(E.) Ratier, Encyclopédie politique Française. www.faits-et-documents.com
Faits et Documents, BP 254-09, 75424 Paris Cédex 09.
L’Encyclopédie politique française d’E. Ratier est un usuel indispensable à l’étudiant ou au chercheur en histoire, journalisme, sciences politiques, droit ou économie. L’auteur signale d’ailleurs en préambule du tome 2 que le tome 1 figure en bonne place des usuels de la bibliothèque nationale de France.
Mais il peut être utile à tout honnête homme, curieux de comprendre le monde qui l’entoure. Avec les deux tomes, les centaines d’articles biographiques offrent en effet un aperçu quasi complet de la vie politique, médiatique et économique de la France sur la période qui s’étend de 1992 à 2005.
Il se différencie d’ouvrages qui présentent en apparence les mêmes intentions, mais qui pratiquent en réalité une certaine autocensure sur des faits susceptibles de déplaire aux intéressés. Pas de complaisance chez E. Ratier, mais pas davantage de volonté de polémique. Du fait brut, du document brut.
Un tome 3 est prévu pour l’année 2012.
En attendant sa parution, on pourra compléter la lecture des deux tomes de l’encyclopédie en s’abonnant à la lettre d’information Faits et Documents, dont le rythme de parution est bi-hebdomadaire. Cette revue de douze pages serrées présente tout d’abord le portrait détaillé d’une personnalité, ou plus rarement d’un groupe (récemment par exemple l’équipe d’Obama) à la manière des notices de l’encyclopédie ; en partie centrale un dossier d’actualité (le réchauffement climatique ; les participants des réunions mondialistes ; la réserve fédérale US ; etc…) ; une page est consacrée à l’actualité maçonnique ; et le reste de la revue présente des nouvelles diverses, dont l’actualité de la presse et d’internet.
C’est assurément la lettre confidentielle francophone qui offre aujourd’hui le meilleur rapport qualité prix sur le marché.
Prenons un exemple : vous êtes auditeur de France Culture le matin ; et il se trouve que vous êtes en tant que citoyen, le contributeur obligé de cette chaîne publique. Qui donc est chargé de votre information ?
Alain-Gérard Slama : éditorialiste chargé de commenter l’actualité en liaison avec l’invité du jour à 7h50.
Maître de conférence et directeur d’études à Sciences-Po, son enseignement prépare aux concours administratifs (type ENA). Se situant dans la mouvance gaullo-chiraquienne libérale, il a pris position contre les historiens révisionnistes, et est membre depuis 2001 du club d’influence Le Siècle.
A. Adler : chronique internationale de 8h15.
On y apprend entre autres qu’il est le cousin de l’ancien premier ministre roumain Petre Roman, lui-même fils d’un membre éminent du Komintern. Il est actuellement marié à Blandine Kriegel, elle-même fille du responsable communiste Kriegel-Valrimond.
Il fut conseiller pour la politique étrangère de Georges Marchais (secrétaire général du PCF dans les années 70), auteur en 1977 de L’URSS et nous, dans lequel il écrivait « en somme, jusqu’à la fin des années 20, on peut vivre en Russie soviétique en ne cachant pas des idées sensiblement différentes de celles professées par le pouvoir. »
Cette orientation ne lui ferma pas les portes du pouvoir, bien au contraire : professeur de philosophie, il soutint activement François Mitterrand, mais c’est Charles Million (fondateur du mouvement La Droite) qui le nomma à la chaire de relations internationales du nouveau Collège Interarmées de Défense.
Après avoir collaboré à Libération, il dirigea Courrier International. Il écrivit dans cette revue la phrase suivante au sujet de J. Haider : « Juif germano-danubien, toute l’activité réflexe de mon cerveau inférieur, reptilien, est concentré sur les moyens d’identifier, de cerner, d’éliminer physiquement si possible le type humain que représente ce monsieur ».
Il est un des rares journalistes à participer à la session européenne de la Trilatérale en 1995, et se rend avec son épouse aux week-ends de la filiale française de l’Aspen-Institute.
Initié à la loge La lyre de Salomon de la GLNF, il appartient également au comité éditorial du Figaro. Il se rapproche alors du néo-gaulliste Philippe Séguin en 1990.
Olivier Duhamel : chronique le plus souvent consacrée à la vie politique française à 8h30.
Fils de l’ancien ministre centriste Jacques Duhamel, enseignant le droit à l’IEP de Paris et à la Sorbonne, il est conseiller à la SOFRES, directeur de collection au Seuil, il remplace la socialiste Elisabeth Guigou comme président d’Europartenaires, association d’influence patronale créée par elle. Il a épousé Evelyne Pisier, elle-même ancienne épouse de Bernard Kouchner. Neveu de Jean-Louis Funck-Bretano, qui fut notamment fondateur et administrateur de la Société des lecteurs du Monde, il est aussi le beau-frère de Nathalie Duhamel, fille de Marie-Claire Mendès-France et ancienne attachée de presse de François Mitterrand.
Marc Kravetz : éditorialiste qui clôt Les matins, avant le journal de 9h00, par un billet portant souvent sur l’actualité internationale.
Il n’a pas de chronique dans le tome 2, mais sa présence est signalée dans le tome 1.
On y apprend qu’il fut un gauchiste, animateur du mouvement universitaire d’action lancé fin mars 1968, puis membre de l’équipe les Cahiers de Mai, il adhéra à l’équipe rédactionnelle de Libération en 1974.
Caroline Fourest : chroniqueuse irrégulière, auteur d’un « billet », vers 8h40.
Journaliste au mensuel homosexuel Têtu, animatrice de l’association Prochoix, et rédactrice en chef de la revue du même nom se présentant comme un « journal et réseau féministe, gay friendly, antifasciste ». Elle a également commis un ouvrage intitulé Frère Tariq, en 2004, qui vise principalement le sociologue Tariq Ramadan.
Ali Badou : qui est l’animateur de l’émission ne dispose pas de notice. Tard venu, son existence a cependant été signalée dans la revue. Outre qu’il est professeur à Sciences-Po, ce Marocain d’origine fut autrefois l’ami à la ville de Mazarine Pingeot. Il est également le pilier du Grand Journal de Canal Plus.
Les quelques informations réunies ici (les notices de certains des personnages cités sont souvent beaucoup plus longues et détaillées) vous permettent de vous faire une idée du respect de l’équilibre politique d’une chaîne d’Etat en France de nos jours.
Munis de l’encyclopédie, vous pourrez vous livrer au même exercice pour tous les organes de presse papier, sonores ou télévisuels. Vous aurez également le loisir de mieux connaître votre député, sénateur, ou maire si vous habitez une grande ville.
L’Encyclopédie politique française et la revue Faits et Documents est d’une lecture indispensable à qui veut comprendre le dessous des cartes.
R. Dragan.