L’accueil euphorique des migrants est une vérité d’évangile, que je ne contesterai jamais. 12000 jeudi en Sicile, et soixante ans de prison pour le groupuscule de racistes qui s’y opposaient.
C’est bien fait.
Il y en a deux-cent-vingt millions qui sont prévus au programme de l’ONU, du pape bidule, et des marchés, et ils passeront tous. Anatoli Karlin rappelle (unz.com) qu’un milliard d’africains subsahariens vont devenir quatre milliards, qui devront tous passer ou presque, puisqu’ils ne peuvent pas vivre chez eux, à cause du blanc bien entendu.
On ne va évidemment pas discuter ici ces vérités bien établies dans la cervelle de tous.
Voyons le sujet.
La base d’un empire multiculturel – et un empire est toujours multiculturel – est de conquérir des territoires et de transférer des populations pour les amadouer et les contrôler (1). C’est maintenant ce que l’on fait en Europe. Il faut amener des colons, et remplacer les populations rétives qui sont dominées – ou se laissent mourir. Car comme le remarque Madison Grant dans son Passage d’une grande race, une immigration non désirée doit éteindre la natalité dans les pays nouvellement conquis ou occupés. C’est comme cela que le Wasp a commencé à disparaître en Amérique du Nord dans les années 1880. Kipling s’en plaint dans sa correspondance (il vivait alors à Boston), Lovecraft dans sa nouvelle « La rue », Henry James dans son journal, O’Henry dans ses petits contes, Edward Ross dans son œuvre de sociologue, Scott Fitzgerald dans « Gatsby » (2).
On ne va pas pleurer le Wasp bien sûr, ni celui (comme dit Woody Allen, « la nature est un grand restaurant ») qui fut chassé de son île irlandaise par une politique froide de famine appliquée par Londres (qui toujours sut manipuler les famines dans un but politique). Le wasp lui-même avait remplacé les indiens peu avant. La tragédie des îles hawaïennes et autres fut identique. Des populations furent massacrées, empoisonnées et remplacées par d’autres plus soumises et plus travailleuses. Le Grand Remplacement est hélas une donnée éternelle, mais il importe de rappeler qu’il est rarement naturel ; il est presque toujours politique et il sert aussi à faire du fric. Le capitalisme joue ici avec le pouvoir et la militarisation. J’ai parlé de ces jeunes écossais qui dorment sous la tente en Ecosse alors qu’ils travaillent pour Amazon (entreprise qui me publie gentiment, ce n’est pas le problème). Simplement nous revenons à la plantation et au cannibalisme financier que la peur du gendarme soviétique avait calmé un temps.
La tactique est toujours la même. Car grand remplacement rime avec déplacement, mais aussi avec un ensemble de dépècements psychologiques, de brouillages de codes, ou de déprogrammation mentale (voyez l’école socialiste et son enseignement liquide en France et en Europe). On citera Tocqueville qui écrivait cette fois à propos des Indiens :
« En affaiblissant parmi les Indiens de l’Amérique du Nord le sentiment de la patrie, en dispersant leurs familles, en obscurcissant leurs traditions, en interrompant la chaîne des souvenirs, en changeant toutes leurs habitudes, et en accroissant outre mesure leurs besoins, la tyrannie européenne les a rendus plus désordonnés et moins civilisés qu’ils n’étaient déjà. »
Les observations de Tocqueville sur le devenir des minorités US sont admirables.
Et j’en viens au cher Machiavel (3). Les italiens seront toujours nos maîtres et nos éclaireurs, pour la bonne et simple raison qu’ils ont déjà vu et tout commenté, et le plus souvent pour rien hélas ! La connaissance, comme dit Salomon, ne sert qu’à accroitre sa douleur (qui auget scientiam, et auget dolorem, dit ma Vulgate !). La Renaissance permit de connaître de nouvelles expériences passionnantes, et aussi de revivre l’antiquité d’une certaine manière. Voyez La Boétie qui publie à la même époque le meilleur texte sur notre aliénation moderne.
J’ignore si Machiavel connaissait le procédé inca du mitmac (remplacement de population après la conquête de ce même « empire socialiste inca »), mais il savait décrire comment s’y prenaient les princes néo-grecs de la Renaissance :
« Pour conserver une conquête… Le meilleur moyen qui se présente ensuite est d’établir des colonies dans un ou deux endroits qui soient comme les clefs du pays : sans cela, on est obligé d’y entretenir un grand nombre de gens d’armes et d’infanterie. »
Oui, mieux vaut des « colons » que des gens d’armes pour assurer l’ordre. D’autant que l’on peut comme en Allemagne nommer ces réfugiés policiers : ils empêcheront les machos allemands de violer leurs compatriotes, m’a dit une étudiante espagnole vivant à Bamberg ! Cette ânesse passe son nez toute la journée dans son téléphone portable, et on peut dire que le système la tient bien en laisse, comme un ou deux milliards d’autres « jeunes » de son acabit, bien formatés et surtout distraits, tous sortis des pires cauchemars de Plutarque ou de La Boétie (de qui ?).
Machiavel et sa prose impeccable :
« L’établissement des colonies est peu dispendieux pour le prince ; il peut, sans frais ou du moins presque sans dépense, les envoyer et les entretenir ; il ne blesse que ceux auxquels il enlève leurs champs et leurs maisons pour les donner aux nouveaux habitants.
Ce que vit l’Italie en ce moment est incroyable. On ruine le contribuable pour sauvegarder des banques insolvables, on vire un peuple vieillissant pour le plaisir de plaire à des élites humanitaires, on remet au pouvoir des gens qui ont été reniés par les urnes mais choisis par l’Otan, Bruxelles ou les banquiers…
Machiavel explique comment on divise la population.
« Or, les hommes ainsi offensés n’étant qu’une très faible partie de la population, et demeurant dispersés et pauvres, ne peuvent jamais devenir nuisibles ; tandis que tous ceux que sa rigueur n’a pas atteints demeurent tranquilles par cette seule raison ; ils n’osent d’ailleurs se mal conduire, dans la crainte qu’il ne leur arrive aussi d’être dépouillés. »
La lâcheté et le refus de s’informer font partie du complot. Macluhan, le héraut catholique-cathodique du village global, aurait dit « les plus grands secrets sont gardés par l’incrédulité publique.»
On recommandera au lecteur la lecture de Kelly Greenhill sur ces armes de migration massive. Greenhill en bon agent impérial les impute à des tyrans putatifs et néglige les responsabilités impériales de ses financiers (un autre cas Goulard…).
C’est pourquoi je recommande les classiques. Il n’est pas de situation qu’ils n’expliquent mieux que nos experts. Marx nous parle du dépeuplement (féodal) des clans écossais au profit du gibier et d’une certaine duchesse Sutherland :
« Mais à tout seigneur tout honneur. L'initiative la plus mongolique revient à la duchesse de Sutherland.
Cette femme, dressée de bonne main, avait à peine pris les rênes de l'administration qu'elle résolut d'avoir recours aux grands moyens et de convertir en pâturage tout le comté, dont la population, grâce à des expériences analogues, mais faites sur une plus petite échelle, se trouvait déjà réduite au chiffre de quinze mille.
De 1814 à 1820, ces quinze mille individus, formant environ trois mille familles, furent systématiquement expulsés. Leurs villages furent détruits et brûlés, leurs champs convertis en pâturages. Des soldats anglais, commandés pour prêter main-forte, en vinrent aux prises avec les indigènes. Une vieille femme qui refusait d'abandonner sa hutte périt dans les flammes. C'est ainsi que la noble dame accapara 794.000 acres de terres qui appartenaient aux clans de temps immémorial (5). »
Marx ajoute que la duchesse était bien sûr philanthrope, qu’elle reçut une certaine Harriet Beecher Stowe (sans son oncle Tom toutefois) ; car il manque une case aux philanthropes, ne le saviez-vous pas ?
Pourquoi changer une équipe – et une méthode – qui gagne ? La faiblesse de vos réactions favorise le retour du comportement préhistorique chez les élites. Elles n’ont plus peur de vous.
Notes
1). Kelly Greenhill : Weapons of Mass Migration: Forced Displacement as an Instrument of Coercion.
2). Naomi Klein : la thérapie de choc, chapitre II
3). Nicolas Bonnal : Trump et les antisystèmes, Amazon.fr
4). Machiavel : Le Prince, chapitre III.
5). Marx : le Capital, livre I, chapitre VIII, l’accumulation primitive.
Nicolas Bonnal juin 2017.
( Repris des carnets de Nicolas Bonnal et Publié sur le site de TP le 20 juillet 2017)