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« Qui sont les Blancs ? » : avec ce nouveau livre, Julien Rochedy s’attaque à un tabou. Pour les décolonialistes et les « progressistes », la réponse est simple : ce sont des « salauds », coupables de la Shoah, de la colonisation, de l’esclavage, du réchauffement climatique. Pour beaucoup d’autres, les Blancs sont cancellisés, niés. Ils n’existent pas, ou s’ils existent, il est plus prudent de n’en point parler ! Car l’essentialisation est recommandée pour les autres groupes humains, mais interdite pour eux. Et pourtant, quiconque prend le métro dans une grande ville d’Europe trouve vite la réponse à la question « Qui sont les Blancs ? » : la nouvelle minorité.

La « question blanche » se pose ici et aujourd’hui comme il y eut hier une « question noire » dans les périphéries urbaines américaines. Rochedy affronte le problème sans faux-semblants ni complexe. En commençant par l’origine : l’ethnogenèse lors de la préhistoire et de la protohistoire. C’est-à-dire la fusion de trois groupes de peuples très proches les uns des autres :

*Les chasseurs-cueilleurs, les artistes de la grotte Chauvet, ceux qui sont à l’origine de nos « 30 000 ans d’identité » selon Dominique Venner, ceux dont les caractères ont été sélectionnés par les terribles exigences de l’âge glaciaire.

*Les agriculteurs anatoliens arrivés il y a 7 000 ans, et avec eux la révolution néolithique et les mégalithes.

*Et puis, il y a 5 000 ans, la grande vague des Yamnayas, eux aussi issus des chasseurs-cueilleurs, apportant avec eux les langues indo-européennes et, avec elles, une vision du monde, une conception de la nature, une cosmogonie, une organisation sociale, celle des trois fonctions qu’on identifie dans toute l’histoire européenne.

Rochedy insiste à juste titre sur l’unité biologique des Européens : du Portugal aux pays baltes, de l’Italie à l’Irlande, on retrouve les mêmes composantes génétiques d’origine, certes dans des proportions variables, mais marquant néanmoins une grande unité. Cette unité, cette grande homogénéité qu’on retrouve chez tous les peuples de souche blanche, est absente chez d’autres peuples, par exemple chez les Africains, beaucoup plus divers d’une tribu à l’autre et a fortiori à travers le monde. Ce socle biologique est resté inchangé et imperméable à toute immigration (autre qu’interne) jusqu’à la deuxième moitié du XXe siècle.

Après ce développement sur les origines des Blancs, Rochedy se livre ensuite à l’exercice du récit civilisationnel. Après avoir été généticien pensif, il se fait historien méditatif. Après les millénaires de la préhistoire glaciaire, voici les périodes historiques séculaires qui s’enchaînent. La rationalité avec l’empreinte grecque. La Grèce, qu’il voit, comme beaucoup d’autres avant lui, telle une source infiniment renouvelée d’inspiration avec Rome, le Moyen Âge (Aristote et les thomistes). la Renaissance, les Lumières. Le pragmatisme avec l’empreinte romaine, son droit, ses routes : « pour schématiser, le monde grec imprime l’Être du Blanc, celui de Rome inspire son Faire. » La moralité avec l’empreinte chrétienne. La force avec l’empreinte germanique : le Moyen Âge y est vu comme un « sas de décompression avec l’origine orientale du christianisme ». L’individualisme avec l’empreinte de la Renaissance. Le sentimentalisme avec les Lumières. Et ici, on bascule dans les problèmes contemporains : « le sentimentalisme est ainsi à comprendre comme une réponse à une bascule anthropologique tragique. C’est un élan fondamentalement post-tribal qui touche essentiellement les sociétés blanches dans leur expansion moderne. Il remplace les liens anciens par des affects volatils, les anciennes obligations par des émotions superficielles, l’appartenance par l’empathie, la solidarité organique par l’altruisme abstrait ». Est-il aujourd’hui encore permis de dire que c’est de cela que les Blancs risquent de mourir dans les sociétés multiculturelles contemporaines ? Le travail avec l’empreinte industrielle. Le nihilisme avec l’empreinte contemporaine. Pour Rochedy, ces maux que sont le wokisme et le transhumanisme s’inscrivent dans la prolongation de tendances antérieures de l’univers blanc : le constructivisme social des XIXe et XXe siècles, mais aussi, en remontant plus loin, l’hybris des Grecs. Ce qui nous bouleverse, voire nous tue aujourd’hui, vient de loin, mais aussi de nous-mêmes ! D’où la nécessité de retrouver des contrepoids, des garde-fous : le retour des limites, l’exigence de la mesure, un héritage commun, un sens de la continuité historique. Face à la déferlante démographique de l’immigration, c’est maintenant ou il sera trop tard !

Ce livre vivifiant s’inscrit dans une longue lignée d’ouvrages consacrés à la civilisation européenne. La Formation de l’Europe de Gonzague de Reynold au mitan du XXe siècle. Un peu plus tard, Le Génie de l’Occident de Louis Rougier, centré sur la rationalité et la science. L’Europe a fait le monde d’André Amar : Une histoire de la pensée européenne prenant ses sources à Athènes et Jérusalem. Sans oublier le magnifique Histoire et tradition des Européens de Dominique Venner.

Par rapport à ces ouvrages, on notera des différences de style et d’angles. D’abord par le choix du mot « Blanc » au lieu d’Europe, d’Européen ou d’Occident. Un choix que certains peuvent juger problématique, mais qui est pleinement assumé par l’auteur. D’abord parce que les Blancs deviennent une minorité du monde (et pour les Blonds une minorité dans la minorité : 0,8 % de la population mondiale a les yeux bleus). Une minorité ? Y compris sur certaines de leurs terres d’origine. Et que pour eux, la question identitaire se pose dans des termes nouveaux. Ensuite, parce que l’ouvrage de Rochedy prend en compte les progrès récents de la génétique et de la paléogénétique qu’ignoraient ses prédécesseurs, même s’ils en soupçonnaient les prémisses (Venner et Reynold notamment). Enfin, parce qu’il assume le fait que la génétique des Blancs – sélectionnés par le froid de l’âge glaciaire – n’a cessé de peser sur leur histoire et l’évolution de leur civilisation. Il y a peut-être là un côté matérialisme biologique qui peut hérisser les culturalistes.

Bien sûr, certains passages ne manqueront pas d’être questionnés. Sur le christianisme notamment, dont il salue l’apport en termes d’entraînement intellectuel, comportemental et moral, mais aussi en termes… eugéniques : en tant que religion qui « encourage les Blancs à échanger constamment entre familles éloignées, les rendant à la fois plus homogènes génétiquement et de très loin les moins consanguins du monde ». Certains ne manqueront pas – à tort ou à raison – de critiquer l’aspect parfois téléologique des thèses de Rochedy : pour lui, ce qui est advenu devait survenir. Un peu comme si les dérives de l’art contemporain se trouvaient déjà à l’origine de la création artistique et l’urinoir de Duchamp au pied de la grotte de Lascaux, cette cathédrale de la préhistoire. C’est en tout cas ainsi qu’il analyse le wokisme. De même, là où certains voient, non sans raison, dans le christianisme une greffe orientale, il raconte son implantation en Occident par des traits antérieurs propres aux Européens qu’il trouve notamment chez les Grecs et les Indo-Européens. Ce qui explique la victoire du christianisme dans les premiers siècles de notre ère face aux autres religions orientales concurrentes. Analyse à considérer mais qu’il paraît plus facile de rattacher à la culture européenne qu’à la blanchité proprement dite. La vision téléologique se heurte aussi à un fait majeur : l’histoire est le « lieu de l’imprévu » (Venner). Rochedy en convient d’ailleurs dans sa conclusion : il observe qu’il naît plus d’enfants au seul Nigeria que dans toute l’Europe et, comme la démographie fait l’histoire, cela risque de plier le match ; pourtant, il croit encore possible un sursaut des Blancs. Bien sûr, le livre de Rochedy fera polémique : chez ses adversaires, qui trouveront ses thèses inconvenantes, comme chez ses amis, qui pourront lui reprocher tel ou tel raccourci ou telle ou telle impasse. C’est la loi du genre. On ne saurait lui faire le procès de ne pas tout traiter, car il choisit des angles : insister sur la raison grecque, le logos, ce n’est pas autant nier le rôle des mythes, le mythos. C’est le choix d’un angle. C’est d’ailleurs toujours sous un angle particulier que chaque moment historique est traité, ce qui donne au livre une grande fluidité dans ses enchaînements. Au risque bien sûr de se voir reprocher une certaine vision déterministe des événements. Bref, s’il faut garder une distance critique, la lecture de ce livre n’en est pas moins chaudement recommandable. Rochedy, le loup solitaire retiré sur ses terres ardéchoises, est aussi une chouette qui réfléchit et qui nourrit le débat.

https://rochedy.com/products/qui-sont-les-blancs

@JRochedy

Jean-Yves Le Gallou

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