Le pape François mérite amplement le titre de roi des faux-culs. Il se lamente en effet bruyamment et se dit « horrifié » par les résultats de l’enquête menée par la CIASE (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise), donnés par son président Jean-Marc Sauvé le 5 octobre. Comme s’il n’était pas au courant, alors que l’Eglise catholique dispose d’un remarquable service de renseignements, tant sur les questions internes qu’externes...
Les chiffres sont éloquents : depuis 1950, 330 000 mineurs (des garçons à 80%) ont été victimes d’abus sexuels, commis par des ecclésiastiques (3200 prêtres ou religieux) ou des laïcs chargés de l’enseignement religieux. Ceux qui s’étonnent ou feignent de s’étonner de tels chiffres sont des naïfs ou de fieffés hypocrites. Cette situation, que nous avons souvent dénoncée dans notre revue, n’est pas nouvelle (après les Etats-Unis et l’Allemagne c’est la France qui est éclaboussée) mais a été longtemps voilée par l’omerta régnant au sein de l’Eglise. Celle-ci a fait depuis toujours l’erreur de vouloir imposer à ses clercs une exigence contre nature qui est le célibat - oubliant que quand on défie la nature elle se venge. Erreur évitée, intelligemment, par les Eglises orthodoxes et le protestantisme. Le catholicisme, lui, prisonnier de son obsession du « péché de chair » et craignant qu’une compagne, voire des enfants, empêchent ses serviteurs de se dévouer entièrement à leur mission, a proscrit, dès le IVe siècle (3e canon du concile de Nicée, en 325), le mariage des prêtres. En 1074 le synode du Latran insiste sur cette nécessité. Vainement puisque, à la fin du Moyen Age, plus de 50% des prêtres vivent maritalement. Le monde paysan n’y voit pas malice et en son sein chacun sait, sans s’en formaliser, que la bonne du curé ne se contente pas de lui servir la soupe… Un rappel : contrairement à une erreur assez répandue, il ne faut pas confondre célibat et chasteté, cette dernière n’étant exigée que des religieux, lorsqu’ils prononcent leurs vœux.
C’est la Contre-Réforme, avec le Concile de Trente, qui fit du célibat des prêtres un de ses chevaux de bataille. On en voit aujourd’hui les conséquences. Comble de cynisme de la hiérarchie catholique : les fidèles sont priés de mettre la main à la poche pour indemniser les victimes d’abus sexuels. Parce que l’Eglise est pauvre, n’est-ce pas…
Autre tempête, mais sur le plan politique français : c’est le cas Zemmour, qui provoque des remous d’ampleur croissante. Au point de susciter dans divers milieux des tensions, voire des empoignades. Au sein de l’extrême-droite, où les avis sont très divers, on peut noter avec amusement que certains (qui, bien sûr, affirment n’être ni racistes ni antisémites, mais enfin, tout de même…), s’offusquent de l’engouement suscité par un Berbère juif…
Quant à moi, fidèle aux leçons reçues de mes Grands Anciens, je veux appliquer les principes de la Realpolitik, c’est-à-dire prendre comme base de réflexion les réalités. Quelles sont-elles ? Si on veut mettre sérieusement en difficulté Macron, sur le plan électoral, Marine Le Pen a montré qu’elle n’en avait pas les moyens et constituait, en fait, la meilleure assurance pour Macron d’être réélu. Alors ? Alors, il y a Zemmour, la bête qui monte, qui monte… Si on ne veut pas prendre en compte cette réalité, il faut se réfugier dans le « Ya qu’à, faut qu’on » si cher à certains. A chacun de faire son choix.
Pierre VIAL