Tout partisan de « l’Europe aux cent drapeaux » se réjouira très certainement de la réédition de l’ouvrage d’Herman BICKLER : « Histoire de l’Alsace-Lorraine ». Ecrit par un autonomiste alsacien, ami d’Olier MORDREL et publié en 1935, il a été traduit par le grand universitaire Jean HAUDRY et préfacé par Robert STEUCKER.
Avec Hermann BICKLER, on découvre comment cette patrie charnelle de la communauté germanophone a été avalée par le pouvoir capétien. Puis dénaturée par le régime jacobin qui lui succéda. Un Système qu’il juge « araseur et éradicateur de la personne humaine, laquelle est organiquement constituée et formée par la langue, l’ascendance et la religion ».
En raison des similitudes avec la Bretagne annexée et spoliée, on ne s’étonnera pas de la présence d’Hermann BICKLER au premier congrès du Parti autonomiste breton en 1925 à Rosporden (Finistère). Invité au même titre que des Gallois, Irlandais, Flamands et Corses. Epoque bénie où se tissaient des liens de forte amitié entre les minorités nationales.
L’ouvrage de BICKLER démystifie le roman national français par l’évocation de faits passés sciemment sous silence. Loin d’une version officielle menteuse qui n’est pas sans rappeler le fameux « Traité d’Union » de la Bretagne et de la France, en 1532. Une belle imposture que l’on expose aux touristes par une plaque commémorative dans l’enceinte du Château des Ducs de Bretagne à Nantes.
BICKLER nous avertit que les Alsaciens-Lorrains, « doivent leur langue, us et coutumes de leurs ancêtres Alamans ». Et que « les Français n’ont aucunement pris part à la composition de notre peuple ». Tout comme le Peuple breton dont l’essence brittonique est étrangère à la France.
Ajoutons que l’Alsace-Lorraine, tant par sa langue que par son peuple, avait vocation à demeurer au sein de l’Empire allemand, après huit siècles de vie commune. Pour BICKLER, ce fut « une époque glorieuse pour l’Alsace qui atteignit son apogée au XIIIe siècle ». Avec « une vie spirituelle comme l’Alsace n’en a jamais connue auparavant et ne devait plus en connaitre par la suite ».
D’autres remarques de bon sens feront grincer les dents des Nationalistes français sur la perpétuelle « prétention impérialiste » carolingienne et capétienne à vouloir dominer de nouveaux territoires vers le Rhin. Y compris l’Allemagne. En dépit de leur caractère spécifiquement allemand. Une expansion guerrière qui s’est affirmée, également, sur le reste du territoire hexagonal. Toujours, sous de fallacieux prétextes d’altruisme et de libertés. On connait l’antienne…
A cet égard, nos Jacobins se gardent d’avouer que la France est une œuvre pleinement monarchique. De fait, elle ne doit absolument rien à la République. Car la France s’est construite à coups d’épée par la dynastie capétienne. Non, par des consultations démocratiques. Quant à son tracé géographique, il ne le prédisposait nullement, à constituer une Nation. Sinon, il pouvait tout aussi bien englober la Belgique….
BICKLER nous instruit naturellement sur ce Traité de Westphalie de 1648. Les heures le plus sombres de l’histoire Alsacienne où le pouvoir capétien soumit l’Alsace de façon impitoyable. Terre conquise, dévastée, pillée et saignée à blanc par des impôts exorbitants. Les murs des grandes villes y furent abattus, par pure joie d’humilier. Baume sur la plaie, les autorités locales purent rester en place à une seule condition : reconnaitre la souveraineté de la France.
Certes, la vie culturelle et les us et coutumes demeurèrent allemands. Mais la tradition multiséculaire alsacienne allait être piétinée allègrement par les humanistes de la Révolution française. Le caractère germanique de l’Alsace-Lorraine leur était odieux. La langue allemande, à l’instar du breton et d’autres langues autochtones, était « langue des Barbares ». Il fallait, là-aussi, la détruire !
Réincorporé en 1871 dans l’Empire allemand, les Alsaciens-Lorrains retrouvèrent leur liberté « d’éduquer leurs enfants dans leur langue maternelle, à tous les niveaux ». BICKLER loue à cet égard « une administration admirable », une « législation sociale exemplaire » et un « développement économique particulièrement fort ». Bien qu’il regrette que la pleine autonomie ne fût pas octroyée dans l’immédiat. Mais, par une lente évolution, l’Alsace-Lorraine (Reichsland Elsas-Lothringen ) se dota d’une VERITABLE CONSTITUTION le 31 mai 1911. Avec un parlement (Lantag) composé de deux Chambres dont les membres bénéficiaient de l’immunité parlementaire.
Lors de la Première Guerre mondiale, BICKLER note que les volontaires Alsaciens-Lorrains furent nombreux, sous l’uniforme vert-de-gris. On sera étonné d’apprendre qu’ils furent privés, après le conflit, de monuments aux morts pour honorer leurs camarades. On le sera moins, de lire qu’aux premières élections d‘après-guerre, une répression inouïe s’abattit sur les candidatures autonomistes et que leur propagande fut interdite. La rançon à payer, en quelque sorte, pour vivre pleinement au Paradis des droits-de l’homme……
En résumé, l’Alsace a connu sa période la plus faste sous le Saint Empire comme la Bretagne sous l’égide de ses ducs. Pour renaitre dans leur éclat d’antan, la seule voie véritable réside dans l’EUROPE DES ETHNIES. Une Europe qui, par un juste fédéralisme, s’édifiera sur les décombres des Etats-nations en faillite.
On remerciera les Editions du Lore d’avoir réédité, en juin 2023, cet ouvrage tonique d’Hermann BICKLER. Avec l’espoir de trouver prochainement dans son catalogue, les écrits incontournables et inégalés d’Olier MORDREL.
Jakez GUILLOUZOUIC (25 juillet 2023)
Source : Gouvernement provisoire de Bretagne