Tous unis, manifestons pour la liberté… Que voilà donc un beau programme. Le cinéma médiatique au service du Système, style bisounours, fonctionne à fond pour émouvoir dans les chaumières. Et, bien sûr, ça marche. Et beaucoup de braves gens – parce que ce sont de braves gens – se mobilisent pour apporter leur contribution à l’opération d’unanimisme compassionnel et fusionnel montée par de gros malins sur le nom de Charlie Hebdo.
On est tenté, bien sûr, de hausser les épaules et de passer à autre chose. Mais essayons tout de même d’analyser froidement cette opération. Il y a un bon côté des choses : la motivation des braves gens – je ne parle pas des autres – est légitime et satisfaisante car elle concerne la liberté, qui est la valeur fondamentale de la conception du monde des Européens, depuis des millénaires. Ceci dit, le jeu est faussé, truqué. Car il faut être cohérent : la liberté est incompatible, quoi qu’en disent les bons apôtres des diverses religions (y compris la plus vicieuse, celle des droits de l’homme), avec le monothéisme des fous d’Allah et de leurs coreligionnaires « modérés » (sic), qui, parce que c’est sa logique intrinsèque, entend plier le monde à sa loi, car c’est bel et bien le fond idéologique de tout monothéisme. Le contorsionnisme intellectuel qui essaye de nier cette évidence est condamné à échouer car il y a au sein du peuple, le vrai, beaucoup de gens qui ne sont pas dupes et savent à quoi s’en tenir : il suffit, pour le savoir, d’écouter les conversations sur les lieux de travail ou dans les bistrots, car la parole se libère, sous l’effet des événements, et les mensonges officiels sont pris pour ce qu’ils sont – ce qui contribue d’ailleurs à augmenter le discrédit d’un Système qui se fissure de plus en plus.
Cependant beaucoup de braves gens sont encore naïfs et les politiciens en mal de popularité veulent abuser de cette naïveté en exploitant au mieux de leurs intérêts les bons sentiments. Il est de notre responsabilité de dénoncer cette hypocrisie : les faux-culs qui se drapent dans la défense de la liberté n’ont jamais hésité à poursuivre de leur haine tous ceux à qui ils reprochent d’être politiquement incorrects, car ils osent revendiquer une liberté de pensée et d’expression qui fait fi des tabous. N’est-ce pas, Dieudonné ?
Ces vaillants défenseurs de la liberté sont les héritiers idéologiques de ceux pour qui, en 1793, la défense de la liberté consistait à guillotiner à tout va et à massacrer les femmes et les enfants des Chouans. Et on connaît le fameux refrain qui résume leur conception de la liberté : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté » (étant bien entendu que ce sont eux qui décident qui sont « les ennemis de la liberté »…).
Donc nous ne rejoindrons pas les rangs des faux-culs et, décidément, non, NOUS NE SOMMES PAS CHARLIE.
Pierre Vial