Pour rendre hommage, en ce 11 novembre à nos Anciens «Ceux de 14», qu’il nous soit permis une fois n'est pas coutume, de citer Victor Hugo qui avait déjà exprimé l'idée qu'« une guerre entre Européens est une guerre civile ».
Nous nous souvenons aussi en ce jour particulier, des soldats, qui la guerre terminée, ont entrepris un autre combat: celui pour la paix, afin que la monstruosité du Grand Suicide des Européens disparaisse à tout jamais !
Rendons hommage à Jean Giono, hanté par le souvenir de la guerre, mobilisé comme élève Aspirant fin 1914, puis affecté au 140 ème Régiment d'infanterie jusqu'en 1919.
C'est pour avoir mené ce combat pour la Paix en Europe, comme tant d'autres anciens combattants, rescapés de l'enfer des tranchées, que Jean Giono fut accusé en 1945, de soutenir le régime de Vichy et de collaborer avec l'Allemagne et qu'il passa cinq mois en détention, puis fut mis quasiment en quarantaine jusqu'en 1951 avant de sortir du purgatoire grâce au succès de ses livres.
L'extrait reproduit ici, daté de novembre 1934, a été publié la première fois dans la revue « Europe », puis réédité en 1937 dans « Refus d'obéissance », véritable plaidoyer pour la paix.
«Je ne peux pas oublier la guerre. Je le voudrais. Je passe des fois deux jours ou trois sans y penser et brusquement, je la revois, je la sens, je l’entends, je la subis encore. Et j’ai peur. Ce soir est la fin d’un beau jour de juillet. La plaine sous moi est devenue toute rousse. On va couper les blés. L’air, le ciel, la terre sont immobiles et calmes. Vingt ans ont passé. Et depuis vingt ans, malgré la vie, les douleurs et les bonheurs, je ne me suis pas lavé de la guerre. L’horreur de ces quatre ans est toujours en moi. Je porte la marque. Tous les survivants portent la marque.»
Bannière Terre & Peuple d’Ile de France – 11 novembre 2022
