L’identité à la sauce Sarkozy
Les récents soubresauts électoraux ont mis la question de "l’identité nationale" sur le devant de la scène. Même si ce fut avec des aspects souvent caricaturaux (Ségolène Royal découvrant les vertus du drapeau tricolore et de la Marseillaise…), nous ne pouvons que nous réjouir de cette nouveauté car les mots ne sont pas neutres et, en soi, ce mot d’identité dont nous avons fait, nous, notre porte-drapeau, est porteur, au-delà des tentatives de récupération en tous genres, d’un message qui, peut-être, est susceptible de provoquer un déclic dans la conscience (ou l’inconscient) de nos frères les Gaulois. Qu’un tel terme se retrouve au centre du débat politique peut donc avoir une utilité.
Certes, grâce au kidnapping du mot, Sarkozy a réussi un remarquable hold-up politique. En faisant croire qu’il les avait compris aux millions de braves gens qui, en votant jusqu’alors Le Pen, voulaient dire – c’était leur motivation fondamentale – leur refus de l’immigration-invasion (selon l’expression utilisée un jour par Giscard d’Estaing…). Et en leur laissant entendre qu’il était, lui, capable de "karchériser la racaille", alors que Le Pen n’avait de toutes façons aucune chance d’être jamais au pouvoir. Le président du FN ayant en outre adopté un discours banalisé, ambigu, qui avait de quoi dérouter ses électeurs, on connaît le résultat.
Mais les millions d’électeurs de Le Pen qui ont basculé dans la gibecière de Sarkozy n’ont-ils plus les mêmes motivations profondes ? Je ne le crois pas. Et contrairement à ceux qui, par dépit et rancœur, affirment, après De Gaulle, que "les Français sont tous des veaux", je pense qu’il y aura tôt ou tard un réveil. Douloureux. Dans le style "mais je n’avais pas voulu cela".
Voulu quoi ? Eh bien, par exemple, l’arrivée aux manettes gouvernementales de représentants de la "diversité" (c’est le mot officiel, à la mode, pour désigner le mélange multiracial). Et à des postes hautement symboliques : Fadela Amara, fille d’immigrés algériens, a grandi "dans une famille de dix enfants pas franchement ouverte aux mœurs occidentales" (Le Figaro, 20 juin 2007). La voici secrétaire d’Etat à la Politique de la ville (qui consiste, en clair, à favoriser systématiquement et par tous les moyens les immigrés). Ramatoulaye Yade, elle, est d’origine sénégalaise et se retrouve bombardée secrétaire d’Etat chargée des Droits de l’homme (base idéologique de la thématique universaliste chère à Sarkozy).
Ces nouvelles recrues viennent augmenter sensiblement le pourcentage de membres du gouvernement "issus de l’immigration", comme on dit pudiquement, en rejoignant Rachida Dati, née d’un père marocain et d’une mère algérienne, porte-parole de Sarkozy pendant la campagne présidentielle et, désormais, ministre de la Justice (Garde des Sceaux). Surnommée "Madame discrimination positive" depuis qu’elle fut chargée de "la cohésion sociale" et de "l’intégration" dans le cabinet du ministre de l’Intérieur Sarkozy (voir Faits et Documents, n° 235, 1er mai 2007), elle préside le Club xxie siècle, dont les membres sont tous d’origine immigrée et dont la charte indique que "la diversité est aujourd’hui l’une des caractéristiques fondamentales de la France". Tout un programme.