Si vous cherchez des livres sur la Seconde Guerre mondiale et plus précisément sur les grandes figures militaires de celle-ci, la biographie de Von Rundstedt, maréchal allemand et personnage majeur de l’armée allemande durant ce conflit, vient de paraître.
Une première en français, pour un maréchal qui n’a laissé ni livre, ni gros écrits pour pouvoir reconstituer son parcours. Laurent Schang s’est donc attelé à un travail de fourmi, qui mérite d’être souligné, et distingué.
Von Rundstedt, aristocrate prussien, ancien combattant de la Grande Guerre et doyen des forces armées allemandes, prit part aux principales campagnes européennes du conflit, à la fois comme concepteur et exécutant des plans d’invasion. La Pologne en 1939 c’est lui, la France en 1940, c’est encore lui en grande partie, de même que la Russie en 1941. La suite, c’est celle d’un soldat qui obéit aux dirigeants de son pays, et notamment à Hitler, ni plus, ni moins.
Nous avons interrogé Laurent Schang au sujet de son ouvrage, en espérant que cette interview vous donne envie de vous procurer cet ouvrage, passionnant et instructif.
Breizh-info.com : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Laurent Schang : 45 ans, né et vivant en Lorraine. Mon nom peut prêter à confusion mais il vient du Platt, le dialecte germanique local. J’ai à mon actif, outre ce Von Rundstedt, le maréchal oublié, une biographie du Fondateur de l’aïkido, Morihei Ueshiba, et quatre recueils de récits : Constat d’Occident ; Kriegspiel 2014 ; France-Garde royale prussienne 0-1 et Le bras droit du monde libre, suivi de Biggles chez les Rhodésiens. Quand je ne suis pas à mon travail, j’anime les Éditions Le Polémarque, une microstructure spécialisée dans la tactique et la stratégie. Je suis également membre du comité de rédaction du magazine Éléments, un magazine d’idées vendu en kiosque, dans lequel je traite des questions militaires.
Breizh-info.com : Qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser à Von Rundstedt ?
Laurent Schang : Rendons à Dieu ce qui est à Dieu, et à Yannis Kadari ce qui est à Yannis Kadari. C’est lui qui m’a proposé, il y a près de six ans maintenant, d’écrire pour la collection « Maîtres de guerre » qu’édite la maison Perrin. Le directeur de la publication de Caraktère (Ligne de Front, TNT, Batailles & Blindés…) avait plusieurs noms à me suggérer et parmi eux j’ai choisi celui de Rundstedt sans l’ombre d’une hésitation. Au fil du temps, le projet a pris de l’ampleur et d’une monographie, on est passé à une biographie en bonne et due forme. Ce qui explique que le livre paraisse aujourd’hui hors collection. Pourquoi Rundstedt ? Comme tous les passionnés de la Deuxième Guerre mondiale, son nom ne m’était bien sûr pas inconnu : sa contribution contrastée à la campagne de France, son action (ou son inaction) lors du débarquement de Normandie, l’offensive des Ardennes à laquelle son nom est souvent associée – au grand dam de l’intéressé. Mais, sorti de ces généralités, il faut bien avouer que le lectorat français ne sait presque rien de Rundstedt. Son pedigree, son cursus, ses états de service en 14-18 ou sous la république de Weimar ne sont pas plus connus du grand public que son rôle exact dans l’établissement et l’exécution des plans « blanc » (contre la Pologne) et « jaune » (contre la France), sa participation à « Barbarossa » ou les trois années au cours desquelles il occupa le poste de commandant en chef des troupes d’occupation en France.
Pour résumer, son nom apparaît dans tous les livres ayant trait à la Deuxième Guerre mondiale en Europe, sans jamais que les projecteurs soient braqués sur lui. Cela alors que Rundstedt a fait l’objet en Angleterre, dès 1974, d’une monographie signée John Keegan, s’il vous plaît, suivie en 1992 d’une biographie de Charles Messenger, certes très factuelle – à l’anglo-saxonne – mais bourrée d’erreurs et d’approximations. Sans parler de l’hagiographie que lui consacra son ancien chef d’état-major, le général Blumentritt, en 1952, toujours en anglais et sur laquelle je reviens en détail dans mon livre. Autant de raisons de me pencher plus attentivement sur le cas Rundstedt.
Breizh-info.com : Quels ont été ses principaux faits d’armes ? Peut-on dire que ce fut un grand soldat ?
Laurent Schang : Son premier fait d’armes authentifié, Rundstedt l’accomplit en 1914, durant la bataille de la Marne, lorsqu’il remplace au pied levé son supérieur direct, le général von Gronau, dans les combats de Monthyon, sur l’Ourcq. Là, le jeune officier subalterne qu’il est encore fait la démonstration de ses qualités d’officier breveté d’état-major en prenant le commandement de la 22e Division de réserve (1re Armée du général von Kluck), alors en grande difficulté. Après, pour un général comme Rundstedt, placé à la tête de groupes d’armées dès la campagne de Pologne, je ne sais si l’on peut parler de fait d’armes à la manière d’un Rommel ou d’un Manstein. C’est une des particularités de la carrière de Rundstedt : sa position hiérarchique a fait qu’il n’a jamais été un « général de l’avant », même s’il n’a pas craint de s’exposer physiquement à diverses reprises, notamment au cours de la campagne de France.
Un rôle ingrat en quelque sorte, si une « belle guerre » se définit par les exploits qu’on y réalise. Rundstedt est tout de même, assisté de ses adjoints Blumentritt et Manstein, à l’origine du plan « blanc », qui permit à l’Allemagne de vaincre la Pologne en 18 jours – une campagne qui ne fut pas une promenade de santé, en dépit de la disproportion des forces en présence. Il est pour beaucoup aussi dans la conception du plan « jaune », toujours avec l’assistance du duo Blumentritt-Manstein, même si je suis de ceux qui considèrent, documents d’époque à l’appui, que Manstein a grandement exagéré son propre rôle dans la mise au point de ce plan (le fameux « coup de faucille »).
Les prises de position de Rundstedt durant la campagne de France, alors qu’il commandait le groupe d’armées « A », autrement dit le fer de lance de l’offensive allemande, méritent elles aussi d’être réévaluées, ce que je me suis efforcé de faire dans le livre. S’il a eu très tôt tendance à vouloir freiner ses subordonnés, on ne peut lui imputer l’entière responsabilité de l’opération « Dynamo » de rembarquement des Alliés à Dunkerque, comme on le lit trop souvent. Au contraire, sa façon de commander, laissant le plus d’initiatives possibles à ses généraux malgré ses appréhensions, ce qu’on appelle dans le jargon l’Auftragstaktik, a beaucoup contribué au succès de la campagne. Lors de l’opération « Barbarossa », Rundstedt est, à la tête du groupe d’armées « Sud », celui qui engrange le plus de résultats. Paradoxalement, il me semble que son principal fait d’armes sur ce théâtre n’est pas tant la prise de Kiev ou la victoire d’Ouman que sa claire conscience des efforts inhumains demandés à ses armées par le haut commandement et donc, sa décision de stopper l’offensive de son propre chef, au mois de novembre 1941.
Une décision qui lui valut d’être une première fois limogé par Hitler, même si celui-ci reconnut après coup que Rundstedt avait eu raison sur le moment. Il y a bien encore sa résistance efficace à Arnhem et surtout à Aix-la-Chapelle à l’automne 1944, mais à cette date, la cause était déjà entendue. Ses faits d’armes s’arrêtent là.
Un grand soldat, par les postes qu’il occupa, oui, assurément. Un grand soldat comme on dit d’untel qu’il fut un grand chef de guerre, c’est plus douteux.
Breizh-info.com : Quelles relations ce général entretint-il avec le régime nazi, idéologiquement ?
Laurent Schang : Les relations on ne peut plus typiques d’un général ayant fait ses classes sous l’empire wilhelmien, doublé d’un fils de la plus ancienne noblesse prussienne – une noblesse désargentée et dépourvue de domaine –, avec un régime plébéien, « païen » et dirigé par un despote sorti du ruisseau. On peut affirmer sans risquer de se tromper que Rundstedt était sur le plan idéologique un conservateur de stricte obédience. Monarchiste et patriote cela va de soi, protestant bon teint, bismarckien en matière de politique extérieure (d’où sa réticence à attaquer la Russie), et pour qui les intérêts de l’Allemagne se confondaient avec ceux de son armée. Antisémite, rien ne l’atteste, sauf à admettre que Rundstedt partageait l’antisémitisme traditionnel, « culturel » (sans connotation raciale particulière), du corps des officiers. Par excellence l’homme de sa caste, Rundstedt en imposait, tous les témoignages se recoupent sur ce point, par sa raideur physique, sa parfaite correction et son attitude réservée.
Une apparence de statue du commandeur qui explique la rare déférence avec laquelle Hitler le traita toujours. Rundstedt, de son côté, ne ressentait que mépris et aversion pour Hitler et ses suivants, y compris et surtout ceux issus comme lui de l’armée impériale : les Keitel, Jodl, Reichenau. Le Troisième Reich ne pouvait constituer à ses yeux qu’un pis-aller pour l’Allemagne, faute d’obtenir le retour de l’empereur, et comme beaucoup de généraux, il crut dans un premier temps qu’Hitler servirait utilement la cause de l’armée. Son programme de réarmement, ses ambitions diplomatiques n’étaient certes pas pour déplaire à Rundstedt après les années de vache maigre (la Reichswehr de 100 000 hommes) de la république de Weimar. Qu’aurait-on fait de lui ensuite, les généraux n’en savaient sans doute rien eux-mêmes. Cette confondante erreur d’appréciation – ne pas avoir vu que Hitler allait les instrumentaliser et non l’inverse – fut aggravée par le fait que la majorité des généraux n’avaient nullement l’intention de se salir les mains, à commencer par Rundstedt.
Dans le livre, je raconte comment, toutes les fois que Rundstedt eut l’occasion d’infléchir le cours des événements, il se réfugia derrière son uniforme pour ne pas avoir à se mêler de politique. Des trois armes, l’armée de terre fut encore la moins imprégnée par l’idéologie nationale-socialiste, bien qu’il faille relativiser la chose au fil des ans et du renouvellement des cadres. Il n’empêche que les généraux s’accommodèrent assez vite du régime dans leur ensemble, Rundstedt y compris, dès lors que les couches populaires étaient tenues en laisse et que l’armée reprenait des couleurs.
Non, ce qui frappe quand on étudie cette période, c’est de voir combien, jusqu’à l’été 1940, la plupart des généraux, et notamment ceux de la vieille école comme Rundstedt, au lieu de soutenir Hitler dans ses projets, rentrèrent la tête dans leurs épaules ou cherchèrent à le dissuader d’aller plus loin. C’est dire si la finalité du régime nazi leur avait échappé.
Breizh-info.com : Finalement, ne peut-on pas dire que von Rundstedt a été un général contre son temps ? Qu’est-ce qui a causé sa perte ?
Laurent Schang : Rundstedt ne fut pas du tout un général contre son temps s’il s’agit d’apprécier son attitude de 1933 à 1945. Il fut toute sa vie un soldat loyal, le doigt sur la couture du pantalon. Tout au plus peut-on évoquer l’ordre qu’il envoya à Kleist de se replier à l’ouest de Rostov-sur-le-Don et son offre de démission, qu’il mit dans la balance pour obtenir gain de cause. On connaît aussi sa réponse cinglante à Keitel à la fin du mois de juin 1944, d’ailleurs contestée par Blumentritt : « Qu’allons-nous faire ? Faites la paix, bande d’idiots ! ». Réponse qui lui aurait coûté son deuxième limogeage. À part ces deux sursauts, on ne trouve pas dans sa biographie la moindre opposition frontale à Hitler. Rundstedt était résigné et comme il le dira lui-même, il n’y avait pas dans son esprit de débat possible : en temps de guerre, servir l’Allemagne et servir le régime ne faisaient aucune différence, à partir du moment où Hitler était le chef suprême des armées.
Du reste, quand celui-ci le rappela fin août 1944, Rundstedt obéit sans discuter. « Zucht und Ordnung » : « Discipline et Ordre », si deux mots le caractérisent, ce sont bien ceux-là. Du point de vue du mode de commandement, Rundstedt fut là aussi en parfaite adéquation avec son temps : un Generalfeldmarschall qui donne les grandes orientations et qui laisse ses adjoints régler les détails. S’il fut contre son temps en quelque chose, c’est dans l’emploi des chars, et encore, puisqu’il admit tout de même assez tôt – avant la guerre – leur utilisation en masse et en pointe. Officier à l’ancienne, Rundstedt était tout simplement sceptique face à cette innovation doctrinale majeure, et il était loin d’être le seul parmi les généraux. Quant à la controverse qui l’opposa à Rommel, début 1944, au sujet du positionnement des Panzerdivisionen en prévision du débarquement, on est plus dans le registre de la divergence tactico-opérationnelle que dans le rejet pur et dur des blindés, ce qui aurait été une ineptie après six années de guerre et l’expérience acquise par Rundstedt depuis la Pologne. Je développe la question dans le livre.
Peut-on parler de sa perte ? Son troisième et dernier limogeage, au mois de mars 1945, doit peu à son commandement et beaucoup à la situation désespérée du Troisième Reich. Rundstedt ne fut ni mis aux arrêts, ni conduit au suicide, ni exécuté sommairement. Déjà familier des sanatoriums à cause de ses problèmes de santé récurrents, il se contenta de partir en convalescence à Bad Tölz, où il avait ses habitudes, en attendant que les Alliés vinssent l’y cueillir, le 1er mai 1945. Sa fin fut triste, je la raconte, mais dans le fond, elle fut assez conforme à ce qu’avait été sa vie.
Breizh-info.com : Comment est-il perçu aujourd’hui en Allemagne dans les mémoires, dans un pays où la repentance est particulièrement exacerbée, y compris aujourd’hui ?
Laurent Schang : Il me semble assez significatif que le nom de Rundstedt n’ait jamais été utilisé pour baptiser une caserne de la Bundeswehr, contrairement à d’autres généraux de la Wehrmacht. Ici encore, sa position hiérarchique – travaillant en relation directe avec Hitler sans être un proche – l’a sans doute desservi. Il s’en est fallu de peu qu’il soit jugé à Nuremberg, en tant que chef de guerre mais aussi en tant que chef des troupes d’occupation, et son nom reste entaché par les crimes commis sous son commandement, sinon sous ses ordres, aussi bien à l’Est (Pologne, URSS) qu’à l’Ouest (France, Pays-Bas).
Seule sa qualité de doyen de la Wehrmacht (70 ans en 1946) lui a épargné un procès. Par ailleurs, le fait qu’il ait toujours refusé de discuter avec les cercles militaires hostiles au régime nazi, que ce soit en 1938 ou en 1944, ne plaide pas en sa faveur, même s’il est facile de juger la conduite d’un homme, qui plus est d’un homme d’ordre, a posteriori. Quand on aborde une telle figure, immergée dans une telle période, il ne saurait s’agir de séparer le bon grain de l’ivraie. Pour faire simple, ni son acceptation tacite des crimes de masse commis à l’Est dès juillet 1941, ni son rôle de président de la cour d’honneur, qui consistait à expulser de l’armée les officiers impliqués dans l’attentat du 20 juillet 1944, les conduisant à une mort certaine – rôle qu’il aurait pu refuser – ne permettaient aux soldats de la RFA d’ériger Rundstedt en modèle. Que sa biographie, pourtant écrite par Blumentritt, n’ait jamais été publiée en allemand, est un autre signe de l’oubli dans lequel Rundstedt est tombé dans son propre pays.
Étant donné ce que nous savons de son caractère modeste et ironique, je suis tenté de penser que cette situation lui aurait convenu. Cela aura au moins permis d’éviter que sa pierre tombale soit vandalisée, contrairement à celle du Maréchal Model. Jusqu’à présent en tous les cas.
Breizh-info.com : Auriez-vous des livres, des films, que vous conseilleriez sur la période ?
Laurent Schang : La littérature ne manque pas sur la période qui court, disons, de 1892, année de l’entrée de Rundstedt dans l’armée allemande, à 1945. Pour les chercheurs, les locuteurs de l’allemand et de l’anglais sont clairement favorisés, mais l’amateur trouvera, je pense, son compte avec les quelques titres que je vous propose, tous faciles à se procurer dans le commerce. Sur le plan théorique, La pensée militaire allemande d’Eugène Carrias reste une bonne base de travail, bien que le livre soit un peu daté aujourd’hui. On y ajoutera avec un énorme profit La pensée militaire prussienne de Jean-Jacques Langendorf, qui fait pratiquement le tour de la question, de Frédéric II à Schlieffen. Concernant le développement de l’arme blindée au sein de l’armée allemande, les deux livres de Heinz Guderian, Achtung-Panzer ! et Panzer Leader, sont des indéboulonnables, à condition de parler anglais. Ceux qui ne le pratiquent pas se consoleront sans regret en lisant ses mémoires : À la tête des Panzer,Souvenirs d’un soldat, un gros volume récemment réédité. Pour l’entre-deux-guerres et l’évolution des rapports entre les militaires et les politiques en Allemagne, je conseille de lire Le Drame de l’armée allemande de John W. Wheeler-Bennett. Le livre peut paraître daté (1955) mais c’est une mine d’informations toujours valables aujourd’hui. La remarque vaut aussi pour les deux tomes de la monumentale Histoire de l’armée allemande de Jacques Benoist-Méchin.
En complément, dans un registre plus littéraire, je recommande le magnifique Hammerstein ou l’intransigeance. Une histoire allemande de Hans Magnus Enzensberger. Sur la guerre elle-même, impossible de faire l’impasse sur Le Mythe de la guerre-éclair. La campagne de l’Ouest de 1940 de Karl-Heinz Frieser, si l’on aime la technique et la tactique. Moins exigeants, les souvenirs de guerre d’August von Kageneck (Lieutenant de Panzer, Examen de conscience, La France occupée) méritent qu’on s’y attarde. Les lecteurs intéressés par le front de l’Est auront tout intérêt, pour leur part, à se plonger dans Barbarossa 1941. La guerre absolue de Jean Lopez et Lasha Otkhmezuri. « La » somme sur le sujet. Dans un autre genre, les reportages de guerre hallucinés du grand écrivain italien Curzio Malaparte, réunis sous le titre L’Europe naît sur la Volga, se doivent d’être lus. Le bel album La Wehrmacht : La fin d’un mythe, de l’équipe du magazine Guerres & Histoire, sous la direction de Jean Lopez, satisfera tous ceux qui souhaitent avoir une vue d’ensemble sur le sujet. Enfin, trois stratégistes et biographes sont à suivre à mon avis : Benoît Rondeau, Daniel Feldmann, Benoît Lemay. Au-delà, et j’en ai déjà dit beaucoup, j’aime autant renvoyer le lecteur à la bibliographie qui conclut mon livre.
S’agissant du cinéma, je vais vous décevoir mais peu de films trouvent grâce à mes yeux. Les « classiques » américains (Le Jour le plus long, Paris brûle-t-il ?, La Bataille des Ardennes) ont tous très mal vieilli à mon goût, pas tant du fait de leurs moyens que de leurs scenarii, et leurs angles d’approche, souvent réducteurs, ne sauraient satisfaire l’historien le plus compréhensif. Je ferai peut-être une exception pour le Patton de Franklin J. Schaffner et une autre pour Un pont trop loin de Richard Attenborough, film dans lequel Rundstedt fait une brève apparition sous les traits de Wolfgang Preiss. Les Allemands sont toujours présentés d’une façon si caricaturale ! Même Il faut sauver le soldat Ryan n’y échappe pas – un film dont je ne garde que les 30 premières minutes, époustouflantes pour le coup. Je leur préfère encore des films moins chers mais plus sincères – et plus réalistes –, comme La Bataille de Westerplatte, film polonais sur la résistance de la garnison de la forteresse du même nom aux assauts de la Wehrmacht en septembre 1939, Invasion Day, film danois sur l’invasion du Danemark, qui n’aura pris qu’un jour aux Allemands, le 9 avril 1940, ou Les Nôtres, film russe sur les premières semaines de l’opération Barbarossa.
À choisir, puisque vous me le demandez, Le Tambour de Volker Schlöndorff, d’après le roman de Günter Grass, ou Requiem pour un massacre du réalisateur soviétique Elemi Klimov, dont certaines scènes sont à la limite du supportable, nous en disent plus sur ce que fut la Deuxième Guerre mondiale que bien des films estampillés films de guerre. Je retiendrai tout de même La Chute, d’Oliver Hirschbiegel, auquel il n’y a pas grand-chose à reprocher, et Fury, de David Ayer, très fort et plutôt sérieux côté reconstitution, malgré ses travers typiquement hollywoodiens (une poignée de GI’s héroïques contre une marée de soldats allemands qui attaquent sans réfléchir). Voyez aussi le trop méconnu La bataille de France de Jean Aurel, à base d’images d’archives. Le commentaire est de Cécil Saint-Laurent, alias Jacques Laurent, un gage absolu de qualité. Sinon, la série Band of Brothers, prenante et documentée, est encore ce qui s’est fait de mieux depuis les vingt dernières années.
Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Richard Lynn à Breizh Infos et consacré à la question du lien entre quotient intellectuel (QI) et races. Chercheur et professeur de psychologie dans plusieurs universités anglo-saxonnes, Richard Lynn a publié de nombreux travaux sur l'intelligence et la personnalité.
Richard Lynn : « Mes travaux sur les différences raciales de QI pourraient nuire à certaines minorités »
Breizh-info.com : Quand avez-vous commencé à vous intéresser aux notions d’intelligence et de différences entre ethnies ?
Richard Lynn : C’est en 1977 lorsque j’ai découvert que l’intelligence des Japonais était supérieure de 3 points de QI à celle des Américains blancs. Jusqu’alors, pratiquement toutes les discussions sur les différences raciales en matière de renseignement avaient porté sur le problème de savoir pourquoi les Américains blancs et les Britanniques avaient un QI plus élevé que les autres peuples, et cela était généralement attribué au fait que les tests étaient biaisés en leur faveur. Cette découverte m’a amené à me demander si les autres peuples d’Asie du Nord-Est (Chinois et Coréens) avaient un QI plus élevé que celui des Européens. J’ai commencé à rassembler des études sur ce sujet et j’ai découvert que c’était le cas.
Quelles sont vos conclusions en matière de QI et pourquoi sont-elles contestées par d’autres scientifiques ?
Ma découverte la plus importante est ce que j’ai appelé « la théorie des hivers froids » pour expliquer l’évolution des différences raciales en matière d’intelligence. Cette théorie explique la relation entre les QI des races et la froideur des hivers. Ainsi, les Asiatiques du Nord-Est ont dû survivre aux hivers les plus froids et ont développé les QI les plus élevés (105), suivis par les Européens (100), les Nord-africains et les Sud-Asiatiques (84) et les Africains subsahariens (70). J’ai proposé cette solution pour la première fois en 1991 et elle a été largement acceptée.
Les conclusions ne sont pas contestées par d’autres scientifiques qui ont des connaissances sur ce sujet du QI. Il a d’ailleurs été récemment démontré par le professeur Heiner Rinderman que 83 % des scientifiques qui ont des connaissances sur ce sujet sont bien convaincus que le faible QI moyen en Afrique subsaharienne s’explique en partie par des bases génétiques.
Dans vos études sur le QI, vous avez tiré quelques conclusions selon la géographie. Mais qu’en est-il, par exemple, des Asiatiques vivants aux États-Unis ? Ou des Noirs vivant en Europe ? Ou des Blancs en Afrique du Sud ? Les tests de QI sont-ils vraiment adaptés pour l’Asie, pour l’Afrique ou dans d’autres pays que les pays blancs qui les ont fabriqués ?
Je donne les QI de tous ces groupes dans mon livre Race Differences in Intelligence, publié en 2015. Ces tests sont parfaitement adaptés pour toutes les autres races.
Vous avez également travaillé sur les différences entre les sexes en matière d’intelligence. Comment avez-vous procédé ?
Dans tous les domaines d’études et de recherches scientifiques, il est souvent question de croyance. Si tous les anciens étudiants sont d’accord sur quelque chose, nous le tenons pour acquis. Tous les experts au lendemain de la Première Guerre mondiale avaient déclaré qu’il n’y avait pas de différence entre les sexes en matière d’intelligence. Dans les années qui ont suivi, de nombreux universitaires que je respectais ont répété cela en boucle.
Par exemple, Herrnstein et Murray ont écrit dans The Bell Curve que « L’histoire constante a été que les hommes et les femmes ont des QI presque identiques ».
Je n’avais aucune raison de douter de ce consensus, mais en 1992, mes certitudes se sont ébranlées lorsque Dave Ankney et Phil Rushton, indépendamment, ont publié des articles montrant que les hommes ont un cerveau plus gros que les femmes, même lorsque celles-ci sont contrôlées en fonction de leur taille et de leur poids. Il était évident que ces résultats posaient un problème. Il est bien établi que la taille du cerveau est positivement liée à l’intelligence via une corrélation d’environ 0,4. Comme les hommes ont un cerveau plus gros que celui des femmes, les hommes devraient avoir un QI moyen plus élevé que celui des femmes. Pourtant, tous les experts ont convenu que les hommes et les femmes avaient les mêmes QI
J’ai été confronté à ce problème pendant environ six mois. J’ai étudié la question. Puis, j’ai enfin trouvé la solution. Lorsque j’ai examiné les études relatives à l’âge des échantillons testés, j’ai constaté que les hommes et les femmes avaient la même intelligence jusqu’à l’âge de 15 ans, comme ce qui était déclaré. Puis j’ai découvert qu’à partir de l’âge de 16 ans, les hommes commencent à présenter des QI plus élevés que les femmes et qu’à l’âge adulte, la différence atteint environ 5 points de QI, ce qui est tout à fait cohérent avec la taille moyenne des cerveaux. J’ai publié ces conclusions dans mon livre appelé The Ankney-Rushton anomaly en 1994.
Vous ne cachez pas votre inquiétude face à ce que vous appelez dysgenic immigration (que l’on pourrait traduire par Immigration désavantageuse) et au grand remplacement auquel les blancs seraient confrontés en Occident. Dans l’état actuel des choses, quelle est l’ampleur de ce que vous estimez être une menace, notamment pour nos QI ?
En 2016, Rindermann et Thompson ont démontré par calcul que l’intelligence des immigrés dans tous les pays européens était inférieure de 6 points de QI en moyenne à celle des populations autochtones. D’autres données confirmant cette conclusion pour un certain nombre de pays économiquement développés ont été rapportées par Woodley of Menie, Peñnaherrera-Aguire, Fernandes & Figueredo en 2017.
On peut cependant prévoir que dans les décennies à venir, les migrants d’Afrique subsaharienne continueront à essayer d’entrer en Europe. La population de l’Afrique subsaharienne a connu une énorme augmentation, passant d’environ 230 millions en 1960 à environ un milliard en 2018, et elle continuera probablement à augmenter. Les taux élevés de chômage et de pauvreté dans toute l’Afrique subsaharienne devraient se poursuivre et, inévitablement, un grand nombre de personnes chercheront à améliorer leur vie en Europe et beaucoup y parviendront.
Stephen Smith a prédit dans son livre de 2018 que dans 35 ans, il y aura probablement entre 150 et 200 millions d’Africains subsahariens en Europe, soit environ un tiers de la population. Il se peut que l’Espagne s’oppose de plus en plus à cette immigration, mais même si elle fermait ses frontières aux migrants, ceux-ci trouveraient d’autres moyens d’entrer en Europe. Beaucoup d’entre eux seront acceptés comme demandeurs d’asile et la plupart de ceux dont la demande d’asile est rejetée resteront, car il sera impossible de les expulser. En Grande-Bretagne, seuls 40 % des personnes dont la demande d’asile a été rejetée depuis 2004 ont été expulsées.
Il est inévitable que dans toute l’Europe occidentale, le nombre de non-Européens augmente en raison de l’immigration et de leur plus grande fécondité, de l’arrivée continue de demandeurs d’asile, des entrées illégales et des mariages avec des Européens. En Grande-Bretagne, la croissance de la proportion de non-Européens dans la population a été calculée en 2010 par le démographe David Coleman qui estime que les peuples autochtones passeront de 87 % de la population en 2006 à 56 % en 2056, et deviendront une minorité vers 2066. Des projections similaires concernant la croissance du nombre de non-Européens en Autriche, en Belgique, en Grèce, en Allemagne, en Italie et en Espagne, conduisant à ce qu’ils deviennent majoritaires dans la deuxième moitié du XXIe siècle, ont été faites par Ediev, Coleman et Sherbokov en 2013. En Allemagne de l’Ouest, 42 % des enfants de moins de six ans étaient issus de l’immigration en 2018. En Grande-Bretagne, Kauffman a calculé en 2018, que la population autochtone tomberait à 32 % de la population en 2120 (NDLR : À ce sujet voir cet article du DailyMail)
L’immigration aura également un effet dysgénique aux États-Unis où la plupart des immigrants sont hispaniques et environ deux tiers d’entre eux viennent du Mexique, où environ 9 % de la population est blanche, environ 60 % sont métis et environ 30 % sont des Amérindiens. Une méta-analyse de 39 études sur les Hispaniques adultes aux États-Unis, réalisées par Roth, Bevier, Bobko, Switzer & Tyler en 2001, a conclu qu’ils ont un QI moyen de 89. La faiblesse du QI moyen des Hispaniques est compensée dans une certaine mesure par le QI élevé des Asiatiques du Nord-Est (Chinois, Japonais et Coréens), mais Rindermann a calculé en 2018 que l’intelligence moyenne des immigrants aux États-Unis est inférieure d’environ 7 points de QI à celle de la population et réduit donc l’intelligence nationale. Cette tendance devrait se poursuivre, car la population hispanique devrait atteindre environ 60 millions de personnes en 2018 et devrait dépasser les 100 millions d’ici 2050.
Il y a également eu une immigration dysgénique au Canada. En 2006, M. Bélanger a montré dans une analyse du recensement de 2001 que l’indice synthétique de fécondité se situait autour de 1,5 enfant par femme depuis un certain nombre d’années et que les femmes ayant immigré au cours des dix années précédentes avaient 19 % de chances de plus que les autres femmes d’avoir eu un enfant au cours de l’année. Les Noirs, les Philippins et les Arabes présentaient le taux de fécondité le plus élevé, avec respectivement 60 %, 28 % et 22 %, plus de chances que les Blancs d’avoir un enfant de moins d’un an. Les Chinoises, les Coréennes, les Japonaises et les femmes d’Asie occidentale étaient les moins fécondes. Dans un autre article publié en 2007, Bélanger donne le nombre d’immigrants comme suit : 1,1 million en 1981, 1,6 million en 1986, 2,5 millions en 1991, 3,2 millions en 1996 et 4,1 millions (13,4 % de la population) en 2001. En tenant compte de l’immigration et de la fécondité futures probables, il estime qu’en 2031, le nombre sera de 10 600 millions (27,4 % de la population). Il estime que, jusqu’en 2031, le nombre d’immigrants augmentera à un taux moyen de 32 pour mille par an, tandis que le reste de la population augmentera à un taux d’environ 2 pour mille par an.
L’immigration dysgénique a été moins problématique en Australie et en Nouvelle-Zélande. L’Australie a interdit aux navires transportant des migrants de débarquer et les a détournés vers des camps en Papouasie–Nouvelle-Guinée. Les immigrants non européens ont été principalement des Chinois et des Indiens qui, lors du recensement de 2006, représentaient 6 % de la population. Ces immigrants ont pour la plupart bien réussi en Australie, ils ne sont donc pas un problème dysgénique. Le problème dysgénique en Australie est la forte fécondité des Aborigènes, qui a entraîné une augmentation de leur nombre de 106 000 lors du recensement de 1961 à 517 000 en 2006. Le QI moyen de ces derniers est de 62.
En Nouvelle-Zélande, la proportion d’Européens a diminué de 1956 à 2001, passant de 94 % à 74 %, et la proportion d’Asiatiques a augmenté de 0 % à 6 %, comme l’a indiqué en 2010 l’Office statistique de Nouvelle-Zélande. En 2001, 56 % des Asiatiques étaient des Chinois, des Japonais et des Coréens, 26 % provenaient du sous-continent indien et les 18 % restants du reste de l’Asie. Il ne s’agit pas d’un problème dysgénique grave. Le principal problème dysgénique est l’augmentation de la proportion de Maoris de 6 % en 1956 à 16 % en 2001, en raison de leur forte fécondité, et des habitants des îles du Pacifique de zéro en 1956 à 10 % en 2001, en raison de l’immigration. Le QI moyen de ces derniers est de 90.
Comment voyez-vous l’avenir proche de notre monde ?
Dans mon dernier livre, coécrit avec mon jeune collaborateur David Becker et intitulé The Intelligence of Nations, nous envisageons cinq scénarios sur l’avenir probable des nations et des QI nationaux.
Premièrement, dans les pays économiquement développés, la baisse des QI nationaux qui a été signalée dans un certain nombre d’entre eux se poursuivra en raison de la fertilité dysgénique et de l’immigration. Le principal problème est le grand nombre de femmes de carrière au QI élevé et très instruites qui restent sans enfant. Il est probablement impossible d’introduire des politiques visant à augmenter la fécondité de ces femmes qui ont presque été éduquées pour ne pas avoir d’enfants. Il est également probablement impossible d’introduire des politiques visant à réduire la fécondité de celles qui ont un faible niveau d’intelligence.
En Europe occidentale, aux États-Unis et au Canada, l’intelligence diminuera également en raison de l’immigration dysgénique consistant en l’installation continue d’immigrés ayant une intelligence plus faible et une fécondité plus élevée que celle des populations d’accueil. Les mesures destinées à empêcher cela, comme la construction d’un mur le long de la frontière américano-mexicaine ou la tentative de restreindre l’immigration en Europe occidentale, seront inefficaces. Le déclin de l’intelligence réduira la puissance économique, technologique, scientifique et militaire de ces pays.
Deuxièmement, les QI nationaux continueront à décliner en Europe de l’Est, au Japon, à Taiwan, en Corée du Sud, en Australie et en Nouvelle-Zélande en raison de la faible fécondité des femmes de carrière à QI élevé, mais le déclin ne sera pas aussi important qu’en Europe occidentale, aux États-Unis et au Canada, car dans ces pays, il y a peu d’immigration dysgénique.
Troisièmement, alors que l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont connu une faible immigration dysgénique, leurs populations indigènes à faible QI continueront à croître en raison de leur forte fécondité. Il ne sera pas possible de réduire ce phénomène et cela aura un effet négatif sur leur QI national.
Quatrièmement, les QI nationaux continueront à augmenter dans les pays en développement économique. Il se peut qu’une certaine fécondité dysgénique entraîne une baisse de l’intelligence génotypique, mais celle-ci sera plus que compensée par les améliorations en matière de nutrition, de santé et d’éducation, comme ce fut le cas dans les pays économiquement développés pendant la majeure partie du XXe siècle. Les différences d’intelligence entre les nations économiquement développées et celles en développement seront donc réduites, bien qu’elles ne soient pas éliminées, car les populations des nations économiquement développées conserveront un avantage génétique, comme le montre la taille moyenne plus importante de leur cerveau.
Cinquièmement, la Chine a connu une fécondité dysgénique au cours du dernier demi-siècle. Malgré cela, il y a eu une forte augmentation de 15 points de QI dans l’intelligence des enfants chinois de 1988 à 2006, grâce à des améliorations dans les domaines de la nutrition, de la santé et de l’éducation, et le QI britanniques des enfants chinois en 2006 sont estimés à 109,8. En 2016, le Conseil national des sciences a indiqué que la Chine avait dépassé les États-Unis pour le nombre d’articles publiés dans le domaine des sciences et des technologies.
Il est probable que cette avance s’accroîtra à mesure que l’intelligence en Chine continuera à augmenter, comme elle l’a fait dans d’autres pays en développement économique, grâce à de nouvelles améliorations de l’environnement. Il est également probable que l’intelligence en Chine augmentera avec la réduction de la pollution de l’air qui, à l’heure actuelle, nuit à l’intelligence dans de nombreuses villes. Ainsi, alors que l’intelligence continue à se développer en Chine et à décliner en Europe et aux États-Unis, la Chine va probablement devenir la superpuissance mondiale dans la seconde moitié du XXIe siècle.
Pouvez-vous nous parler de la difficulté de faire votre travail et vos recherches, avec la pression des scientifiques minoritaires et idéologiques ? Vous avez perdu votre titre de professeur émérite à l’Université d’Ulster, pour quelles raisons ?
Parce que mes travaux sur les différences raciales de QI pourraient nuire à certaines minorités, tout simplement… Je n’ai aucune difficulté à faire mon travail, je reçois simplement des critiques auxquelles je réponds. Le professeur Heiner Rindermann a par ailleurs récemment apporté une contribution à cette question du QI et des différences dans son livre de 2018 intitulé Cognitive Capitalism : Human Capital and the Wellbeing of Nations. Il donne des QI nationaux actualisés, qu’il préfère appeler capacités cognitives (CA), pour l’ensemble des 200 nations de toutes tailles dans le monde.
Richard Lynn, propos recueillis par Yann Vallerie (Breizh Info, 24 février 2020)
Deux d'entre elles ont déposé plainte et une troisième entend le faire. L'entreprise a mis en place un numéro (0800 202 202) pour signaler des cas similaires.
"Il était très long, très fin, et n'arrêtait pas de bouger dans tous les sens." Le 18 novembre 2019, Ylonna, 3 mois, régurgite un ver long de "plusieurs centimètres" après avoir bu du lait en poudre Galliagest 0-6 mois, se remémore auprès de franceinfo sa mère, Elodie, habitante de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). "J'ai eu peur, j'ai été prise de panique", témoigne cette auxiliaire de vie et mère de trois enfants.
A l'époque, la situation de sa fille est préoccupante : depuis trois semaines, Ylonna ne s'alimente quasiment plus, et sa température, qui varie entre 35 et 41 °C, lui vaut une hospitalisation la nuit du 3 au 4 novembre. La découverte du ver accélère les choses : envoyée à l'hôpital de Saint-Malo par sa médecin généraliste, Ylonna subit une analyse des selles et une échographie abdominale qui ne permettent pas de découvrir d'autres parasites. L'étude du ver conclut par ailleurs qu'il s'agit d'un "parasite adulte", sans fournir plus d'informations, selon le résultat d'analyse que franceinfo a pu consulter. Et l'échantillon a depuis été "détruit par l'hôpital", regrette Elodie.
"On a vraiment eu peur de perdre notre fille", raconte, la gorge nouée, la mère de l'enfant, même si aucun lien formel ne peut pour l'instant être établi entre l'état de la fillette et le ver régurgité. L'histoire se termine bien : "Trois jours après avoir régurgité, Ylonna a recommencé à manger naturellement. Aujourd'hui, elle a 7 mois et est en bonne santé", se réjouit Elodie.
"Un ver d'un centimètre et demi, bien vivant"
Les parents d'Ylonna ont néanmoins porté plainte mardi 25 février pour "administration de susbstance nuisible à un mineur de 15 ans suivie d'incapacité n'excédant pas huit jours", selon le document consulté par franceinfo. "S'il y a un problème avec le lait Gallia, il faut qu'ils le sachent et qu'ils fassent quelque chose", justifie Elodie.
L'histoire de cette famille bretonne n'est pas isolée. Quelques jours plus tard, dimanche 23 novembre, Marine et Kevin, habitants de Sort-en-Chalosse (Landes), ont eu la désagréable surprise de trouver "une larve vivante" dans le biberon de leur bébé de 3 mois, rapporte France Bleu Landes. La boîte de Gallia relais naissance 0-6 mois avait été achetée la veille dans une pharmacie d'une commune voisine. Le couple contacte Gallia, filiale du groupe agroalimentaire Danone, en lui communiquant le numéro de production de la boîte – ce qu'a confirmé l'entreprise à l'AFP –, mais décide de ne pas porter plainte.
D'autres cas suivent. Le 4 janvier, Sarah, habitante de Bormes-les-Mimosas (Var), repère "une toile d'araignée" dans une boîte de lait Galliagest 0-6 mois alors qu'elle prépare un biberon pour son fils de 1 mois. "En secouant la boîte, je trouve au fond un ver d'un centimètre et demi, bien vivant", raconte à franceinfo cette mère de deux enfants.
"Avec mon mari, on a mis la larve dans une petite dosette et on l'a apportée en pharmacie pour se faire échanger la boîte", indique-t-elle. Contactée par franceinfo, la pharmacie confirme la présence d'un ver et indique avoir renvoyé la boîte à Gallia, à la demande de l'entreprise, pour effectuer des analyses."On se dit que ce genre de choses ne devrait pas arriver, surtout que c'est une grande marque et un très bon lait", se désole Sarah. Après avoir pris connaissance de la multiplication des cas ces dernières semaines, la jeune femme assure vouloir porter plainte lundi prochain "pour ne pas que ça se reproduise".
"J'ai essayé de garder mon calme"
Car la famille de Sarah n'est pas la dernière concernée. Dans la nuit du 11 au 12 février, à La Bourboule (Puy-de-Dôme), Stéphanie découvre "un point noir de quelques milimètres qui se déplace" dans une boîte de lait Galliagest 0-6 mois alors qu'elle prépare un biberon pour son fils Léo, âgé de 2 mois. "J'ai essayé de garder mon calme, mais j'ai tout de suite fait le lien" avec ce qui est arrivé à Ylonna, et dont elle a entendu parler dans la presse. Après avoir contacté le service client de Gallia et la pharmacie de garde la plus proche de chez ses parents, où elle est en vacances à ce moment-là, elle réussit finalement à se faire ouvrir une pharmacie en urgence pour se procurer du lait infantile et nourrir son fils.
"Dans ce cas précis, l'enfant ne semble pas avoir été malade à cause du lait, mais il est difficile de savoir car il souffrait d'une bronchiolite et avait donc de la fièvre", indique l'avocat de Stéphanie, Me Arnaud Constans, joint par franceinfo.Le magasin Auchan de La Bourboule, dans lequel la boîte de lait avait été achetée, "a indiqué verbalement avoir retiré les boîtes de lait Gallia de ses rayons", ajoute-t-il.
Stéphanie a porté plainte le 18 février au commissariat de Montrouge (Hauts-de-Seine), commune voisine de celle où ils résident, pour "mise en danger d'autrui par personne morale", selon le document que franceinfo a consulté.Une plainte a également été déposée vendredi 28 février auprès de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) du Rhône. "Ce qu'on cherche, c'est surtout à comprendre ce qu'il s'est passé pour que ça ne se reproduise pas, et que les autres familles qui utilisent ce produit soient vigilantes", indique Stéphanie.
Outre ces quatre exemples, un autre cas, dans les Bouches-du-Rhône, a été rapporté par RTL. Mais franceinfo n'a pas été en mesure de vérifier cette information.
Une contamination en dehors de la chaîne de production, selon Danone
Contacté par franceinfo, Florent Lalanne, directeur des affaires médicales de Danone, qui fabrique le lait infantile concerné, indique que l'entreprise "prend cette question très très au sérieux car la santé de l'enfant en bout de chaîne est notre souci premier".
"Dans la chaîne de production, l'ensemble de la poudre de lait n'est jamais en contact avec l'air et est conditionnée sous atmosphère protectrice où le pourcentage d'oxygène, de l'ordre de 2%, est très faible, ce qui rend impossible pour un organisme vivant de se développer", détaille-t-il. "Une vingtaine de procédures de contrôle sont menées sur chaque produit, avec une centaine de critères" avant que ces derniers quittent l'usine, ajoute-t-il.
"L'essentiel pour nous, c'est de pouvoir avoir accès aux boîtes de manière à pouvoir effectuer des analyses pour comprendre comment ces larves peuvent venir se loger dans le produit", indique également Florent Lalanne, en invitant les familles touchées à contacter l'entreprise via un numéro de téléphone (0800 202 202) ou le site laboratoire-gallia.fr.
Les deux lots utilisés par les familles des Landes et du Puy-de-Dôme, qui ont contacté Gallia, ne proviennent pas de la même référence de lait, mais ont été produits sur un même site, à Wexford (Irlande), précise le responsable des affaires médicales de Danone.
Les "analyses internes" conduites grâce aux numéros de lot communiqués par ces deux familles "ont montré une conformité du site de production, ce qui nous suggère très fortement une contamination dans la suite du processus" lors dutransport, du stockage ou du circuit de distribution, assure Florent Lalanne.
Un cas semblable en 2018
Ces exemples ne sont pourtant pas une première : un cas similaire avait été rapporté par20 Minutes en novembre 2018. A l'époque, une famille du Val-de-Marne avait découvert une larve vivante dans une boîte de lait en poudre de la marque Gallia après avoir remarqué que leur fille de 6 mois souffrait de maux de ventre. "On essaye de comprendre ce qu'il s'est passé. Toutes les autres boîtes de ce lot produit en avril 2018 ont été vendues. Et, depuis, nous n'avons eu aucune autre réclamation", avait alors indiqué un porte-parole de Danone.
Interrogé sur ce cas, Florent Lalanne assure que "des investigations ont eu lieu" et ont conclu à "la conformité du produit". "On a contacté la famille à de multiples reprises mais nous n'avons pas réussi à récupérer la boîte" et l'affaire s'est donc arrêtée là, assure-t-il.
Il est assurément trop tôt pour prévoir où conduira véritablement, et jusqu'où ira, la volonté affichée du gouvernement turc d'inonder l'Europe de réfugiés et d'immigrants. Certains prenaient peut-être jusqu'ici cette menace, maintes fois réitérée par Erdogan, pour une rodomontade qui ne serait jamais mise à exécution. Sur la forme la tradition ottomane retrouvée ne se dément pas. Et c'est sans doute ce qui, le 28 février en fin de matinée encore, amenait le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg à exprimer la "totale solidarité" des membres du Conseil Atlantique avec leur inconstante et infidèle alliée.
Après un entretien téléphonique du 27 avec Mevlut Cavusoglu, ministre des affaires étrangères à Ankara, l'article 4 du traité signé à Washington en 1949 avait même été invoqué. Or, c'est dans l'affaire syrienne que la clause était supposée fonctionner. Depuis 2011, Erdogan en compagnie des islamistes, prétend défendre les droits de l'homme dans ce pays, contre ce que les médias ont pris l'habitude d'appeler l'armée du régime, élément de langage désignant tout simplement l'armée régulière, d'un pays juridiquement souverain depuis 1946, détaché de l'Empire ottoman depuis le traité de Sèvres.
Or, dès le lendemain 29 février, encouragés sans doute par cette affirmation hasardeuse d'une complaisance de principe, les agents du pouvoir d'Ankara déclenchaient, depuis Istanbul, la marche vers l'Europe de milliers d'illégaux.
L'activation du chantage migratoire a donc d'ores et déjà introduit une nouvelle dimension dans les relations avec la Turquie. Et cette perspective ne sera pas si facilement éliminée. Tout le monde a compris en effet, qu'en fonction des développements futurs, et si son utilisation devait demeurer impunie, cette arme d'un genre nouveau sera activée chaque fois que l'actuel gouvernement d'Ankara et les réseaux des Frères musulmans la jugeront utile. Ceci jusqu'à ce qu'un mécanisme éliminatoire intervienne.
Même la très incertaine, et si souvent incohérente, Merkel se sait obligée de réagir. Elle doit se prémunir elle-même contre la poussée protestataire qui s'est exprimée dans divers scrutins au niveau des Länder. Elle demeure certes encore accrochée à une chancellerie où elle a fait plus que son temps. Elle sait que sa maladroite politique d'accueil affirmée en 2015 avait déjà engendré son recul dans l'opinion populaire, au mépris de ce qui avait, au contraire par le passé consolidé sa popularité, quand en 2011 elle avait constaté l'échec du modèle multiculturel "Multikülti".
C'est ainsi que le 2 mars, lors d'une conférence de presse à Berlin, Steffen Seibert au nom du gouvernement allemand a voulu affirmer que l'Union européenne attend de la Turquie qu'elle respecte l'accord turco-européen de 2016. Car celui-ci visait à empêcher les migrants d'atteindre l'Europe, et pour cela environ 3,2 milliards d'euros ont déboursés par les contribuables européens pour défrayer Ankara et, notamment, équiper sa flotte de garde-côtes."Nous sommes convaincus de la valeur de l'accord et nous attendons qu'il soit respecté", déclare un peu platement le porte-parole de Merkel.
Ce concept semble très au-dessous d'une situation qui ressemble de plus en plus à une invasion organisée. Elle justifie amplement la requête du gouvernement d'Athènes sur le fondement de l'article 78-3 du traité de l'Union européenne, qui prévoit de façon explicite le cas précis.
Notons cependant sa rédaction très molle : "Au cas où un ou plusieurs États membres se trouvent dans une situation d'urgence caractérisée par un afflux soudain de ressortissants de pays tiers, le Conseil, sur proposition de la Commission, peut adopter des mesures provisoires au profit du ou des États membres concernés. Il statue après consultation du Parlement européen."
C'est en cette occasion que le politiquement-islamiquement correct ne manquera pas de chercher à invoquer la convention de 1951 et l'obligation pour l'Europe d'accueillir et de répartir "toute la misère du monde".
Oui l'Europe est au pied du mur, et c'est au pied du mur qu'on voit le maçon.
Toutes les îles grecques de la mer Égée, jusqu'à Rhodes et jusqu'à la république de Chypre, de même qu'en Méditerranée occidentale les îles de Lampedusa, Malte et le rocher de Gibraltar devraient être désormais, solennellement, proclamées inviolables sentinelles européennes, à défendre solidairement contre toute attaque venue de l'Orient.
Si cette doctrine n'est pas affirmée et mise en pratique, non seulement par Frontex mais par tous les moyens disponibles, ce seront ensuite la Sicile, la Sardaigne, la Corse, les Baléares, puis la Bulgarie, la Provence ou la Campanie.
Les Européens responsables, cela existe, l'ont compris et ils proclament, enfin, leur solidarité.
Depuis le début de l'épidémie, plusieurs journalistes indépendants, dissidents politiques et lanceurs d'alerte ont été interpellés. Beaucoup ont été assignés à résidence ou placés en quarantaine forcée.
Fang Bin n'a plus donné signe de vie depuis 15 jours. L'homme d'affaires chinois, reconverti en journaliste indépendant pour couvrir l'épidémie de Covid-19 à Wuhan, a disparu des radars, le 9 février. La télévision publique hongkongaise RTHK(en chinois) croit savoir qu'il a été interpellé chez lui. Des pompiers auraient fracturé sa porte pour ouvrir le passage à des policiers en civil, détaille la chaîne. "Fang Bin a révélé la réalité de l'épidémie que le gouvernement voulait taire, accuse un de ses proches, interrogé par franceinfo. Il s'est battu pour la vérité. Les autorités n'ont pas accepté qu'un homme les défie de la sorte."
Pour rassurer les Chinois et le reste du monde sur sa gestion de l'épidémie, le régime s'est engagé dans une bataille de l'information. Lors d'un discours prononcé le 3 février – publié douze jours plus tard par l'agence de presse chinoise –, Xi Jinping a proclamé "une guerre populaire"qui doit s'appuyer sur la "stabilité sociale". Le président chinois a promis de "sévir contre ceux qui profitent de l'épidémie pour lancer des rumeurs".
Cette déclaration s'est traduite par une explosion de la censure sur les réseaux sociaux et l'interpellation quasi systématique de ceux qui tentent de la braver. Le cas le plus emblématique est celui du médecin Li Wenliang, le lanceur d'alerte qui a révélé au monde l'existence de l'épidémie quand les autorités locales tentaient encore d'en dissimuler l'ampleur. Avant de succomber à la maladie, contractée dans l'hôpital où il travaillait, il avait été interpellé et forcé à signer un procès-verbal dans lequel il avouait avoir "perturbé l'ordre social" en colportant des "rumeurs".
Interpellation filmée
Avant de disparaître, Fang Bin a lui aussi été accusé par les autorités chinoises de répandre des "fausses informations". En cause : une vidéo postée sur YouTube – dont l'accès est bloqué en Chine – le 1er février. Sur les images filmées dans un hôpital de Wuhan, on voit le reporter compter les corps disposés dans des sacs mortuaires, à l'intérieur d'une camionnette. On suit Fang Bin dans les couloirs de l'hôpital, où il rencontre un homme en sanglots. "C'est mon père", gémit ce dernier, prostré devant la dépouille d'un homme âgé que les médecins n'ont pas pu ranimer. Bouleversante, la séquence suscite une vague d'émotions sur les réseaux sociaux.
Quelques heures après la mise en ligne de ces images, le journaliste citoyen reçoit la visite des autorités chez lui. "Qui êtes-vous ?", demande Fang Bin aux hommes équipés de masques et de combinaisons postés derrière sa porte, tout en filmant la scène. "Vous vous êtes rendu dans un lieu très dangereux. Vous auriez pu être infecté" par le virus, martèlent-ils. "Ma température est normale !", réplique le journaliste, exigeant qu'on lui montre un mandat d'inspection. Les hommes masqués finissent par interpeller Fang Bin, hors caméra.
Ce n'est pas une première pour l'homme d'affaires. Avant de couvrir l'épidémie de coronavirus à Wuhan, Fang Bin s'était déjà engagé contre le gouvernement chinois : "Il a milité pour la défense des pratiquants du Falun Gong [un mouvement spirituel réprimé en Chine] et est venu en aide à des activistes détenus par le gouvernement, raconte son ami. Par le passé, Fang Bin a déjà été détenu par les autorités pendant plusieurs mois."
Il connaît les méthodes de la police, c'est pour ça qu'il a filmé l'interpellation. Le gouvernement est sous pression, car Fang Bin a l'opinion publique avec lui.Un ami de Fang Binà franceinfo
A sa libération, le lendemain, il raconte son interrogatoire au Los Angeles Times (en anglais). D'après son récit, les hommes qui ont frappé à sa porte n'étaient pas des médecins, mais bien des policiers, qui l'ont accusé de recevoir de l'argent d'organisations étrangères pour faire ses vidéos. Son matériel électronique a été confisqué et Fang Bin sommé d'arrêter de "répandre la panique". Fang Bin continue de mettre en ligne des vidéos. Jusqu'à sa disparition, le 9 février.
"Devant moi il y a le virus, derrière moi le pouvoir"
Chen Qiushi n'a plus donné de nouvelles à ses proches depuis le 6 février. L'avocat de formation de 34 ans, est journaliste indépendant depuis 2019, quand il s'est rendu à Hong Kong pour documenter les manifestations pro-démocratie. Fin janvier, il parvient à se rendre à Wuhan, juste avant le placement de la ville en quarantaine. Avec son smartphone monté sur une perche à selfie, il se rend dans les hôpitaux et filme les conditions de prise en charge des patients, le manque de masques et de matériel de dépistage.
L'exercice est périlleux : en Chine, les reporters doivent disposer d'un certificat officiel, délivré aux seuls journalistes qui travaillent pour des titres de presse autorisés. "Ces journalistes indépendants devraient être encouragés et protégés pour produire de l'information accessible à tous, mais le gouvernement leur impose une censure stricte", regrette Renee Xia, directrice de l'ONG Chinese Human Rights Defenders (CHRD), basée à Washington. Banni des réseaux sociaux chinois, Chen Qiushi contourne la censure grâce à un VPN (un logiciel qui permet de modifier sa géolocalisation) pour poster ses vidéos sur Twitter et YouTube. "C'est un homme très courageux", affirme un de ses amis qui milite en ligne pour sa libération.
Malgré les risques, il estime que son devoir de journaliste consiste à foncer en première ligne dès qu'il se passe un événement, pour voir et témoigner de la vérité.Un proche de Chen Qiushià franceinfo
A Wuhan, Chen Qiushi se sent rapidement menacé. "J'ai peur. Devant moi, il y a le virus et derrière moi, il y a le pouvoir chinois. Aussi longtemps que je serai dans cette ville, je continuerai à témoigner", lance-t-il, au bord des larmes, dans une vidéo publiée le 30 janvier. "Je vais être direct : Je vous emmerde ! Je n'ai pas peur de la mort. Vous pensez vraiment que j'ai peur de vous, le Parti communiste ?"
Conscient des risques, son entourage correspondait très régulièrement avec lui pour s'assurer qu'il était en sécurité. Lorsqu'il ne répond plus, des amis se rendent dans son appartement mais trouvent porte close, comme l'explique dans une vidéo Xu Xiaodong, un champion de MMA qui gravite autour du journaliste.
Inquiète, sa mère lance un appel à l'aide sur les réseaux sociaux. Elle est finalement contactée par les autorités, qui lui annoncent que son fils a été placé en quarantaine pour raisons médicales. Pour ses proches, le motif de sa disparition est autre. "Je lui ai parlé juste avant et il était en bonne santé, ils veulent juste le faire taire", accuse son ami. Sa quarantaine devait prendre fin le 19 février, mais le trentenaire n'a toujours pas donné signe de vie.
"Résistez, citoyens !"
Difficile de savoir combien de Chinois ont, comme eux, disparu. Contrairement à Chen Qiushi et Fang Bin, de nombreux lanceurs d'alerte et critiques du pouvoir ont été arrêtés sans attirer l'attention des médias occidentaux. C'est le cas de l'ancien prisonnier politique Ren Ziyuan, interpellé le 13 février pour avoir critiqué en ligne la gestion de l'épidémie par le pouvoir chinois. Xu Zhiyong, autre figure de la contestation chinoise, a quant à lui été arrêté le 15 février.
Selon un décompte de CHRD, en date du 7 février (et qui n'a pas pu être actualisé depuis), 351 personnes ont été "punies" pour "propagation de fausses rumeurs" sur le coronavirus. "Beaucoup de ces affaires ont donné lieu à des détentions administratives allant de trois à quinze jours", explique Renee Xia, la directrice de CHRD.
Nombreuses sont les personnes qui, après avoir posté des messages critiques sur internet, ont été emmenées au poste de police, où elles ont été questionnées, intimidées ou assignées à résidence sous prétexte d'une mise en quarantaine.Renee Xia, directrice de CHRDà franceinfo
Le juriste Xu Zhangrun, un des rares intellectuels à avoir remis en cause publiquement la politique de Xi Jinping, en a fait les frais. D'après le Guardian(en anglais), l'universitaire a été privé de ses moyens de télécommunication à son retour à Pékin, après un séjour dans sa province natale. "Il a été confiné chez lui au prétexte qu'il devait être placé en quarantaine", a affirmé un témoin au journal britannique.
Mesure sanitaire ou tentative de musellement ? Deux semaines avant d'être assigné à résidence, Xu Zhangrun avait publiéun essai passionné(en anglais) sur la gestion de l'épidémie, dans lequel il dénonçait un "régime corrompu" ayant favorisé "l'inefficacité et le chaos ". Conscient des risques encourus, il concluait ainsi son texte : "Il est maintenant facile de prévoir que je vais faire l'objet de nouvelles sanctions. En fait, ceci pourrait bien être mon dernier texte."
Une prémonition partagée par Fang Bin. Juste avant de disparaître, le journaliste indépendant a publié sur sa page YouTube une étrange vidéo de 13 secondes. On n'y voit rien d'autre qu'un message inscrit sur une feuille de papier : "Résistez, citoyens ! Reprenez le pouvoir au gouvernement et rendez-le au peuple".
La Turquie maintiendra ses frontières avec l'Europe ouvertes pour permettre aux migrants de passer, a affirmé samedi 29 février le président turc Recep Tayyip Erdogan, reprochant à l'Union européenne de ne pas suffisamment aider Ankara à porter le fardeau. La Turquie «ne peut faire face» à une nouvelle vague de réfugiés syriens, a-t-il également dit.
«Nous n'allons pas fermer les portes», a déclaré Erdogan, affirmant que 18.000 migrants avaient déjà franchi celles-ci pour traverser vers l'Europe depuis vendredi, un chiffre impossible à confirmer.
Le président turc a également dit avoir sommé la Russie de s'«ôter de son chemin» en Syrie. Erdogan s'est entretenu avec Vladimir Poutine lors d'un entretien téléphonique après la mort de nombreux soldats turcs en Syrie. «J'ai dit à Poutine : 'Que faites-vous là-bas ? Si vous voulez établir une base, allez-y, mais ôtez-vous de notre chemin. Laissez-nous seul à seul avec le régime (syrien)'», a déclaré Erdogan, ajoutant que les forces syriennes «paieront le prix» de leurs attaques contre l'armée turque.