Il y a quelque temps, je vous racontais les affrontements entre Confédérés et Yankees dans la vallée de la Shenandoah et vous annonçais le récit d'un combat qui soulagea un peu le Sud martyr. C'est ce que l'histoire de la guerre entre les États a conservé sous le nom de « la surprise de Cedar Creek ».
Repoussé par Sheridan, submergé par des forces nordistes infiniment supérieures en nombre, Jubal Early ne baissa pas la garde pour autant. Il va ainsi concevoir une contre-attaque audacieuse, sans doute la plus risquée de toute la guerre dite de sécession.
Ce plan fut élaboré après que des officiers confédérés, parmi lesquels le général Joh Gordon, eurent radicalement nettoyés les flancs de la Massanutten Mountain le 17 octobre 1864. Un « nettoyage » qui, à partir du Signal Knob, un promontoire bien situé, va permettre aux Sudistes d'avoir une vue cavalière sur l’entièreté des forces nordistes.
Jubal Early donne l'ordre de marche dans la nuit du 18 octobre. Il a divisé ce qu'il lui reste de forces combattantes en trois trois colonnes, afin de porter ses efforts contre le flanc gauche du 8è Corps nordiste.
Après une longue marche de nuit au pied de la Massanutten Mountain et la traversée de deux rivières, les Sudistes jaillissent du brouillard dans la prime petite aube du 19 octobre. La surprise est totale. Les Nordistes des 8è et 19è Corps sont cueillis en plein sommeil et bousculés culs par dessus têtes.
Les hommes du 6è Corps, qui ont eu le temps de réagir, opposent une sorte de résistance, vite annihilée, autour des tombes du cimetière de Middleton. Mais, à 10 heures 30, l'Armée de la Shenandoah est défaite, démantelée, réduite à peu de chose. Cedar Creek est un miracle sudiste au moment où il devient de plus difficile pour Lee de croire aux miracles.
Conforté par ce succès, Jubal Early met en sécurité ses prises de guerre. Dont Plus de 1000 prisonniers et quelque 25 canons. Mais ce succès vient bien tard : les soldats de Early, épuisés, ne peuvent pousser leur avantage. Ils tiennent cependant tant bien que mal le terrain reconquis. Après la guerre, le général Gordon dira que ce fut « une halte fatale ». Sans doute. Mais comment continuer dans de telles conditions d'épuisement...
Sheridan, qui arrivait de Winchester sans rien savoir de la défaite de son armée, va vite s'employer à regrouper les forces éparses. Pour conduire ce que la légende dorée yankee nommera The Sheridan Ride (« La chevauchée de Sheridan »). Une chevauchée qui va lui permettre de récupérer l'artillerie perdue à Cedar Creek et de capturer 1200 combattants sudistes.
La contre-attaque de Sheridan, menée trois semaine avant l'élection présidentielle, élection qui remit Lincoln aux manettes, regonfla le moral des Nordistes. Et signa la fin de la résistance sudiste dans la vallée de la Shenendoah.
L'année suivante, c'est la reddition de Lee à Appomattox. Et l'assassinat de Lincoln par le tragédien John Wilkes Booth (voir mon livre Il a tué Lincoln ! J.W. Booth, le Brutus des Sudistes, Dualpha). Mais ça, c'est aussi une autre histoire que je vous raconterai un jour. Ou pas...
Alain Sanders
