Alors qu’il va quitter la direction du musée, Stéphane Martin regrette le manque de diversité de son établissement et souhaite la venue des conservateurs des pays d’origine.
Après 21 ans passés à la tête du Musée du Quai Branly, Stéphane Martin est en passe de quitter l’établissement voué aux arts et civilisations d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques. Interrogé par Le Monde pour dresser un bilan, il salue l’évolution de ce musée voulu par Jacques Chirac, mais regrette le manque de diversité.
Une partie du public « issue des émigrations »
« Ce que je souhaite, c’est que le musée se colorise, nous sommes trop blancs », estime-t-il auprès du quotidien. Son grand regret ? « Il est encore très compliqué de faire venir des conservateurs des pays d’origine », contrairement aux « musées australiens et néerlandais » qui ont « franchi ce pas ». Pourtant, le futur ex-président se félicite du « désir d’ouverture et de tolérance que nous portons depuis les débuts de l’établissement ». Il se montre également ravi du public qui y afflue. « Trois publics cohabitent : les scolaires, les gourmands de musées et un public qui ne vient qu’au Quai Branly, avec une majorité de gens jeunes, les uns issus des émigrations, les autres venus chercher les racines de leurs goûts », explique-t-il. Au total, le musée se targue d’accueillir « entre 1,2 et 1,45 million de personnes » par an. « L’un des chiffres les plus importants pour un musée de ce type », selon Stéphane Martin.
Le président du musée défend également sa politique « ouverte au grand large ». « Ce qui nous impose des devoirs », explique-t-il : par exemple, « nous sommes les héritiers du Musée des colonies, avec ce qu’il y a là d’insupportable aujourd’hui par rapport à l’histoire de la colonisation. Mais cela nous impose d’y travailler, de la compléter à des fins historiques ».
valeursactuelles.com du Jeudi 2 janvier 2020