Barres aimait à citer cette déclaration de Jeanne à son procès, et Brasillach, dans son livre, Le procès de Jeanne d'Arc (Gallimard, 1941), a tenu à la citer également, avec ce commentaire :
« C'est un hymne véritablement né de la colline inspirée, avec son paganisme naïf, l'accord éternel de la chapelle et de la prairie, et tout cela caché sous une sorte de babillage merveilleux, de cris d'oiseau sous la feuille. Ainsi, grâce aux mots les plus joyeux de notre race, Mai dresse ce décor de feuillages au travers duquel on aperçoit le bûcher de Rouen. Au printemps de Lorraine, un autre printemps, plus cruel, répond, et de ces surimpressions tragiques naît la poésie, naît le trouble unique qui s'empare de nous ».
Voici l'extrait des minutes en question :
« Assez proche de Domrémy, il y a certain arbre qui s'appelle l'Arbre des Dames, et d'autres l'appellent l'Arbre des Fées. Auprès, il y a une fontaine. Et j'ai oui dire que les gens malades de fièvre boivent de cette fontaine et vont quérir de son eau pour recouvrer la santé. Et cela, je l'ai vu moi-même ; mais je ne sais s'ils en guérissent ou non. J'ai ouï dire que les malades, quand ils se peuvent lever, vont à l'arbre pour s'ébattre. C'est un grand arbre, appelé Fau, d'où vient le beau Mai. Il appartenait, à ce qu'on dit, à Monseigneur Pierre de Bourlemont, chevalier. Parfois, j'allais m'ébattre avec les autres filles, et faisais à cet arbre chapeaux de fleurs pour l'image de Notre-Dame -de -Domrémy. Plusieurs fois, j'ai ouï dire à une femme, nommée Jeanne, femme du maire Aubery, de mon pays, laquelle était ma marraine, qu'elle avait vu les Dames Fées. Mais moi qui parle, ne sais si cela est vrai ou non. Je n'ai jamais vu fée à l'arbre, que je sache.
« - En avez-vous vu ailleurs ?
« - Je ne sais. J'ai vu mettre aux branches de l'arbre des chapeaux de fleurs par les jouvencelles, et moi-même en ai mis parfois avec les autres filles. Et parfois nous les emportions, et parfois nous les laissions. Depuis que je sus que je devais venir en France, je fis peu de jeux ou d'ébattements, et le moins que je pus. Et je ne sais point si, depuis que j'eus entendement, j'ai dansé près de l'arbre. Parfois je peux bien y avoir dansé avec les enfants ; mais j'y ai plus chanté que dansé ».