l’armée des Cipayes en Inde
Auran Derien, universitaire ♦
Les médias n’analysent pas la dimension de ce qui vient de se dérouler en Inde. Seuls, les sites où s’expriment les dissidents du monde occidental en ont pris la mesure et en ont évoqué les horreurs. Rappelons de quoi il s’agit, qui promeut la terreur et qu’elles en sont les conséquences pour le monde des esclaves que Orwell avait déjà bien décrit.
Inde : la construction d’une aliénation
On insiste pas assez sur la méthodologie des anglo-saxons en Inde, mise en place dès leur invasion du continent au XVIIIème siècle. Elle est d’autant plus importante à connaître qu’elle a été appliquée dans tous les pays conquis tant par les Anglais que par les Étatsuniens et qu’elle continue à soutenir la global-invasion actuelle.
Les anglo-saxons ont développé en Inde une classe d’individus intéressés à maintenir la corruption en faveur de pouvoirs étrangers (1). Un de leurs arguments fréquents, afin de justifier leur tyrannie, fut celui de la mauvaise administration de quiconque voudrait vivre et agir autrement. Au XIX ème siècle, l’Angleterre annexa tous les petits États de l’Inde en arguant de ce motif futile: mauvaise conduite des affaires publiques. Les véritables penseurs Hindous ne se sont jamais vraiment préoccupés des questions politiques, mais ils furent les premiers à comprendre que l’esprit des anglais était un esprit raciste qui se dédiait au colonialisme culturel et religieux afin de détruire toute forme de civilisation. Comme les Anglais n’étaient pas très nombreux, il leur fallait tenir en main une armée locale à leur service, qui fut appelée l’armée des Cipayes. Rien n’a changé aujourd’hui. Que ce soit en Inde ou ailleurs, la méthodologie reste la même: disposer de bataillons de larbins locaux pour protéger la race des maîtres, tuer les autochtones récalcitrants, éradiquer les traditions, la vie sociale, la religion et la civilisation des populations soumises. La victoire des trafiquants se traduit par la lente et perfide destruction de tout ce qu’il y a de plus beau dans le monde qu’ils ont conquis. La philosophie, les arts, les sciences et les techniques des populations vaincues sont méprisés et découragés.
L’un des aspects importants de la politique anglo-saxonne est le développement de la langue anglaise, voire de toute langue qui ne soit pas celle des autochtones, accompagné d’un système d’éducation totalement calqué sur les systèmes anglo-saxons. L’enseignement local est rabaissé. Peu à peu, seuls les diplômes accordés par les centres de pouvoir sont reconnus et permettent d’obtenir un emploi dans une administration ou une grande entreprise. En Inde donc, tous les centres de la culture hindoue ont été graduellement annihilés et seule la transmission privée de maître à élève parvint à maintenir la langue sanskrite et la philosophie. Les Anglais imposèrent à tout candidat à un concours administratif qu’il passât deux ans de séjour dans une université anglaise avant de pouvoir se présenter. De plus, toutes les épreuves étaient rédigées en anglais ce qui défavorisait les hindous. Les niveaux de responsabilité administrative ne laissaient qu’aux purs produits l’accès aux hautes fonctions. Seuls les postes inférieurs étaient abandonnés aux autochtones.
Lorsque les fonctionnaires anglais eurent le loisir de s’installer en Inde avec toute leur famille, de retourner en Angleterre fréquemment grâce au canal de Suez, ils s’isolèrent encore plus du pays qu’ils administraient, reprenant la méthode du ghetto pour se séparer des impurs autochtones.
Organiser l’abrutissement des autochtones
Il était impossible aux Indiens d’accéder à un poste dans leur propre pays s’ils n’avaient pas reçu une éducation à l’anglaise. Le principe a été généralisé à toute l’Europe sous la férule de l’ Union Européenne et en France en particulier. L’institut d’études politiques par exemple est devenu un centre de l’obscurantisme où la formation n’a plus rien à voir avec la culture propre du pays.
Il se forme ainsi peu à peu une classe de Cipayes, ces autochtones qui ne participent que superficiellement à la culture anglo-saxonne , mais surtout sont quasi totalement ignorants de leur propre culture. Ce sont de parfaits aliénés, d’excellents esclaves dont les caractéristiques très observables sont la superficialité et la prétention. Ils sont toujours méprisés par leurs maîtres mais aussi, peu à peu, par leurs concitoyens qui conservent quelque chose de leurs traditions. Ce sont eux la source de tous les problèmes, en Inde ou en Europe. Lorsque fut créé le Congrès national indien, ce dernier fonda sa politique sur des notions anglo-saxonnes très étrangères à l’Inde. L’obsession de détruire la diversité du continent au profit d’un vaste ensemble politique laïc fut une erreur qui se perpétue aujourd’hui et détruit le pays.
Victoire de la caste commerçante
Avec Gandhi, membre de la caste des marchands, le pouvoir en Inde tomba entre les mains des commerçants dont la caractéristique de caste est le puritanisme, l’absence totale de culture philosophique, et une sentimentalité religieuse grossière. La charité fait partie des vertus qui justifient l’âpreté du commerçant au gain mais non point la justice sociale. Le puritanisme glacial masque la malhonnêteté dans tout ce qui concerne les affaires et les questions d’argent. Aussi, derrière Gandhi s’installa le grand capital indien (Birla, Tata…) et les réformes furent toujours favorables aux trafiquants. La dernière réforme monétaire indienne illustre cette tyrannie des castes marchandes.
Le 8 novembre, le Premier ministre indien Narendra Modi a annoncé la démonétisation des plus grosses coupures de 500 et 1000 Rs (roupies) avec un effet presque immédiat. Les détenteurs ne pouvaient récupérer leur valeur qu’en les déposant sur un compte bancaire avant la fin de l’année 2016 . En même temps, le gouvernement indien cherche depuis longtemps à réduire la demande d’or de la population. Le tout est piloté par les Cipayes, les colonialistes de deuxième degré. Cette minorité autochtone d’éducation étrangère applique, bêtement, les volontés de reforme des anglo-saxons.
Le processus de suppression de la monnaie fiduciaire s’appuie en effet sur des dits « experts » tels que Raghuram Rajan, qui dirigea la Banque centrale indienne de septembre 2013 à septembre 2016. Rajan est professeur d’économie à l’université de Chicago. De 2003 à 2006, il a été économiste en chef du Fonds monétaire international, poste qu’occupa le français Blanchard, qui n’eut aucune honte à signer le programme de destruction massive de la Russie au moment de la chute du bolchévisme. Ce Rajan est membre du Groupe des trente, cette entente illicite des Banques Centrales sous la férule de la BCI. Ce Groupe des trente est le soviet pieux d’où émane l’anathème contre les billets de banque. On ne s’étonnera pas d’y trouver tout ce que l’occident accumule comme escrocs intellectuels, spécialisés dans la justification mensongère.
Cette politique d’aliénation menée par les prédicateurs occidentaux finit par engendrer des monstres, des morts en grande quantité, un Président qui se prétend patriote mais détruit une civilisation millénaire. On rendra hommage au dissident Alexandre Zinoviev qui nous en avait averti.
L’occidentisme, cet absolutisme de trafiquants s’auto-proclamant race supérieure engendrera des difficultés durant tout le XXIème siècle. La destruction de l’Inde, comme celle de l’Europe, est effectuée désormais par les Cipayes, une catégorie de la ferme des animaux qui nous paraît proche des chiens dont parlait Orwell. Si ces armées de colonisateurs de second niveau ne sont pas exterminées, le néant est notre futur.
(1) Alain Daniélou : Histoire de l’Inde. Fayard, 1971.
Illustration : Cipayes et char de procession. Ivoire sculpté et ciselé. Inde, Bengale. Fin du 18e-début du 19e s. Musée de la Compagnie des Indes
http://metamag.fr/2017/02/01/le-monde-des-esclaves-dorwell-larmee-des-cipayes-en-inde/