Ah le MSI ! On peut dire qu’il nous a fait rêver, nous autres militants français, ce Mouvement Social Italien... En effet, à l’époque où les organisations nationalistes avaient beaucoup de mal à émerger en France, nous avions tous les yeux rivés sur ce qui se passait au-delà des Alpes. Le MSI, c’était un peu le grand frère que nous espérions un jour pouvoir imiter...
J’avais à peine quinze ans lorsque j’ai entendu parler pour la première fois du MSI. C’était au début des années 1970, dans un reportage à la télévision française consacré aux événements qui se déroulaient alors à Reggio de Calabre. On y voyait des jeunes missinistes, qualifiés sur un ton méprisant par les journalistes de « néo-fascistes », s’activer pour défendre leurs idées. Comment était-ce possible ? Après tous les lavages de cerveaux que nous avions subit en France depuis 1945, et aussi en Europe, il existait des jeunes, en Italie, qui se réclamaient fièrement du fascisme, fut-il « néo »... Je voulais en savoir plus et l’occasion allait vite se présenter.
Quelques semaines plus tard, au hasard d’échanges inter-scolaires, je rencontrai une jeune Milanaise de passage en France pour apprendre notre langue. Je m’empressais de l’interroger sur ce phénomène qui me fascinait en me disant que, offusquée par une telle curiosité, elle allait honteusement m’envoyer promener. Il n’en fut rien. La belle Italienne, certes un peu étonnée par ma témérité, s’illumina et me parla avec enthousiasme de l’homme qu’elle admirait le plus dans l’histoire de son pays, Benito Mussolini, et aussi de celui dans lequel elle plaçait tous ses espoirs : Giorgio Almirante. Voilà un langage auquel nous n’étions pas vraiment habitués chez nous. Dans les jours qui suivirent, convaincu que le Système nous mentait sur le fascisme, j’adhérais à Ordre nouveau et, après la dissolution, au Parti des Forces nouvelles...
Plus de 45 ans ont passé... 45 ans de militantisme au cours desquels j’ai maintes fois eu l’occasion de rencontrer des cadres et des militants du MSI. J’ai fait la connaissance de Giorgio Almirante lors d’un congrès près de Rome en 1982 où, avec Jean-Louis Tixier-Vignancour, nous représentions la France. Puis, en 1984, le jour tant attendu arriva. Aux élections européennes, la Droite nationale faisait son irruption, avec Jean-Marie Le Pen, sur la scène politique française. "L’Eurodroite" devenait une réalité...
Chez moi, un soir de mai 1988, j’avais entrepris de classer dans un album des photos récentes qui s’étaient amoncelées sur mon bureau. Parmi celles-ci, il y en avait une, prise lors du congrès de Sorrente en décembre 1987, sur laquelle je figurais en compagnie de Jean-Pierre Stirbois, alors secrétaire général du Front national décédé depuis, et Giorgio Almirante. Je dois dire, toute vanité mise à part, que j’étais assez fier d’être sur cette photo avec ces deux personnages illustres. Mais ma joie fut de courte durée car, quelques minutes après avoir refermé mon album, en écoutant le journal télévisé j’apprenais la mort d'Almirante, celui qui avait tant marqué l’histoire de l’Italie et qui fut notre exemple à tous en Europe. Le hasard fait parfois curieusement les choses... Quelques mois plus tard, Jean-Pierre nous quittait à son tour.
Giorgio Almirante, Jean-Pierre Stirbois, Roland Hélie au congrès du MSI à Sorrente en décembre 1987.
Je n’oublierai jamais les quelques conversations que j’ai eu avec Giorgio Almirante. C’est pour honorer sa mémoire que, l’an passé, la revue Synthèse nationale que je dirige aujourd’hui, a organisé à Paris un grand banquet pour marquer les 70 ans de la création du MSI cliquez là et que nous avons consacré, à cette occasion, un numéro des Cahiers d’Histoire du nationalisme à cette grandiose épopée cliquez ici.
Et lorsqu’il y a quelques jours, mon camarade, mon ami, mon frère de combat Massimo Magliaro m’a fait l’honneur de me demander de préfacer son livre consacré au MSI (1), c’est bien entendu avec joie que j’ai accepté.
Roland Hélie, Directeur de Synthèse nationale
Paris, le 19 décembre 2018
(1) La fiamma che non si arrende, Massimo Magliaro, Edition Pagine, Rome, 2019.