« Le sanglot de l’homme blanc commence à me fatiguer. » Tel est le titre d’un des derniers ouvrages écrit par mon ami Roger Holeindre, l’écrivain-soldat qui n’avait jamais mis son drapeau dans la poche et qui avait parcouru tous les continents, fusil ou appareil photo à la main. Un titre que ne renierait certes pas Robert Saucourt qui a animé durant plus de vingt ans la revue Mémoires d’Empire dont la vocation était de défendre l’œuvre de la France Outre-mer et de rétablir la vérité en une période ou la repentance est devenue un sport national.
TOUJOURS SE REPLONGER DANS LE CONTEXTE HISTORIQUE
La grande épopée coloniale française, c’est le XIXe siècle. Une époque où toutes les grandes puissances européennes participent de ce vaste mouvement dont la France ne pouvait demeurer absente. Et qui pour elle s’avère « moralement » vital dans la mesure ou une grandeur retrouvée via la création d’un nouvel empire sur lequel le soleil ne se couche jamais lui permet d’expier la terrible défaite de 1870 et la perte de l’Alsace-Lorraine…A part quelques-uns dans la classe politique, notamment ce rassemblement hétéroclites (derrière Jules Ferry) qu’on a surnommé « le Parti colonial » et qui rassemblait hommes de gauche et de droite, intellectuels et financiers, il ne faut pas croire que ce nationalisme d’expansion mondiale emportait l’adhésion de la totalité du peuple français qui ne voyait pas forcément d’un bon œil ces aventures lointaines et incertaines, que l’argent coule à flot pour électrifier l’Afrique du nord ou le Tonkin quand de vastes régions métropolitaines s’éclairaient encore à la bougie. « La Corrèze avant le Zambèze » comme le rappelle le célèbre article de Raymond Cartier au début des années 60 pour justifier le largage de nos possessions ultra-marines.
L’HOSTILITE DES NATIONALISTES
A cette époque, globalement, les nationalistes français, par germanophobie militante, n’ont qu’une obsession, reprendre les territoires perdus de l’est, la défense de la ligne bleue des Vosges et la préparation de la revanche contre les Boches. Face au nationalisme d’expansion mondiale, ils opposent un nationalisme de rétraction continentale, inaugurant ainsi un débat qui en 2022 anime encore notre mouvance. Les nationalistes ont bien compris que l’idéologie colonialiste est d’abord inspirée des Lumières dont la mission est d’apporter le « Progrès » aux peuples arriérés sinon sauvages et barbares. Un colonialisme qu’il ne faut pas confondre avec la colonisation qui est l’œuvre elle, non pas de doctrinaires hors sol mais des soldats, des médecins, des missionnaires et des petits colons qui grâce à leur courage et leur travail ont fait sortir de terre des pays encore à l’âge de la pierre…
Face aux nationalistes dont la seule préoccupation est la revanche, « le Parti colonial » de Ferry mène une véritable stratégie gramsciste avant l’heure : bataillant en effet au coude à coude et face aux sceptiques, partis politiques à l’Assemblée, et à travers toute la France sont organisés débats, conférences, diners par le biais de cercles culturels, scientifiques, économiques, médiatiques…qui finissent par rallier la majorité des Français à la nécessité de l’expansion coloniale, notamment via les manuels scolaires ou la carte du monde, de l’Afrique à l’Asie, du Pacifique aux Antilles est piquetée de drapeaux tricolores. Une image qui enflammera l’esprit de plusieurs générations de petits écoliers qui se prendront à rêver de grands espaces, d’aventures, dans les sables du Sahara, la jungle d’Indochine, la brousse de l’Afrique Equatoriale française…
UNE HISTOIRE DONT ON PEUT ETRE FIER
Ce livre fourmille de faits héroïques et de grandeurs oubliées. Qui se souvient encore que Chypre fût française durant trois siècles sous le règne de cette grande famille poitevine que furent les Lusignan ? Que les Canaries, les Seychelles furent notre aussi avant de devenir des usines à touristes mondialisés ? Comment ne pas frissonner d’honneur à la lecture de la grandiose épopée de ce qui fut l’Amérique française qui couvrait à l’époque près de 60% du territoire des Etats-Unis et du Canada d’aujourd’hui ? Territoires vides que la France ne pouvait ni peupler ni défendre face aux ambitions de la perfide Albion. Qu’on songe aussi au voyage de l’Amiral Dupleix et à la conquête des Indes. La terrible conquête de Madagascar (9300 morts en 6 mois, 20 au combat, tous les autres anéantis par les fièvres et autres maladies tropicales !) Les explorations d’Auguste Pavie dans tout le Vietnam et le Laos, au milieu d’une végétation sauvage, de peuplades inconnues mais fascinantes. Gloire à ces hommes hors norme, explorateurs, scientifiques, médecins, petits colons qui ont bâti contre vents et marées notre Empire, vaincu les maladies (en inventant vaccins et médicaments), défriché, asséché, construit ponts, routes, voies ferrées, hôpitaux, dispensaires, écoles, ports, barrages...que nous avons laissés en état de marche lorsque la France a tout largué au début des années 60, à l’image de ces 14 nations composant l’Union française en Afrique dont seule la Guinée de Sekou Touré demandait l’indépendance. Où est le crime contre l’humanité dont a parlé Macron devant les pontes du FLN algérien qui pour cacher leur faillite et leurs échecs ne vivent que de la rente de la repentance et n’ont pas d’autre horizon à donner à leur jeunesse que l’immigration dans le pays ex-colonisateur et tortionnaire !
ENGAGEZ-VOUS DANS LES TROUPES COLONIALES
« Quand Jésus-Christ créa la Coloniale, il décréta qu’il fallait des hommes costauds, n’ayant pas peur du feu de la mitraille, et sachant boire le vin et le Pernod... » Ceux qui ont servi dans la Colo (rebaptisée pudiquement depuis la guerre d’Algérie « les Troupes de marine ») connaissent le vieil hymne qui sous les traits de l’humour cache une part de vérité. En effet, sous la IIIe république, nombreux ont crû que la France pouvait être régénérée par ce nouveau type d’homme, le soldat de la Coloniale, l’homme viril par définition qui n’a pas eu peur de quitter la métropole pour affronter la fièvre et le feu à des milliers de kilomètres de son sol natal, contribuant à écrire les plus belles pages de gloire de l’Armée française : qui n’a pas versé une larme à la lecture de la mort du capitaine Bournazel, des dernières cartouches à Sidi Brahim, du destin tragique de la colonne Flatters dans le Sahara, des combats acharnés de Francis Garnier contre les Pavillons noirs à Tuyen Quang, de la tragédie de Cao Bang et de Dien Bien Phu, les flots de larmes et de sang qui ont marqué la fin de l’Algérie française...On peut penser ce qu’on veut aujourd’hui, même dauber sur cette conception de et cette vision de cette France-là, n’empêche, tous ces garçons appartenaient à une autre race d’homme que ceux qui en 2022 défilent à la Gay Pride à Paris ou se déplacent en patinette dans les rues de la capitale...
LE CHOC DE L’IMMIGRATION
Dominique Venner avait posé un jour cette question terrible : « Protège t’on mieux sa frontière lorsqu’on est devant celle-ci ou derrière celle-ci ? » En 2022, en regardant nos rues, la sortie de nos écoles et la couleur des gosses nouvellement posés dans les berceaux de nos maternités, on connait la réponse. La France est en train de devenir la colonie de ses colonies. Malgré qu’à son départ elle avait laissé toutes ses possessions en état de marche, l’incapacité congénitale des peuples de couleur doublée d’une corruption endémique ont ruiné tous ces pays nouvellement indépendants. Au point que par millions, attirés par les prestations sociales et médicales, surfant sur un projet idéologico-financier né des cerveaux malades de nos élites mondialistes capitalistes, c’est l’Afrique et le Maghreb qui déferlent dans nos derniers sanctuaires gaulois. Et si c’était le général putschiste André Zeller qui avait raison face à De Gaulle lorsqu’à son procès en 1961 il avait déclaré : « Puisque vous n’avez pas voulu de l’Algérie française, vous aurez la France algérienne. » C’est tout cela que rappelle dans cet ouvrage Robert Saucourt et de belles plumes (le colonel Michel Castillon, Alain Sanders, le colonel Allaire, José Castano...) qui nous parlent encore d’une France debout, fière, qui ne fait pas repentance et ne se couvre pas la tête de cendres...Une plus Grande France qui à la vérité nous donne la nostalgie quand on voit ce qu’elle devient sous les oripeaux de la Macronie.
E. Krampon
MEMOIRES D’EMPIRE de Robert SAUCOURT - Editions DES CIMES, 490 pages, 29 euros
Et dans le même état d’esprit :
ALAIN SANDERS – CONQUÉRANTS
21,00€
Conquérants. Trente baroudeurs des tout débuts de l’Algérie française. Alain Sanders. Pour la plupart d’entre eux, ils venaient de la Grande Armée. Ils y avaient connu les horreurs des guerres napoléoniennes. Autant dire que ce n’était pas des « tendres ». Mais de vraies bêtes de combat. Récupérés par une Restauration plutôt « bonne fille », ils seront de l’expédition de 1830 contre les Barbaresques ottomans du beylik d’Alger déclenchée par Charles X. Et de la suite des opérations des tout débuts de l’Algérie française jusqu’à la reddition – et au-delà – d’Abd el-Kader. Il y a les incontournables : Bourmont, Bugeaud, le duc d’Aumale (et ses frères), Yusuf, Saint-Arnaud, Cavaignac. Et d’autres tombés dans l’oubli : Martimprey, Chanzy, Drouet d’Erlon, Clauzel, Changarnier, Canrobert. Mais aussi de simples soldats et des sous-officiers : le sergent Blandan ou Guillaume Rolland, le clairon de Sidi-Brahim, que leur héroïsme a inscrit dans notre panthéon. Trente conquérants. Trente – parce qu’il faut bien arrêter un choix – baroudeurs au service de la Plus Grande France