UN CHASSEUR DE (NÉO)NAZIS AU RN.
Economiste assez peu connu, y compris de ses électeurs, Jean-Richard Sulzer a accédé le 8 avril à une notoriété mondiale en confiant à The Jerusalem Post qu’en prévision des régionales, lui et ses camarades du Cercle national juif établissaient une « liste noire » (black list) des « responsables du Rassemblement National ayant des affiliations néonazies » et qui doivent être évincés du parti, y compris quand ils sont têtes de liste.
Ainsi, pour la Bretagne, l’historien Gilles Pennelle accusé de proximité avec Terre et Peuple (quel crime !) et, en Ile-de- France, Jordan Bardella, car il fut l’attaché parlementaire de l’eurodéputé Jean-François Jalkh, député FN de 1986 à 1988 et ancien vice-président du Front national, coupable d’avoir lu des revues révisionnistes et participé à « des cérémonies glorifiant le général [sic] Pétain, collaborateur des nazis et chef de Vichy ». Tour à tour radical-socialiste, barriste, mitterrandien et UMP, M. Sulzer rallia en 2003 le Front national où il fit son trou comme conseiller régional du Nord-Pas-de-Calais depuis 2010. Donc sous la présidence de Jean-Marie Le Pen dont il pouvait difficilement ignorer les « dérapages », l’amitié avec l’ancien Waffen SS Karlheinz Schönhuber, fondateur du mouvement Die Republikaner allié du Front national au Parlement européen, et la fidélité au Maréchal. Apparemment, tout cela ne le gênait nullement. Est-ce parce que, à 74 ans, il n’a pas été reconduit aux régionales qu’il lance sa chasse aux sorcières ?
Camille Galic – En bref – Présent du 17 avril 2021
UN LOBBY JUIF D’UNE FOLLE ARROGANCE AU SEIN DU RN
L’information transmise par notre ami David Veysseyre est si incroyable qu’une vérification des sources s’imposait. Oui, l’information a bien paru dans The Jerusalem Post, le grand quotidien israélien. Le Cercle juif national, rattaché au Rassemblement national, est dirigé par Jean-Richard Sulzer, conseiller régional de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, qui ne se représente pas aux élections (ou qui n’a pas été retenu, ceci expliquant peut-être cela). Il a pris une initiative qui rappelle les « heures les plus sombres de notre histoire ». Il prépare en effet une liste noire de responsables du parti et de candidats aux prochaines élections régionales, ayant de fantasmagoriques affiliations néo-nazies. « Nous demandons à [Le Pen] de retirer les néo-nazis des listes de candidats », a déclaré Sulzer au Jerusalem Post. « S’ils sont autorisés à se présenter, ce n’est pas bon pour la réputationnde notre parti… Nous ne voulons pas que ces hommes ou ces femmes sur la liste se présentent, parce qu’ils ont appartenu à des groupes néo-nazis dans le passé ou en raison de leur comportement antisémite », a déclaré Richard Sulzer, exigeant que Marine Le Pen leur retirât l’investiture. Autre gravissime accusation : Sulzer a également accusé le parti d’empêcher un nombre de candidats potentiels juifs (dont lui ?) de se présenter sur les listes du Rassemblement national. Le Cercle National Juif a déjà eu des démêlés avec le Rassemblement national. Dans un document obtenu par le Jerusalem Post, l’avocat du parti a envoyé une lettre menaçant de poursuivre le groupe en 2019, lorsqu’il s’appelait le Rassemblement National Juif, s’il ne changeait pas de nom. Conclusion limpide de Sulzer : « Il est clair que [Marine Le Pen] ne veut pas que le Rassemblement National soit associé aux juifs ».
Parmi les personnes ciblées par le lobby juif du RN, figure Gilles Pennelle, la tête de liste du Rassemblement national en Bretagne et membre du bureau national du Rassemblement national. Les accusations sont lourdes. Il serait membre de l’association « païenne et nationaliste Terre et Peuple », dirigée par Pierre Vial, dont le site internet affiche le slogan « Résistance identitaire européenne ». Pire, Pennelle a écrit un article sur « Le Seigneur des Anneaux pour le magazine du mouvement en 2003 ». Et puis, il a proféré des propos nauséabonds en voulant empêcher la « Turquie musulmane » d’entrer dans l’Union Européenne, déclarant : « si nous ne faisons rien, ils s’installeront dans nos cathédrales et coucheront avec nos filles » et en appelant à la défense des « idées identitaires ».
Jordan Bardella, le vice-président du RN, qui pourrait prendre la présidence du mouvement pendant la campagne présidentielle de Marine Le Pen, est aussi sur la sellette. Imaginez-vous qu’il a été, il y a certes longtemps, un assistant de Jean-François Jalkh, une figure de proue du parti, qui a admis avoir lu des auteurs révisionnistes, fait l’éloge de certains d’entre eux. Et puis, horreur absolue, le Jerusalem Post révèle que Jalkh a également participé à des événements « à la gloire du collaborateur nazi et leader de la France de Vichy, le général (sic !) Philippe
Pétain. » Bardella, dis-leur qui tu fréquentes, et ils te diront qui tu es. La conclusion du Jerusalem Post est sobre bien que formulée de façon quelque peu approximative : « Bardella est un ancien du Zyklon B pour tuer des masses de Juifs ». Pauvre Marine Le Pen. Malgré ses reniements et ses reptations, ses purges et ses exclusions, ce n’est pas demain la veille qu’elle sera invitée à Yad Vashem…
Robert SPIELER- Rivarol du 21 avril 2021
Dessin de Chard (Rivarol)