Le Gui blanc (Viscum album), cette plante hémiparasite des essences ligneuses et principalement à feuillage caduc comme le pommier, est très utilisé lors des fêtes de fin d’année tout comme le houx et le sapin. Mais c’est son utilisation à la Saint-Sylvestre qu’il est la plus connue puisqu’il est de tradition de s’embrasser sous le gui pour la nouvelle année afin de porter chance.
L’utilisation de cette plante remonte à l’époque celtique, avec cette image du vieux druide armé de sa serpe d’or pour couper du gui, l’un des clichés les plus connus du monde gaulois, rapporté par l’historien romain Pline (23 à 79 après J.-C.).
Les Druides le croyaient semé sur les arbres par une main divine et voyaient dans l’union entre l’arbre et ces rameaux toujours verts un symbole d’immortalité. Les druides attribuaient aussi à cette plante des propriétés miraculeuses, notamment celles de guérir certaines maladies, d’immuniser contre les poisons, d’assurer la fertilité des femmes et de protéger les hommes contre la sorcellerie. Bien que toxique, des vertus médicinales pour cette plante sont en effet avérées. Les chercheurs s’y intéressent particulièrement pour la lutte contre le cancer, car en effet la gui contient des viscotoxines qui ralentissent le développement des tumeurs et stimulent le système immunitaire !
Julius Caesar Ibbetson (1759-1817)
Par ailleurs, lorsque des ennemis se rencontraient sous une branche de gui dans la forêt, ils devaient déposer les armes et observer une trêve jusqu’au lendemain.
C’est de là que viendrait la coutume de suspendre une boule de gui et d’y échanger un baiser en signe d’amitié et de bienveillance.
La coupe du gui avait lieu le sixième jour après la nouvelle lune de l’année celtique. Selon certains historiens, le jour de l’an s’effectuait au solstice d’hiver, c’est-à-dire aux environs du 20 décembre et non à Samonios (31 octobre au 1er nombre) affirmé par d’autres. « Noël », vient d’ailleurs du gaulois Noïohel et signifie « nouveau soleil ». Les druides vêtus de blanc se mettaient alors à couper la plante en s’exclamant : O Ghel an Heu, une expression qui signifie littéralement « Que le blé germe ! » Cette expression, symbole de renaissance du soleil après le solstice d’hiver, a donné par déformation l’expression « Au gui l’an neuf ! »
Le gui était également très utilisé par les germains pour qui la plante était liée à Freya, déesse de l’amour, de la beauté et de la fécondité.
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Photo et texte :
Jean-Michaël CHOSEROT
Sources / bibliographie :
LAPORTE, Florence. La magie des druides, Secrets et symbolique des plantes sacrées, « Gui, Un poison aux vertus magiques », p. 86 à 89. Rustica Éditions (Paris, France), 2018, 140 p.
GUILLEMOT, Michel, et BLUMEL, Bethsabée (Dir.). Le Petit Larousse des Symboles, « gui », p. 315. Larousse, 2019, d’après une réédition de 2006, 658 p.
RAGACHE, Claude-Catherine. Les Gaulois – Mythes et Légendes, « Le gui sacrée », p. 4 et 5. Hachette, (Paris France), 1989, 47 p.
SAUVÉ Léopold-François, Le Folk-lore des Hautes-Vosges, [1888], réédité dans la Série « Les littératures populaires de toutes les nations », tome XXIX, G.P. Misonneuve & Larose Editeurs, Paris, 1967, 416 p. Et présenté par FISCHER Gérard et Marie-Thérèse, Floklore des Vosges, sorcellerie, croyances et coutumes populaires, Editions Jean-Pierre Gyss, 1984, 242 p.