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Notion mêlant ruse, prévision, débrouillardise, la "mètis" s'exerçait dans la Grèce antique : savoir-faire de l’artisan, habileté du sophiste, prudence du politique... À partir du Vème siècle, les philosophes l'ont refoulée. En 1989, deux universitaires la remettent à l'honneur dans un essai. Ulysse (gravure de 1880), le héros humain de la métis Ulysse (gravure de 1880), le héros humain de la métis• Crédits : Getty Les éditions Flammarion rééditent dans la collection Champs Essais Les ruses de l’intelligence : la mètis des Grecs de Marcel Detienne et Jean-Pierre Vernant, paru à l'origine en 1989. La mètis, entre ruse et prudence L’ouvrage constitue le résultat de dix ans d’enquête sur une notion complètement oblitérée par les hellénistes modernes et contemporains, notion qui a pourtant irrigué tout le monde grec pendant plus de dix siècles. Cette notion, c’est la mètis, [qui s’écrit m – e accent grave – t – i – s] qui selon les mots des auteurs constitue "un ensemble complexe, mais très cohérent, d’attitudes mentales, de comportements intellectuels qui combinent le flair, la sagacité, la prévision, la souplesse d’esprit, la feinte, la débrouillardise, l’attention vigilante, le sens de l’opportunité, des habiletés diverses, une expérience longuement acquise ; elle s’applique à des réalités fugaces, mouvantes, déconcertantes et ambiguës, qui ne se prêtent ni à la mesure précise, ni au calcul exact, ni au raisonnement rigoureux." La mètis, pourtant, n’a jamais fait l’objet d’aucune formulation explicite ou d’aucun traité, aucun texte n’en donne les fondements précis, ni les ressorts. Les philosophes n’en parlent pas ou peu. Pour Platon, la mètis, tout comme la dextérité (euchéria), la sûreté du coup d’œil (eustochia) ou encore la pénétration de l’esprit (agchinoia) relèvent toutes d’un mode de connaissance extérieur au savoir véritable, elles sont, d’une certaine manière, étrangères à la vérité. Ça n’est pas le cas d’Aristote, chez qui la notion de « prudence », la fameuse phronesis, vertu pratique par excellence, se rapproche grandement de la mètis. Mètis, femme de Zeus, mère d’Athéna La mètis, c’est donc cette forme particulière d’intelligence, cette prudence avisée, perçue tantôt comme l’intuition suprême, tantôt comme la ruse absolue. Mètis, c’est aussi, et avant tout, le nom d’une déesse, fille de Téthys, la déesse de la fécondité marine, celle qui reçoit le soleil qui vient tous les soirs se coucher au terme de son voyage céleste et d’Okéanos, lui même fils d’Ouranos, le Ciel, et de Gaïa, la Terre. Mais si les Grecs la connaissent, c’est surtout parce qu’elle occupe une place éminente dans l’économie du monde divin. Elle est la première épouse de Zeus, celle qu’il mène à son lit aussitôt la guerre contre les Titans terminée. Sans son secours, sans l’appui des armes de ruse dont elle dispose, il n’aurait pas pu vaincre. Elle marque le couronnement de sa victoire et consacre sa primauté de monarque. Mais Zeus ne s’est pas contenté de s’unir à Mètis. Après qu’elle ait accouché d’Athéna, il l’avale. Sage précaution soulignent Détienne et Vernant, car si Zeus ne l’avait pas fait, Mètis aurait accouché d’un fils plus fort que lui et qui l’aurait sans doute détrôné. Ainsi, en avalant la déesse Mètis, Zeus est devenu le Dieu par excellence de la mètis, de ce mélange particulier de prudence et de ruse qui lui ont permis non seulement de conquérir le pouvoir, mais aussi de l’exercer et de le conserver. Il n’y a plus de mètis possible en dehors de Zeus et contre lui ou plutôt sa mètis est devenue la mesure de toutes les autres mètis. Pas une ruse ne se trame dans l’univers sans passer d’abord par son esprit. Rien ne peut le surprendre, tromper sa vigilance ou contrecarrer ses desseins. D’autres dieux, cependant, sont pleins de mètis. Héphaïstos, Hermès, Aphrodite. Athéna, bien sûr, puisqu’elle est le fruit des entrailles de sa mère, la déesse Mètis, au point d’être parfois même appelée Athéna Mètis. D’après les récits mythiques, elle jaillit dans l’éclat de la lumière et du tumulte, vêtue de bronze, poussant un immense cri de guerre. Sa force, elle la doit à son courage, à la hardiesse de son coup d’œil, à la rapidité de son exécution. Elle la doit surtout à sa mètis, qui chez elle se rapproche autant de l’habileté du renard que de son regard éclatant qui se mêle au feu terrifiant du bronze qui la pare. Mère de toute force et intelligence Mais la mètis n’est pas que l’apanage des dieux. Pour cela, il faut se rendre chez Homère et rouvrir le 13ème chant de l’Illiade, dit épisode des Jeux. Tout est prêt pour la course de chars. Le vieux Nestor, modèle du sage, prodigue des conseils à son fils Antiloque. Le garçon est fort talentueux bien que jeune, mais ses chevaux ne sont pas très rapides par rapport à ceux de ses adversaires. Nestor lui dit alors "À toi donc, mon petit, de te mettre en tête une mètis multiple pour ne pas laisser échapper le prix." Puis le chant se poursuit pour se transformer en louange : "C’est par la mètis, plus que par la force que vaut le bûcheron. C’est par la mètis que sur la mer vineuse l’homme de barre guide le bâtiment de course en dépit du vent. C’est par la mètis que le cocher l’emporte sur son concurrent." Par une manœuvre plus ou moins frauduleuse, Antiloque finit par gagner la course. Nestor commente : "Qui connaît les tours, même s’il conduit des chevaux médiocres, l’emporte."
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Ce soir, RMZ reçoit Pierre Vial et Jean-Paul Lorrain pour évoquer la traditionnelle Table ronde de Terre & Peuple qui se tiendra le 9 décembre prochain à Rungis et le dernier ouvrage de Pierre Vial sur les rites païens, du berceau à la tombe. Eugène krampon mène le bal en compagnie de Lord Tesla.
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les carnets de Nicolas Bonnal.
Soumis durant des siècles à la cruauté des ogres protestants anglais (l’un d’eux vint en France et faisait collection d’oreilles de nos prêtres), les « papistes » irlandais, à qui la littérature british doit pourtant les quatre cinquièmes de ses génies, ont eu droit à tout : déportation, esclavage (lisez White cargo de Jordan et Walsh), famine, extermination jusque dans les églises sous le puritain Cromwell qui voulait remplacer le déjà vieux dimanche des chrétiens par le sabbat des Juifs qu’il avait rappelés à Londres pour détrôner Amsterdam et conquérir les mers et les marchés financiers. Cromwell créa l’Océania d’Orwell, qui a depuis la vie dure. Lisez Harrington à cet effet. Sur la Grande famine, je vous recommande pour commencer la page Wikipédia en anglais sur an Gorta Mór, Pendant qu’on mourait de faim en Irlande, on exportait dans ses ports ! Ô liberté du commerce ! Que de crimes on déguste en ton nom !
Lire la suite : SWIFT : COMMENT DEGUSTER LES ENFANTS CATHOLIQUES IRLANDAIS.