Saint Nicolas est fêté le 6 décembre. Ce saint populaire est à l’origine du personnage du Père Noël.
Saint-Nicolas, Fêtes et traditions populaires d’hier et d’aujourd’hui - Colette MéchinBerger-Levrault, 1978. Colette Méchin est chargée de Recherche CNRS, Cultures et Sociétés en Europe, UMB Université Marc Bloch Strasbourg 2. Dans cette étude ethnologique très précise, Colette Méchin remet en perspective le saint, les cycles alimentaires, le choix du conjoint, les interdits de l’hiver.
Un certain nombre de traditions populaires ayant trait à saint Nicolas trahissent en fait leurs origines païennes. Saint Nicolas, qui chevauche au-dessus des toits, est le dieu païen Wotan [Odin]. C’est aussi le chef de la chasse sauvage au cours de laquelle les âmes des morts rendent visite à la terre.
Les Teutons croyaient qu’Odin, ou Wotan, le plus important de leurs dieux, conduisait les âmes des morts en une furieuse chevauchée à travers champs pendant les « douze mauvais jours » qui séparent Noël et l’Épiphanie (6 janvier). Le grand vent qu’il soulevait emportait les semences du produit des champs, ce qui stimulait la fertilisation. Quant aux pommes, aux noix, aux noisettes, aux amandes et aux autres fruits d’automne distribués à la « Saint-Nicolas », ils étaient des symboles de fertilité. Les anciens croyaient pouvoir apaiser la colère de leurs dieux en leur faisant des cadeaux pendant les jours froids et sombres de l’hiver. Ils en obtiendraient une plus grande fertilité pour l’homme, l’animal et le sol.
Un livre qui a le mérite de retracer l’histoire de la fête de la Saint Nicolas et de ses emprunts culturels et religieux païens.
Un certain nombre traditions populaires ayant trait à saint Nicolas trahissent en fait leurs origines païennes
Odin était accompagné par son valet Eckhard, le prédécesseur de Pierre le Noir, qui, lui aussi, portait une verge. Pas plus tard qu’au Moyen Âge, il était courant d’admettre que certains arbres et plantes pouvaient rendre les humains féconds et qu’une femme pouvait tomber enceinte simplement si elle était frappée avec une branche d’un de ces arbres.
On peut signaler des similitudes frappantes :
Saint Nicolas : personnage grand et puissant monté sur un cheval blanc. Il porte une longue barbe blanche, tient une crosse à la main et il est coiffé d’une mitre et revêtu d’une cape d’évêque, large et flottante. Wotan : personnage de haute stature et à la barbe blanche. Il porte un chapeau à larges bords enfoncé sur les yeux. Il tient à la main une lance magique. Il est enveloppé d’une grande cape et monte son fidèle cheval gris, Sleipnir.
Il y a plus que ces similitudes visibles. Wotan menait son cheval gris à travers les airs, et les gens, tout tremblants, lui offraient des gâteaux fourrés, de la viande et des produits des champs. Saint Nicolas, à cheval, passe au-dessus des toits, et les enfants préparent du foin, des carottes et de l’eau pour sa monture. Les gâteaux secs au gingembre et la baguette étaient des symboles de fertilité longtemps avant l’apparition des fêtes de saint Nicolas.
Saint Nicolas possède une légende bien plus fournie que sa biographie très lacunaire. C’est un faiseur de miracles, les enfants sont l’objet de plusieurs d’entre eux. Bien avant le Père Noël, Saint Nicolas passait par les cheminées et donnait aux enfants sages des pommes, des poires, des oranges ; et aux moins disciplinés, des oignons ou encore du crottin de son âne. Il est accompagné par le Père Fouettard. Il s’appelle Hans Trapp en Lorraine, valet Ruprechten Allemagne, et Piet le Noir en Hollande. Le visage blanc de saint Nicolas contraste avec celui couvert de suie du Père Fouettard.
Pour colette Méchin, c’est donc à « un véritable renversement de valeurs » que l’on assiste lorsque la hotte du Père Fouettard, qui sert à emporter les enfants désobéissants, devient celle où saint Nicolas puis le Père Noël puiseront pour récompenser les enfants sages. Au XVIe siècle, la Réforme protestante rejette toute figuration divine et interdit le culte des saints. Saint Nicolas fut donc exclu des commémorations traditionnelles. La Contre-Réforme des pays catholiques influence à son tour l’abandon de saint Nicolas, ne tolérant que l’enfant Jésus comme distributeur de cadeaux.
Source : LouvreBible