« Car ce qui peut reposer éternellement n'est pas mort... »
- H.P. Lovecraft
Introduction
C'est parti pour une nouvelle analyse du symbolisme animal. Dans ce cas, nous nous intéresserons à l'ours, cet animal magnifique et inquiétant qui peuplait autrefois la majeure partie de l'Europe et que l'on trouve encore aujourd'hui dans certaines régions.
Critères et motivations
Rappelons une partie de ce qui a été commenté dans l'article consacré au loup.
En ce qui concerne le critère d'analyse :
« [...] observez l'animal en question et essayez de déterminer quelle est sa caractéristique particulière, quels sont les éléments de sa physionomie ou de son comportement qui sont suffisamment exclusifs pour en être un facteur d'identification. Cette particularité doit donc être quelque chose qui n'est pas présent chez les autres animaux ou pas avec l'intensité qu'il aurait chez l'animal particulier que l'on analyse.
La recherche portera donc sur les aspects de l'animal qui le différencient des autres animaux. [...] »
Et en ce qui concerne la motivation de l'analyse :
« [...] certains symboles ont la capacité, pour ainsi dire, de proposer ou de postuler des "changements de conscience". Plus concrètement : nous pouvons directement désigner la "fascination" que certains symboles suscitent comme une manifestation de ce "processus de changement" dans la conscience de l'homme. C'est cette fascination que nous pouvons interpréter comme une manifestation de ce changement, un "générateur de l'approche" de la conscience vers la coïncidence avec le symbole : être comme lui ».
Ceci étant dit, nous allons maintenant, sans plus attendre, exposer les éléments que nous souhaitons identifier dans le cas de l'Ours.
Caractéristiques importantes de l'ours
Comme le loup, l'ours est un autre protagoniste de son milieu, la forêt, du moins dans les conditions naturelles. Par exemple, dans des conditions normales, l'ours n'a pas de prédateur et partout où il va, il manifeste sa présence ; c'est-à-dire que, sous ces aspects, l'ours n'est pas différent des autres grands prédateurs des forêts, des steppes, des montagnes ou des zones côtières septentrionales.
Nous pourrions souligner la férocité et la force de l'ours, ainsi que sa capacité d'intimidation, mais nous savons bien que ces caractéristiques sont présentes chez bon nombre d'animaux sauvages. C'est pourquoi, bien que nous devions les prendre en compte, nous les écarterons et ne les considérerons pas comme exclusives à l'ours. Nous soulignerons, dans ce sens, que, comme dans le cas du loup, la rencontre avec un ours peut être fatale. Cette qualité mortelle, tant chez le Loup que chez l'Ours, nous « chuchoterait » qu'il s'agit de symboles transcendants, car la rencontre avec eux nous rapproche dangereusement de la possibilité de la mort. En d'autres termes, elle nous expose à la limite humaine.
Il est également important de souligner que l'ours, contrairement au loup, est un animal solitaire et, sauf dans le cas d'une mère et de ses petits, ne forme pas de groupes. Cet aspect nous amène à interpréter l'éventuelle proposition de l'Ours comme quelque chose à prendre en compte dans le domaine de la solitude, du propre, et non pas en se projetant dans le domaine social. C'est-à-dire que sa proposition serait orientée vers l'individu, vers l'homme avec lui-même.
Nous pourrions analyser d'autres particularités de l'ours, comme le fait qu'il est l'un des rares animaux qui, grâce à sa capacité d'endurance, peut prendre du miel sans que les abeilles s'en préoccupent. Nous pourrions également évaluer et commenter l'impressionnant rugissement d'avertissement que l'ours émet avant d'entrer en combat.
Mais, de toutes les caractéristiques que nous avons évaluées dans cet article, celle qui nous semble la plus significative et l'une de celles qui identifient le mieux l'ours est sa capacité à hiberner, sa capacité à rester endormi pendant les mois d'hiver. Cette facette de l'ours nous oblige à valoriser le sommeil comme « apparence de la mort », de sorte que même s'il semble mort, il reste vivant et attend le moment où il se réveillera à nouveau. Le moment où il « reviendra à la vie » dans « l'analogie du sommeil et de la mort ».
Dans cette perspective, et en gardant à l'esprit que l'ours est lui-même une force impressionnante et puissante de la nature sous la forme d'un animal, nous ne pouvons que sourire en imaginant ce que la signification de l'ours pourrait être pour quiconque s'est immergé dans une Quête Intérieure.
Ce que représente l'ours
Enfin, il y a maintenant la partie concernant « certains symboles qui ont la capacité, pour ainsi dire, de proposer ou de postuler des "changements de conscience" », nous devons donc souligner ces changements. Contrairement au cas du loup, ces changements seront un peu plus complexes et pas si faciles à percevoir ou à comprendre. En principe, il ne s'agira pas de tendances vers des caractéristiques à prendre en compte, comme c'était le cas dans notre analyse précédente.
Nous comprenons que la proposition de l'Ours consiste à comprendre - si possible intuitivement et même expérimentalement - le potentiel qui se trouve dans notre profondeur et à « faire de la place » dans la conscience pour que ce pouvoir ait un passage ou une liberté de mouvement au sein de nos possibilités. En d'autres termes : l'exercice âme-mental que proposerait le Symbole de l'Ours serait de regarder dans la « Profondeur de Soi » afin de prendre conscience que, lorsque le moment est venu - le « Printemps » - l'immense potentiel qui réside dans certaines personnes peut - et doit - se manifester ; c'est-à-dire qu'il doit s'éveiller.
Une trace de la représentation
Le premier cas que nous évoquerons pour retracer cette « représentation par l'ours du potentiel intérieur » est celui du soi-disant « Berserk » des mythes et des anciennes cultures nordiques. Fondamentalement, le « Berserk », qui est apparemment un homme normal, est - au moment opportun - un « homme-ours » dont la caractéristique visible, et très redoutée, est de « réveiller en lui une fureur sans mesure » qui, dans un scénario de bataille, fait de lui un adversaire bien supérieur aux autres. On peut dire qu'au combat, le Berserk est, comme l'Ours, une puissante force de la nature. Cette fois-ci sous la forme d'un homme.
Cependant, bien que l'image du Berserk nous suggère de nombreuses idées - y compris le concept du « titanesque » chez Evola - et que nous la considérions toujours comme positive pour l'analyse, nous ne sommes pas enclins à interpréter la proposition de l'Ours dans un cadre matériel, mais comme une proposition plus spirituelle et, comme nous l'avons noté, orientée vers l'intérieur. Dans la même veine que le Loup, il nous semble que nous pourrions interpréter le Berserk comme « cet homme qui est capable de dépasser son état de domestication - culturel - et de retrouver sa condition "sauvage" et indomptée ».
Dans ce sens, nous trouvons beaucoup plus précieux et illustratif un autre argument que nous allons souligner. Bien qu'il n'ait pas fait directement partie de notre recherche sur l'ours, il est réapparu - peut-être comme une synchronicité magique - alors que nous étions en train de l'étudier. Cet argument a été déterminant dans notre approche de la même analyse. Nous nous référons au cas du roi Arthur dans les mythes du Graal. La clé n'est autre que le nom même « d'Arthur », dont l'étymologie le rattache au grec « ἄρκτος » (« arktos », ours) et qui, comme l'indique l'histoire : est le personnage qui rétablit l'ordre transcendant dans le royaume.
En d'autres termes : Arthur - l'ours - est le représentant de cette puissance qui, au moment opportun, fait son apparition pour tout changer ; cette fois-ci, non pas par la destruction, mais par l'imposition d'un Ordre transcendant. Telle est la mesure du pouvoir que représente l'Ours.
Nous pensons que les idées exposées ci-dessus sont suffisantes par rapport à notre motivation. Il appartiendra aux lecteurs/chercheurs d'approfondir les arguments et les innombrables détails qui les entourent (la grotte, la montagne, l'ours polaire, sa capacité à se tenir sur deux pattes, son odorat puissant, etc.
Quoi qu'il en soit, bonne lecture !
Enfin, bravo aux « Ours » qui, depuis leur grotte, attendent la « Prima Vera » (« première vérité ») appréciée qui les sortira de leur léthargie !
Source: https://huestantigua.wordpress.com/2024/04/02/simbologia-del-oso/