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Nous avons passé le solstice d’été depuis plusieurs semaines déjà, le soleil invaincu décline, cependant l’astre roi continue de réchauffer la terre et de gorger de ses rayons nos futures récoltes. Nous voici donc arrivés au moment de la célébration de la fête de Lugnasad. Les païens que nous sommes aiment à célébrer les anciens rituels, ils sont comme des phares dans l’obscurité médiocre du monde actuel où l’inversement des valeurs est de mise, signe avant-coureur du Kali Yuga, l’âge de fer, quatrième âge de la cosmogonie hindoue. Malgré ces temps incertains, le païen garde le cap et sourit dans la tempête, pleinement conscient du présent, il honore les traditions ancestrales tout en sachant être à l’écoute du futur.

 

Qu’est-ce donc au juste que cette fête de Lugnasad ?

Voici une présentation sans prétention et non exhaustive.

Lugnasad est l’une des quatre célébrations majeures du calendrier celtique avec Samain, Imbolc et Beltaine.

« Le nom de Lugnasad a subsisté en irlandais moderne pour désigner le mois d’août sous la forme lúnasa, en orthographe traditionnelle Lughnasadh : là Lughnasa est une forme anglicisée », nous indique Françoise Le Roux et Christian-J Guyonvarc’h.

 

Le dieu Lug

Littéralement « assemblée de Lug », Lugnasad apparaît comme une fête à la principale divinité du panthéon celtique : Lug, dieu de la lumière, du savoir, et des arts, ainsi que du pouvoir, du droit et de la souveraineté. Lug est un dieu polytechnicien, il mobilise les trois fonctions indo-européennes : spirituelle et de commandement (1ère), guerrière (2ème) et productive (3ème). Ces fonctions incarnent l’équilibre de la société selon la conception indo-européenne. Cet aspect tri fonctionnel relevant de la divinité tutélaire de la fête peut nous indiquer une nature symbolique d’unité des diverses composantes de la société, rassemblées autour du dieu Lug, chef à la fois du panthéon mais également roi d’Irlande (L’aspect de la fonction royale devait également être symbolisée au niveau du monde celte continental). En célébrant Lug ce jour-là on célébrait également le rôle central du roi comme symbole garantissant la paix, la prospérité, l’abondance et la répartition des récoltes.

 

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De la nourrice de Lug, Tailtiu

Cependant, si il est vrai que la fête tire son nom du dieu Lug, nous ne devons pas oublier pour autant ses origines : des jeux funèbres en la mémoire de Tailtiu organisés à sa demande. Elle est la nourrice de Lug. Elle s’épuisa à défricher les plaines d’Irlande pour les mettre en culture et en mourut.

Nous nous rapprochons ici d’un autre symbolisme. Effectivement, nous sommes arrivés au moment où la nature nous permet des récoltes abondantes, fruit d’un bon labeur, c’est le moment où nos ancêtres remerciaient l’union sacrée de la terre-mère avec la lumière fertilisante du soleil.

Cependant la fête de Lugnasad ne s’arrête pas à un simple aspect agraire.

 

Une célébration communautaire

Lugnasad est aussi une fête communautaire par excellence. On célèbre les amitiés, les unions entre une femme et un homme, les mariages, les naissances, la continuité de la communauté à travers le temps, bref le cycle de la vie. Cette continuité communautaire doit impérativement passer par la solidarité. Mais que serait une fête, si communautaire soit-elle, sans les arts ?

 

La célébration des arts

A Lugnasad on célèbre également les arts, car le dieu Lug est, rappelons-le, un dieu polytechnicien. Que ceux qui ont un art à présenter le fassent afin de dispenser des énergies positives de création à ceux de leur clan. Rappelons-le, la musique et la danse sont une autre forme rituelle qui nous unit au cosmos. C’est la traduction corporelle de notre sensibilité spirituelle.

 

Le Concilium Galliarum

Il s’agit du Conseil des Gaules, dont le nom exact est le Concilium trium Galliarum, ou Conseil des trois Gaules, à savoir les trois grandes provinces impériales : Aquitaine, Lyonnaise et Belgique. Pourquoi ce passage ? Si le nom de ce conseil est latin, la fête en revanche est bien d’origine celtique et gauloise. La mention de ce Concilium a été découverte sur de nombreuses inscriptions de la ville de Lyon. La célébration de ce Conseil coïncide avec la date du 1er août. Le lieu n’en est que plus symbolique, le nom de la ville de Lyon : Lugdunum fait référence au dieu Lug, Lugus en Gaule. Ce conseil comportait un aspect religieux, bien qu’il faille sacrifier au culte impérial romain, un aspect politique, et sûrement une partie festive. Nous savons que la romanisation n’empêchait pas le culte des divinités locales après une conquête, ce qui suppose que d’autres sacrifices, d’origine celte, pouvaient être célébrés, car cette fête, bien que partiellement romanisée, était bien d’origine gauloise. Ces éléments laissent supposer que le Concilium était une fête homologue à la Lugnasad irlandaise.

 

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En conclusion

La fête de Lugnasad relève des aspects fondamentaux de la société, elle incarne à la fois une fête divine et perpétuelle, d’obligation communautaire, royale et protectrice des récoltes, elle garantit la paix par la trêve militaire et l’abondance.

Notre vision païenne du temps est cyclique et non linéaire. L’apogée n’est que le début du déclin, si Lugnasad est le point culminant de la fructification de l’été, c’est aussi le signe annonciateur de l’écoulement de l’année. Il n’est pas loin, l’automne qui verra la nature entrer dans un sommeil avant de renaître au printemps après les sombres mois d’hiver.

Ainsi va la roue des saisons qui emporte avec elle le cycle de la vie.

Notre société actuelle ne s’articulant plus autour du monde agricole et encore moins d’un roi, le druidisme moderne, ou une partie du moins, a symbolisé la fête de Lugnasad sous forme de réalisation : Homme réalisé (récolte, réalisation, succès), construit et souverain (aspect de centre et maîtrise de son royaume intérieur), équilibré, rayonnant et prospère (sur le monde qui nous entoure, nos proches, notre communauté).

Et vous, quelle a été votre réalisation cette année depuis la dernière Lugnasad ?

Llorenç Perrié Albanell (Lugnasad 2021)

 

Bibliographie :

Le Roux, Françoise, Guyonvarc’h, Christian-J, Les fêtes celtiques, Fouestant, Éditions Yoran, nouvelle édition revue et corrigée 2017.

Vial, Pierre, Fêtes païennes des quatre saisons, Saint-Jean-des-Vignes, Les Éditions de la Forêt, 2008.

Celui du Pays de l’Ours, Entre Soleil et Lune, La spirale du Druide, Le cycle des fêtes druidiques, Éditions en ligne Lulu.com, 2012.

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