer des négociations indirectes concernant la mise en œuvre de ces principes. » Le président palestinien Mahmoud Abbas salue également le vote du Conseil de sécurité de l’ONU sur le plan de trêve. »
Dans la foulée, l’ONU augmente la pression d’un cran :
« Une commission d’enquête de l’ONU accuse directement les autorités israéliennes d’avoir commis non seulement des « crimes de guerre », mais aussi des « crimes contre l’humanité » dans la guerre qu’elles mènent depuis le 7 octobre. Les Nations unies ont condamné, à un nombre incalculable de reprises, la conduite des opérations à Gaza. Mais c’est la première fois qu’elles parlent de « crimes contre l’humanité ». »
Mais depuis quand Israël respecte les décisions des institutions internationales ?
« Israël s’est engagé à poursuivre son opération militaire à Gaza, affirmant qu’il ne s’engagerait pas dans des négociations « dénuées de sens » avec le Hamas, peu après que le Conseil de sécurité des Nations Unies a approuvé à une écrasante majorité un plan de cessez-le-feu soutenu par les États-Unis et destiné à mettre fin aux huit conflits. mois de guerre.
La représentante d’Israël auprès de l’ONU, Reut Shapir Ben-Naftaly, a souligné lundi lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU que son pays voulait « garantir que Gaza ne constitue pas une menace pour Israël à l’avenir ».
Le haut diplomate a déclaré que la guerre ne prendrait pas fin tant que tous les otages n’auraient pas été restitués et que les capacités du Hamas auraient été « démantelées », accusant le groupe militant palestinien d’utiliser « des négociations sans fin… comme un moyen de gagner du temps ». »
Commence alors un échange de patate chaude entre les deux parties :
« Israël déclare que le Hamas rejette les éléments clés du plan de cessez-le-feu américain à Gaza
Le Hamas a officiellement répondu mardi à une proposition de cessez-le-feu américaine pour la guerre vieille de huit mois dans la bande de Gaza, et Israël a déclaré que cette réponse équivalait à un rejet tandis qu’un responsable du Hamas a déclaré que le groupe palestinien se contentait de réitérer des demandes de longue date non satisfaites par l’actuel plan.
Le responsable du Hamas, qui a refusé d’être identifié, a déclaré à Reuters que la réponse réaffirmait sa position selon laquelle un cessez-le-feu doit conduire à une fin permanente des hostilités à Gaza, au retrait des forces israéliennes, à la reconstruction de l’enclave palestinienne et à la libération des prisonniers palestiniens en Israël.
“Nous avons réitéré notre position précédente. Je pense qu’il n’y a pas de grandes lacunes. La balle est désormais dans le camp israélien.”
Les États-Unis ont déclaré qu’Israël acceptait leur proposition, mais Israël ne l’a pas déclaré publiquement. Israël, qui a poursuivi ses attaques dans le centre et le sud de Gaza, parmi les plus sanglantes de la guerre, a déclaré à plusieurs reprises qu’il ne s’engagerait pas à mettre un terme à sa campagne à Gaza avant l’élimination du Hamas.
Un responsable israélien a déclaré mardi que le pays avait reçu la réponse du Hamas des médiateurs et que le Hamas “avait modifié tous les paramètres principaux et les plus significatifs”.
Le responsable israélien, qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat, a déclaré que le Hamas “a rejeté la proposition de libération d’otages présentée par le président Biden“. »
Essai raté pour Biden qui continue pourtant à soutenir Israël en mettant la faute de cet échec sur le dos du Hamas :
« Le président Joe Biden a exprimé jeudi ses doutes quant à la conclusion prochaine d’un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, déclarant aux journalistes que « le Hamas doit avancer ».
« Non », a répondu Biden lorsqu’on lui a demandé s’il était convaincu qu’un accord de paix était imminent. Mais, a-t-il ajouté, « je n’ai pas perdu espoir ».
Le bref échange fait suite à une démonstration de parachutisme lors du sommet du G7, où Biden a rencontré d’autres dirigeants mondiaux sur une série de questions de politique étrangère et économiques.
Biden a ensuite développé ses préoccupations, affirmant que le « plus gros problème » était du côté du Hamas. »
Comment de bonnes décisions stratégiques peuvent-elles être prises quand on a une vision de la situation déformée par sa vision idéologique du monde ? Biden a publiquement déclaré, plusieurs fois, être un sioniste. Il en paye maintenant les conséquences.
Comme l’analyse cet article du Middle East Eye, cette idiote initiative prise par l’équipe Biden n’a fait que confirmer l’extrême faiblesse stratégique du gouvernement Biden face au mini-Etat qu’est Israël, devant tous les autres pays du Moyen Orient. Un échec diplomatique tonitruant tant sur le plan de la politique extérieure que sur celui de la politique intérieure.
« Il en faut beaucoup pour que les diplomates du Moyen-Orient se mettent d’accord sur quoi que ce soit. Le comportement d’un homme au cours des huit derniers mois de la guerre à Gaza a cependant forgé un consensus rare au sein d’un tel groupe : on ne peut pas faire confiance à Antony Blinken.
Les pouvoirs du secrétaire d’État américain pour déformer la réalité ont fait sourciller même les cyniques les plus expérimentés. C’est une plainte qui résonne de Doha à Amman, en passant par Le Caire, Tel-Aviv et Ankara.
Blinken est actuellement engagé dans ce que l’un de ses prédécesseurs, James Baker, appelait « la diplomatie du chat mort ». L’élève de Baker, Aaron David Miller, a écrit sur X (anciennement Twitter) : « L’objectif n’est pas de parvenir à un accord mais de faire en sorte qu’en cas d’échec, le chat mort soit devant la porte des autres. »
Le chat mort ou mourant du moment est un accord de cessez-le-feu à Gaza. »
Et ce chat mort n’est ni devant la porte d’Israël ni celle du Hamas mais est resté devant celle de Biden.
Première conséquence de cet « esprit sioniste » :
« Entraînée en grande partie par la désapprobation de la position américaine sur la guerre à Gaza, l’image populaire des États-Unis à l’étranger s’est dégradée au cours de l’année écoulée, selon un nouveau sondage d’opinion publique dans 34 pays publié mardi par le Pew Research Center.
L’enquête, la dernière d’une série annuelle remontant à plus de deux décennies, révèle également que la confiance internationale dans la démocratie américaine a chuté. Une médiane de quatre personnes sur dix sur plus de 40 000 personnes interrogées ont déclaré que la démocratie américaine était autrefois un bon modèle à suivre pour les autres pays, mais qu’elle ne l’est plus. Ce point de vue était le plus prononcé dans les dix pays européens couverts par le sondage. »
Pendant que Biden se débat avec ses manipulations politico-médiatiques, la situation continue de se dégrader sur le terrain :
« Nouveaux échanges de tirs d’une ampleur inédite entre Israël et le Hezbollah, un «civil» tué au Liban
La situation, déjà inquiétante, s’est dégradée sur le front entre le Liban et Israël jeudi 13 juin. Deux jours après la mort de plusieurs membres du Hezbollah libanais dans un raid israélien, le mouvement pro-iranien et allié du Hamas a répliqué en lançant une pluie de roquettes sur le territoire israélien en 48 heures. Face à la hausse continue et soutenue des hostilités, les différents acteurs s’inquiète d’un éventuel embrasement général dans la région. »
Le Hezbollah faisant régulièrement savoir que dès qu’Israël se retirera de Gaza il cessera ses attaques.
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Deux jours avant la « conférence pour la paix » organisée par Zelenski en suisse, non pas pour négocier une paix mais pour faire ce qu’il sait le mieux faire, de la comédie politique, Poutine a mis sur la table ses propres conditions de négociation pour une paix immédiate :
« L’Ukraine doit retirer ses troupes des nouvelles régions russes avant que des négociations de paix significatives puissent commencer, a déclaré le président Vladimir Poutine.
« J’insiste sur l’ensemble du territoire de ces régions tel que défini par leurs frontières administratives au moment où elles ont rejoint l’Ukraine [en août 1991] », a déclaré Poutine.
“Notre partie ordonnera un cessez-le-feu et entamera les négociations dès que Kiev se déclarera prête à prendre cette décision et commencera le retrait effectif de ses troupes de ces régions, et nous informera également formellement qu’elle n’envisage plus d’adhérer à l’OTAN“, a déclaré le dirigeant russe.
« Nous comptons sur Kiev pour prendre une telle décision sur le retrait, le statut neutre et le dialogue avec la Russie, dont dépend l’existence future de l’Ukraine, de manière indépendante, basée sur les réalités actuelles et guidée par les véritables intérêts du peuple ukrainien et non pas en suivant les ordres occidentaux », a déclaré Poutine.
À ce stade, Moscou n’acceptera pas un conflit gelé, qui permettrait aux États-Unis et à leurs alliés de réarmer et de reconstruire l’armée ukrainienne, a affirmé Poutine. La résolution complète de la question nécessitera que Kiev reconnaisse les quatre nouvelles régions ainsi que la Crimée comme faisant partie de la Russie, a-t-il insisté.
« À l’avenir, toutes ces positions de principe fondamentales devront être inscrites dans des accords internationaux fondamentaux. Naturellement, cela inclut la levée de toutes les sanctions occidentales contre la Russie », a déclaré Poutine.
Accepter ces conditions permettra à toutes les personnes impliquées de tourner la page et de reconstruire progressivement les relations endommagées, a déclaré le président. À terme, un système de sécurité paneuropéen qui fonctionnerait pour toutes les nations du continent pourrait être créé, a ajouté Poutine, soulignant que Moscou cherchait ce résultat depuis des années. »
Evidemment Poutine sait très bien qu’une telle proposition sera refusée mais, de son côté, les choses sont claires et un refus sera pris comme une carte blanche à serrer encore plus l’étau autour de l’Ukraine.
Pied de nez aux propositions de Poutine :
« L’accord bilatéral de sécurité signé jeudi en marge du G7 entre les Etats-Unis et l’Ukraine ouvre la voie à une intégration dans l’Otan, a déclaré le président Volodymyr Zelensky.
L’accord “stipule que les Etats-Unis soutiennent la future intégration de l’Ukraine dans l’Otan et reconnaît que notre accord de sécurité ouvre la voie à l’intégration de l’Ukraine dans l’Otan”, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse conjointe avec Joe Biden à l’issue de la cérémonie de signature. »
Ce vieux sénateur étasunien a franchement expliqué pourquoi les Etats-Unis ne sont pas prêts à lâcher l’affaire :
« Le sénateur américain Lindsey Graham, un Républicain résolument belliciste qui aime les déclarations provocatrices, a provoqué une nouvelle émotion en prononçant à haute voix ce qui devait rester discret. Dans une récente interview accordée à l’émission « Face the Nation » de CBS, Graham a soutenu que Washington ne devait pas permettre à la Russie de gagner la guerre en Ukraine en raison des riches gisements de minéraux critiques sur le territoire ukrainien, qui valent entre 10 et 12 000 milliards de dollars, selon le sénateur.
En particulier, Graham a avancé trois affirmations : premièrement, que le contrôle russe sur cette « mine d’or » enrichirait Moscou et lui permettrait de partager les minéraux extraits avec la Chine ; deuxièmement, l’Ukraine, si elle en conserve le contrôle, pourrait devenir « le pays le plus riche de toute l’Europe » et « le meilleur partenaire commercial dont nous ayons jamais rêvé » ; et troisièmement, l’issue de la guerre en Ukraine est donc une « très grosse affaire ». En effet, selon Graham, les enjeux sont si élevés que les États-Unis doivent aider Kiev à gagner « une guerre que nous ne pouvons pas nous permettre de perdre ».
Voilà pour tous ceux qui parlent de la « souveraineté », de la « démocratie » et de la « liberté » de Kiev. »
Alors la lente destruction de l’Ukraine va continuer. D’abord par ses infrastructures, c’est-à-dire son économie :
« La Russie a détruit ou pris plus de la moitié de la production d’électricité de l’Ukraine, provoquant des pannes d’électricité à grande échelle dans tout le pays et exacerbant les craintes quant à l’avenir de l’approvisionnement énergétique des villes ukrainiennes et des clients de l’UE.
Les attaques de missiles et de drones menées par Moscou ces derniers mois se sont concentrées sur les centrales électriques ukrainiennes, obligeant les sociétés énergétiques à imposer des fermetures à l’échelle nationale tout en se démenant pour réparer les dégâts et trouver des approvisionnements alternatifs.
Avant l’invasion à grande échelle de la Russie en 2022, la production énergétique nationale de l’Ukraine était d’environ 55 gigawatts d’électricité, parmi les plus importantes d’Europe. Cette capacité de production d’électricité est actuellement tombée en dessous de 20 GW, en raison des bombardements ou de l’occupation russe qui a mis ces centrales hors service, selon les responsables ukrainiens. »
« Le nombre d’Ukrainiens vivant dans la pauvreté a augmenté de 1,8 million depuis 2020, ce qui porte le total à environ 29 % de la population alors que l’invasion russe de 2022 continue de ravager l’économie du pays, a indiqué la Banque mondiale dans un rapport.
La situation serait bien pire si l’Ukraine n’avait pas reçu un soutien budgétaire étranger substantiel pour payer les pensions de vieillesse et les salaires des enseignants, des médecins et autres, selon Arup Banerji, directeur régional de la Banque mondiale pour l’Europe de l’Est. »
Et sur le terrain les troupes russes continuent leur lente avancée.
Par Wayan – Le 17 juin 2024 – Le Saker Francophone