C’est un livre qui va passionner les mordus du monde celtique, mais aussi ceux qui apprécient la philosophie, ou tout simplement l’apprentissage d’un monde qu’ils ne connaissent pas.
Avec « Le Monde des Druides » signé Morvan Coarer, lui-même Druide de Bretagne, les éditions Yoran Embanner vous amènent à la découverte d’un monde finalement très méconnu, malgré toute la mythologie qui l’entoure.
Et si les Celtes insulaires ne venaient pas d’Europe centrale ? Se peut-il que les « îles du Nord du Monde », d’où serait originaire le druidisme, aient été englouties dans la mer du Nord ? Après avoir étudié ces deux hypothèses issues des dernières avancées de la science, nous survolerons l’histoire du bardisme brittonique, avant de nous intéresser à sa dernière expression : les triades philosophiques du barde Iolo Morganwg et leurs aspects métaphysiques. Tous ces éléments s’articulent et s’enchâssent avec les mythes celtiques pour constituer une spiritualité originale, respectueuse des cycles naturels et ancrée dans nos traditions antiques.
Ce sont les mondes du druide.
Pour en discuter, nous avons interviewé Morvan Coarer.Son livre est à commander directement chez Yoran Embanner (ou en librairie, mais soutenez l’éditeur !)
Breizh-info.com : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Comment êtes-vous devenu membre de la Kredeznn Geltiek Hollvedel, et qu’est-ce qui vous a amené au druidisme ?
Morvan Coarer : Je suis né en 1962 à NANTES, ville où j’ai passé toute ma jeunesse. Mes parents, Edmond COARER /I\ KALONDAN et Mona COARER /I\ GWEZENN DANA furent tous deux membres de la Goursez avant de fonder la Confraternité Philosophique des Druides en 1975. De là vient mon intérêt pour ce courant de pensée, qui m’a poussé à être membre fondateur de la confraternité druidique TannTad avant de rejoindre en 2004 la Kredenn Geltiek Hollvedel sous le nom de /I\ ULATOCANTOS. Dans le monde profane, après avoir fait des études de physiologie végétale, j’ai intégré un important Institut technique agricole où j’occupe un poste de microbiologiste spécialisé en analyses génétiques et en conservation de la biodiversité microbienne.
Breizh-info.com : Le Druidisme est tolérance, compassion, écologie…écrivez-vous dans votre livre. Quels sont les grands principes qui forgent l’esprit des Druides, le Monde des druides ?
Morvan Coarer : Ces propos ne sont pas les miens, mais ceux d’Alain LE GOFF, /I\ GOBANNOGENOS, Uer Druis de la Kredenn Geltiek Hollvedel, mais je pourrais les prendre à mon compte. Ces « grands Principes » sont en fait particulièrement simples et ont été exprimés au cours des époques par diverses triades, qu’il s’agisse de celle de Diogène LAERCE « Honorer les dieux, ne pas faire le mal, s’exercer à la bravoure » ou de la sentence galloise « Gwybodaeth, Cariad, Nerth » (Savoir, Amour, Force). La pierre angulaire de notre cordiance est sans doute le Respect, respect de la loi du bon ordre de l’Univers, et donc de la nature, respect de l’autre, respect de soi-même. La loi du bon ordre de l’Univers s’appréhende à travers l’érudition, l’observation et l’organisation de sa vie selon les cycles naturels. Le respect de l’autre s’apprend par la rencontre fraternelle, l’écoute et l’acceptation réciproque de l’altérité. Le respect de soi même s’effleure via l’introspection et la méditation. Le tout en parfaite équanimité, sans mièvrerie ni impétuosité.
Breizh-info.com : En quoi s’oppose-t-il aux religions du livre, aux principales religions monothéistes ? Le Druidisme a-t-il des proximités avec d’autres religions dans le monde ?
Morvan Coarer : Le druidisme n’a pas de livre sacré, n’a pas de dogme, n’a pas d’église. Les druides sont polythéistes, monistes ou athées, mais jamais monothéistes. Nous n’honorons pas de dieu vengeur, exclusif. Nous ne nions pas à l’autre le droit de suivre sa tradition et les coutumes de ses ancêtres, nous ne lui imposons nulle rédemption. Nos croyances ne sont pas meilleures que les autres, elles sont juste plus en phase avec nos peuples et nos pays. Ce n’est pas notre religion qui est universelle, mais la vie qu’elle honore. En ce sens, le druidisme sera donc proche des religions de la plupart des peuples autochtones, de l’Hindouisme, du Taoisme et des autres paganismes européens.
Morvan Coarer, l’auteur
Breizh-info.com : Les Druides ne sont-ils que Celtes ? D’où viennent-ils ? Qu’est-ce qui différencie un barde d’un druide ?
Morvan Coarer : Le Druidisme ne s’impose pas aux peuples non-celtes, ça ne signifie pas qu’il ne puisse être pratiqué par une personne non-celte. La définition même du mot celte reste d’ailleurs à établir, les dernières avancées en matière de génétique le montre. Par contre, le Druidisme n’a de sens réel que dans un environnement culturel celtique et, si possible, dans un pays celtique. César dit que l’Institution druidique est originaire de l’Ile de Bretagne. Les mythes irlandais évoquent les îles du Nord du Monde (peut être le Doggerland) comme l’origine des quatre druides primordiaux. Il est probable que le druidisme se soit formé par superposition de mythes, rites et croyances issues de populations du mésolithique et du néolithique atlantique avec ceux de populations « indo-européennes », et ce bien avant tout bouillonnement culturel à Halstatt.
Pour ce qui est de la différence entre druide et barde, c’est à la fois simple et complexe. Le mot druide, qui signifie « grande connaissance » recouvre, dans sa dimension générique, l’ensemble des sacerdotes celtes (donc aussi les vates et les bardes), mais dans un sens plus restrictif, il désigne les spécialistes des abstractions, philosophes , métaphysiciens ou magistrats par exemple, là où le mot barde correspond à la perception des mondes et à la transmission : artistes, historiens, généalogistes… A un autre degré, le bardisme gallois peut être considéré comme la suite médiévale de l’institution druidique antique, avec une focalisation sur les aspects éducatifs, sociaux et artistiques. Dans certains groupes druidiques, enfin, le barde correspond à un grade « inférieur » à celui de druide. Ces notions ne s’opposent pas et peuvent parfois se compléter.
Breizh-info.com : Quelle est l’actualité du Druidisme en 2021, en Bretagne comme dans les Pays celtes ?
Morvan Coarer : J’aurais tendance à dire qu’elle est la même que pour tous nos compatriotes : les changements climatiques vont induire des modifications écologiques, économiques et sociales sans précédent. Au mieux ces changements constituent des opportunités d’évolution, au pire ce seront des catastrophes. Dans tous les cas, les populations concernées auront intérêt à donner une dimension spirituelle à ces évolutions.
En tentant de respecter les cycles naturels et le bon ordre de l’Univers, le Druidisme, me semble-t-il, constitue une voie spirituelle particulièrement apte à accompagner les Celtes en ces moments de changements climatiques et de bouleversements sociaux et civilisationnels. L’heure n’est donc plus aux querelles de chapelles, qui ont pu exister dans le monde druidique comme dans toute création humaine, mais dans la cohérence et la synergie. Là encore la tolérance est de rigueur pour peu qu’il y ait vérité, sincérité et fraternité. Je pense donc que le message des druides va être de plus en plus audible et présent, ce qu’on peut dès à présent constater. Ce livre, et celui d’autres druides parus ces derniers temps, en est l’exemple, tout comme certaines interventions sur les réseaux sociaux.
Attention, cependant, aux escrocs et sectaires de tout poil ! Les druides n’ont pas de « secret » à révéler et ne font pas commerce des services qu’ils peuvent rendre.
Propos recueillis par YV
Source : BREIZH-INFO.com - 06/11/2021