VERDUN, au sein de l'Empire (962-1089)
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- Catégorie : PATRIES CHARNELLES
Au milieu du Xe siècle, le souvenir de l'Empire carolingien est encore vivace. Charlemagne restait le modèle politique de certains hommes d'Eglise, qui en appelaient ouvertement au rétablissement de la dignité impériale et à la restauration de l'unité du monde chrétien. Face au morcellement des Etats issus du démembrement du pouvoir carolingien, seul le roi de Germanie disposait de la puissance nécessaire pour revendiquer cette ambition. En 962, grâce au soutien de l'Eglise et de la papauté, Otton Ier parvenait à rétablir à son profit le titre impérial.
La politique mise en œuvre par le nouvel empereur et ses successeurs fut de s'appuyer sur l'Eglise, à leurs yeux seule capable de contrebalancer l'autonomie grandissante que s'accordaient les ducs. Pour s'assurer le contrôle de ces derniers et les contraindre à l'obéissance, les empereurs favorisèrent systématiquement les évêques ; en retour, ceux-ci ne devaient jamais leur ménager leur appui. Ainsi les évêques n'étaient pas seulement des hommes d'Eglise, mais également des vassaux qui devaient à leur souverain les services politiques et militaires qu'il était en droit d'en attendre. C'est le système de l'Eglise impériale, Reichskirchensystem, grâce auquel se constituèrent de puissantes principautés épiscopales.
Le diocèse de Verdun, se confondait avec l'antique pagus virdunensis, circonscription d'origine gallo-romaine que l'époque franque avait conservée. Mais diocèse et temporel de l'évêché ne coïncidaient pas. Chef en premier lieu d'un diocèse, c'est-à-dire d'un ensemble de paroisses sur lesquelles il exerçait son autorité spirituelle, l'évêque était aussi un seigneur régnant sur un temporel qui comprenait des domaines, des châteaux, des abbayes. L'église cathédrale de Verdun, Sainte-Marie, était ainsi riche d'un patrimoine ancien constitué au cours des temps, et que continuaient d'enrichir les apports personnels des évêques, les dons des souverains et des fidèles. Cet ensemble formait le temporel épiscopal qui s'étendait au loin, dans la région tréviroise et le Palatinat, le long de la vallée de la Nahe (Baumholder, Tholey, Veldenz, Mühlheim, Müden, Lokweiler...), dans la vallée de la Moselle (Scarponne, Belleau, Dieulouard), autour de Metz (Arry et Marly), près de Liège (l'ancien fisc de Jupille) et en Aquitaine (l'abbaye Saint-Amant de Rodez).
Afin d'affermir encore le pouvoir temporel des évêques, les empereurs n'hésitèrent pas à leur concéder des droits régaliens comme la frappe des monnaies ou la cession des droits comtaux sur une cité et son pagus.
Totalement dans les mains de l'empereur, un évêque impérial était donc un véritable seigneur temporel, bénéficiaire de revenus importants, capable de se poser en rival des grands laïques. Pendant plus d'un siècle et demi, jusqu'à la fin de la Querelle des Investitures, l'autorité des empereurs sur le clergé allemand ne se démentit pas.
Une fois nommé par l'empereur, ou élu avec son accord, l'évêque recevait de lui l'investiture. Celle-ci valait aussi bien pour les fonctions épiscopales (remise de l'anneau) que pour les biens temporels afférents (remise de la crosse). Avant d'être consacré, le nouvel évêque se devait de prêter serment à l'empereur. Le système de l'Eglise impériale faisait donc du souverain germanique le maître réel d'une Eglise docile. On comprend aisément aussi que la position de Verdun, marche d'Empire face au royaume, était forte et que le rôle de son évêque était important.
Xe et XIe siècles : l'apogée de Verdun
Depuis 925, la Lotharingie était rattachée à la Germanie et, après de longues années de difficultés et d'insécurité, la situation de Verdun s'en était trouvée raffermie. Tandis que prenait son envol une puissante maison comtale, promise aux plus brillantes destinées, une lignée de grands évêques impériaux allait porter le rayonnement de notre ville à son point culminant.
Aux Xe et XIe siècles, les souverains germaniques puisèrent dans leur entourage immédiat (chancellerie ou chapelle impériale) pour donner aux évêchés vacants des titulaires qui leur fussent fidèlement dévoués. Les évêques de Verdun sont une parfaite illustration de ce régime.
Issu de la haute noblesse saxonne, Bérenger (940-959) est dit consanguineus, c'est-à-dire parent, de l'empereur Otton Ier. Wigfrid (959-984), petit-neveu d'un comte de Metz, et neveu d'un archevêque de Cologne, archichancelier d'Empire, fut lui aussi chancelier de l'empereur ; il est vrai qu'il avait été instruit à la chapelle impériale sous l'autorité du frère d'Otton Ier, le duc Brunon archevêque de Cologne. Après la rapide succession des évêques Hugues II, Adalbéron Ier et Adalbéron II, Haimon (988-1024) représente un type exemplaire d'évêque impérial. Homme encore jeune au moment de son élection, il occupa le trône pontifical de Verdun pendant près de 36 ans. Il était originaire de Bavière, dont le duc devint empereur sous le nom d'Henri II (1002-1024) ; l'empereur garda toujours Haimon en haute estime et parfaite amitié. Haimon était un disciple d'un autre grand serviteur de la politique impériale, l'évêque de Liège, Notger, certainement l'un des hommes intellectuellement les plus remarquables de sa génération, auprès duquel il avait accompli ses études. Travailleur infatigable, d'une piété sans pareille, il s'attacha à développer la vie religieuse et la vie monastique dans sa ville épiscopale, en favorisant la fondation de l'abbaye Saint-Maur, puis celle des collégiales Sainte-Croix (avec le princier Amicus) et Sainte-Marie-Madeleine (avec l'archidiacre Ermenfroid). En compagnie du bienheureux Richard, il contribua au renouveau et au rayonnement de la discipline monastique à Saint-Vanne. Le continuateur de Bertaire pouvait donc remarquer à juste titre que : « du temps du seigneur Haimon, grand fut le nombre des fondateurs qui dotèrent les églises de tant de richesses ! Grande aussi fut la sollicitude de cet évêque pour ses églises ! ».
Et un siècle plus tard, Hugues de Flavigny renchérissait en écrivant : « Quelle heureuse période pour l'Eglise de Verdun que celle du seigneur Haimon ! Quel nombre de personnages remarquables ! Leur célébrité resplendit encore aujourd’hui. »
Homme d'entreprise, grand bâtisseur, c'est à Haimon que nous devons l'édification, aux environs de l’an Mil, de la première cathédrale romane de Verdun (qui subsiste encore, du moins pour son gros œuvre), ainsi que la construction du château de Dieulouard. Restaurateur de la puissance temporelle verdunoise, il avait été investi lors de sa nomination d'une mission précise, indubitablement consécutive aux événements de 984-985. La tradition rapporte aussi que l’empereur Otton III lui avait décerné le droit de nommer désormais le comte de Verdun. Ce droit qui faisait du comte un vassal de l'évêque, les successeurs de Haimon tentèrent bien d'en user, mais ils se heurtèrent toujours, et parfois même très violemment, aux représentants de la maison de Verdun.
L'évêque Haimon obtint également le privilège royal de frapper monnaie. Sur ses deniers d'argent, son nom figure à côté de celui de l'empereur Otton III. La frappe des monnaies épiscopales se poursuivit à Verdun jusqu'au XIIe siècle. Le musée de la Princerie possède de forts beaux exemplaires des deniers des évêques verdunois et, parmi eux, ceux de l'évêque Thierry le Grand ; le nom de l’empereur y a disparu et certains portent la formule Urbs Clavorum. Les ateliers monétaires avaient été établis par les évêques de Verdun dans les forteresses de leur temporel : Hatton-châtel, Dieulouard, Dun, Sampigny, Saint-Mihiel et naturellement Verdun.
Verdun détenait une position stratégique importante : le découpage politique d'alors la plaçait, en effet, entre France et Empire, et de ce fait au carrefour d'influences antagonistes. Verdun constituait ainsi une des portes verrouillant l'accès de la Lotharingie qui, depuis 925, échappait à la domination française, Or le roi de France, Lothaire, n'avait pas encore renoncé à tout espoir de reconquérir ce duché. Il faut dire que, comme tous les Carolingiens, il rêvait de mettre la main sur le berceau de ses ancêtres et que, pour y parvenir, il était prêt à saisir toutes les occasions qui se présenteraient.
Après une première et vaine tentative en 978, puis déçu, en 983, de n'avoir pas été nommé tuteur du jeune empereur Otton III, Lothaire profita de la révolte menée contre les impératrices régentes par le duc de Bavière, Henri le Querelleur, pour lui monnayer son alliance contre la cession de la Lotharingie. Il s'empressa aussitôt d'en mener la conquête, avec le soutien des comtes de Blois et de Troyes ; il vint ainsi, en 984, mettre le siège devant Verdun dont l'évêque, Hugues II, ne tarda pas d'ailleurs à démissionner. Chose plus grave, le comte de Verdun, Godefroid, qui aurait dû défendre la ville, était semble-t-il absent. D'après le chroniqueur Richer de Reims, qui nous relate ces événements, Verdun résista huit jours avant de se rendre aux Français. Lothaire fit son entrée, puis repartit en laissant sa conquête à la garde de sa femme, la reine Emma, qu'appuyait une petite garnison. Soucieux d'en améliorer les défenses, il envoya une lettre au nouvel évêque, Adalbéron II, lui ordonnant notamment d'augmenter les troupes encasernées dans les différentes places fortes de l'évêché et de faire abattre l'enceinte de l'abbaye Saint-Paul (fondée en 971). Lothaire devait vraisemblablement douter de la loyauté à son égard de l'évêque de Verdun, qui n'était autre que le fils du comte Godefroid. Ce dernier, après la prise de sa ville, avait entrepris de battre le rappel de sa famille — son oncle, Sigefroid de Luxembourg, et son cousin, le duc Thierry Ier de Haute-Lotharingie — et de rassembler des troupes. Grâce à des complicités — et on peut imaginer que l'évêque Adalbéron II y eut sa part — le comte de Verdun parvint à reprendre la ville.
Contraint de porter une seconde fois le siège devant Verdun, Lothaire, à la tête d'une troupe particulièrement importante, au dire de Richer de Reims, parvenait à s'en rendre de nouveau maître, en mars 985. Etait faite prisonnière, par la même occasion, toute la famille du comte de Verdun, désormais surnommé « le Captif ». Godefroid et son fils Frédéric, emmenés par les comtes de Blois et de Troyes, furent emprisonnés dans une forteresse des bords de la Marne. Afin de les exhorter à la résistance, l'archevêque de Reims, frère de Godefroid le Captif, leur dépêcha son écolâtre, Gerbert d’Aurillac, futur pape, sous le nom de Silvestre II et dont une grande partie de la correspondance a été conservée. La captivité du comte de Verdun se prolongea un peu plus de deux ans ; il fallut l'avènement de Hugues Capet — redevable de son élection aux intrigues de l'archevêque de Reims — pour que le Captif retrouve la liberté, le 17 juin 987. Mais il devait acquitter une rançon importante qu'il puisa tout simplement dans les biens de l'évêché ; pour récompenser ceux qui s'étaient dévoués à sa cause, il n'hésita pas non plus à empiéter sur le temporel des abbayes. L'évêque, son fils, était resté prisonnier, en gage de sa parole. Relâché à son tour, au début de 988, Adalbéron II, contraint d'exécuter les serments de son père, dut céder plusieurs domaines de son évêché, dont Stenay et Juvigny-sur-Loison. Mais, miné par la maladie qu'avait sans doute encore aggravée son temps de détention, l’évêque ne devait survivre que peu à sa libération : parti se soigner à Salerne, il mourut en Italie, le 18 avril 988 ; son corps, ramené à Verdun, fut inhumé dans la cathédrale.
Pour des convenances personnelles, le comte Godefroid le Captif avait donc amputé un territoire d'Empire : il usait de l'évêché de Verdun comme d'un bien relevant de son patrimoine propre. Le fait que son fils occupât le siège épiscopal lui facilita apparemment les choses. La mission dont, en 988, fut investi Haimon s'inscrit ainsi dans une remise en ordre et une reprise en main par l'autorité impériale. Mais les évêques, et même les empereurs, auront désormais fort à faire pour s'opposer aux ambitions grandissantes de la maison comtale de Verdun.
Détenteur du comté de Verdun sans doute depuis 944, Godefroid le Captif était le petit-fils de Cunégonde qui, veuve de Wigeric, avait épousé en secondes noces Ricuin, comte de Verdun. De Wigeric et Cunégonde descendent les deux premières dynasties ducales de Lorraine, ainsi que les comtes de Luxembourg. Nommé par Otton Ier, Godefroid détint le pouvoir comtal pendant plus d'un demi-siècle, et ses possessions s'accrurent, au cours des années, de l'avouerie de Mouzon et des marches d'Anvers et d'Eename, ce qui fit de lui le maître réel des deux Lotharingies. D'un caractère religieux, nous le voyons intervenir à plusieurs reprises, avec générosité, pour augmenter les dotations des grandes abbayes verdunoises. L'abbaye Saint-Vanne, notamment, fut l'objet de sa part, comme de celle de ses descendants, d'une dilection particulière, et elle devint le lieu de sépulture officiel de tous les membres de cette maison. Dans les annales verdunoises, Godefroid le Captif et les siens ont laissé un souvenir des plus vivaces.
Frédéric en est également une illustration. Associé à son père dès 995, il renonça aux honneurs pour se faire simple moine bénédictin à Saint-Vanne, vers 1005, en même temps que le bienheureux Richard. Ce dernier put mener à bien la réforme de l'abbaye en raison de l'appui que lui procura le fils du Captif. Frédéric tient une place à part dans l'histoire de Verdun, car il fut pour ceux de son époque un modèle, maintes fois cité en exemple. La célébration de l'anniversaire de sa mort, survenue le 6 janvier 1022, était l'une des sept fêtes solennelles de l'abbaye Saint-Vanne.
En devenant moine, Frédéric avait renoncé au titre comtal au profit de son frère Godefroid qui, de 1012 à 1023, fut en même temps comte de Verdun et duc de Basse Lorraine. A la mort de Godefroid, c'est un autre frère de Frédéric, Gozelon, qui hérita de ses titres et de ses fonctions. Peu de temps après, au terme d'un long et fructueux épiscopat, Haimon décéda et fut remplacé par Rambert (1024-1039). Ce dernier, s'il faut en croire l'auteur des Gesta Episcoporum Virdunensium, Laurent de Liège, aurait reçu ordre de l'empereur de procéder à la nomination d'un nouveau comte de Verdun, Gozelon ayant été déchu pour rébellion. Mais celui-ci n'accepta pas d'être dépossédé au profit de Louis (peut-être de la famille de Chiny) d'un comté qu'il considérait comme un bien patrimonial. Il s'attaqua donc à celui qu'il tenait pour un intrus et un usurpateur. Le comte Louis fut mortellement blessé dans un combat qui se déroula à proximité du Mont-Saint-Vanne, le 28 septembre 1025. Cet événement connut un certain retentissement ; il marquait la ferme volonté des comtes de la maison de Verdun de ne pas se laisser déposséder de leur pouvoir, même si leur volonté venait se heurter à une autre, non moins ferme, celle des évêques. Gozelon récupéra donc son comté, mais y associa son jeune fils, Godefroid le Barbu : c'est ainsi que tous deux intervinrent pour délimiter les droits des sous-avoués ecclésiastiques de Verdun, la grande avouerie demeurant de leur ressort.
Godefroid le Barbu fut comte de Verdun pendant 43 ans. C'était un personnage d'envergure, politiquement très ambitieux, dont les menées pour récupérer l'ensemble des fonctions détenues par son père, mort en 1044, défrayèrent largement les chroniques de l'époque. Plusieurs fois révolté contre l'empereur, il fut déchu en septembre 1044 de tous ses biens. L'évêque Richard (1040-1046) reçut donc mission de nommer un nouveau comte mais, sage et prudent, il différa sa décision, car le Barbu avait pris les armes. Richard mourut, ayant laissé les choses en l'état. Son successeur, Thierry (1046-1089), était nanti d'un lourd héritage. Son intronisation à la Noël 1046 fit espérer à Godefroid le Barbu qu'il serait possible de récupérer le comté. Alors s'engagèrent des pourparlers qui n'aboutirent pas, si bien que son ressentiment ne fit que croître avant que de se manifester au grand jour, en 1047, par une nouvelle révolte. Après avoir incendié le palais impérial de Nimègue, le Barbu vint mettre le siège devant Verdun dont il s’empara le 25 octobre 1047. Ses soldats mirent le feu à la ville, et l'incendie se communiqua accidentellement à la cathédrale, malgré l'intervention de Godefroid. Les chroniques rapportent à l'envi que ville et cathédrale furent ruinées, à tel point que de nombreux habitants furent contraints de s'expatrier dont, dit-on, vingt et un chanoines qui gagnèrent la Hongrie. Ce coup d'éclat du Barbu se répandit dans tout l'Empire ; de partout les soutiens financiers affluèrent, et, parmi eux, ceux des évêques de Toul et de Liège. En fait, la destruction de la cathédrale ne fut pas totale, seule la toiture brûla : l'évêque Thierry la fit donc réparer, sans modifier ni le plan basilical, ni le gros œuvre dû à l'évêque Haimon. Godefroid le Barbu se soumit publiquement à une amende honorable : sommairement vêtu, pieds nus, il rampa sur les genoux jusqu'au grand autel de la cathédrale incendiée. Pour prix de son repentir, il restitua à l'évêché des biens qu'il avait autrefois usurpés, y ajouta des domaines et divers dons. Thierry fut certes contraint de reconnaitre Godefroid le Barbu pour comte de Verdun, mais, tandis que le reste de la Lotharingie continuait à souffrir de ses multiples exactions, la ville devait y gagner la paix et la tranquillité. Le Barbu continua d'ailleurs à combler Verdun de ses libéralités, et c'est là qu'il revint pour mourir, le 24 décembre 1069. Sa mémoire resta pour les Verdunois, qui depuis longtemps lui avaient pardonné les événements de 1047, l'objet d'une grande et sincère vénération.
Le comté passa alors dans les mains de Godefroid le Bossu, assassiné en février 1076, puis dans celles de Godefroid de Bouillon. Ce dernier ayant besoin d'argent pour son départ en croisade, finit par le vendre à l'évêque Richer (1089-1101).
Le temps des Godefroid marque la lutte que durent mener les évêques pour la possession du comté, dont la nomination leur appartenait par la faveur d'Otton III, depuis les environs de l'an Mil. Cette lutte illustre aussi le rôle de serviteurs du pouvoir impérial qui incombait aux prélats face aux grands laïques. L'histoire de Verdun apparait ainsi caractéristique d'un phénomène politique global, atteignant l'ensemble du Saint Empire Romain Germanique. Pour contrer les ambitions, souvent sans bornes, des comtes et des ducs, seuls de puissants évêques pouvaient être les garants de l'intégrité du pouvoir impérial et les propagateurs des réformes, au premier rang desquelles vient la réforme religieuse.
L'essor de la vie religieuse
Sur le plan politique, mais plus encore sur le plan religieux, les Xe et XIe siècles, et spécialement les années 988-1089, constituent le « siècle d'or » de l'histoire verdunoise. Deux grands évêques impériaux, Haimon (988-1024) et Thierry (1046-1089) encadrent et illustrent cette période, en même temps qu'ils conduisent Verdun à son point culminant. Cet apogée se manifeste également par une extraordinaire floraison monastique aux effets sensibles dans toute la Lotharingie et bien au-delà.
Dans l'évêché de Verdun, les premières fondations religieuses datent du VIIe siècle. A Tholey s'était établie une communauté dont on sait peu de choses, sinon qu'elle fut rattachée à l'Eglise de Verdun, en 634, par le diacre Adalgisel-Grimo. De Tholey partit, pour se fixer dans la solitude de la forêt argonnaise, un moine d'origine irlandaise, saint Rouin qui, rejoint par quelques disciples, fonda le monastère de Vaslogium (Waly ?), transféré plus tard sur les hauteurs de Beaulieu (en Argonne). A Montfaucon, s'établissait Balderic, fils du roi mérovingien Sigebert, tandis que, vers 755, naissait l'abbaye de Saint-Mihiel sur les biens confisqués à Wulfoald.
A Verdun même, une communauté de clercs s'était développée autour du tombeau de saint Vanne et des premiers évêques. De la même manière, des communautés étaient nées autour des sépultures de saint Maur, de saint Paul et de saint Airy. La vie de ces communautés de clercs établies dans ces basiliques funéraires était assez informelle ; il fallut attendre le début du IXe siècle pour qu'une organisation leur fût apportée. Sous l'influence de Benoît d'Aniane, Louis le Pieux édicta, en 816 et 817, des capitulaires qui déterminèrent les règles de vie des chanoines, des religieuses et des moines ; ces derniers adoptèrent dès lors la règle de saint Benoît (de Nursie). Mais Verdun dut attendre encore plus d'un siècle l'implantation du premier monastère bénédictin. C'est seulement en 952, en effet, qu'à l'initiative de l'évêque Bérenger l'antique communauté de clercs de Saint-Vanne se transforma en abbaye. Un moine de Toul, verdunois d'origine, Humbert, opéra cette transformation. Il avait côtoyé le groupe des rénovateurs de la vie religieuse lotharingienne, et, parmi eux, Jean de Vandières, le célèbre réformateur de Gorze (près de Metz).
Le mouvement était lancé. En quelques dizaines d'années, Verdun devait compléter sa parure monastique. Après Saint-Vanne, Saint-Paul était érigée à son tour, en 971, en abbaye bénédictine; peuplée par un petit groupe de moines venus de Tholey sous la direction de l'abbé Blicher, le nouveau monastère fut généreusement doté par l'évêque Wigfrid (959-984). Les événements de 984-985 eurent pour conséquence de provoquer un temps d'arrêt, mais le mouvement de fondations reprit vigoureusement avec l'évêque Haimon. Vers l’an Mil, celui-ci installait la première communauté de moniales à Saint-Maur (jusqu'alors les pieuses femmes que tentait la vie religieuse étaient contraintes de s'expatrier) ; le patrimoine foncier qui leur fut attribué par l'évêque avait été prélevé sur les biens des chanoines de la cathédrale. Ces derniers, qui jusqu'au temps de Haimon avaient formé le seul chapitre de la ville, appliquaient la règle dite de saint Augustin, préconisée par la réforme de Louis le Pieux. L'évêque ajouta bientôt un second, puis un troisième chapitre dans sa cité : les collégiales de Sainte-Croix et de la Madeleine. Les chanoines de Sainte-Croix, fort peu nombreux, furent destinés surtout à assurer le service religieux des dames de Saint-Maur. D'une toute autre ampleur devait être le chapitre de Sainte-Marie-Madeleine dont la fondation fut, elle aussi, encouragée par Haimon, en un lieu appelé depuis toujours « Vieux Moûtier », et connu par la tradition pour avoir été un édifice consacré par saint Rémi de Reims. Ce chapitre de la Madeleine devait atteindre une certaine notoriété grâce à son prévôt, l'archidiacre Ermenfroid.
Un autre personnage illustre de la première moitié du XIe siècle est l'abbé Richard : chanoine de Reims, celui-ci s'était fait moine à Saint-Vanne, en même temps que le fils du comte de Verdun, Godefroid le Captif. L'abbaye n'était alors peuplée que de sept moines sous la direction d'un abbé d'origine écossaise ou irlandaise, Fingenius, qui avait connu son heure de gloire en réformant des abbayes messines. A la mort de Fingenius, le 8 octobre 1005, Richard devenait abbé de Saint-Vanne ; il devait le rester quarante ans ; son abbatiat se manifeste par le prodigieux développement de la prospérité et de la ferveur monastique. Il mit en œuvre une réforme qui, bien que spécifiquement lotharingienne dans son esprit, devait pourtant en déborder largement les limites. Ayant, en effet, reconstitué le patrimoine de son abbaye, dressé un censier (inventaire des domaines), reconstruit les bâtiments conventuels, agrandi et considérablement enrichi son église, les novices ne cessèrent d'affluer et le nombre des moines d'augmenter. L'influence que Richard exerça, les relations qu'il entretint avec les grands de son époque (comtes et ducs de la maison d'Ardenne-Verdun, nobles de haut lignage, le saint empereur Henri II), la ferveur et l'engouement monastique qu'il suscita expliquent qu'on fit appel à lui d'un peu partout. De caractère ferme, pour ne pas dire autoritaire, d'une piété hors du commun, attentif à ceux qui se confiaient à sa direction, ce meneur d'hommes avait incontestablement le charisme du réformateur. Son action fut soutenue par les rois de France et les comtes de Flandre. Ces derniers l'appelèrent notamment à réformer Saint-Vaast d'Arras, où Frédéric de Verdun fut prieur. De même, l'appui des empereurs Henri II, Conrad II et Henri III ne lui fit jamais défaut. Richard dirigea, soit personnellement, soit par l'intermédiaire de ses moines, une vingtaine d'abbayes. L'action réformatrice qu'il avait engagée fut poursuivie et intensifiée par le plus brillant de ses disciples, saint Poppon, abbé de Stavelot, qui diffusa le mouvement richardien dans les diocèses de Liège et de Trêves, en attendant qu'une abbaye verdunoise reprenne à son tour le flambeau.
Erigée en 1037, par l'évêque Rambert, l'abbaye de Saint-Airy concrétisait un vieux projet de l'évêque Wigfrid pour l'antique église Saint-Martin où reposaient les restes du saint prélat de Verdun du VIe siècle. L'œuvre de fondation fut poursuivie et achevée par Thierry, sous l'épiscopat duquel le renom de l'abbaye atteignit sa plus grande dimension. L'abbaye Saint-Airy avait, en effet, adopté les coutumes clunisiennes, c'est-à-dire un mode de vie inspiré de celui en usage dans la célèbre abbaye de Cluny. La réforme de Richard de Saint-Vanne allait dans le même sens que celui de l'abbaye bourguignonne, mais c'est l'abbé Etienne de Liège (1062-1076) qui introduisit à Saint-Airy le coutumier clunisien. Cet abbé est resté paré de l'auréole des saints dans le souvenir de ses moines. Il est vrai que son abbaye connut alors une authentique prospérité matérielle, et surtout un rayonnement spirituel surprenant, trop longtemps resté méconnu. Le mode de vie des moines verdunois recruta de nombreux adeptes, et on fit désormais appel à eux pour réformer les monastères. Ainsi des petits groupes de moines quittèrent Saint-Airy pour aller introduire dans les abbayes qui le demandaient les coutumes de Cluny. Une douzaine de moines de Saint-Airy devinrent abbés dans différents monastères de la Lotharingie ou de la Flandre. Il convient de souligner que la plupart de ces établissements avaient autrefois été réformés par Richard de Saint-Vanne. Ils se distinguaient par leur attachement à la rénovation religieuse développée par le Saint-Siège, de même que par leur zèle à défendre les décrets des papes sur les investitures. L'introduction des coutumes clunisiennes a donc été pour Saint-Airy un facteur décisif de sa prospérité et de son rayonnement, en une période d'ailleurs où toute la vie culturelle verdunoise était intense.
Si les monastères verdunois ont laissé des traces dans le paysage urbain actuel (noms de rues, par exemple), ils ont aussi profondément marqué de leur empreinte la vie sociale et culturelle. Au XIe siècle, Saint-Vanne et Saint-Airy en sont incontestablement les phares. Malheureusement on n'a pu conserver qu'une très faible partie des riches bibliothèques monastiques. Pour Saint-Airy, l'incendie que provoqua, en 1120, le comte Renaud de Bar explique le peu de témoignages qui nous en soient restés, avant que la Révolution ne disperse ou brûle les richesses des abbayes verdunoises. Néanmoins ce qui nous reste suffit à en dresser un tableau éloquent.
L'instruction était alors dispensée dans les écoles épiscopales ou monastiques par un maître que l'on appelait écolâtre (magister scholarum). Ses élèves étaient les jeunes clercs ou les jeunes moines. Il faut se rappeler que la plupart des nobles d'alors ne savaient ni lire ni écrire, à plus forte raison les simples laïques. Une fois qu'ils avaient appris la lecture et l'écriture, les écoliers pouvaient aborder successivement trois cycles d'études : le trivium (grammaire, rhétorique, dialectique), le quadrivium (arithmétique, géométrie, astronomie, musique), puis enfin la théologie et le droit canon. Tout cet enseignement était bien entendu assuré en latin, qui était d'ailleurs la langue officielle des scribes et des clercs, tandis que la langue romane était réservée aux usages de tous les jours. Pour étudier, maîtres et élèves avaient besoin de livres ; ceux-ci étaient les manuscrits dont certains sont parvenus jusqu'à nous. L'importance des livres croissant sans cesse, chaque établissement religieux avait son atelier de copie, le scriptorium. Une activité fébrile régnait dans les ateliers de copistes qui enrichissaient ainsi les bibliothèques de leurs monastères. Nous savons que Richard de Saint-Vanne fit copier et enluminer de nombreux livres ; il prit soin de mettre à jour ceux qui recensaient les biens du monastère. Il fit également exécuter un grand nombre de livres liturgiques, dont des évangéliaires qui étaient richement décorés d'or et d'argent, un recueil des épîtres lui aussi orné d'argent, un autre recueil rassemblant différentes vies de saints, ainsi que des poèmes de Venance Fortunat, des manuscrits, enfin, consacrés aux œuvres des pères de l'Eglise ou à des auteurs profanes. Nous disposons encore, pour Saint-Vanne, d'un total de dix-huit manuscrits des IXe, Xe et XIe siècles.
Si de Saint-Airy n'ont pu nous parvenir que fort peu de manuscrits, nous savons pourtant que la bibliothèque en était elle aussi fort riche. En effet, un inventaire, établi à la demande de l'abbé Etienne de Liège, nous indique qu'elle comprenait 42 titres qui nous donnent un excellent aperçu de ce qu'était alors une bibliothèque monastique : plusieurs missels et recueils d'épîtres, l'Ancien et le Nouveau Testament, des psautiers (dont celui qu'utilisait l'évêque Rambert), une Règle de saint Benoit, un bréviaire, un passionnaire (récit de la vie des martyrs), un graduel complété d'un tropaire (livre de musique), deux autres livres de musique, et des manuscrits où avaient été copiées des œuvres d'auteurs profanes et sacrés. Trente-deux de ces 42 manuscrits étaient d'usage liturgique, mais dix livres étaient consacrés à ce que l'on pourrait appeler la culture générale.
La vie culturelle de Verdun des Xe et XIe siècles nous a laissé d'autres témoignages, ceux des historiens de l'époque. Le premier en date, le doyen du chapitre cathédral, Bertaire, avait entrepris une histoire des évêques ; celle-ci fut poursuivie par un moine de Saint-Vanne, contemporain de l'abbé Richard, mais dont on n'a pas conservé le nom. Un autre moine, Hugues de Flavigny, qui Vécu quelques temps à saint-vanne avant de devenir abbé de Flavigny en Bourgogne (d'où son appellation), a rédigé une imposante Chronique comportant des éléments intéressants certes, mais fortement entachés par la partialité de leur auteur, chaud partisan du clan impérial lors de la Querelle des Investitures. La dernière chronique à mentionner est celle de Laurent de Liège (un moine de l'abbaye liégeoise de Saint-Laurent), venu à Verdun à la demande de l'évêque Albéron de Chiny pour relater les faits du XIe siècle. Ce Laurent de Liège est un des exemples révélateurs des liens existants entre les deux villes mosanes. Liège — où furent formés de nombreux Verdunois depuis l'évêque Haimon jusqu’à Etienne, abbé de Saint-Airy — fut un des grands centres intellectuels de l'Empire germanique ottonien et salien.
La confection des manuscrits nous renseigne également sur la vie artistique qui, à Verdun, était loin d'être insignifiante. L'étude des enluminures verdunoises a révélé leur intérêt. Les grandes peintures sont peu nombreuses, mais d'une authentique beauté. En revanche les ornementations se multiplient au fil des pages : elles portent sur des lettres majuscules, de toutes les couleurs, sur des lettrines, souvent à représentation humaine, sur des motifs et des décors faits d'entrelacs de feuilles et d'animaux. Les dessins, d'une excellente facture, sont d'une grande précision dans le trait. L'ensemble des enluminures verdunoises dégage une impression d'indéniable poésie. Cet aspect de la vie verdunoise du Moyen Age mérite d'être signalé à l'attention du grand public, et non de rester seulement connu de quelques rares initiés.
A cette époque, un grand nombre d'églises nouvelles a été élevé. La puissance reconstituée de l'évêque, le développement monastique de Verdun en sont la cause. Le dommage des siècles en a malheureusement fait disparaître le plus grand nombre, mais les deux témoignages subsistant sont suffisamment éloquents. La cathédrale de Haimon, restaurée par Thierry après l'incendie de 1047, avec son plan basilical, ses deux transepts, ses deux chœurs flanqués chacun de deux tours, ses trois nefs, est un édifice original dont l'influence s'exerça sur l'art roman germanique. L'église, dite crypte Saint-Maur, autre témoin magnifique de l'architecture du XIe siècle, avec ses murs épais, son abside hémicirculaire voûtée en cul-de-four, ses colonnes rondes supportant de gros chapiteaux cubiques, reste elle aussi peu connue des archéologues.
Les lettres et les arts qui ont fleuri à Verdun, aux Xe et XIe siècles, ne sont qu'une des caractéristiques de l'apogée de la ville, marqué, comme on l'a vu, dans bien d'autres domaines. Ainsi c'est à la lumière de la Querelle des Investitures que nous sont connus la plupart des abbés formés à Saint-Airy. C'est en tant que chefs du parti grégorien que nous apparaissent Rodolphe ou Laurent de Saint-Vanne. C'est en raison des difficultés avec l'évê-que de Verdun que les moines de Saint-Vanne furent contraints de s'exiler temporairement, fidèles jusqu'au bout à la réforme, développée par le souverain pontife, qui les opposait au parti impérial, incarné par le prélat de Verdun, Thierry. Au moment où la Querelle des Investitures se déclenche, celui-ci occupait le siège de Verdun depuis près de trente ans.
Né vers 1008-1010 dans une famille comtale d'origine souabe, Thierry avait été destiné, dès son plus jeune âge, à l'état ecclésiastique. D'abord chanoine de l'Eglise de Bâle, il en fut ensuite le prévôt avant d'être appelé auprès de l'empereur Henri III comme chapelain, vers 1044. Le siège de Verdun étant devenu vacant, le 7 novembre 1046, Thierry en fut pourvu : il est vrai que la chapelle impériale constituait une véritable pépinière épiscopale. Cette nomination était un acte politique de l'empereur. A la tête d'un évêché, marche d'Empire, menacé par les ambitions d'une puissante maison comtale, Henri III avait besoin d'un homme sûr et efficace. Le choix se révéla excellent. Le nouvel évêque fit preuve d'une rare énergie, tout d'abord en relevant sa ville des ruines causées par les tragiques événements de 1047, puis en défendant son Eglise contre les empiétements et les pillages que multipliaient des seigneurs locaux, tels ceux de Dun ou de Clermont. Les grandes qualités de Thierry nous sont également révélées par son active participation à la réforme religieuse prônée par le pape Léon IX, l'ancien évêque de Toul. La volonté de lutter contre la simonie (trafic des sacrements ou des charges ecclésiastiques : jusqu'alors un tribut était souvent perçu lors d'une nomination) s'exprime par des clauses spécifiques que l'on retrouve dans nombre de chartes de l'évêque. Nantie, par ailleurs, d'un clergé remarquablement instruit où brillent les abbés de Saint-Airy, l'écolâtre Martin, l'archidiacre Ermenfroid et bien d'autres, comment s'étonner que Verdun ait attiré, sous son épiscopat, des clercs et des moines étrangers ?
La générosité de l'évêque Thierry n'avait d'égale que celle de son clergé. Plus que tout autre, Thierry faisait l'admiration de ses contemporains par ses largesses et ses libéralités ; seize chartes en témoignent encore aujourd'hui. Rien d'étonnant donc qu'il ait été, de son vivant, surnommé Thierry le Grand. Les trente premières années de son épiscopat représentent une période féconde de prospérité, de richesse commerciale et de rayonnement spirituel. Cette heureuse harmonie se dissoudra progressivement avec le déchaînement des passions entraînées par la lutte du Sacerdoce et de l'Empire. La Querelle des Investitures verra même une totale scission entre l'évêque et une partie de son clergé.
Sa position d'évêque, son passage à la chapelle impériale, et plus encore sa vive intelligence avaient fait de Thierry un des proches conseillers de l'empereur ; il se trouva donc au cœur du conflit, et en fut souvent profondément déchiré, hésitant entre les deux fidélités qu'il devait au pape et à l'empereur. Le pape Grégoire VII poursuivait la réforme religieuse entreprise par ses prédécesseurs en luttant contre les deux abus les plus criants, la simonie et le nicolaïsme. En 1075, il alla plus loin encore en condamnant le fait de recevoir une église d'un laïc, même gratuitement. C'était donc s'opposer ouvertement aux pratiques des souverains de Germanie, et plus particulièrement à Henri IV qui ne pouvait, ni ne voulait, renoncer au contrôle des principautés ecclésiastiques, ni se priver des appuis indispensables à l'exercice de son pouvoir. En janvier 1076, Henri IV convoquait à Worms une assemblée des évêques allemands, qui étaient invités à ne plus reconnaître Grégoire VII comme pape. En mars 1076, à Utrecht, Grégoire VII était même purement et simplement excommunié. Afin de ne pas avoir à prendre cette décision, Thierry s'était enfui précipitamment, de nuit. A cette excommunication, le pape répondit par la déposition de l'empereur. Pendant ce temps, Thierry cherchait à s'entremettre entre Henri IV et Grégoire VII ; il participa peut-être à la fameuse entrevue de Canossa, dans un château appartenant à la comtesse Mathilde de Toscane, veuve du comte de Verdun et duc de Basse-Lotharingie, Godefroid le Bossu, et où Henri IV reçut l'absolution de Grégoire VII, le 28 janvier 1077. Trois années durant, la situation resta très trouble en Allemagne, où sévissait la guerre civile. Le jour où le sort des armes se révéla favorable à l'empereur, celui-ci renouvela les sentences d'excommunication et de déposition contre le pape. Désormais, entre les deux protagonistes, la rupture était irrémédiable et Thierry ne pouvait que se ranger aux côtés de Henri IV.
Avec la seconde excommunication d’Henri IV, le 7 mars 1080, le conflit allait redoubler de violence. L'empereur provoquait l'élection de l'antipape Guibert de Ravenne, dans laquelle l'évêque de Verdun intervint activement. Thierry avait notamment rédigé une lettre célèbre, accusant Grégoire VII de déchirer l'unité de l'Eglise. Ce violent pamphlet provoqua une scission au sein du clergé verdunois : au parti impérial que dirigeait l'évêque Thierry s'opposa désormais le parti grégorien, où se retrouvaient les moines de Saint-Vanne, leur abbé Rodolphe en tête. Un véritable duel allait s'engager entre les deux hommes. A son retour à Verdun, Thierry fut sérieusement ébranlé dans ses convictions impériales par l'accueil qui lui fut réservé. Homme d'une piété que tous ses adversaires lui reconnurent toujours, ce n'était certainement pas sans douleur qu'il avait condamné le pape. Quoi qu'il en soit, revenant sur ses engagements récents, il déclara se démettre de ses fonctions et confia son étole et son anneau à Rodolphe de Saint-Vanne, pour les porter à Grégoire VII dont il implorait le pardon.
Vibrant partisan de la réforme religieuse, Thierry ne pouvait qu'approuver, sinon la passion et l'énergie de Grégoire VII, du moins sa volonté de rénovation, mais il ne pouvait en même temps lutter contre son souverain. Naviguant d'un parti à l'autre, il chercha le plus longtemps possible à réconcilier les deux farouches ennemis. En fait, pour l'évêque de Verdun, toute cette période constitua un douloureux calvaire qui le rongeait intérieurement.
Grégoire VII pardonna à Thierry, mais avant que Rodolphe de Saint-Vanne, qui avait reçu pouvoir d'absoudre les Impérialistes repentants des diocèses de Metz, Toul et Verdun, ne fût de retour, l'évêque Thierry, à l'annonce des succès remportés par Henri IV en Italie, avait repris ses insignes pontificaux et le plein exercice de ses fonctions. L'ensemble de la ville se trouvait cette fois en accord avec son évêque, et la population verdunoise était excitée contre les Grégoriens par les moines étrangers, notamment les Liégeois. Afin d'assurer la sécurité de ses moines, l'abbé Rodolphe dut se résigner, à contre cœur, à quitter son monastère pour se réfugier au prieuré de Flavigny-sur-Moselle, puis à Saint-Bénigne de Dijon (mars 1085). Saint-Vanne fut confiée aux moines de Saint-Paul, dont l’abbé mit les biens en coupe réglée. La mort de Grégoire VII (mai 1085) ne modifia pas la situation, mais l'activité de Thierry devint moins grande : il sembla se replier sur son diocèse qu'il continuait d'administrer avec le plus grand soin. Mais il était de plus en plus âgé et fatigué ; sentant venir sa fin, il voulut se réconcilier avec la papauté et avec les moines de Saint-Vanne. Il fit donc appel à l'abbé Rodolphe qui lui députa deux de ses moines, Gérard, ancien archidiacre de Verdun, et Gerbert, qui devait devenir abbé de Beaulieu. Laurent de Liège nous en a dressé un récit émouvant :
« Lorsque les deux envoyés s'approchèrent de son lit, parce qu'il ne pouvait déjà plus parler, il les salua et par des signes implorants il obtint d'être réconcilié. Ils lui récapitulèrent ses offenses envers le Saint-Siège apostolique, et à chacune, par les supplications de ses yeux, par ses mains qui telles celles d'un pénitent frappaient sa poitrine, il confessa ses fautes et en demanda le pardon. Et lorsqu'ils lui annoncèrent : « Reconnais ta faute envers les moines de Saint-Vanne que tu as chassés », il se frappa alors la poitrine à coups redoublés de ses deux poings, il soupira très profondément, si bien que tous les assistants fondirent en larmes. Ayant reçu d'eux l'absolution, il rendit son âme à Dieu peu de temps après. Il avait siégé dans l'épiscopat pendant quarante-trois ans ; c'était un homme tout à fait digne de louanges mais dont la gloire avait été entachée, en ses dernières années. »
Avec Thierry le Grand se tournait une page de l'histoire de Verdun, celle de son apogée. Thierry avait bien mérité son épithète ; il reste à nos yeux un des prélats les plus remarquables que Verdun ait jamais eus.
Sources : Histoire de Verdun, sous la direction d’Alain Girardot – Editions Privat – 1982.
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La nuit de Samhain, le chien de Culann
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C’est pendant la nuit de Samhain que disparut celui qui fut sans doute le plus prestigieux des héros que le légendaire irlandais porte. Sa vie fut courte et remplie d'une immense gloire que tous les bardes chantèrent pendant des siècles, comme l'avait prédit Scathach, la fameuse guerrière qui initia le héros aux arts du combat.
De tous les mortels celtes, c'est celui qui dut affronter le plus les charmes et les maléfices des dieux et des déesses, dans des combats où le surnaturel et la magie l'emportaient sur les conditions guerrières de la vie ordinaire. Il faut reconnaître que, dès sa plus tendre enfance, si ce n'est par sa conception même, il fut plongé sans ménagement dans le chaudron des dieux et des magiciens et que, toute sa vie durant, il se retrouva aux prises avec leurs envoûtements et leurs manigances.
Il est connu sous le nom de Cuchulainn, ce qui signifie « le chien de Culann », et fut souvent surnommé l'Achille Irlandais, mais son nom originel est Setanta. Tout commença en fait avant sa naissance, quand sa mère Dechtire, fille du druide Cathbad et petite-fille du dieu de l'amour Aonghus Og, fut enlevée par les dieux au lendemain de son mariage avec Sulthaim Mac Roth. Elle disparut pour « l'autre monde » avec cinquante de ses servantes changées en oiseaux. Quand elle fut rendue au monde des mortels, elle portait un fils appelé Setanta que lui avait donné Lugh Lamhfada, l'un des plus importants dieux de l'occident celte.
Durant sa jeunesse, Setanta se rendit dans la forteresse du célèbre forgeron Culann qui forgeait les armes du roi Conchobhar et qui donnait une grande fête en l'honneur de ce celui-ci. Il arriva de nuit alors que Culann avait verrouillé les portes et placé son meilleur chien de garde. Le chien attaqua Setanta qui le tua. Pour calmer la colère du forgeron, Setanta proposa de tenir la fonction du molosse jusqu'à ce qu'un nouveau chien soit dressé à assurer la défense de la forteresse. C'est à cette occasion qu'il fut surnommé Cuchulainn, ce qui signifie « le chien de Culann ».
Puis Cuchulainn connut une jeunesse surtout marquée par des conquêtes féminines nombreuses qui l'entraînèrent, avec l'intervention des dieux et des déesses, dans des conflits et des combats incessants où il mit en pratique ses talents incomparables de combattant. Il était en effet allé parfaire son éducation de guerrier chez Scathach qui dirigeait sur une île, aujourd'hui identifiée comme étant Skye, une véritable académie militaire. Cette femme, considérée comme la plus fameuse femme de guerre, fit don au héros du Gae-Bolg, d'une sorte de harpon dentelé qui déchirait les chairs et provoquait ainsi de terribles blessures.
Le héros inscrivit ses plus belles lettres de noblesse en s'illustrant lors des combats de la fameuse « Tain Bo Cuailgne », une des plus importantes chansons de geste celte, puisqu'elle fut même comparée à la célèbre Iliade grecque. Cette guerre, qui avait pour enjeu la possession du symbolique Taureau Brun de l'Ulster, mit aux prises dieux et déesses, demi-dieux et héros de l'Irlande, dans un cadre où les pouvoirs magiques des uns et des autres purent s'exprimer pleinement.
Pourtant, conformément à la prophétie druidique, la destinée du héros arrivait à son terme. Celui qui était considéré comme invincible allait rapidement connaitre sa fin. Les épreuves arrivèrent les unes après les autres.
La première fut sans doute celle qui marqua le plus le Champion de l'Irlande. Non loin de Dun Dealgan, la forteresse de Cuchulainn, débarqua d'un vaisseau une troupe de guerriers commandés par un jeune homme. Le jeune homme, refusant de décliner son nom et son origine, fit savoir qu'il défiait Cuchulainn en combat singulier. Le héros irlandais était marié à Emer, dont on disait qu'elle possédait, en plus des canons de la féminité celte (beauté, beau-parler et art de la couture), le don de prophétie. Elle tenta de retenir son mari, l'exhortant à ne pas répondre à l'appel de ce jeune étranger. Il prit son Gae-Bolg et rejoignit la plage où devait se tenir le combat. Un combat qui n'en finit plus...
Cuchulainn, malgré sa force et son expérience, n'arrivait pas à maîtriser l'agilité de son adversaire. Il fut à plusieurs reprises en difficulté. Au dernier moment, le jeune guerrier le laissait échapper à une mort quasi-assurée. Alors qu'il venait d'être volontairement épargné, Cuchulainn lança son terrible harpon. Le jeune homme s'écroula, mortellement touché. Le Champion de l'Irlande se pencha sur lui pour l'achever. Le jeune homme interposa dans un dernier effort sa main qui portait un anneau d'or caractéristique. Celui qu'avait autrefois donné Cuchulainn à Aoise, la sœur de celle qui l'avait initié aux arts de la guerre. Aoise dont il était tombé amoureux après l'avoir longtemps combattue. Le jeune homme était en réalité Conlai, leur fils, qu'il avait abandonné pour venir retrouver Emer et qu'il venait de tuer de ses propres mains.
Le dernier présage vint encore d'Emer. Cuchulainn qui parcourait la lande, combat après combat, eut une vision : il vit Emain Macha la forteresse du roi Conchobhar en flammes et Emer prisonnière du feu en haut des remparts. Il chevaucha à toute allure jusqu'à son château où il trouva Emer saine et sauve. Sa femme tenta de l'empêcher de rejoindre ses guerriers à Pilar Stone, lui annonçant qu'il courait à sa mort. Il ne l'écouta pas et tomba dans le piège que lui avaient tendu tous ses nombreux ennemis, tous ceux qu'il avait vaincus, ne rêvant que de vengeance. Il fut acculé, désarmé par les maléfices de magiciens et de sorcières, désignés par les dieux pour que s'accomplisse la prédiction : une vie glorieuse mais courte. Mortellement blessé, le corps ouvert de toutes parts, il eut encore la force de marcher jusqu'à Tune de ces pierres levées qui justifiaient le nom du lieu sinistre : Pilar Stones, les piliers de pierre. Puis, s'attachant avec les courroies de son bouclier, il attendit la mort debout.
Ainsi disparut le plus grand Champion de l'Irlande, le guerrier Cuchulainn pendant une nuit de Samhain.
Maurice Dessemond
Sources : Irlande, mythes et légendes celtes – Editions AGEP, 1996.
I-Média n°314 – Deux journalistes menacées de mort par des islamistes
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2020: Annulation de la table Ronde de Terre & Peuple
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Nous traversons une période « mouvementée » qui bouleverse nos habitudes et qui vient restreindre nos libertés…
Il y a beaucoup à dire sur la situation et les méthodes employées pour tenter d’y remédier, mais ce n’est pas là l’objet de notre propos. Chacun d’entre nous sait où trouver les bonnes informations, sait comment interpréter les mesures qui s’additionnent et sait surtout qu’il faut être prêt pour un autre monde…qui souhaitons-le, devienne un jour le nôtre !
Ainsi, dans le contexte actuel, et face aux dispositions imposées par l’actuel gouvernement, la tenue de notre Table Ronde en décembre, est annulée…
C’est pour Terre & Peuple un crève-cœur…mais c’est aussi un défi à poursuivre inlassablement notre combat dans la défense de notre culture et de notre enracinement européen.
Les conséquences économiques pour les petites entreprises risquent de s’avérer dramatiques, laissant au bord du chemin des familles entières. Plus que jamais nous devons apporter notre soutien à ceux qui ont pris tous les risques pour travailler en tentant de rester libres !
Nous devons soutenir nos amis artisans par tous les moyens car ce sont eux qui portent l’espoir d’un retour à des valeurs de tradition, de savoir-faire, d’innovation de la chose bien faite.
“Le feu qui semble éteint souvent dort sous la cendre.”
Pierre CORNEILLE, Dramaturge et Poète (1606-1684)
Attisons ce feu qui couve en nous pour qu’il nous anime encore plus chaque jour d’une volonté de lutter contre le mondialisme qui nous aliène et qui tente de nous étouffer !
Croire en un lendemain, défendre notre communauté et notre histoire, faire respecter nos valeurs est à la portée de chacun d’entre nous ! Encore faut-il le vouloir.
Nous ne gagnerons pas la bataille dans la peur et le renoncement…faisons front, serrons-nous les coudes, soutenons nos camarades et soyons fiers de notre combat !
La Direction de Terre & Peuple
Couverture - TP Mag n°85
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- Catégorie : Terre et Peuple Magazine n°85 - Automne 2020
Editorial - TP Mag n°85
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- Catégorie : Terre et Peuple Magazine n°85 - Automne 2020
L’Empire romain n’était pas un État multiracial
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La dernière pensée à la mode chez les bien-pensants est de prétendre que la cohabitation entre les races se passait bien dans l’Empire romain alors que cet État possédait une minorité noire presque aussi importante que la nôtre.
Ce dernier point est une contre-vérité flagrante bien qu’Uderzo ait représenté les esclaves numides par des noirs dans Le domaine des dieux et ajouté un pirate noir à l’équipage de pirates. (Je m’étonne que le dessinateur n’ait pas été traité de raciste vu que le flibustier de couleur s’exprime dans un langage sans « r »). Aucun peuple de l’immense Empire romain n’était noir ! Les Numides (ancêtres des Berbères) étaient blancs (désolé Uderzo !).
Le Sahara dressait une muraille difficilement franchissable entre l’Afrique romaine (blanche) et son homologue noire. L’Égypte, conquise après Actium en 31 avant J.-C., était la seule province à avoir une frontière commune avec un royaume noir, celui de Koush (nord du Soudan actuel), État brillant, héritier et continuateur de la grande civilisation égyptienne. Les candaces (reines) de Koush traitaient d’égale à égal avec les empereurs romains et le commerce était florissant le long du Nil. Des commerçants noirs de Koush fréquentaient les terres impériales, quelques-uns ont dû s’y installer, mais étaient trop peu nombreux pour qu’on puisse parler de civilisation multiraciale. L’étude génétique comparative des momies de l’époque ptolémaïque (-323 avant J.-C. / 31 avant J.C.) et de celle des Égyptiens actuels montre que les habitants du delta du Nil de l’Antiquité avaient un génome principalement blanc contrairement à ceux du XXIe siècle qui, pour beaucoup, sont issus d’unions mixtes entre Blancs et Nubiens. Les activistes noirs ont pris l’habitude de prétendre que les Égyptiens de l’Antiquité étaient noirs et qu’ils auraient été supplantés par les Arabes blancs après la conquête musulmane de 640, pourtant c’est une contre-vérité totale. Nous venons de voir un argument imparable appuyé par une étude scientifique. En outre, les Coptes, qui descendent directement des Égyptiens du temps des Pyramides et qui n’ont eu aucun d’apport de sang arabe, sont blancs.
Néanmoins, au cours de la longue Histoire de l’Égypte ancienne (plus de 3 500 années), un souverain de Koush a conquis le delta du Nil et a été le premier d’une dynastie de pharaons noirs qui s’est maintenue de -744 à -656, mais cette occupation, comme nous l’avons vu, n’a pas modifié la composition ethnique du delta du Nil.
Notons également l’existence du royaume d’Aksoum, un des quatre empires mondiaux aux côtés de Rome, des Sassanides et de la Chine, État brillant qui est à l’origine de l’Éthiopie. Idéalement placé pour le commerce avec l’Inde et la Chine, Aksoum était prospère et ses marchands fréquentaient les ports de l’Égypte et du Levant, mais encore une fois, les ressortissants de ce royaume n’étaient pas assez nombreux pour qu’on puisse qualifier l’Empire romain de multiracial.
Si le besoin d’esclaves avait été criant à Rome, peut-être aurait-on, comme l’ont fait les États maghrébins après l’an mil, cherché les esclaves en Afrique noire avant de les ramener par caravanes en Afrique du Nord, mais les innombrables guerres fournissaient suffisamment de captifs pour que ce type de commerce transsaharien n’ait aucun intérêt.
Une minorité commence à compter à partir de 1 %. Auguste régnait sur un État comptant moins de 0,1 % de sujets de couleur. Rien n’est plus absurde que l’argument que j’ai lu sous la plume de bien-pensants : « Rome ne connaissait pas de problème racial, puisque les écrivains et les auteurs de l’époque n’en parlent pas ». Évidemment, puisque tout le monde ou presque était blanc !
En revanche, l’Empire était un État multicommunautaire qui a réussi à perdurer pendant près de 500 ans. Cet exploit s’explique par l’existence et l’acceptation par tous de deux cultures dominantes (latine à l’Ouest, grecque à l’Est) et par l’ancrage de chaque habitant dans sa ville (son terroir). Il faut concevoir Rome comme une immense confédération de cités. Celles-ci gardaient une totale autonomie municipale et culturelle ainsi que le droit d’honorer ses dieux, mais déléguaient les Affaires étrangères, la sécurité et la justice à Rome.
Leurs seules obligations était le paiement d’impôts confédéraux (qui sont devenus trop lourds à partir de 250 après J.-C.) et la célébration de la suprématie de Rome, à travers des autels sur lesquels les habitants de l’Empire, en sacrifiant des animaux, prouvaient leur loyauté. Le refus de se conformer à ce rite a provoqué les multiples révoltes juives (66-73, 115-117, 132-133…) et plus tard a entraîné la sécession des chrétiens, ce qui a fissuré l’unité de l’Empire et peut-être entraîné sa chute.
Christian de Moliner
Sources : Breizh-info.com, 2020, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine – 17/10/2020
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