Ce que « je suis » - intolérant, dictatorial, dégénéré, violent, frustré, dépravé - je le projette sur « l'autre » et me « libère » ainsi du poids de la culpabilité. Ainsi naît « l'antifascisme » (et, par extension, tous les « antis »). Derrière toute forme d'irrationalité (et l'antifascisme en porte l'empreinte), ce qui existe est une maladie de l'âme. Il n'est pas rare que la gauche pro-verte, dans ses différentes variétés, soit unie par « l'antifascisme », précisément pour cacher l'échec de ses politiques et son orphelinat doctrinal. Lisez ci-dessous pourquoi un « antifa » devrait avoir sa propre salle dans le « musée des horreurs politiques »...
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Amadeo Bordiga, secrétaire général du parti communiste italien dans les années 1920 et dissident du stalinisme, a littéralement dit: « Le pire du fascisme sera l'antifascisme ». Cette phrase est confirmée par le suivi des pages « antifascistes » sur le web et par la vie quotidienne du pédrosanchisme (ndt: l'actuel socialisme en Espagne). Jusqu'à l'apparition d'Internet, l'antifascisme était un résidu impénétrable auquel seuls ses derniers Mohicans prêtaient attention. L'Internet en a fait la fenêtre ouverte d'une pathologie sociale, relativement complexe dans certains cas et plus simple que le mécanisme d'un pot à encastrer dans d'autres.
Mais qu'est-ce que le fascisme ?
Au sens propre et au sens premier, le fascisme est le mouvement politique italien créé par Benito Mussolini, lui-même socialiste au départ, par les futuristes et par les nationalistes italiens après la Première Guerre mondiale et qui a dirigé l'Italie pendant 20 ans, en cohabitant avec la monarchie de la dynastie des Savoie et en ayant une prolongation d'à peine deux ans dans la République sociale italienne. Historiquement parlant, il n'y a donc pas eu plus de fascisme que cela.
Du point de vue des typologies politiques, le terme « fascisme » est utilisé par généralisation abusive pour désigner les mouvements qui, d'une manière générale, présentent un degré élevé de similitude avec le fascisme italien, ce qui inclut des mouvements très divers, qui ont tous en commun les caractéristiques suivantes: nationalisme, mouvement de masse, interclassisme, anticommunisme et volonté de mettre en pratique une politique sociale avancée qui pourrait concurrencer celle menée par la gauche. Les composantes de ces mouvements, qui sont présents dans toutes les formes de fascisme, proviennent de sections de la gauche, de la bourgeoisie et d'anciens combattants de la Grande Guerre.
Il existe différentes interprétations historiques du fascisme. L'une des plus intéressantes est celle du professeur Zeev Sternhell, à laquelle il a consacré quatre de ses ouvrages. La thèse de Sternhell affirme que l'approche du pouvoir puis l'exercice du pouvoir ont contaminé le fascisme et l'ont détourné de son essence originelle. Ce n'est donc pas en Italie ou en Allemagne que l'on peut étudier les formes chimiquement pures du fascisme, mais en France où ce mouvement n'est pas arrivé au pouvoir (et n'a donc pas rectifié sa ligne en fonction des compromis nécessaires dans toute gestion du pouvoir), mais a eu une longue gestation idéologique qui a commencé avec les dissidents du socialisme (de Proudhon à Henry de Man), avec l'apparition du nationalisme intégral de Maurras et avec les soi-disant « non-conformistes des années 30 » (le groupe Ordre Nouveau, Esprit, etc.). Pour Sternhell, il ne fait aucun doute que le fascisme était un nouveau mouvement politique, une alternative à la droite et à la gauche.
Mais il existe une troisième forme de fascisme, qui, plutôt qu'une catégorisation politique ou idéologique, est un terme (substantif ou adjectif) de propagande utilisé contre tel ou tel adversaire. Il est connu, par exemple, que plus un parti dévie vers la gauche, plus il considère le « spectre fasciste » comme large. Pour les Basques du HB, le « fascisme », c'est tout le reste du spectre politique espagnol, du PSOE à la Phalange, en passant par le PP, le PNV et le touriste de passage qui n'a pas été salué par un aurresku. Avant la Seconde Guerre mondiale, nous avons vu les staliniens qualifier les partis sociaux-démocrates de « social-fascistes » et, par extension, le fascisme serait toute forme de prévention contre le communisme, même la plus tiède.
Ceux qui considèrent la première définition du fascisme se concentrent sur une analyse historique rigoureuse; ceux qui assument la seconde, de préférence, contemplent les aspects idéologiques et doctrinaux du fascisme. Ces deux positions sont raisonnables et ne présupposent pas l'adhésion aux principes du fascisme ou à une quelconque organisation fasciste. C'est la troisième option qui nous permet de voir chez ceux qui la détiennent une psychopathologie, c'est-à-dire une « maladie de l'âme » ou une « perversion de l'esprit ».
Dans la mentalité de ceux qui se définissent comme « Antifas », il y a quelque chose de cassé et de sombre. Il est clair comme de l'eau de roche que les Antifas ne sont pas les seuls à être soumis à la pathologie sociale que nous sommes sur le point de définir. On peut dire que l'entrée d'un virus dans l'organisme peut affecter l'hôte de nombreuses façons différentes, selon l'état de son système immunitaire et, depuis la « pandémie » que nous connaissons, il en existe aussi des « asymptomatiques ». Cependant, chez ceux dont les défenses naturelles ont cessé d'exister, un tel virus peut être mortel. C'est ce qui arrive aux antifascistes...
Antifascisme unique et multiple
L'antifascisme est un phénomène unique dans l'histoire récente des idées. En fait, nous avons déjà dit qu'il ne s'agit pas d'une idée, mais d'une « pathologie de l'âme ». Normalement, l'antifascisme apparaît chez les individus dont les « défenses » ont été affaiblies par la bactérie du « politiquement correct » qui s'est nichée dans leurs neurones et empêche le flux normal de la pensée. Cette « bactérie » génère des blocages dans certaines zones du cerveau et prédispose le virus de l'antifascisme à faire des ravages dans les « petites cellules grises » qui ne parviennent pas à établir les connexions neuronales habituelles d'un cerveau sain.
Ce qui est important, cependant, c'est de souligner que l'antifascisme n'apparaît que dans les esprits aplatis (et abrutis) par le politiquement correct, et seulement chez eux. Un esprit qui fonctionne selon des paramètres acceptables de rationalité, de logique, de bon sens et de capacité à enchaîner des syllogismes n'acceptera jamais la pensée unique ou le politiquement correct, et sera donc doté de défenses naturelles pour rejeter d'autres états dégénératifs du cerveau.
Ainsi, dans toutes les formes d'antifascisme, il y a un renoncement et une impossibilité, nés de la maladie elle-même : il est impossible pour le sujet affecté de penser au-delà de la limite marquée par le politiquement correct, comme si cette frontière était une finís terrae, au-delà de laquelle il n'y a qu'une zone inconnue qu'il vaut mieux ne pas pénétrer ou connaître. Cela génère des aprioris qui l'empêchent de voir la réalité telle qu'elle est, c'est-à-dire objectivement.
Ce problème donne lieu à trois types d'antifascisme, en fonction de leur intensité et de leur origine :
1) Antifascisme inerte : c'est celui du citoyen moyen qui suit passivement la politique, ne se préoccupe ni d'adopter une position active - sauf dans des occasions très précises, toujours dans des épisodes de masse - ni de rechercher les causes ultimes, il lui suffit que les « leaders d'opinion » soient plus ou moins antifascistes pour que ce type de citoyen adhère à ce courant général. A force d'entendre parler de « fascisme » et de l'identifier au mal absolu, son manque d'énergie mentale le conduit à accepter le slogan attribué à Big Brother : « Ne pensez pas, Big Brother pense pour vous ». Et Big Brother dit que le fascisme est mauvais, donc qu'il doit être condamné. C'est une façon d'être antifa, mais sans l'exercer. Une partie importante de la société est affligée de cette maladie de l'âme qui, au fond, n'est rien d'autre qu'une forme de paresse mentale.
2) Antifascisme politique : beaucoup plus conscient que le précédent, il est généralement utilisé par l'agit-prop du parti pour accuser l'adversaire d'être un « fasciste ». Il est également utilisé par certaines ONG qui qualifient de « fasciste » toute personne qui conteste leur raisonnement. Ces ONG, dont le « Mouvement contre l'intolérance » ou « SOS Racisme » en sont la caricature la plus choquante, affirment que les médias, les gouvernements, la police et la société elle-même, cachent la réalité : le fascisme, avec ses séquelles, la xénophobie et le racisme, est vivant et actif et agit dans l'ombre. Quiconque appelle le siège de ces ONG et rapporte « qu'il a entendu dire que le cousin du beau-frère du frère du portier de la maison où vit le garçon qui sort avec sa sœur, a entendu dire que dans la discothèque où il sort tous les samedis, il y a eu une bagarre et qu'un type a tiré deux fois sur un nano qui l'a laissé cucufati....." verra comment sa "dénonciation" sera enregistrée par les scribes de ces ONG et utilisée pour cautionner leur "travail" qui, évidemment, mérite d'être récompensé par de juteuses subventions que, par ailleurs, personne ne contrôle ». Quel est l'intérêt de confirmer des données provenant de personnes venues d'on ne sait où ? Le fascisme est intrinsèquement pervers, donc tout ce qui est mis à son crédit est incontestablement vrai, et il est même légitime d'inventer des faits inexistants afin de faire prendre conscience à la société du mal absolu.
3) Antifascisme viscéral : il s'agit du type d'antifascisme caractéristique de ceux qui font de l'antifascisme le centre de leur vie. Si vous demandez à un squatter, ou à Ada Colau, sa marraine, de se définir politiquement, la première chose qu'il dira est « Mon pote, je suis antifa ». C'est tout. La variété inférieure de ce spécimen est, en Espagne, celle qui relie l'indépendantisme catalan (ou basque) à l'antifascisme. Chez ces derniers, le virus a fait les plus grands ravages mentaux. Il vaut la peine de regarder les sites web des indépendantistes catalans et basques où le primitivisme et l'irrationalisme inhérents à tout nationalisme (le nationalisme n'est que viscèral, sentimental, émotif et use d'une mythologie ad hoc) sont renforcés par des considérations antifascistes. Pour un indépendantiste, le « facha » est toute personne qui n'est pas entièrement déterminée à jeter le pays dans la centrifugeuse. Quiconque a décidé de ne parler qu'espagnol en Catalogne est un « facha », et il importe peu qu'il ait des arguments suffisants pour refuser d'apprendre le catalan ou renoncer volontairement à le parler. C'est un « facha », point final. C'est le verdict des Talibans de la langue.
Nous pourrions parler d'une quatrième variété d'antifascisme, minoritaire et, oui, petite, ce qui nous empêche de la joindre aux trois précédentes. Il s'agit de l'antifascisme affiché par certains qui sont parfaitement conscients de l'arrière-plan idéologique du fascisme, mais qui ont peur de montrer leur adhésion à celui-ci, ou bien qui sont conscients de leur incapacité à être fascistes. J'ai vu des journalistes qui auraient aimé mener une vie aventureuse comme bon nombre des « fascistes » qu'ils ont rencontrés. Ils ont enquêté sur leurs pérégrinations pour être surpris de voir à quel point certains militants qui, dans les années 70 et 80, étaient encore fidèles au fascisme, étaient capables de s'y attaquer. Pour eux, « vivre dangereusement » était un mode de vie, bien plus qu'une phrase d'accroche ou un slogan. Je connais plus d'une demi-douzaine de journalistes, vivants et morts, qui correspondent à cette caractéristique, un échantillon trop petit pour être extrapolé en une catégorie universelle.
De même, j'en ai vu d'autres qui étaient membres de groupes fascistes dans les années 1960, qui l'ont fait avec entêtement et conviction idéologique, jusqu'au jour où ils sont arrivés à l'université et ont réalisé qu'à cette époque, soit vous étiez un militant de gauche, soit il était impossible d'arriver au cours sans être agressé. De plus, à cette époque, l'attrait principal des groupes de gauche était qu'ils avaient des filles... il y avait des gens qui étaient incapables de flirter et d'avoir assez d'aplomb pour aborder une femme, qui ne pouvaient faire l'expérience de cette chaleur que dans un groupe de gauche (bien sûr, après 1977, le gros du militantisme politique féminin s'est déplacé vers Fuerza Nueva, surtout à Madrid, ce qui coïncide avec la démobilisation de la gauche militante). Beaucoup ont milité dans ces groupes de gauche, ont dû lire les ouvrages illisibles de Nikos Poulantzas, Castoriadis, Debray, ou les résolutions soporifiques de la Quatrième Internationale, simplement pour pouvoir jouer les intellectuels devant les riches femmes de gauche et attirer leur attention en récitant les meilleures philippiques antifascistes comme le pigeon attire sa femelle avec son roucoulement. Tous ceux-là - qui n'étaient pas peu nombreux mais ne le sont plus - peuvent être appelés « antifascistes vaginotropes ». « Quico el progre » (le personnage imaginé par le regretté Perich) avait beaucoup de cela et n'était certainement pas une caricature, mais la quintessence des pauvres diables qui étaient dans « l'opposition démocratique au franquisme » désormais mythifiée.
La psychopathologie de l'antifascisme
L'âme antifasciste, aujourd'hui, au 21ème siècle, oscille entre un complexe de culpabilité et la frustration.
Le complexe de culpabilité consiste à entretenir dans son subconscient l'intime conviction que l'on est coupable (pour n'importe quelle raison: de penser comme un prolétaire et de vivre comme un bourgeois, de ne pas vivre aux crochets de ses parents mais d'être incapable de leur témoigner de la reconnaissance, de l'estime et de l'affection, de se solidariser avec la dernière « lutte de libération » au dernier coin du monde mais d'être incapable d'aller plus loin, de faire plus d'efforts ou de porter la solidarité à des dimensions concrètes et appréciables, etc.)
Il y a un fait sociologique qui mérite d'être noté : l'abondance d'individus ayant une éducation chrétienne que l'on retrouve dans les milieux antifascistes. En fait, tout le sentiment indépendantiste catalan actuel a une matrice boy-scout qui dérive des ordres religieux qui, dans les années 1960-90, ont inspiré ce mouvement et l'ont imprégné de valeurs « chrétiennes ».
Les chrétiens « engagés » ont été éduqués à la notion de « péché ». Le péché est une faute par action, omission, pensée, etc. Un être humain, par le simple fait de se lever du lit, alors qu'il préférerait continuer à se reposer, pèche (c'est le péché de paresse). La notion de péché et l'impossibilité d'y échapper entraînent un complexe de culpabilité permanent. D'où l'importance du sacrement de la confession et de l'absolution. C'est comme passer sa conscience à la machine à laver. Elle consiste à faire table rase du passé afin de réduire le sentiment de culpabilité, tout en générant un « but d'amendement ». Du point de vue psychologique, il était nécessaire de compenser le risque omniprésent de pécher par un remède purificateur et, en même temps, par un enseignement moral visant à améliorer le comportement. « Je pèche, je sais que j'ai péché, je me confesse, j'écoute les conseils moraux du prêtre, je fais pénitence, je quitte le temple renouvelé ». L'habileté du christianisme a été de débloquer la psyché des tendances les plus basses et de considérer la vie comme « un chemin de perfection ». Malheureusement, cette conception n'est pas celle qui a cours dans la société actuelle, alors qu'arrive-t-il à quelqu'un qui « pèche », qui sait qu'il a fait ou pensé quelque chose de mal ou simplement de mauvais, et qui n'a pas la possibilité de « laver sa conscience » au moyen d'une vision du monde qui l'encourage à poursuivre sur le « chemin de la perfection » ?
Habituellement, les complexes de culpabilité créent une baisse de l'estime de soi qui peut même conduire à la dépression ou au suicide. D'un point de vue psychologique, il est essentiel que les personnes souffrant d'un complexe de culpabilité soient capables de le reconnaître, plutôt que de le garder latent dans les détours les plus sombres de leur psyché. Une vie psychologique saine et normale est incompatible avec l'existence de profonds complexes de culpabilité. Le processus mental par lequel l'esprit se protège des effets délétères de ces complexes est de les sublimer: « Oui, je suis coupable parce que je me branle... oui, je suis coupable parce que je ne fais pas assez pour les enfants du Brésil, oui, je suis coupable parce que le monde souffre et que je suis ici si heureux de vivre aux crochets de papa et maman... mais - et voilà la sublimation - il y en a d'autres qui sont PLUS coupables que moi : les fascistes, par exemple ».
Ce processus de sublimation conduit à la première forme d'antifascisme psychologique. Qu'est-ce qu'un antifa ? Très simple: une personne coupable de quelque chose, qui a banni ce complexe dans les profondeurs de son subconscient et qui couvre cette culpabilité en forgeant l'image de quelqu'un de plus « coupable » que lui, projetant sur « l'autre » ses propres obsessions.
Ensuite, il y a le complexe de frustration. Il est normal pour chacun dans la vie de nourrir certaines frustrations. Une frustration est un désir définitivement inassouvi. Il y a souvent des personnes « progressistes », « de gauche », qui sont en permanence insatisfaites (à droite, ce pourcentage est plus faible en raison du pessimisme de ce milieu, qui s'est trop souvent limité à être les « Cassandre » de la société, la prophétesse qui voyait l'avenir et dont personne ne croyait les prédictions), insatisfaites du présent qui a été construit, précisément, sur les valeurs de la gauche. De la même manière que les personnes affligées d'un complexe de culpabilité le dissimulent par le processus de sublimation comme nous l'avons vu, la frustration du présent est couverte par des références permanentes au passé, un retour en arrière obsessionnel, souvent colérique et violent. C'est une forme d'antifascisme qui, en Espagne, a été appelée « mémoire historique ». La gauche se tourne vers le passé pour éviter d'être horrifiée par le présent qu'elle a construit: dans l'éducation, dans l'immigration, dans la sécurité, dans la santé, dans la fiscalité, dans l'économie, dans les valeurs... Il est beaucoup plus confortable et réconfortant de regarder en arrière et de chercher les tombes des fusillés du régime franquiste (qui, dans de nombreux cas, s'avèrent être les victimes des miliciens rouges incontrôlés..., ce qui augmente encore plus la frustration et le blocage émotionnel dont ils souffrent) que de regarder le présent inquiétant et l'avenir incertain auxquels conduisent l'usage et l'abus des valeurs « progressistes » si chères à toutes les variétés entomologiques de la gauche.
Cette gauche, qui n'a pas d'avenir, n'a que l'alternative de se tourner vers le passé. Leur vie a été une frustration permanente. L'antifascisme est la seule chose qui leur reste pour donner un sens à leur vie. Aujourd'hui, le franquisme n'existe plus, mais dans un village, dans une région reculée d'Espagne, on est prêt à trouver une plaque de rue portant le nom d'un dirigeant de la Phalange tombé dans une bataille inconnue. Ou une tombe dans laquelle on ne sait pas qui est enterré.
Il resterait à parler d'un certain antifascisme pratiqué par les groupes de jeunes, auquel, outre le schéma du « complexe de culpabilité », la « frustration » est également très présente. Il semble évident que de nombreux jeunes ne se sentent pas compétitifs aujourd'hui, et se considèrent comme de véritables ratés, comme des sous-produits des lois sur l'éducation, toutes pires les unes que les autres, promulguées depuis 1973. Pour eux, le « facha » est le « gagnant ». Ce n'est pas qu'ils conçoivent la lutte des classes entre exploités et exploiteurs, c'est qu'ils l'ont transférée sur le terrain du « succès » ou de « l'échec » et qu'il leur est impossible de penser à une autre mesure du succès que la propriété et l'argent. Quiconque possède des « biens » et de « l'argent » ne peut constituer pour eux que des « signes extérieurs » du « fascisme ». Cela leur donne une raison suffisante pour le détester. La frustration, quant à elle, exalte cette haine et la rend inconditionnelle, irrationnelle, viscérale, sans appel. Ce manque de compétitivité idéologique, personnelle, politique, sociale, une caractéristique trop évidente qui est présente dans tous les sites et blogs antifascistes.
Enfin, les antifascistes qui sont également pro-indépendantiste (catalan ou basque) méritent une brève note. Leur pirouette est remarquable : ils combinent leur frustration personnelle avec celle qu'ils attribuent à une nation. La Catalogne, qui faisait partie du royaume d'Aragon, n'a pas gagné de batailles, sur base de ses seules forces, depuis le 13ème siècle. De Muret aux 8 secondes « d'indépendance » décrétées par Puigdemont lors de cette mémorable session du « parlement » il y a cinq ans. Toutes les commémorations indépendantistes sont, inévitablement, des célébrations de défaites, sublimant ces défaites pour cacher le complexe de frustration latent de l'indépendantisme. « Le jour où la Catalogne sera libre, les meilleurs moments reviendront », quoi ? Peu importe, cela arrivera le jour où la Catalogne sera libre. La frustration disparaîtra alors. L'indépendance reconstruira l'histoire de la Catalogne sur la base d'une seule et improbable « victoire » à partir de laquelle la « vraie histoire » commencera: l'indépendance elle-même. C'est le vieux rêve messianique: « L'histoire commence avec moi, avant moi il n'y avait rien. Qu'est-ce qui m'empêche d'être moi-même ? L'Espagne fasciste ».
En réalité, l'antifa indépendantiste occulte le passé en reconstruisant une histoire ad usum delphini, et projette ses illusions pour un futur improbable (une Catalogne indépendante est aussi viable qu'un stand de bonbons mous devant une clinique pour diabétiques) en situant le fait triomphal de l'indépendance de la Catalogne comme une fin de l'histoire et une entrée dans des temps mythiques dans lesquels la Catalogne « sera riche et pleine ».
Cela dit, êtes-vous antifa ? Regardez-vous, car ce que vous avez est un gros problème (psychologique voire psychiatrique) et ce n'est pas le fascisme qui est le problème, mais votre vie elle-même.
Ernesto Milà
Source: http://info-krisis.blogspot.com/2023/02/psicopatologia-del-antifascismo-entre.html?m=1