Image1nhytf2542sdwx

 

Dans les débats autour du QI, un des éléments souvent controversés est la notion de réussite sociale, de revenus, d’études en corrélation avec ce QI. Cette corrélation explique en partie les différences ethniques et individuelles dans la réussite. C’est le lien entre intelligence et réussite que l’on va aborder ici.

Les effets de la pauvreté

Il y a une complexité du lien entre la génétique et environnement. La génétique détermine le QI. Celui-ci détermine une condition sociale. Cette condition sociale influence le QI par un « rétrocontrôle ». L’influence relative de l’environnement intervenant à chaque étape. Ainsi, la pauvreté n’est pas sans effet sur le cerveau. (Schaetti 2018)

 

Quels sont les effets de la pauvreté ?

Premièrement, la pauvreté surcharge le cerveau d’informations inutiles et encombrantes, c’est la charge mentale. Des travaux ont démontré que la pauvreté rend une personne moins performante intellectuellement, et cela, de trois façons distinctes.

Premièrement, le stress. Les gens pauvres ont plus de stress que les gens non pauvres. Ce stress a un impact sur le QI pouvant aller jusqu’à 13 points. Le cerveau possède une bande passante, par la pauvreté, ces problèmes financiers vont tourner en boucle dans le système cognitif de la personne. Une expérience du Pr Eldar Shafir montre que des personnes défavorisées financièrement à qui l’on fait passer un test de logique dans une situation hypothétique de pauvreté obtiennent des résultats inférieurs à ceux de personnes favorisées financièrement, alors que leurs capacités logiques testées avant la mise en situation ne montraient aucune différence avec le groupe contrôle favorisées. La situation de stress financier accapare donc d’importantes ressources intellectuelles empêchant d’autant plus ces personnes de sortir de leur situation.

Deuxièmement, on peut ajouter les stéréotypes qui agissent comme une prophétie autoréalisatrice, le stress engendré par le fait de confirmer le stéréotype, ou sa propre anticipation, étant un stress de plus augmentant la charge mentale. Le stress constitutif est un stress qui s’active et se nourrit de lui-même. Cette préoccupation, et auto-réalisation partielle puis (ou) totale, va perturber l’intelligence et la réduire en comparaison à une situation favorisée.

Les stéréotypes vont aussi impacter l’image de soi, son amour-propre. Ils vont aller interroger constamment l’impression que l’on a de ses propres performances générales. La pauvreté peut baisser la conscience en ses capacités et ainsi induire une baisse de ses ambitions. Il y aurait dans la pauvreté une perte d’énergie vitale, une perte de détermination et de surpassement. Ainsi, il serait d’ailleurs plus juste de dire que les pauvres manquent d’ambition parce qu’ils sont pauvres et non pas qu’ils sont pauvres parce qu’ils manquent d’ambition.

Des différences sont déjà constatées chez des enfants de 4 ou 5 ans dans le développement du langage oral, ainsi les enfants des classes moyennes ou supérieures connaissent entre 20 % à 30 % de mots en plus comparés aux enfants des classes sociales basses. Si l’on fait passer des tests de logique aux enfants des différentes classes sociales, on ne constate pas de différence, l’intelligence est environ la même. Ce qui change, c’est l’environnement. On a dit que le QI est la valeur qui prédit le mieux le statut socio-économique. Le niveau de langage à 4 ans est une variable importante qui influence le parcours scolaire entre échec et réussite. Ce niveau de langage étant influencé par l’environnement familial, influencé là aussi par la génétique. Encore une fois, les dynamiques d’influences sont complexes.

Pour imager, la génétique détermine un pool de valeurs de QI. Un pool de QI de 90-100 pouvant conduire soit à des études non qualifiées (90) soit peu qualifiées (100). L’environnement orienterait la voie entre le « non qualifiées » et le « peu qualifiées ». Nous pourrions aussi conceptualiser la notion de « QI effectif ». La génétique définissant un pool de valeurs de QI, corrélées à une valeur moyenne dans une population donnée, est donc affinée par l’environnement et dote l’individu d’un « QI effectif », propre à l’individu. Les différents QI effectifs pris dans la population reflète toujours la réalité du QI moyenne de cette population. L’environnement étant finalement le résultat de l’application génétique du milieu des parents, où l’enfant va se développer.

Si vous avez un métier manuel, ou bien été étudiant et que vous avez eu un travail manuel, vous avez pu remarquer que l’exercice intellectuel, comme lire, écrire ou même se concentrer, était plus compliqué. Pour les étudiants, la comparaison est plus facile, mais il y a une dimension d’aliénation, une difficulté supplémentaire aux tâches intellectuelles.

 

PPP et ABC

Les deux études suivantes permettent de démontrer l’impact du QI sur la réussite.

Le programme PPP est un programme principalement destiné à des enfants ayant un QI entre 70 et 85. Le but est l’évaluation des performances des enfants ayant reçu une aide éducative et comparer ces résultats à un groupe de contrôle. Tous les matins 2h30 de cours en groupe de 6 élèves avec un enseignant dédié et un cours personnalisé de 1H30 pour chaque enfant toutes les semaines. Cela a duré environ 2 ans par la majorité des enfants.

Le programme ABC est un programme du même type, de 1972 à 1977, sur des enfants ayant un QI moyen de 92.65 et de 15.95 en écart-type. Les enfants venant de familles défavorisées furent assignés aléatoirement à un groupe d’intervention éducatif précoce ou à un groupe de contrôle. Les enfants de familles défavorisées ont, en théorie, un QI plus faible, en raison de l’environnement (pauvreté) et en raison de la génétique (parent en mauvaise situation socio-économique). Ces enfants reçurent un support éducatif précoce de très haute qualité jusqu’à 5 ans. Les activités éducatives étaient des jeux incorporés à la journée des enfants et furent concentrées sur le développement social, émotionnel et cognitif (particulièrement sur le langage). Les progrès de ces enfants furent évalués à l’âge de 12, 15, 21 à 30 ans et furent ensuite comparés avec le groupe de contrôle.

Quels sont donc les résultats obtenus par ces programmes ? En premier lieu, ces deux programmes eurent des impacts significatifs et importants à long terme.

  • Pour le PPP :
  • Sur les données récoltées à 27 ans ;
  • 1 année de plus passée à l’école.
  • 1.3 année de moins passé aux services d’éducation spéciale.
  • 44% de succès supplémentaires au BAC ou équivalent (65% contre 45%).
  • Concernant d’éventuels problèmes avec la justice, les résultats furent à l’âge de 40 ans :
  • 46% de temps en moins passé en prison.
  • 33% de condamnations en moins pour crime violent.
  • Aux niveaux financier et professionnel, à 40y :
  • Un revenu médian mensuel 42% supérieur.
  • 26% de chance en moins de recevoir des aides gouvernementales dans les 10 dernières années.
  • Pour ABC :
  • Un gain de 1.8 aux notes de lecture.
  • Un gain de 1.3 aux notes de mathématiques.
  • Un gain de QI de 4.4 points.
  • Concernant la vie à l’âge adulte des enfants ayant participé au programme ABC, on peut noter :
  • Une année et demie de plus passée aux études.
  • 42% de participants en étude à 21 ans contre 20% pour le groupe de contrôle.
  • 36% de participants allant à l’université suivre un bachelor contre 14%.
  • 47% engagé à des postes qualifiés contre 27%.
  • Une réduction des activités criminelles.
  • À 30 ans, les impacts sont encore plus importants :
  • 4 fois plus de chance d’avoir obtenu un diplôme de premier cycle universitaire (23% contre 6%).
  • Plus de chance d’avoir un CDI depuis plus de deux ans (74% contre 53%).
  • 5 fois moins de chance d’avoir recours à l’aide publique dans les sept années précédentes (4% contre 20%).
  • L’âge du premier enfant retardé de deux ans en moyenne.
  • 26% de participants parents à l’âge adulte contre 45%.

Ces programmes ont exercé une influence positive sur la vie de ces enfants et sur toute la société. Ils ont permis d’augmenter l’intelligence des enfants soumis à des aides éducatives, cependant ces gains se sont estompés après seulement quelques années. Il a déjà été mentionné plus haut, mais la notion de plasticité cérébrale peut encore être évoquée. En effet, le cerveau est un organe qui s’adapte, très malléable à son environnement, cela peut l’être autant dans le positif, l’augmentation du QI, puis dans le négatif, sa diminution lorsqu’il n’est plus soumis à une stimulation permettant une augmentation. Cette stimulation, ce boost environnemental causerait donc une augmentation de l’influence de l’héritabilité.

De plus, pour expliquer cette diminution, on peut imaginer plusieurs pistes. En faisant le lien avec l’effet Flynn, on peut imaginer que ces programmes ont modifié l’environnement cognitif de ces enfants de manière à augmenter leurs capacités à penser de manière symbolique et abstraite. Ce mode de raisonnement pourrait avoir été petit à petit oublié une fois l’environnement revenu à la normale.

De plus, selon Steven Pinker, ces modes de pensée ne sont pas naturels pour l’être humain, il y a un effort constant. Le QI pourrait donc diminuer lorsque le cerveau n’est plus obligé, par économie, ou par oubli, une fois les stimulations disparues de l’environnement cognitifs.

L’intelligence serait donc le résultat d’une détermination d’un intervalle de valeurs par la génétique que l’environnement modifierait plus ou moins au cours du temps, afin d’obtenir un QI effectif.

 

QI et réussite sociale :

Plusieurs études ont été réalisées sur l’influence du QI sur la réussite d’une personne et d’un groupe. Nous allons nous intéresser à différentes études.

La première est l’étude de Lynn et Vanhanen en 2002, de nombreux débats ont eu lieu et elle est comprise dans son ouvrage paru en 2012. (Lynn et Vanhanen 2002) (Lynn et Vanhanen 2012).

Abordons brièvement l’étude d’Hunt et Wittman, « National intelligence and national prosperity » (Hunt et Wittmann 2008) car c’est l’une des réponses à l’article de Lynn et Vanhanen de 2002. Ainsi, la question de départ est la relation entre la compétence cognitive d’une population et sa prospérité économique. Lynn et Vanhanen présentent des données, en 2002, montrant une relation exceptionnellement forte entre les scores de QI et le PIB/habitant. Selon Hunt et Wittman, les faiblesses de l’ensemble de données réduisent considérablement sa validité de construction. Hunt et Wittman réexaminent l’ensemble de ses données et constatent que la corrélation entre les scores de QI et le PIB est factuel et à peu près la même dans les pays développés ou non développés. Du reste, ce n’est pas une découverte, Hunt et Wittman soutiennent la principale conclusion avancée par Lynn et Vanhanen ; que les mesures de QI prédisent le statut économique d’un pays. Ainsi, ils concluent qu’en dépit des faiblesses, les données sont exactes, mais remettent en question l’explication simpliste selon laquelle le QI national provoque la richesse nationale, et que la relation est plus complexe.

Nous pouvons maintenant revenir à l’ouvrage de 2012. Il a été la réponse à un ensemble de critiques, à la fois du monde universitaire, et surtout de l’opinion publique. Ces critiques ont affirmé que les QI nationaux de Lynn et V. manquent de validité. Ervik a écrit que nous ne parvenons pas à établir la comparabilité interculturelle de l’intelligence. (Ervik 2003) Barnet et Williams (2004) soutiennent que les tests sont invalides dans les pays en développement. (Barnett et Williams 2004) Hunt écrit que « Lynn et Vanhanen méprisent toute question sur la validité des différents tests d’intelligence à travers différents pays et cultures. » (Hunt 2010)

Selon Lynn et V., ces QI nationaux sont valides. Un test d’intelligence est valide lorsqu’il mesure ce à quoi il prétend mesurer, et est établi en montrant sa corrélation avec d’autres mesures de la capacité cognitive, comme le niveau de scolarité, dont la corrélation établie est entre 0.5 et 0.8. De fait, les QI nationaux sont valides, car l’association QI/niveau de scolarité est présente au niveau national, les QI nationaux sont corrélés aux scores nationaux. Il y a eu confirmation par la suite par les études successives avec des ensembles plus grands. (Lynn et Vanhanen 2006) (Lynn et Mikk 2007) (Lynn et al. 2007)

Ces résultats ont été confirmés par Rindermann dans une étude, les scores au PISA et TIMSS sont parfaitement corrélé aux QI nationaux. (Lynn et Meisenberg 2010) (Rindermann 2007)

Ainsi, Lynn et V concluent leur ouvrage : « Les facteurs géographiques et climatiques ont été responsables des différences dans les QI nationaux, ces différences sont responsables d’une part significative de la variance des différences nationales en matière d’éducation, d’économie et d’un grand nombre d’autres phénomènes sociaux.

Mazhev Roder-Heraod

Sources

Barnett, Susan M., et Wendy Williams. 2004. « National Intelligence and The Emperor’s New Clothes » 49 (4): 389 96. https://doi.org/10.1037/004367.

Ervik, Astrid Oline. 2003. « Review of IQ and the Wealth of Nations. » The Economic Journal 113 (488): F406 8. https://doi.org/10.1111/1468-0297.13916.

Hunt, Earl. 2010. Human Intelligence. Cambridge University Press.

Hunt, Earl, et Werner Wittmann. 2008. « National intelligence and national prosperity ». Intelligence 36 (1): 1 9. https://doi.org/10.1016/j.intell.2006.11.002.

Lynn, Richard, et Gerhard Meisenberg. 2010. « National IQs calculated and validated for 108 nations ». Intelligence 38 (4): 353 60. https://doi.org/10.1016/j.intell.2010.04.007.

Lynn, Richard, Gerhard Meisenberg, Jaan Mikk, et Amandy Williams. 2007. « National IQs predict differences in scholastic achievement in 67 countries ». Journal of Biosocial Science 39 (6): 861 74. https://doi.org/10.1017/S0021932007001964.

Lynn, Richard, et Jaan Mikk. 2007. « National differences in intelligence and educational attainment ». Intelligence 35 (2): 115 21. https://doi.org/10.1016/j.intell.2006.06.001.

Lynn, Richard, et T Vanhanen. 2002. IQ and the Wealth of Nations.

Lynn, Richard, et Tatu Vanhanen. 2006. IQ and global inequality. IQ and global inequality. Augusta, GA, US: Washington Summit Publishers.

———. 2012. Intelligence: A unifying construct for the social sciences. Intelligence: A unifying construct for the social sciences. Ulster Institute for Social Research.

Rindermann, Heiner. 2007. « The G-Factor of International Cognitive Ability Comparisons: The Homogeneity of Results in PISA, TIMSS, PIRLS and IQ-Tests across Nations ». European Journal of Personality 21 (5): 667 706. https://doi.org/10.1002/per.634.

Schaetti, Nils. 2018. « (1) Inégalités de QI et pauvreté | LinkedIn ». 23 décembre 2018. https://www.linkedin.com/pulse/in%C3%A9galit%C3%A9-de-qi-et-pauvret%C3%A9-nils-schaetti-msc-scl-/?originalSubdomain=fr.

 

Source : Breizh-info.com - 26 décembre 2023

FaLang translation system by Faboba
 e
 
 
3 fonctions