Gen Paul : “Si j'avais pas eu une gambille de moins, j'aurais jamais été peintre.” “Quand j'avais sept piges, j'avais déjà l'angoisse du néant [...] Je me considère comme un éphémère.”
En 1970, Jacques Chancel reçoit le peintre Gen Paul (1895-1975) pour l'émission Radioscopie. Ami de Louis-Ferdinand Céline, avec lequel il finira par se fâcher, et de Marcel Aymé, Gen Paul est un autodidacte, parfois qualifié de façon réductrice de “peintre de Montmartre”. Il fut initié à la gravure par Eugène Delâtre. Ses premières œuvres semblent refléter de nombreuses influences croisées, dont celles de ses amis de Montmartre : Vlaminck, Utrillo et Frank Will, mais il développe rapidement une personnalité teintée d'un expressionnisme qui reflète des influences aussi variées que celles de Toulouse-Lautrec, Van Gogh, Cézanne, et avant eux Goya, Vélasquez, El Greco. J'ai connu Valadon, Utrillo... ils sont devenus des célébrité par la suite mais, sur le moment, c'était de pauvres crevards. Outre nombre de scènes de son quartier de Montmartre et de portraits de son ami, le compositeur Darius Milhaud, on connaît de Gen Paul des peintures et des dessins réalisés aux États-Unis, comme ces scènes de jazz et de musiciens classiques, sujets pour lesquels il manifestait beaucoup d'intérêt.
Gen Paul est un des personnages du “Passe-muraille” et de “Avenue Junot”, nouvelles de Marcel Aymé écrites en 1943. Il est également au centre du roman “Féerie pour une autre fois” (1952) de Louis-Ferdinand Céline qui le dépeint dans le personnage de Jules en peintre-sculpteur cul-de-jatte colérique, obsédé, alcoolique, et jaloux de l'auteur. Gen Paul a joué le rôle d'un invité à la sortie de l'église dans le film “L'Atalante” (1934) de Jean Vigo.
Source : France Inter