Réflexions après la victoire d’Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire.

 

 

En Côte d’Ivoire, c’est une large victoire qui vient d’être remportée par la coalition entre Baoulé et Nordistes, Alassane Ouattara l’ayant emporté avec près de 55% des voix. Abidjan, pourtant réputé fief de Laurent Gbagbo, a même quasi également réparti ses suffrages entre les deux candidats, illustrant la nette coupure ethnique de la ville. Les électeurs baoulé qui, avec les 25% de voix obtenues au premier tour par Henri Konan Bédié, détenaient la clé de ce scrutin, se sont donc largement reportés sur le Nordiste Alassane Ouattara pour en finir avec la parenthèse Gbagbo.

Cette victoire au second tour a donc été permise par la reconstitution de l’alliance ethnique qui avait permis au président Houphouët-Boigny de gouverner le pays durant plusieurs décennies. C’est avec une grande maladresse qu’elle avait été rompue par son successeur, Henri Konan Bédié, lequel avait pensé écarter son rival d’alors, Alassane Ouattara, en contestant sa nationalité, oubliant par là que la Côte d’Ivoire est composée de trois grands ensembles ethniques et que l’alchimie ethno-démocratique du pays repose sur la règle de deux contre un. Ce fut en effet uniquement parce que le leader baoulé Henri Konan Bédié et le leader nordiste Alassane Ouattara avaient négligé cette loi non écrite que Laurent Gbabo, le représentant des ethnies kru et lagunaires l’avait jadis emporté. Ce président légal mais illégitime élu pour cinq ans s’est maintenu une décennie au pouvoir par la magouille, la démagogie et la terreur.

Couverts de sang et gavés de leurs rapines, ses partisans vont-ils accepter de devoir rendre des comptes ? Là est toute la question et elle conditionne l’avenir de ce  pays coupé en deux.

 

Bernard Lugan

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