Stupeur ce vendredi 10 janvier à Perpignan pour les 25 salariés de B2S, sous-traitant d'Amazon spécialisé dans la livraison de colis. Alors qu'ils s'étaient mis en grève la veille contre les cadences de travail qu'ils jugent "infernales", ils ont découvert que leur entreprise avait disparu pendant la nuit.
Comme chaque matin, les salariés de l’entreprise B2S se sont présentés ce vendredi matin à 9 heures pour prendre leur service sur la zone d’activité de Torremilia, près de l’aéroport de Perpignan. Mais à leur grande surprise, ils ont découvert que leur outil de travail, "une trentaine de camions de livraison de colis", avait disparu pendant la nuit, et que l’accès au site leur était interdit. L’entreprise est spécialisée dans la distribution de colis pour le compte d’Amazon.
Pour les salariés, cela ne fait aucun doute : "c’est une punition" pour avoir fait grève la veille contre les cadences de travail qu’ils jugent "infernales". "Vers midi, nous avons pu échanger avec le patron par téléphone. Il a proféré des menaces contre nous : ‘si vous ne reprenez pas le travail, ce n’est pas la peine de revenir demain’. Nous n’avons pas voulu céder. Et ce matin, nous découvrons que notre entreprise a déménagé dans la nuit", explique un salarié qui souhaite rester anonyme. "Seul notre responsable d’équipe a reçu un message hier soir par texto : ‘tu pourras aller pointer au chômage demain’ ".
Des violences pendant la nuit
Pendant la nuit, des salariés qui avaient remarqué un étrange va-et-vient sur le site, ont tenté de s’interposer pour empêcher le transfert des camions par des chauffeurs venus d’un autre site. Selon plusieurs sources, une violence bagarre aurait éclaté. Un salarié perpignanais aurait été blessé. Et de nombreux véhicules ont été dégradés, pneus crevés et vitres brisées. Ce vendredi matin, des camions de dépannage s’activaient pour les évacuer.
Dans la matinée, un huissier de justice mandaté par les salariés du site perpignanais est venu constater le déménagement de l’entreprise. Une cinquantaine de militants syndicaux ont rejoint les salariés rassemblés devant le site. Pour Alexandre Pignon, secrétaire départemental de la CGT-FAPT, « cet événement est symptomatique de l’état du dialogue social aujourd’hui en France. Plutôt que de négocier avec ses salariés, le patron préfère vider les locaux de l’entreprise et déguerpir en catimini ».
La CGT accuse également l’entreprise B2S d'avoir enfreint le code du travail ces derniers jours, en mettant fin au contrat d’une vingtaine de salariés recrutés en CDI avant la période de Noël. « Aucun n’a été conservé à l’issue de sa période d’essai. Il s’agissait de CDD déguisés ». La CGT a obtenu un rendez-vous avec l’inspection du travail jeudi prochain.
"Des salariés ingérables", selon le patron
Joint par téléphone, le gérant de l’entreprise B2S – qui souhaite lui-aussi rester anonyme – affirme que le site ne rouvrira pas. « J’ai perdu toute autorité sur les salariés. Une véritable mafia s’est montée dans l’entreprise et j’ai été pris en otage. Le plus triste dans l’histoire, c’est pour moi : eux ont juste perdu un travail, mais moi j’ai perdu 25 tournées ». Concernant le sort des salariés encore sous contrat, le gérant indique ne pas avoir encore réfléchi « à des solutions ».
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