Le legs des Grecs, des Celto-Ligures et des romains par Pierre VIAL
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La Provence
Le pays provençal, qui s’étend entre le Rhône, les Alpes et la mer, correspond au marquisat de Guillaume le Libérateur, le comte d’Arles qui parvint à expulser, à la fin du Xème siècle, les bandes de pillards sarrasins qui avaient réussi à s’incruster provisoirement sur notre sol, pour le plus grand malheur des populations locales, en établissant une base à La Garde Freinet, dans le massif des Maures. Mais le nom même de Provence remonte plus haut, à l’époque romaine, alors que la Provincia - cette « province » organisée, comme les autres du même nom, en terrain conquis par Rome - regroupait en son sein, outre la future Provence, les territoires s’étendant à l’ouest du Rhône et qui devaient devenir le Languedoc. Un historien latin du IIème siècle de l’ère chrétienne, Justin, raconte la belle histoire de la fondation de Marseille. Cela se passait au temps de Tarquin l’Ancien (c’est-à-dire a la fin du VIIème siècle avant l’ère chrétienne). « Un groupe de jeunes gens de Phocée, écrit Justin, débarques d’Asie aux boucles du Tibre, se lièrent d’amitié avec les Romains. Partis de là sur leurs navires pour les rivages les plus reculés de la Gaule, ils fondèrent Massalia, au milieu des Ligures et des populations farouches des Gaulois. » En effet, les Phocéens, contraints par l’exiguïté et la stérilité de leur territoire, se portèrent avec plus d’application aux choses de la mer qu’à celles de la terre. Ils passaient leur vie à pêcher, à faire du commerce et se livraient même le plus souvent à la piraterie qui était en honneur en ce temps-là. C’est pourquoi, ayant eu la hardiesse de s’aventurer sur les bords lointains de l’océan, ils arrivèrent dans le golfe de Gaule, à l’embouchure du Rhône. Séduits par le charme du lieu, de retour chez eux ils racontèrent ce qu’ils avaient vu et organisèrent un plus grand nombre de compagnons...
Les chefs de la flotte furent Simos et Protis. Ils vinrent donc trouver pour lui demander son amitié, le roi des Segobriges, appelé Nann, sur le territoire duquel ils désiraient vivement fonder une ville. Ce jour-là, par hasard, le roi était occupé aux préparatifs du mariage de sa fille, Gypris. Il allait la donner, selon la coutume de la nation, à un gendre choisi pendant le festin. Tous les invités de la cérémonie étant arrivés, on prie aussi les héros grecs à prendre part au banquet.
La jeune fille est ensuite introduite et son père lui ordonne d’offrir l’eau à celui qu’elle choisissait comme époux. Alors, sans prêter attention à aucun des autres, elle se tourne vers les Grecs et tend sa coupe à Protis. « Celui-ci, d’hôte devenu gendre, reçut de son beau-père un territoire pour fonder une ville. C’est ainsi que fut fondée Massalia, près des bouches du Rhône, dans un angle écarte, comme dans un angle de mer. »
S’il fut longtemps de mode, dans des milieux universitaires marqués par un rationalisme très réductionniste, de considérer ce type de récit comme une aimable affabulation, les historiens prennent très au sérieux, aujourd’hui, un tel témoignage. A condition, bien entendu, de le confronter avec d’autres sources d’information, en particulier archéologiques.
Celles-ci montrent que les Phocéens n’ont pas été les premiers Grecs à toucher le sol provençal. Ils ont été précédés par des Rhodiens. Après avoir caboté le long des côtes espagnoles, ces Doriens ont touché le sol provençal, y ont débarqué et se sont installés en plusieurs points de la côte. Pline leur attribue la paternité du nom désignant le grand fleuve venu du Nord : le Rhône est le Rhodanus, le « Rhodien »(1). Ils ont fondé une ville appelée Rhodanousia, que l'on peut situer à l'emplacement de Trinquetaille, actuel quartier d’Arles. La position est d’un grand intérêt au plan des stratégies commerciales: elle ouvre la route de l’étain, qui monte vers le nord, et elle est une excellente base d’exportation du sel. La présence des Rhodiens est attestée, par des tessons de poterie et des objets en bronze, tant sur la côte (près de Toulon) qu’à l’intérieur des terres (autour de l’étang de Berre et dans la vallée de la Durance entre autres). Les poteries rhodiennes trouvées dans la presqu’île du Fort Saint-Jean montrent que, sur le site même de la future Marseille, les Rhodiens ont précédé les Phocéens, mais pour établir ce qui était sans doute un simple relais de marchands, au mieux une modeste bourgade. Par elle, cependant, transitent déjà bien des productions de la Grèce, comme le beau vase corinthien retrouvé aux Baux en parfait état : en bronze martelé, il est orné d’une bordure cloutée, avec nasal et pare-joues fixes.
Les commerçants grecs trouvent bon accueil en Provence auprès des autochtones. Ceux-ci sont des ligures. Ce sont des descendants des populations néolithiques qui, après le cuivre, ont utilisé le bronze et sont décrits par des auteurs antiques comme petits et trapus, vigoureux, durs à la tâche et batailleurs. Si Héraclée de Milet parle des Ligures dès le VIème siècle avant l’ère chrétienne, c’est le géographe grec Posidonios, très attentif aux types ethniques, qui précise : «Ils escaladent les montagnes comme des chèvres.» On leur attribue les cabanes en pierres sèches, remarquablement appareillées, que l’on appelle « bories », ainsi que les monuments mégalithiques qui parsèment le territoire provençal. Ils seraient aussi les auteurs des célèbres gravures rupestres du mont Bego et de la Vallée des merveilles, dans la haute région qui jouxte aujourd’hui la frontière italienne. Si tel est le cas, ces Ligures auraient déjà été en contact avec des Indo-Européens, car les gravures de la Vallée des merveilles sont semblables, trait pour trait, à celles du Val Camonica, dans le Nord de l’Italie, dont la thématique illustre la tripartition fonctionnelle propre aux Indo-Européens : « La société dont elles nous donnent l’image est un organisme hiérarchisé, dominé par une fonction souveraine qui représente le soleil ; la fonction guerrière y tient une place importante, au-dessus de la fonction productive, fondement de l’ensemble (2)»
Entre le VIIIème et le IVème siècle, des Indo-Européens arrivent, en plusieurs vagues, en Provence et s’y établissent. Porteurs d’armes en fer (civilisation de
Hallstatt et de la Tène), ces Celtes encadrent la population ligure, comme ils l’ont fait pour bien d’autres peuples au cours de la vaste expansion celtique. Les Celto-Ligures, probables créateurs des itinéraires de transhumance (les « drailles ») utilisés par les éleveurs de moutons jusqu’à nos jours, ont construit sur les hauteurs des oppida : souvent établis à la pointe d’éperons rocheux, ces lieux de refuge fortifiés, flanqués de postes de guet, dessinent encore aujourd’hui leurs enceintes de pierres sèchés dans la garrigue des hautes collines balayées par le vent.
Les Celto-Ligures sont groupés en confédérations. La plus puissante, celle des Salyens, s’étend du Rhône au Var et regroupe dix-sept peuplades. Grâce à l’archéologie, certains des sites Salyens ont révélé une culture et une civilisation où l’élément religieux joue un grand rôle. Sur l’oppidum d’Entremont, une statuaire à caractère très réaliste est marquée d’un symbolisme spectaculaire : des têtes coupées aux yeux clos, recouvertes d’une main protectrice, sont à rapprocher des crânes humains encastrés dans des alvéoles sur le portique de l’oppidum de Roquepertuse.
Un bestiaire fantastique est lié au thème de la survie dans l’au-delà, certains animaux étant des intermédiaires entre les vivants et les morts : «Ils appartiennent, note Fernand Benoît, à une imagerie funéraire qui a pour thème le voyage de l’âme vers l’outre-tombe, emportée dans sa nouvelle demeure par un cheval. » Le thème du cheval psychopompe est traditionnel dans les sociétés indo-européennes, de même que les lieux sacrés réputés abriter les puissances et forces de la nature, expressions du divin : bois sacrés de la Sainte-Baume et de Gémenos, sources guérisseuses de Glanum et de Vernègues. Avec l’ouverture matricielle de la Sainte-Baume d’où s'écoule une eau sacrée, avec la Tarasque qui incarne le « souffle du dragon » les pulsions élémentaires de la vie -, des mythes puissants habitent la terre provençale, qui se perpétueront au Moyen Age et au-delà.
Notre mère la Grèce
En s’installant chez les Ségobriges (nom typiquement celtique), les Phocéens ont créé un trait d’union, riche d’avenir, entre les Celto-Ligures et le monde grec. La fondation de Marseille s’inscrit dans la perspective d’ensemble du mouvement de colonisation par lequel nombre de cités grecques ont essaimé sur le pourtour de la Méditerranée et en mer Noire. La destruction de Phocée par les Perses, vers 540, a du provoquer un nouvel afflux de colons.
Les Phocéens ont su choisir, pour établir leur fondation, un site dont Vidal de La Blache a souligné l’intérêt : « Ilots, acropole et collines détachées, petit fleuve, port étroit et profond, rien ne manque à Marseille des éléments qui constituent le type classique des cités grecques.» La crique abritée du Lacydon offre en effet un havre sûr aux navigateurs, le ravitaillement étant assuré par le riche arrière-pays agricole que constitue la plaine de l’Huveaune.
En s’installant tout d’abord sur le promontoire du Fort Saint-Jean, les Phocéens dominent la mer de vingt-quatre mètres. Puis ils édifient leur acropole sur la butte voisine des Moulins, qui s'élève à quarante-deux mètres. La butte des Carmes, plus à l’est, est intégrée elle aussi dans le dispositif urbain, comme le révèlent les fouilles récentes qui ont mis au jour, dans le quartier de la Bourse, les quais du port antique et un rempart remarquablement appareillé.
En quelques décennies, Marseille a réalisé un bel essor commercial. Elle frappe, dès le VIème siècle, de nombreuses monnaies d’argent dont on a retrouvé de multiples exemplaires (plus de deux mille pièces dans le trésor d’Auriol).
Elle est présente dans l’Orient méditerranéen, jusqu’en Egypte, et n’hésite pas à aller combattre les rivaux étrusques et carthaginois sur les rivages de la Corse. En édifiant un « trésor » et une statue d’Apollon à Delphes, sanctuaire panhellénique, les Marseillais témoignent de leur vitalité et de leur réussite. Une statue d’Athéna, toujours à Delphes, est peut-être un ex-voto commémorant une victoire sur les Celto-Ligures. Ce qui semble indiquer que le roman d’amour de Protis et Gyptis a rapidement fait place à des relations plus tendues entre les Grecs et les autochtones.
Marseille n'a pas eu grand mal à s’imposer car son développement lui permet d’être, des le VIème siècle, une riche, puissante et indépendante cité. Ce qu’elle va rester pendant cinq cents ans.
La ville s’est dotée d’un régime qu’on pourrait qualifier de république oligarchique, quelques centaines de riches chefs de famille - armateurs, négociants - contrôlant une assemblée (les « timouques ») qui confie la direction des affaires publiques à un Conseil des quinze, dirigé par trois magistrats. Les institutions marseillaises préfigurent, d ‘une certaine façon, celles de cette autre thalassocratie que devait être la Venise médiévale.
Marseille affiche une grande fidélité aux traditions helléniques : Apollon, en son temple, veille sur la ville, avec l’active collaboration d’Artémis, d’Athéna, d’Aphrodite. Le culte de ces « bonnes mères » pourra, à l’époque de la christianisation, se transformer sans difficulté en culte marial.
Au plan intellectuel aussi Marseille tient sa place dans le monde hellénique, car grammairiens et poètes y entretiennent le respect d’une pure langue grecque, Homère étant tout spécialement à l’honneur sur les bords du Lacydon. Un Marseillais fit cependant aussi bien qu’Ulysse, puisque Pythéas n’hésita pas à braver l’Atlantique, fort de ses connaissances et de ses réflexions (il a, entre autres, compris et expliqué l’origine des marées). Géographe et hardi navigateur, Pythéas s’est lancé avec une belle audace vers le nord, vers la mythique Thulé. Thulé où brillent le soleil de minuit et l’ambre, matière solaire et enchantée. Thulé, la terre ancestrale des Indo-Européens, si l’on en croit d’antiques et tenaces traditions.
Pythéas a rapporté de son périple des traités de géographie capables d’exalter les imaginations. De même qu’un autre explorateur marseillais, Euthymène, qui a reconnu les côtes de l'Afrique tropicale jusqu’au Sénégal.
Plus prosaïquement, les Marseillais ont établi leur puissance sur le commerce. En relation avec toutes les places de Méditerranée, ils sont aussi la plaque tournante pour la pénétration des produits grecs en Gaule. On a retrouvé des monnaies marseillaises dans toute la Gaule. Et la fameuse tombe princière de Vix, en Bourgogne, contenait, outre un splendide cratère en bronze, des céramiques fabriquées à Marseille ou importées par elle. Le vin, le sel, les plantes aromatiques et médicinales alimentent les grands courants d’exportation. Justin explique que les Grecs ont appris aux Gaulois « à ceindre leurs villes de remparts, à tailler la vigne et planter l’olivier ». Certes, les Celtes n’ont pas attendu les Grecs pour savoir construire des fortifications, mais il est vrai que la vigne et l’olivier devaient symboliser pour la suite des temps la générosité de la terre provençale.
De Marseille, l’hellénisme s’est étendu le long du littoral et à l’intérieur des terres. Sur les côtes, les colonies marseillaises sont autant de relais et de jalons pour la grande cité : Agde, à l’ouest du Rhône, mais surtout, à l’est, une chaîne continue avec les comptoirs et ports de cabotage que sont Citharista (La Ciotat), Tauroeis (Le Brusc), Olbia (Almanarre- Hyères), Pergantion (Brégançon), Caccabaria (Cavalaire), Athenopolis (Saint-Tropez), Antipolis (Antibes), Nikaia (Nice), Monoicos ( Monaco). Les fouilles pratiquées sur certains de ces sites ont révélé qu’ils étaient organisés selon les us et coutumes du monde grec.
Ainsi, à Olbia (« la bienheureuse »), comptoir enrichi par les salines toutes proches de la presqu’île de Gien, une ville grecque s’est développée, avec son plan en échiquier protégé par un rempart, ses rues avec leurs égouts dessinées autour de deux grandes voies axiales, des sanctuaires dédiés à un dieu au serpent (Asclépios, le dieu guérisseur ?) et à des déesses-mères, généreuses pourvoyeuses de fécondité.
A l’intérieur des terres, les Marseillais se sont assurés le contrôle d’un territoire allant jusqu’il Avignon et Cavaillon, avec des points forts comme Mastrabala (Saint-Blaise), dont les magnifiques remparts présentent un bel appareil de massives pierres taillées, et Glanum (Saint-Rémi), développée autour d’une source sacrée vouée à Héraklès. Le nom d’Héraklès apparaît en de nombreux points de la Provence, tant sur les côtes que le long de pistes montant vers les Alpes ou encore sur la caillouteuse Crau. Héraklès, très présent dans la mythologie provençale, passe pour avoir tracé une « voie herakléenne » qui joint l’Espagne à l’Italie. Le héros solaire, parti cueillir les pommes d’or du jardin des Hespérides, est directement lié au mythe hyperboréen et à l’ancestrale patrie nordique des Indo-Européens.
Avec lui, la Provence inscrit son devenir dans le commun destin des peuples d’Europe.
Et puis Rome vint
Les Romains ont pris pied en Provence au IIIème siècle avant l’ère chrétienne. Aboutissement d’un processus d’alliance engage de longue date entre la cité du Latium et la colonie phocéenne. Dès le IIIème siècle, Marseillais et Romains ont fait front ensemble contre les Carthaginois. Grecs et Latins, si proches par leurs origines et leurs traditions culturelles, s’unissent tout naturellement contre les Puniques, fils des Phéniciens : « II faut détruire Carthage !», comme disait le vieux Caton.
Les Romains, implantés en Espagne au IIème siècle, ont besoin d’assurer leurs liaisons avec les terres ibériques. Il leur faut donc sévir contre les pirates ligures qui entretiennent l’insécurité dans les zones côtières entre Alpes et Pyrénées. C’est un excellent prétexte pour des interventions militaires de plus en plus fréquentes et systématiques... D’autant qu’elles sont sollicitées par Marseille, qui se sent menacée par ses voisins celto-ligures. C’est appeler le loup dans la bergerie.
A partir de 125 avant l’ère chrétienne, les légions romaines repoussent les Celto-Ligures, s’emparent de leurs oppida : entre 124 et 122, le consul Sextius Calvinus, après avoir réduit l’oppidum d’Entremont, fondé autour de sources thermales une ville qui porte son nom, Aquae Sextiae (les « eaux de Sextius », Aix-en-Provence). Mais c’est un autre consul qui devait laisser son nom en héritage aux Marseillais, puisqu’il a traversé les siècles pour se retrouver sous la plume de Marcel Pagnol : en détruisant l'armée des Teutons, venus du nord pour passer en Italie, Marius a définitivement scellé l’emprise de Rome sur la Provence. Celle-ci constitue désormais le pont territorial dont Rome avait besoin entre Italie et l’Espagne. Elle est la « province».
Entre 58 et 49, le proconsul Jules César fait de la Provincia la base arrière de ses expéditions de conquête en Gaule « chevelue ». Puis le vainqueur de la guerre des Gaules ne peut supporter que Marseille prétende rester neutre dans le conflit qui l’oppose à Pompée. Apres un siège difficile, Marseille tombe : c’en est fini de ses siècles d’indépendance.
Avec la naissance de l’Empire et la stabilité qui en découle, la Provence peut jouir d’une longue « paix romaine ». Des légionnaires vétérans s’installent à Fréjus, à Arles, à Orange. Ces villes illustrent la vieille conception du guerrier-paysan qui, après avoir longuement manié le glaive, sait se servir aussi bien de la charrue que de la truelle.
L’empreinte de Rome devait être profonde et durable en terre provençale. L’attestent ces vestiges qui nous font encore rêver : aqueducs (Fréjus), théâtres (Arles, Marseille, Fréjus, Apt, Orange, Vaison), amphithéâtres (Arles, Fréjus, Cimiez), thermes (Vaison, Cimiez), portes et arcs de triomphe (Glanum, Cavaillon, Orange, Carpentras), mausolées funéraires (Glanum). Mais, plus encore que ces monuments, le legs de Rome s’affirme, au fil des siècles et jusqu’a nous, à travers un mot qui porte un mythe puissant, fondateur : l’Empire.
Pierre Vial
Notes :
1. Cette étymologie est contestée par F. Benoît, qui y voit « le rhabillage d’un hydronyme préceltique ».
2. Isabelle Turcan, « l’image indo-européenne du « corps social » au Val Camonica », in Etudes indoeuropéennes, n°6, septembre 1983.
Dissolution de Génération Identitaire : le décret démoli point par point par un avocat
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La dissolution de Génération Identitaire a été validée en conseil des ministres cette semaine. Les services juridiques de l’ONG travaillent déjà à un recours devant le Conseil d’Etat pour faire invalider cette dissolution, qui apparait en effet comme surprenante eu égard du contenu très léger du décret annonçant la dissolution.
Sur Twitter, Pierre Gentillet, Avocat, et président @CerclePouchkine, a démoli point par point le décret. « Cela fait 3 fois que je relis le décret de dissolution de Génération Identitaire. Je n’ai jamais lu un texte aussi creux et aussi peu rigoureux juridiquement A ce niveau-là, même un gamin de CM2 peut faire du droit » indique-t-il.
Il déroule ensuite : Premier grief du décret (6° du L212-1 du CSI) : la provocation à la discrimination, la haine ou la violence. « Le décret indique que « les militants se revendiquent de Charles Martel ou de la reconquista ». Se référer à des personnages historiques, mêmes violentes serait donc un délit ? » s’interroge l’avocat qui rappelle que « sur la base de ce même raisonnement, faut-il dissoudre la France Insoumise puisqu’ils citent en permanence les révolutionnaires, tels Hébert ou Robespierre, qui ont massacré des dizaines de milliers de personnes ? Ridicule »
Et de poursuivre : « On reproche à Génération ID de faire le lien entre immigration et délinquance. Selon le Ministère de l’Intérieur, en 2019 : 63% des violences sexuelles commises en Ile-de-France l’ont été par des étrangers Question : faut-il dissoudre le Ministère de l’Intérieur? Ridicule. »
Puis « Fin du deuxième paragraphe et là on attend des sommets de bêtise juridique. Il est reproché à Génération Identitaire d’avoir reçu des dons de la part du terroriste de ChristChurch ( !). Cela prouverait que l’association incite bien à la haine et à la discrimination. Absurdité juridique totale. En quoi le don d’une personne extérieure au mouvement, sans aucun rôle, peut-il entrainer une quelconque responsabilité pour Génération Identitaire ? C’est un pur raisonnement totalitaire »
A noter que sur ce point, un article des Antifas de Libération Pierro Plottu et Maxime Macé a évoqué le fait que Breton Tarrant aurait été un membre bienfaiteur de Génération Identitaire, ce que leur aurait indiqué un de leur contact, Bruno Dalles, ancien directeur du service de renseignement financier Tracfin. Problème, il se trouve pléthore de sites internet qui, à partir d’un certain montant de dons, font de vous automatiquement un membre bienfaiteur. Ce « titre » attribué à Brenton Tarrant ne l’a donc pas été par Génération Identitaire mais bien par le niveau du don que ce dernier a adressé à GI. Sur le site Assothèque, on peut lire que sont membres bienfaiteurs d’une association « ceux qui ont accepté, afin de soutenir financièrement l’association, d’acquitter une cotisation d’un montant supérieur à celui dû par les membres « actifs », ou, plus simplement, les personnes qui adressent régulièrement des dons à l’association. Dans ce dernier cas, le titre de membre bienfaiteur est souvent honorifique ; il ne confère pas de droit particulier ». Ainsi si vous donnez 1000 euros sur le site internet de la République en Marche, vous serez aussi considéré comme membre bienfaiteur, sans que le parti politique n’ait fait quoi que ce soit.
Voici quelques exemples de sites sur lesquels vous pouvez devenir membres bienfaiteurs via un gros don, sans l’accord particulier de l’association en question : https://www.tchendukua.org/boutique/membre-bienfaiteur/ ou encore ici, ou encore ici ou encore ici sur le site du Printemps écologique, amusez vous à taper « membre bienfaiteur association » sur google et vous y trouverez de nombreux sites qui proposent ce type d’adhésion.
Pierre Gentillet poursuit ensuite sur le 2ème grief : de milice privé. « Pour mémoire, la jurisprudence exige classiquement plusieurs conditions : 1) Présence de grades, uniformes et discipline 2)développement de stratégies paramilitaires, 3) détention ou l’accès à des armes 4)Trouble causé à l’ordre public » indique-t-il avant de poursuivre : « Aucun de ces points n’est repris par le ministère pour identifier ce que le droit appelle milice. Ceux qui ont rédigé ce décret n’ont jamais lu une loi ou un jugement de leur vie c’est impossible »
Et d’évoquer : « La dimension guerrière serait un élément (à raccrocher au 1) on suppose.. ?) démontré par les slogans de Génération Identitaire tels que : « l’avant-garde de la jeunesse debout » ou « entrer en guerre contre tous ceux qui veulent nous arracher à nos racines ». Avant de s’interroger : « Du coup, la dimension guerrière de Lutte ouvrière (le poing levé à toutes les manifestations) est avérée je pense ? On voit bien qu’on nage dans le n’importe quoi et que le ministère ne sait pas distinguer le sens propre du sens figuré. Retour au CP »
Et l’avocat de conclure : « Enfin il est reproché à Génération Identitaire leurs actions à la frontière, réalisées sans violence et de courte durée (donc sans efficacité réelle). Génération Identitaire n’arrête pas, bien évidemment, à elle-seule l’immigration illégale : elle n’est qu’un lanceur d’alerte ! Si l’on reprend les 4 critères, nécessaires pour qualifier l’existence d’une milice, que j’évoquais précédemment : où sont-ils? Où sont les armes de Génération Identitaire? Où est le trouble à l’ordre public? Les stratégies paramilitaires? Bref, aucun effort de rigueur »
Conclusion de l’avocat : « je n’ai jamais lu un décret aussi indigent, aussi partial, aussi militant même, aussi peu rigoureux. Si le Conseil d’Etat valide le décret de dissolution, je ne vois vraiment pas à quoi il servira à l’avenir de faire des études de droit pour devenir juriste »
De quoi émettre un gros doute sur l’honnêteté des personnes qui ont prononcé la dissolution de Génération Identitaire, dissolution qui ressemble plus à un coup de tyrannie politique qu’à une véritable décision juridique cohérente et en conformité avec le droit français.
Sources : Breizh-info.com
Bernard Lugan : Pour répondre aux « décoloniaux », aux islamo-gauchistes et aux terroristes de la repentance
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Produits de la gauche universaliste alliée à l’islamisme conquérant, les « décoloniaux » ont entrepris de déconstruire la France au moyen d’un terrorisme médiatique et intellectuel sans précédent. Ce n’est pas de « séparatisme » qu’il s’agit. Les « décoloniaux » ne veulent en effet pas faire sécession. Ils bénéficient de tant d’avantages dans cette France qui les accueille, les nourrit, les loge, les soigne, les éduque… et qu’ils haïssent… À l’image d’Hafsa Askar, vice- présidente du syndicat étudiant UNEF, qui, le 15 avril 2019, jour de l’incendie de la cathédrale, a écrit : « Je m’en fiche de Notre-Dame de Paris, car je m’en fiche de l’Histoire de France… Wallah… on s’en balek [traduction : on s’en bat les c…], objectivement, c’est votre délire de petits blancs. »
Le but des « décoloniaux » est d’invertir la France. Pour ensuite la soumettre en lui imposant des normes raciales, philosophiques, culturelles, sociales, politiques, historiques, alimentaires, vestimentaires, artistiques, sexuelles et religieuses qui, toutes, vont à l’encontre de sa nature profonde.
En pleine déroute intellectuelle, acculés dans l’impasse idéologique des « droits de l’homme », du « vivre ensemble », du « pas d’amalgame » et du sépulcre phraséologique de la « laïcité », les dirigeants français sont désarmés face à cette entreprise de subversion et de conquête, unique dans l’Histoire millénaire de ce pays.
Quant aux indigènes français, sommés de débaptiser leurs rues, de dépouiller leurs musées, de renier leur Histoire, d’abattre leurs statues, et, quasiment, de devoir s’excuser d’exister, ils ont le choix entre la « soumission » et la réaction.
Or, cette dernière passe par la totale remise en question du corpus idéologique dominant, terreau sur lequel se développent et prospèrent les pensées invasives qui veulent faire de la France autre chose que la France…
IMPORTANT : CE LIVRE EST UNIQUEMENT DISPONIBLE VIA L’AFRIQUE REELLE
– 32€ pour livraison en France (Colissimo suivi)
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– 41€ pour le reste du monde
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Les liaisons dangereuses entre médias et milieux d’affaires, le Siècle
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Le Siècle est un club fondé en 1944 par le journaliste Georges Bérard-Quélin. Cette association regroupe des dirigeants politiques, économiques, culturels et médiatiques français. En 2020, il comptait 766 membres et invités (membres non encore définitivement admis).
Un club dont un de ses membres influents, Olivier Duhamel, a récemment fait parler de lui.
A noter également le livre indispensable pour comprendre Le Siècle, par Emmanuel Ratier, intitulé « Au cœur du pouvoir ». Livre comprenant plus de 2000 notices détaillées, des documents confidentiels, un index complet avec les années d’appartenance des membres de la petite caste.
Voici la présentation du livre :
« Les membres du Siècle ne se contentent pas d’occuper les fauteuils ministériels : ils détiennent pratiquement tous les postes stratégiques, ceux qui, en dehors de leur importance technique, ont un rôle politique déterminant.
En fait, les cent premières entreprises françaises sont, pratiquement sans exception, représentées au Siècle. De même, tous les grands journaux, tous les grands corps de l’État, comme la Cour des comptes, le Conseil d’État, la Cour de cassation, l’état-major militaire, l’Inspection des Finances, etc.»
Cet extrait de La République mondaine, un ouvrage paru en 1975, n’a rien perdu de son actualité. Le club Le Siècle, fondé en 1944, réunit, depuis plus de 65 ans, la quasi-totalité du pouvoir politique, économique, financier ou médiatique français.
Soit environ 600 personnes qui concentrent entre leurs mains l’essentiel du pouvoir. Tout gouvernement, qu’il soit de droite ou de gauche, a du tiers à la moitié de ses membres qui y appartient.
Cette volonté de secret, associée à un contrôle de pratiquement tous les grands médias et de toutes les maisons d’édition, fait qu’aucun ouvrage n’a jamais été consacré au club Le Siècle.
Pour la première fois, « Au cœur du pouvoir » dévoile les arcanes de ce club très secret, que d’aucuns ont comparé à la franc-maçonnerie ou à la Synarchie.
Se fondant sur des centaines de documents internes et confidentiels, « Au cœur du pouvoir » révèle l’itinéraire sinueux de son fondateur, de son empire de presse et d’influence qu’il développa durant un demi-siècle.
Dans une entière indépendance mais aussi une stricte objectivité, il décrit le déroulement de ses réunions et dîners, son système de cooptation, et raconte ce qui s’y trame, s’y noue et s’y décide, de la chute des ministères aux alliances entre banquiers ou capitaines d’industrie. Ce livre n’est pas fait pour juger sommairement du Siècle, de ses membres et de son fonctionnement.
Savoir s’il s’agit d’un « complot » ou non ne présente qu’un intérêt strictement secondaire.
En revanche, ce livre sera d’une grande utilité pour mieux comprendre le sens de telle ou telle nomination, le rachat d’une entreprise par une autre, la montée en puissance d’hommes politiques recrutés très jeunes, le silence des médias sur certains sujets, la solidarité évidente dont bénéficient ses membres, le réseau relationnel et les alliances inhabituelles, etc.
Autant d’éléments que la plupart d’entre eux n’ont jamais souhaité voir exposés au grand public. Et sur lesquels Le Siècle avait jusqu’alors réussi à conserver la confidentialité la plus totale.
« Au cœur du pouvoir » comporte aussi un très important annuaire biographique qui retrace la carrière de ses 2000 membres ou invités du début des années 1970 aux années 2010.
Sources : Breizh-info.com, 2021.
En vente à la librairie Vincent-ex Facta, 115 Avenue de la Bourdonnais 75007 Paris - Téléphone : 01 42 03 48 52
Une date, un évènement : 4 mars 1930, les supplétifs des communistes par P. Vial
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« Compagnons de route » : c'est le terme aimable par lequel les communistes désignent officiellement ceux qu'ils appellent plutôt, entre eux, « les idiots utiles »... C'est-à-dire des gens qui, en mettant, directement ou indirectement, leur nom, leur réputation, leur savoir-faire au service de la cause communiste, fournissent un paravent bien commode, car plus présentable que les éructations du militant lambda. Parfois pour un temps plus ou moins limité mais peu importe : tant qu'ils sont dociles et malléables à souhait, prêts à avaler toutes les couleuvres, on les utilise puis ensuite, si nécessaire — par exemple s'ils ont des états d'âme — on les jette comme un kleenex usagé, au besoin en les traitant de « sociaux-traîtres » (étiquette qui a l'avantage d'être suffisamment vague pour être extensible à l'infini..,).
Les communistes ont toujours cherché à attirer à leurs côtés des intellectuels. Non par goût pour l'intelligence, qui est plutôt un handicap quand on souhaite avoir des séides qui obéissent aux consignes sans hésitation ni murmure, mais parce qu'il est nécessaire, pour appâter des recrues intéressantes, de faire croire que le marxisme séduit des gens dotés en principe d'une raison raisonnante et d'un quotient intellectuel respectable... et donc a une crédibilité et une légitimité dans le domaine de la pensée.
Un bon exemple de ce type de manipulation est fourni par le poète Paul Eluard. Celui-ci a adhéré au Parti communiste en 1927, en même temps qu'André Breton et Aragon. Quand un autre intellectuel communiste, Georges Sadoul, passionné de cinéma, fut condamné pour avoir menacé d'une « fessée publique » le major de promotion de l'Ecole de Saint-Cyr (apparemment après avoir forcé sur la bouteille...), Paul Eluard voulut venger Sadoul en adressant au général Gouraud, gouverneur militaire de Paris, une carte postale où il déclarait : « Je ne reconnais pas aux gens de votre qualité le droit de limiter l'expression de ma pensée, notamment en ce qui concerne la patrie, mot qui n'a pour moi aucun sens quand il ne s'agit pas de l'URSS, patrie des travailleurs ». Très lié à Aragon (qui avait écrit en 1928 « Je conchie l'armée française »), Eluard participa avec lui au Congrès des écrivains révolutionnaires de Kharkov, en septembre 1930, à l'issue duquel il cosigna avec Aragon une déclaration, rapportée à Paris pour être remise à André Breton, où était affirmée la nécessité de subordonner l'œuvre d'art et l'œuvre littéraire « aux besoins du prolétariat ». En 1931 il signa un tract intitulé « Si vous voulez la paix préparez la guerre civile ». Mais, comme d'autres figures du mouvement surréaliste, il finit par devenir suspect aux yeux des communistes et il fut exclu du Parti communiste. Ce qui ne l'empêcha pas de militer, avec un autre « compagnon de route » nommé Picasso, en s'agitant beaucoup au moment de la guerre d'Espagne pour soutenir les rouges.
En 1942 il revint à ses vieilles amours et, poussé par Aragon, demanda sa réintégration au sein du Parti communiste clandestin. Auteur d'un poème intitulé « Liberté » (sic) très largement diffusé, il devint l'un des « auteurs-maison » du Parti communiste et remplit après la guerre son rôle d'idiot utile dans le cadre d'organisations-satellites du PC : délégué au Conseil mondial de la paix en 1949, représentant officiel de l'association France-URSS, etc.
Il n'égala cependant jamais le degré de servilité d'Aragon. Lequel approuvait la terreur stalinienne dans son poème « Vive le Guépéou » et écrivait en 1931 dans Front rouge : « Descendez les flics, camarades [...] Feu sur les ours savants de la social-démocratie ». Organisant, en 1945, la chasse aux sorcières baptisée « Epuration » dans le cadre du Comité national des écrivains, il reçut en 1956 le Prix Lénine pour la paix. Il le méritait bien puisqu'il avait pris soin d'exalter les mérites du Goulag, présenté comme « une extraordinaire expérience de rééducation ».
Pierre Vial
Marie des Bois, la dernière sorcière du Bourbonnais s'en est allée
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- Catégorie : Ils marchent avec nous !
C’est avec émotion que nous avons appris la nouvelle. Marie des Bois, la dernière sorcière du Bourbonnais, nous a quittés le jour même de son anniversaire alors que son astre, la lune, était à son apogée. La voilà en route pour les terres de l’éternelle jeunesse et aussi revêche que puisse être le cocher qui mène la barque à destination, il y a fort à parier qu’elle lui a déjà arraché un sourire par l’une des facéties dont elle avait le secret.
Femme singulière, elle rendait un culte à la pluie, au froid, aux sapins et en tirait une joie de vivre inextinguible. Feu follet incarné, c’est ainsi que nous nous souvenons d’elle. Loquace aussi et ce monde désenchanté, hanté par nos si ternes « semblables », faisait souvent les frais de son ironie mordante. C’est que rien n’échappait à ses yeux verts où brulait intacte la flamme de la plus longue mémoire.
Glaneuse, jardinière, amoureuse de la chasse et de la nature, il n’y avait pire insulte pour elle qu’écolo… ah les faquins, les tristes, les peine-à-jouir ! Elle qui n’aimait rien tant que l’humus, l’onde fraîche, les sous-bois, le vent, elle ne pouvait souffrir ces hommes soja asexués. S’ils étaient restés à leur place encore, chétifs et prostrés derrière leur écran, mais voilà qu’ils avaient en tête de prendre le pouvoir et de lui apprendre à elle ce qu’était le sauvage, de lui interdire les feux de cheminée ou la viande au nom de je ne sais quelle faribole pseudo-scientiste dont sont friands les maîtres de ce monde pour mieux nous cornaquer vers leur enfer aseptisé…
De pleine terre, son œuvre témoigne de sa différence et de sa vision irréconciliable avec ces imposteurs. Elle a rêvé, expérimenté et vécu chacun de ses mots. Il en reste une dizaine d’ouvrages illustrés par son compagnon de toujours Joël Bernabel et traitant de ses thèmes de prédilection tels que la Forêt, Noël, les Gaulois, les Runes et bien sûr… les Sorcières !
Tu nous manqueras Marie, mais nous savons que tu reviendras nous voir à la Samain prochaine. Nous rirons encore une fois avec toi sous la lumière de Séléné au son de la guitare et de la cornemuse, vouant aux gémonies les modernes Savonarole… les curés polonais… les lampadaires… et trinquant aux Dieux… et à la grande Déesse !
Bernard Lenfant
Géopolitique du coronavirus – entretien avec Robert Steuckers
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- Catégorie : GEOPOLITIQUE
Au cœur d’une crise mondiale inédite par son ampleur, Strategika vous propose l’éclairage d’analystes et de penseurs reconnus dans leur domaine d’expertise. Nous avons posé à chacun une série de questions qui portent sur les différents aspects de cette véritable crise de civilisation ainsi que sur ses répercussions politiques, géopolitiques et sociales.
C’est aujourd’hui Robert Steuckers qui nous répond.
Robert Steuckers, né en 1956 à Uccle, est diplômé de l’Institut Maria Haps, lié à l’Université de Louvain, où il a obtenu le Master en langues anglaise et allemande. Il a dirigé un bureau de traduction à Bruxelles pendant vingt ans avant de se consacrer à diverses tâches d’enseignement des langues. Il avait créé le think tank « Synergies européennes » en 1994, qui a organisé des universités d’été en France, en Italie et en Allemagne. Il gère, avec d’autres, le site Euro-Synergies qui affiche près de 17.000 articles de fonds, consultables par tous. Il dispose également d’un compte Twitter Robert Steuckers (@RobertSteuckers) | Twitter alimenté chaque jour. Robert Steuckers est l’auteur de plusieurs livres et essais, notamment la trilogie Europa, véritable somme sur l’identité et l’histoire des peuples européens ainsi que La révolution conservatrice allemande et sur et autour de Carl Schmitt.
Strategika – On lit beaucoup d’éléments contradictoires selon les différentes sources d’information disponibles ou selon les avis des professionnels de la santé. Quelle est la réalité effective de cette pandémie selon vous ?
R. Steuckers - On ne peut exclure une origine naturelle de la pandémie (bien que je reste sceptique à l’endroit de la fable de la manducation du pangolin ou de la chauve-souris) mais on doit aussi accepter de discuter une autre hypothèse : celle d’un acte de guerre bactériologique dirigé contre la Chine, l’Iran et l’Europe, les trois principaux foyers de la maladie. Le virus mutant, car il est mutant paraît-il, pourrait aussi s’être échappé d’un laboratoire chinois ou autre mais alors pourquoi frappe-t-il les principaux rivaux de l’hegemon, quasi à l’exclusion des autres régions du globe ? Si l’hypothèse d’une guerre bactériologique s’avère exacte, nous pourrions établir le scénario suivant : le centre névralgique de la Chine est frappé, son industrie boostée par les délocalisations néolibérales ailleurs dans le monde, surtout en Europe, est ralentie, ce qui a un effet sur sa monnaie, capable, à moyen terme, de supplanter le dollar. De plus, ce ralentissement ou ce sabotage freine la réalisation des fameuses « routes de la soie ». L’Iran, ennemi numéro un de certains cénacles néo-conservateurs, est frappé à son tour, alors qu’il pourrait aisément devenir le principal fournisseur d’hydrocarbures de la Chine et un partenaire commercial très important de l’Europe, comme à la fin du règne du dernier Shah, avec les accords EURATOM notamment. C’est la thèse de Houchang Nahavandi, ancien ministre du Shah et auteur de livres très importants sur l’histoire récente et ancienne de l’Iran, dont je conseille vivement la lecture.
En Europe, les calamités s’abattent sur les maillons les plus faibles et sur le moteur principal de l’économie européenne, l’Allemagne. La Grèce doit affronter la crise des réfugiés sur sa frontière thrace, alors que sa santé économique et financière est vacillante depuis une dizaine d’années, suite à la crise de 2008. Elle échappe encore en gros au coronavirus mais… Wait and see… L’Italie, rappelons-le, avait signé des accords spéciaux, faisant d’elle le tremplin de la Chine dans l’UE. L’Espagne a reçu également la crise de la pandémie de plein fouet parce qu’elle est aussi une économie fragilisée qui risque d’aboutir à la ruine du projet européen, favorisé par les Etats-Unis dans les années 1940 et 1950, puis jugé concurrentiel et posé, notamment par la doctrine Clinton, comme « alien », c’est-à-dire comme ennemi potentiel, sinon ennemi déclaré. La France est frappée elle aussi, même si, officiellement, elle est considérée comme alliée depuis Macron, président formaté intellectuellement par une école américaine. Elle est vidée progressivement de ses fleurons industriels (Alsthom, Latécoère,…) et lourdement infestée par le coronavirus, tout simplement parce que l’hyperlibéralisme qui l’anémie depuis la présidence de Sarközy, a sabré dans les secteurs non marchands, dont le secteur médical. Sans un secteur médical fort, bien charpenté, prévoyant toutes formes de pandémie, y compris celles qui pourraient être déclenchées par une frappe bactériologique, un pays est la cible idéale pour ce type d’opération.
La « dé-gaullisation » de la France, depuis Sarközy, constitue le démantèlement d’un Etat qui avait des réflexes clausewitziens, voulu par le militaire De Gaulle, du moins dans ses écrits théoriques, dans l’influence qu’avait exercé Raymond Aron, grand spécialiste du stratège allemand du 19ème siècle, dans sa praxis originale des années 60, laquelle pouvait être décrite comme un modèle de « troisième voie » entre les deux blocs de la guerre froide. C’était une réponse aux impérities de la 3ème République, fustigées par Simone Weil à Londres avant sa mort en 1943, et à la gabegie politicienne et vasouillante de la IVème. Ces types de régime gèrent à la petite semaine et ne prévoient rien, ce qui entraîne l’incapacité de décider aux moments opportuns ou de faire face à des catastrophes imprévues, comme une pandémie. Le « suicide français », décrit par Eric Zemmour est justement ce démantèlement progressif de l’Etat clausewitzien , avec tous ses dispositifs mis en place qui prévoyaient toujours le pire, que voulait être la Vème République dès sa proclamation et surtout dans les années 1963-69.
La morale de cela, c’est que tout Etat ou groupe d’Etat, doit impérativement, s’il veut survivre aux manigances de ses ennemis (car il y a toujours un ennemi, disait Julien Freund), conserver ses atouts industriels et refuser les délocalisations et les fusions avec des firmes étrangères, garder des infrastructures médicales solides et un système scolaire/universitaire performant.
En Allemagne, les dispositifs prévus pour une pandémie ont été conservés, ce qui explique une meilleure gestion de la crise du coronavirus. Cependant, l’avenir de l’Allemagne n’est pas rose : les flots de réfugiés qui se sont installés sur son territoire ruinent le système de sécurité sociale exemplaire qui y avait été instauré dans l’après-guerre et génèrent du désordre à n’en plus finir dans les rues des villes ; le partenaire principal de l’industrie allemande est la Chine aujourd’hui mais cette dépendance est fragile, les Chinois finissant toujours par produire eux-mêmes ce dont ils ont besoin, notamment des automobiles. L’industrie allemande a trop parié sur l’exportation de ses excellentes automobiles, sans imaginer que ce flux pourrait un jour se tarir. Par ailleurs, le tandem gazier germano-russe est dans le collimateur de l’hegemon : les entreprises européennes qui contribueraient à l’achèvement du gazoduc Nord Stream 2 sont directement menacées de procès par la « justice » américaine ou de confiscation de leurs avoirs dans les banques d’Outre-Atlantique. L’affaire Frédéric Pierucci, cadre d’Alsthom, illustre bien quel est ce risque, notamment dans le livre témoignage que ce cadre a rédigé après son emprisonnement aux Etats-Unis, « Le piège américain ».
Enfin, l’Allemagne connait une crise politique sans pareil dans son histoire d’après 1945. Les partis qui ont été les porteurs de la République Fédérale depuis le miracle économique et depuis la réunification suite à la disparition du Mur de Berlin, sont en chute libre. La SPD socialiste n’est plus que l’ombre d’elle-même ; la CDU, véritable pilier du pays, connaît des tassements problématiques et perd ses billes dans tous les Länder de l’ancienne RDA. Ce tassement ou ce déclin n’est pas une exception en Europe : les chrétiens-démocrates italiens ont disparu de la scène depuis longtemps déjà ; le PPE espagnol est en liquéfaction, ce qui permet aujourd’hui à une fausse gauche, en dépit des étiquettes, de mal gouverner le pays en crise et face à la pandémie ; les deux partis chrétiens-démocrates belges sont également en voie de disparition. Ces effacements démocrates-chrétiens et socialistes interpellent : une autre normalité politique est en voie de constitution mais on ne sait pas encore quels contours elle prendra. Seul Orban maintient sa forme hongroise de démocratie chrétienne en état de fonctionnement, obtenant simultanément un certain consensus dans son pays mais est fustigé voire ostracisé par les instances eurocratiques qui font pression pour qu’il soit exclu de tout.
Le déclin allemand est inéluctable, contrairement à ce que l’on croit généralement en France aujourd’hui, où certains cercles agitent à nouveau le spectre d’un pangermanisme offensif. Outre-Rhin, la littérature contestatrice du système est florissante et n’est plus réduite à des marges de gauche ou de droite mais provient désormais des plus hautes sphères économiques ou intellectuelles. Il faudra y revenir car les arguments avancés par ces contestataires se marieraient très bien avec les critiques de l’eurocratie en vogue en France. C’est un thème excellent pour Strategika !
Si la pandémie frappe depuis peu les Etats-Unis, dont le système hospitalier laisse beaucoup à désirer, on pourra arguer que l’hypothèse, qui n’est qu’une hypothèse, que j’ai esquissée ici est erronée puisque l’hegemon, accusé d’avoir déclenché une guerre bactériologique, serait exonéré de cette accusation, vu qu’il est lui-même frappé par la pandémie. Mais toute opération bactériologique a ceci de particulier, c’est que la première victime peut aisément renvoyer la balle et répandre l’agent perturbateur chez l’envoyeur.
Strategika – Cette pandémie précède-t-elle un effondrement économique et systémique ?
R. Steuckers - Je le pense. D’abord, le confinement ralentit l’industrie dans un système qui ne tolère aucune pause. Pour Carl Schmitt, le monde globalisé par la volonté de Roosevelt dans les années 1930 et 1940, relève de l’élément « eau », puisque l’hegemon bâti par ce président américain est une thalassocratie idéologiquement libérale : nous naviguons donc sur cet immense océan symbolique et sur les flux de marchandises et de communications contrôlés au départ par la puissance navale américaine : qui fait du sur-place dans un tel contexte coule, tout simplement, écrivait Carl Schmitt dans son Glossarium (non encore traduit). Ensuite, j’ai toujours pensé que la crise de 2008, plus profonde qu’on ne l’a cru jusqu’ici, n’a pas vraiment été résolue : on a colmaté les brèches en permanence par toutes sortes d’artifices, on en a freiné les effets pendant douze ans. Ces manœuvres de rafistolage prennent fin. Et on va mettre sur le compte du virus l’implosion définitive du système pour que les peuples ne cherchent pas à désigner des coupables.
Strategika – Plus de 3 milliards de personnes sont appelées à se confiner dans le monde. Pour la première fois de son histoire, l’humanité semble réussir à se coordonner de manière unitaire face à un ennemi global commun. Que vous inspire cette situation ?
R. Steuckers - Cette situation est effrayante parce que si pandémie il y a, indubitablement, elle n’est pas beaucoup plus explosive, du moins jusqu’ici, que les grippes saisonnières habituelles. Le virus semble certes plus virulent que celui des autres grippes, plus résilient une fois expectoré hors d’un corps humain et plus agressif sur le système respiratoire des patients les plus faibles, dont le système immunitaire est fragilisé par d’autres pathologies. Nous sommes face à une situation comparable à celle de 1968 et 1969-70 où un virus grippal avait tué, à un certain moment, jusqu’à 4000 personnes par semaine rien qu’en France ! En 2018, du 26 février au 4 mars, 2.900 personnes décèdent de la grippe saisonnière en Belgique, en une seule petite semaine !
Les hypothèses qui disent que les cercles dominants orchestrent une panique pour installer un système dictatorial, panoptique, vecteur d’une surveillance universelle et ubiquitaire, sont à prendre au sérieux. Le comportement moutonnier des citoyens est ahurissant dans un tel contexte, alors qu’il est patent que les sphères dirigeantes ont intérêt à promouvoir un tel système : l’Italie de Salvini ou même l’Italie post-Salvini est un pays imprévisible qu’il faut mater ; la France des gilets jaunes qui refuse l’hyperlibéralisme qu’on veut lui imposer mérite, à leurs yeux, une punition sévère et l’Allemagne qui hue Merkel à chacune de ses apparitions publiques doit également être châtiée, d’autant plus qu’elle se chauffe au gaz russe et fait tourner son industrie, automobile et autre, avec ces mêmes hydrocarbures poutiniens.
Nous sommes arrivés à l’ère du « Surveiller et punir » planétaire dont l’Europe sera la principale victime car les Chinois et les Iraniens sont davantage prêts à accepter les coûts humains et possèdent des capacités de résilience supérieures aux nôtres, qu’ils puisent dans la religion chiite ou confucéenne ou dans l’idéologie communiste revue et corrigée, tant et si bien qu’elle ressemble davantage aux projets constructifs de Frédéric List au 19ème siècle et aux projets que celui-ci a inspirés aux idéologues du Kuo MinTang, militant d’une renaissance chinoise après le « siècle de la honte », où le Céleste Empire était tombé en une profonde déchéance.
Strategika – Cette pandémie va-t-elle forcer l’humanité à se doter d’un gouvernement mondial comme le préconisait Jacques Attali lors de la pandémie de grippe A en 2009 ?
R. Steuckers - Attali formule du moins le projet et il y a des traces de cette vision messianique dans bon nombre de ses écrits antérieurs. Par ailleurs, dans un ouvrage traitant du monde vu par la CIA, il y a une dizaine d’années, Alexandre Adler évoquait une pandémie comme accélératrice d’une mondialisation amplifiée sinon définitive. Je ne vois cependant pas la Chine de Xi Jinping et la Russie de Poutine s’embarquer dans un tel projet. Sans parler de l’Iran…
Strategika – En 2009 toujours, Jacques Attali expliquait que « l’Histoire nous apprend que l’humanité n’évolue significativement que lorsqu’elle a vraiment peur ». Que vous inspire cette idée ?
R. Steuckers - Cette idée est une idée générale. Quasi une lapalissade. Mais si Attali, chantre du projet globalisateur en voie de réalisation, l’évoquait en 2009, c’est qu’une ingénierie sociale et médiatique bien orchestrée pouvait, le cas échéant, créer de la peur pour faire aboutir un projet tel celui dont il rêve depuis longtemps. Cette création d’une panique globale est ce à quoi nous assistons aujourd’hui. Mais Attali est désormais un vieux gourou, de l’âge de tous ceux à qui il souhaite la mort pour que les gouvernements hyperlibéraux n’aient pas à payer des retraites. Cependant, le nouveau gourou mondial s’appelle Yuval Noah Harari, célèbre pour deux bestsellers que l’on retrouve en toutes langues dans toutes les librairies du monde, surtout dans les grandes gares et dans les aéroports, là où passent ceux qui nomadisent à grande ou à petite échelle. Le 20 mars 2020, cet Harari publie un long article dans le Financial Times (https://amp.ft.com/), où le programme mondialisateur en cours est présenté sur un mode plaisant et attrayant, comme d’habitude : on ne peut reprocher ni à Attali ni à Harari d’avoir un style ennuyeux, incapable de capter l’attention de leurs lecteurs. Harari constate qu’avec le coronavirus, il y a urgence (emergency) et que toute urgence est « un processus historique accélérant ». Ensuite, je cite : « Les décisions en temps normaux, qui peuvent prendre des années de délibération, sont prises en quelques heures (…). Des technologies non encore entièrement développées voire dangereuses sont mises en œuvre, parce que les risques sont plus élevés si on ne fait rien (…). Des pays entiers servent de cobayes à grande échelle pour des expérimentations sociales ». Harari évoque alors un monde où il n’y aura plus que du télétravail et surtout du télé-enseignement: le confinement, que nous subissons, semble alors une étape préparatoire à cet avenir de réclusion complète, concocté dans les hautes sphères dominantes. Harari évoque aussi le monitoring général de l’humanité, assorti de punitions pour les récalcitrants. Il est quelque peu lyrique en disant qu’aujourd’hui, les gouvernements sont plus forts que le KGB soviétique car ils disposent maintenant de « senseurs ubiquitaires et d’algorithmes puissants ». Le coronavirus, ajoute-t-il comme s’il voulait apporter de l’eau à notre moulin, a d’ores et déjà permis de déployer un tel arsenal inédit dans l’histoire de l’humanité, notamment en Chine où l’Etat se manifeste en permanence à travers les smartphones de ses citoyens, utilise la reconnaissance faciale à très grande échelle et peut déterminer quel est l’état sanitaire de chaque Chinois par des appareils destinés à vérifier leur fièvre, que n’importe quel policier peut trimbaler et utiliser sur les voies publiques. L’étape suivante nous est également révélée par l’article d’Harari : les sentiments, comme la colère ou la joie, sont des phénomènes biologiques au même titre que la fièvre ou la toux : on peut donc les détecter et les manipuler au départ des mêmes instruments qui servent à repérer dans les rues de Chine les fiévreux potentiellement « coronavirusés ». Enfin, Harari dévoile l’objectif final, quasi messianique, bref la parousie enfin en advenance : la « coopération globale », seule planche de salut contre le virus qui doit nous induire tous à opter pour « un esprit globaliste », rendant inutile les réflexes locaux ou nationaux. En d’autres termes, Harari opte pour une humanité radicalement différente de celle qu’avait préconisée en son temps Claude Lévi-Strauss : celui-ci voulait autant de modèles humains qu’il en existait encore sur la planète quand il s’adonnait à ses recherches en ethnologie, voulait promouvoir un « esprit ethnopluraliste » pour que l’homme ait à sa disposition de nombreux modèles possibles à imiter ou à assimiler en cas de blocage ou d’effondrement du modèle auquel il avait auparavant appartenu, dans lequel plusieurs générations de ses ancêtres avaient vécu. L’humanité devait être plurielle pour cet ethnopluralisme lévi-straussien. Pour Attali et Harari, cela ne semble pas être le cas. J’ai, je ne vous le cache pas, la nostalgie du projet de Lévi-Strauss.
Strategika – Comment voyez-vous l’évolution de la pandémie et ses conséquences politiques et sociales dans les semaines à venir ?
R. Steuckers - Je pense que l’on suscitera la panique au moins jusqu’à la mi-mai, jusqu’au moment où le ralentissement des industries européennes aura des conséquences irréversibles et que la crise sera là, bien palpable, avec un nombre incalculable de faillites dans les PME (petites et moyennes entreprises). La crise sociale en France s’accentuera et le mouvement des gilets jaunes reprendra vigueur et de plus belle. Les autres pays européens suivront, Allemagne comprise. Ensuite, le confinement finira par agacer les plus patients d’entre les autochtones et par provoquer des émeutes dans les quartiers à risque car le Ramadan commence fin avril et s’étendra jusqu’à la fin du mois de mai. Il y a plus grave : le mondialisme globalitaire vise l’éradication de la culture européenne, dont le symbole le plus patent et le plus spectaculaire fut l’incendie de Notre-Dame de Paris. Le confinement a entraîné un premier sabotage de la liturgie implicite de notre civilisation : les vacances de Pâques et les festivités pascales, dont la semana santa espagnole, seront effacées pour la première fois depuis des siècles, de même que le cycle printanier de mai, avec les fêtes religieuses assorties des communions, prétextes à des fêtes de famille qui soudent la société. Suite à ce sacrilège, car il faut bien l’appeler ainsi, le cycle des vacances estivales sera très probablement bouleversé, alors qu’il est une tradition séculaire, ponctué de fêtes également. L’humanité de notre sous-continent sera perturbée en profondeur, ébranlée psychologiquement, avec effets somatiques et psychologiques. C’est là le risque le plus effrayant dans l’immédiat car, une fois enclenché le sacrilège de briser notre liturgie millénaire, il y aura en permanence le risque de le rééditer. Mais même la rupture du cycle rituel liturgique, hérité de Rome, pendant une année seulement est annonciatrice de catastrophes : jamais on avait osé cela.
Strategika – Existe-t-il une issue politique à la situation que vous venez de décrire et quelle forme pourrait-elle prendre selon vous ?
R. Steuckers - Une issue politique, véritablement politique au sens où l’entendaient Carl Schmitt et Julien Freund, n’est possible que par un coup de force, une épreuve cruellement conflictuelle. Par un bouleversement pareil à la révolution russe de 1917. Or nous ne sommes plus dans les années 1920 ou 1930 où des millions de soldats revenaient du front et n’avaient pas peur d’encaisser des coups ou de mourir face aux balles de régimistes ou d’adversaires politiques. Qui plus est, on ne brise plus un régime aujourd’hui avec de simples fusils, munis de baïonnettes. Les Etats sont dotés d’armes plus sophistiquées, que l’on ne peut pas acheter au magasin du coin, même aux Etats-Unis. Ils disposent de « senseurs ubiquitaires et d’algorithmes puissants », pour paraphraser Harari. De nos jours, il y a des drones, des caméras, des centres cachés si bien qu’il ne suffit pas de prendre la Grande Poste comme à Dublin en 1916, ou la radio à Moscou en 1993, face aux blindés d’Eltsine. Notre humanité est bien trop adoucie par des décennies de « libéralisme » (ou de festivisme) pour oser une telle aventure.
La seule forme qu’une réaction pourrait prendre serait un glissement vers l’illibéralisme à la Orban ou à la Poutine, sans répéter le stupide clivage gauche/droite car l’ennemi de tous est unique : il s’agit de l’hyperlibéralisme induit dans nos sociétés par le tandem Thatcher-Reagan à partir de 1979. Or à gauche, on conserve de lourds réflexes hostiles au politique et, à droite, on a toujours tendance à sombrer dans une forme ou une autre de libéralisme. Ce sont là les écueils à éviter, en faisant appel à une imagination métapolitique qui fondrait les corpus opposés en une nouvelle synthèse, où les principes de la justice sociale et du suum cuique sont respectés.
Strategika – Comment liez-vous la crise actuelle à votre domaine d’expertise et votre champ de recherche ?
R. Steuckers - Je ne suis pas un expert mais un observateur engagé. La crise actuelle, pour moi, est l’aboutissement de la crise freinée de 2008 et, mais je peux me tromper, un coup de force bien ciblé, perpétré par un acte de guerre bactériologique qui vise à anéantir la puissance économique européenne (le seul mode de puissance qui restait à notre sous-continent), le challengeur chinois, à ruiner le projet des « routes de la soie », avec l’appui continu d’une orchestration médiatique planétaire. Nous sommes dans des guerres hybrides ou des guerres de quatrième génération, c’est-à-dire des guerres où l’on n’aligne plus des armées de chars et de fantassins mais où l’on applique savamment des stratégies indirectes. L’Europe, constataient déjà certains observateurs dans les années 1990 et 2000, était la moins bien préparée à manier les outils médiatiques et culturels de cette guerre de nouvelle dimension : c’était diantrement vrai et elle en paie lourdement les conséquences aujourd’hui. Si son projet avait été clausewitzien au lieu de néolibéral, elle n’en serait pas là…
Sources : Strategika ( 6 avril 2020 )
- Texte d'hommage à Jean Haudry, héraut de la tradition indo-européenne
- Les Pages nordiques de Robert Steuckers
- Urga, Le pays de Ungern
- Il y aura 150 ans le 18 Mars 1871 ils se soulevaient : quels enseignements en avons nous tirés ?
- Wonders Of Nature - Higland Echoes (Album complet)
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