On le sait, Streetpress n’est pas un média d’information mais davantage une officine militante activiste consacrant la grande majorité de son temps et de son travail à la dénonciation de tout ce qu’elle considère comme appartenant à « l’extrême-droite », ce terrifiant golem qui menace, comme chacun sait, notre belle démocratie ainsi que l’harmonieuse et joyeuse convivialité du « vivre ensemble ».
Délation, mon beau souci ?
Et pour mener cette noble mission de traque de la « bête immonde », tous les moyens sont bons, bien sûr, y compris les plus discutables, pour ne pas dire les plus amoraux. C’est sur la base de cette conviction, que Streetpress annonce le lancement prochain d’une très vaste opération de délation et de fichage rebaptisée « plus grande enquête participative sur l’extrême-droite en France ». On peine à discerner le grand intérêt de cette initiative tant les ouvrages, rapports, guides, lettres spécialisées, pullulent sur ce sujet, mais la passion obsessionnelle a certainement des raisons que la raison ignore.
Mais de quoi s’agit-il exactement ?
Le but de l’opération est, selon les mots de Streetpress, de « ne pas lâcher » les membres et sympathisants des quelques « 150 groupuscules qui forme un maillage militant dense et s’en prennent partout sur le territoire à tous ceux qui ne collent pas à leur vision rance de la France ».
Il est vrai que l’heure est grave car, à la lecture StreetPress, on découvre avec autant de stupeur que d’angoisse que ce sont les nervis d’extrême-droit qui sèment violence, terreur et chaos dans les rues des cités de France et qui saturent les pages faits-divers des journaux, tandis que les migrants, les « jeunes de banlieues » et les musulmans rasent les murs entre leur dur travail et une activité bénévole au service de la communauté… « Dans les rues, ils tabassent, insultent et menacent quotidiennement, parfois même tuent » nous explique StreetPress. Une réalité parallèle que chacun jaugera à l’aune de son expérience quotidienne.
Fantasmes et sycophantes
Face à cette menace fantasmatique, il s’agit donc de repérer, de ficher, et de dénoncer le maximum de ces dangereux factieux en créant une « plateforme participative » qui rassemblera et traitera l’intégralité des informations transmises par la multitude de petits sycophantes qui seront les « yeux et les oreilles » de StreetPress partout en France, et que l’on encourage à dénoncer leurs voisins si ceux-ci ont le malheur de tenir des propos « nauséabonds », de regretter « la France d’avant » , d’être abonné à une publication « sulfureuse » (gare aux boîtes aux lettres!) ou de coller un autocollant à Fleur de lys ou indécemment tricolore. StreetPress précise que la plateforme sera « sécurisée », une manière de rassurer les aspirants mouchards sur l’anonymat qui leur est garanti.
« Signaler la présence, les actions et les méfaits des groupuscules ou militants d’extrême droite. Nous indiquer le nom qu’ils se donnent, les événements qu’ils organisent et nous partager leur lieux de rendez-vous. Chaque détail compte !» exhortent les journalistes-vigilants.
Vivre dans la peur
Pour les rédacteurs de StreetPress, « personne ne doit, en raison de sa couleur de peau, de sa religion, de son genre ou de son orientation sexuelle, vivre dans la peur», par contre ceux qui ont le malheur de ne pas partager leur idéologie et leur vision du monde, eux, doivent vivre dans la terreur, être surveillés, traqués, dénoncés et, si possible, assassinés, socialement dans un premier temps.
Cette mission hautement citoyenne nécessite apparemment d’importants investissements puisque StreetPress réclame (non sans insistance, les mails de relance pleuvant comme à Gravelotte) pas moins de 100 000 euros pour pouvoir entamer son programme de flicage. Près de la moitié de la somme semble déjà rassemblée selon le média de délation.
Certaines mauvaise langues voient là un moyen détourné de compenser les pertes financières du site mais on n’ose bien évidemment pas y croire.
Source : © Observatoire des Journalistes et de l'Information