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La stratégie du gouvernement israélien au Liban semble, à première vue, assez simple. Et, tout compte fait, très simple.

Utiliser des armes terroristes et, de par leur nature même, destinées à des cibles très précises - surtout des figures ennemies de référence - de manière sensiblement indiscriminée et, surtout, massive. Naturellement, pour semer l'insécurité et la terreur dans les rangs de l'ennemi.

En l'occurrence, il s'agit précisément du Hezbollah.

Car il est évident que l'objectif d'Israël, de ses services de renseignement, est, in fine, de mettre le mouvement de Nasrallah en position difficile, voire hors-jeu. Lequel est depuis longtemps, à toutes fins utiles, une épine dans le pied de l'État israélien.

Toutefois, il convient de rappeler que le Hezbollah n'est pas une simple organisation terroriste visant exclusivement à frapper l'ennemi israélien. Il s'agit au contraire d'une organisation complexe, véritable État dans l'État.

En effet, compte tenu des conditions dans lesquelles se trouve le Liban dans son ensemble, le Hezbollah est en fait la seule organisation étatique existant sur ce territoire. Et Nasrallah ne parle pas en tant que chef d'un mouvement terroriste, mais en tant que chef d'État s'adressant à d'autres chefs d'État.

Cela ne plaît peut-être pas à beaucoup, mais c'est ainsi. Et la géopolitique internationale est basée sur la réalité. Pas sur les prédilections plus ou moins abstraites des chancelleries européennes.

Dès lors, la série d'attaques israéliennes - évidemment non revendiquées, mais très claires dans leurs principes et leurs objectifs - sur le territoire libanais, pose des questions d'une importance non négligeable.

Tout d'abord, la finalité de cette offensive terroriste. Qui, de fait, ouvre de nouveaux scénarios dans la longue confrontation/affrontement entre le Hezbollah et Tel Aviv. Qui était, jusqu'à hier, un état de belligérance suspendu. Fait de tensions qui n'ont cependant donné lieu à aucune offensive directe. Seulement un échange, périodiquement constant, de petites « offensives ». Certainement pas de nature à faire parler d'un conflit ouvert.

Mais aujourd'hui, Israël a changé son fusil d'épaule. Et l'offensive actuelle, avec des moyens terroristes généralisés, en est à la fois la preuve et, c'est très probable, ce n'en est que la phase initiale.

Celle-ci sera très probablement suivie d'une véritable offensive de l'armée israélienne sur le territoire libanais. Visant, sinon à neutraliser le Hezbollah, du moins à le mettre hors d'état de nuire pour longtemps.

Et ce, parce que les dirigeants israéliens, politiques comme militaires, sont bien conscients que l'organisation chiite libanaise représente quelque chose de beaucoup plus complexe que le Hamas. Et que l'on ne peut pas, de manière simpliste, tenter de l'anéantir.

Le Hezbollah réduit à la défensive, et affaibli militairement, permettrait à Israël de rendre le Liban neutre, essentiellement, et pour longtemps.

Surtout en affaiblissant l'influence iranienne dans la région. Ce qui est, et reste, le plus gros problème du gouvernement Netanyahou.

Ce dernier pourrait donc poursuivre l'offensive dans la bande de Gaza, visant à éliminer complètement une présence palestinienne significative.

Mais cela reste, pour l'instant, une hypothèse. Difficile, d'ailleurs, à réaliser, compte tenu des résultats, négatifs, des précédentes attaques de l'armée israélienne au Liban. Et, en particulier, en se souvenant de l'échec substantiel de 1982, qui a en effet marqué la croissance politique paradoxale du mouvement chiite libanais.

 

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Cependant, pour Israël, en ce moment, il est essentiel de mettre le Hezbollah dans une situation où il ne peut pas faire de mal. Pour pouvoir procéder plus sereinement à l'opération de Gaza. Où, il faut le dire, l'armée israélienne rencontre encore pas mal de difficultés.

Par ailleurs, il reste à comprendre qu’elle pourrait être la réaction iranienne à cette offensive israélienne au Liban.

Téhéran, à ce jour, semble incapable de réagir à une attaque terroriste systématique menée au Liban par les Israéliens.

Il ne faut cependant pas se faire d'illusions sur la durée de cette incapacité.

Le gouvernement de Téhéran reste, pour l'instant, fermement entre les mains des ayatollahs. Des mains expérimentées, bien conscientes des difficultés (pour ne pas dire plus) d'une confrontation directe avec Israël. Et, par conséquent, toujours très prudents dans l'évaluation des situations.

Cependant, l'accélération imposée par le gouvernement Netanyahou au Liban ne peut être perçue sans inquiétude par l'Iran. Où de nombreux dirigeants sont convaincus que la confrontation directe avec l'État hébreu est désormais imminente. Une nécessité qui ne peut plus être évitée.

Et cela ouvre, inévitablement, sur des scénarios qu'il ne serait pas exagéré de qualifier d'apocalyptiques.

Tout dépendra de la manière dont Israël, ou plutôt le gouvernement Netanyahou, se comportera dans les prochains jours.

S'il se limitera à la lourde offensive terroriste de ces dernières heures. Ou s'il procédera à une action beaucoup plus profonde et systématique contre le Hezbollah.

Ce qui, évidemment, apparaît lourd de risques et de conséquences. Et, surtout, qui obligerait Téhéran à entrer directement dans le jeu.

Avec force.

Andrea Marcigliano

Source : https://electomagazine.it/enigma-libanese/

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