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La République islamique d'Iran recevra bientôt de la Russie un escadron complet d'avions de combat Sukhoi Su-35, ce qui ne manquera pas de susciter la colère de l'Occident, alors que Téhéran et Moscou renforcent leur collaboration en matière de défense et d'économie, au mépris des sanctions draconiennes imposées par l'Occident - Photo : via Tehran Times.

Les dernières attaques d’Israël sur l’Iran rendent la stratégie de « tolérance » plus difficile à maintenir.

Les États-Unis et Israël semblent avoir été frustrés par la politique d’ « abstention stratégique » menée depuis longtemps par l’Iran, qui s’est abstenu de riposter à leurs attaques secrètes contre ses installations nucléaires et à l’assassinat de scientifiques iraniens – ainsi qu’à des attaques similaires contre le personnel iranien en Syrie – ou à leur incitation à des manifestations contre le régime.

Cela les amène à modifier leur stratégie et à élargir et intensifier leurs règles d’engagement. Cela peut expliquer les frappes suicides de drones israéliens de dimanche dernier contre des usines, des bases et des entrepôts militaires iraniens à Ispahan, l’attaque d’un convoi de camions transportant prétendument du matériel militaire iranien près du poste-frontière irako-syrien d’Abu Kamal, et le bombardement d’un véhicule transportant le commandant d’un groupe armé irakien pro-iranien et deux de ses assistants partis inspecter le site.

Des responsables américains ont déclaré au Wall Street Journal, proche du Pentagone, qu’Israël avait mené l’attaque contre Ispahan et que les États-Unis n’étaient pas impliqués. Cette déclaration fait suite à l’annonce par l’Iran de la destruction de trois des drones attaquants, ce qui empêche les Israéliens de nier toute responsabilité.

Deux questions pressantes se posent ici : Pourquoi Ispahan était-elle visée, et comment l’Iran va-t-il réagir ? On pourrait en ajouter une troisième : de quel pays les drones ont-ils été lancés ?

La province d’Ispahan, dans le centre de l’Iran, a été choisie parce que des installations pour la fabrication de drones et (avec l’aide de la Russie) de missiles de haute technologie s’y trouvent, ainsi que plusieurs installations nucléaires, dont le réacteur de Natanz.

L’ancien chef du Mossad, Danny Yatom, a déclaré lundi que l’une des installations visées sert à développer des missiles hypersoniques qui pourraient être trop rapides pour être interceptés par les systèmes de défense aérienne avancés d’Israël.

En ce qui concerne la nature, la probabilité et l’ampleur de la réponse iranienne, il existe plusieurs options.

La première serait une riposte iranienne directe en nature contre l’infrastructure militaire israélienne au moyen de missiles de précision à longue portée. Cela pourrait conduire à une guerre totale.

Une deuxième option serait des frappes de drones contre des cibles dans les pays où les drones israéliens ont été lancés. Le Kurdistan irakien ou l’Azerbaïdjan où sont basés des avant-postes militaires israéliens, sont pointés du doigt.

La troisième option serait que les dirigeants iraniens demandent à leurs alliés paramilitaires en Irak, au Liban et au Yémen – et peut-être dans la bande de Gaza et en Cisjordanie – de réagir en leur nom, que ce soit séparément ou collectivement.

Les visites de responsables américains à Jérusalem occupée se sont multipliées ces derniers temps, notamment celles du conseiller à la sécurité nationale, le général Jake Sullivan, du directeur de la CIA, William Burns, et du secrétaire d’État, Antony Blinken. Rien ne prouve que leur objectif principal était l’intention déclarée de calmer la situation en Palestine occupée.

Ces visites visent principalement à préparer une action conjointe contre l’Iran, surtout à la suite de la plus vaste série d’exercices militaires conjoints israélo-américains depuis une décennie.

Ces exercices ont simulé le bombardement d’installations nucléaires dans un État hostile et la confrontation à diverses menaces au Moyen-Orient. Aucun pays ne répond à ces spécifications, si ce n’est l’Iran.

Les experts militaires israéliens tirent à nouveau la sonnette d’alarme et avertissent que l’Iran est sur le point de produire des armes nucléaires.

Netanyahu et ses généraux pourraient avoir recours à la guerre afin d’unir l’opinion publique israélienne divisée et de mettre un terme aux énormes manifestations exigeant la destitution de son gouvernement fasciste.

Une chose est sûre. La politique iranienne de retenue et d’abstention de représailles directes, à laquelle l’Iran s’est tenu pendant des années concernant les attaques et les assassinats israéliens, pourrait ne plus être viable maintenant que les drones israéliens ont ouvertement atteint Ispahan et ses installations militaires.

Je m’attends donc à une réponse sérieuse visant à dissuader de nouvelles attaques similaires, ce qui pourrait présager ou accélérer une confrontation totale.

La région est en ébullition. La coopération de l’Iran avec la Russie, l’échec des négociations nucléaires de Vienne et les revers des États-Unis en Ukraine pourraient inciter les États-Unis et le Grand Israël à commettre un acte de folie majeur – qui pourrait marquer la fin de l’hégémonie mondiale des États-Unis et de l’Occident et faire avancer les aiguilles de l’horloge du Jugement dernier.

 Abdel Bari Atwan

Abdel Bari Atwan est le rédacteur en chef du journal numérique Rai al-Yaoum. Il est l’auteur de L’histoire secrète d’al-Qaïda, de ses mémoires, A Country of Words, et d’Al-Qaida : la nouvelle génération. Vous pouvez le suivre sur Twitter : @abdelbariatwan

31 janvier 2023 – Raï al-Yaoum – Traduction : Chronique de Palestine

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