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L’expression figure dans le titre d’un ouvrage paru en 2003 (1) et consacré à cette nouvelle race d’auteurs menant de front leur activité littéraire et leur collaboration à un journalisme en plein essor au XIXe siècle. De cette nouvelle espèce de littérateur, Jules Barbey d’Aurevilly est le prototype le plus abouti.

Rappelons qu’il naît en 1808 à Saint-Sauveur-le-Vicomte et décède en 1889 à Paris. J’ai déjà évoqué ailleurs sa haute figure de romancier historique, même si Le Chevalier des Touches rencontre peu de succès : à peine deux articles élogieux d’Alcide Dusolier et de Jules Vallès. Dans Le Progrès de Lyon du 20 avril 1864, ce dernier émet des réserves d’ordre idéologique et, d’une façon plus générale, les commentateurs de Barbey soulignent la distorsion entre le critique catholique intransigeant et le narrateur sulfureux, voire licencieux. Une vieille maîtresse est un roman « dangereux », selon Janin et Champfleury, journalistes influents de l’époque.

À partir de 1860, Barbey met en chantier le rassemblement de ses chroniques en quatre séries. Barbey conçoit l’architecture de ses recueils jusqu’en 1909, mais à partir de 1890, le travail est assuré par Louise Read (Littérature étrangère, quatrième recueil de la deuxième série). Le tout est intitulé Les œuvres et les Hommes. Il ne s’agit pas d’une simple compilation. C’est un livre à part entière, un ouvrage de synthèse où Barbey récapitule ses idées sur « toutes les choses » de son temps (science, idées générales, détails de l’histoire). « Telles seront, à moi, mes Soirées de Saint-Pétersbourg », écrit-il dans une lettre d’avril 1855.

« La critique anoblie par le livre » : ainsi peut-on résumer cette « ambition totalisante » qui s’accompagne d’une farouche volonté militante. Le recueil inaugural de chaque série s’intitule Les Philosophes et Écrivains religieux. Mais il y est aussi question de Poésie, de Sensations d’Art et d’Histoire, de Littérature épistolaire (1892), de Femmes et moralistes (1906), de Voyageurs et romanciers (1908).

Une œuvre fondatrice, dépassant le clivage de l’écrivain et du critique, élevant le second au rang de premier.

Daniel Cologne

Note

1 : Marie-Françoise Melmoux-Montaubin, L’écrivain-journaliste au XIXe siècle. Un mutant des Lettres, Éditions des Cahiers intempestifs, coll. « Lieux littéraires », n° 6, 2003, 469 p., 30 €.

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