La sortie du vingt-quatrième titre de la collection « Les Cahiers d'histoire du nationalisme », édité par Synthèse nationale, correspond au cinquantième anniversaire de la création du Front national au cours de l'automne 1972. Le titre de l'ouvrage est: « Le Front national. Avoir eu tellement raison ». Le livre propose une chronologie fort intéressante et dépeint aussi quelques événements marquants tels, entre autres, la campagne présidentielle de 1974, « l'invention » des Fêtes des Bleu Blanc Rouge par Michel Collinot, le lancement de National Hebdo, l'entrée de députés FN à l'Assemblée nationale, et le « coup de tonnerre » du 21 avril 2002 avec la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour de la Présidentielle, mais aussi les différentes crises qui ont jalonné, du Parti des Forces nouvelles, en 1973, jusqu'à celle des Patriotes de Florian Philippot en 2017, l'histoire du Front.
Les débuts de l'aventure du Front national
L'aventure du Front national débute les 10 et 11 juin 1972 quand se tient dans les salons du Grand Hôtel, à Paris, le deuxième congrès d'Ordre Nouveau. Les délégués décident à une large majorité la participation du mouvement aux élections législatives de 1973, au sein d'une structure élargie nommée « Front national ». La présidence du FN est proposée à Jean-Marie Le Pen, ancien député de Paris (1956-1962), retiré de la vie politique au lendemain de la campagne présidentielle de Tixier-Vignancour. Le Pen était alors directeur d'une société d'éditions de disques historiques appréciés, allant des chants de l'armée israélienne à ceux de la Waffen-SS. Le 5 octobre 1972 est créé le « Front national pour l'unité française » dont Le Pen et élu président et François Brigneau vice-président. Dans son premier comité directeur, on trouve des nationalistes issus d'Ordre nouveau et du mensuel Militant de Pierre Bousquet, des nationaux, dont Jean-Marie Le Pen et Roger Holeindre, mais aussi des centristes antigaullistes issus du mouvement de Georges Bidault. Le 7 novembre 1972, le Palais de la Mutualité à Paris est bondé pour le premier meeting du Front national.
Divorce entre Le Pen et les cadres d'Ordre Nouveau
Début 1973, le Front national s'installe dans son premier siège, un grand appartement situé au 7 rue de Suresnes, dans le VIIIème arrondissement de Paris. Le 17 janvier, le mouvement va tenir un grand meeting qui réunit près de 4000 personnes. Le 4 mars a lieu le premier tour des élections législatives. Le FN obtient 1,32% des suffrages, Le Pen réalisant le meilleur score dans le XVème arrondissement de Paris, avec 5,22%. Les 29 et 29 avril se déroule le premier congrès du Front national. Des divergences de plus en plus vives apparaissent entre les cadres issus d'Ordre Nouveau et les nationaux proches de Jean-Marie Le Pen. Deux mois plus tard, Ordre Nouveau est dissous par Raymond Marcellin, le ministre de l'Intérieur, à la suite de violents affrontements provoqués par les gauchistes de la Ligue communiste à l'occasion du meeting d'Ordre Nouveau contre « l'immigration sauvage », auquel Le Pen avait refusé de participer. Le divorce est consommé entre la plupart des cadres du FN et ceux issus d'Ordre Nouveau, ces derniers créant les Comités Faire Front qui, en novembre 1974, se transformeront en Parti des forces nouvelles.
1974: première candidature de Le Pen à l'élection présidentielle
Le 2 avril 1974, le président de la République Georges Pompidou décède. Jean-Marie Le Pen décide de se présenter à l'élection présidentielle en tant que candidat « de la droite nationale, populaire et sociale ». Son affiche de campagne vante « un président jeune » ! Le Pen, concurrencé par l'ancien ministre très conservateur Jean Royer et par Valéry Giscard d'Estaing, soutenu par les comités Faire Front, n'obtient qu'un maigre 0,74%. Il appellera cependant à voter, avec quelques réserves, au second tour pour le libéral Giscard d'Estaing. A l'occasion du deuxième congrès, en juin 1974, l'historien Jean-François Chiappe et le cimentier Hubert Lambert, qui lèguera ses biens à Le Pen en 1976, entrent au comité central. Jean-Marie Le Pen va en effet hériter personnellement de la totalité de la fortune d'Hubert Lambert, décédé le 27 septembre sans héritiers. Quelques jours après, le 7 novembre 1976, un attentat détruit l'appartement parisien de Jean-Marie Le Pen ainsi que plusieurs étages de l'immeuble. Y aurait-t-il un lien de cause à effet entre l'héritage Lambert que d'autres guignaient et l'attentat ? On ne le saura sans doute jamais.
Stirbois rejoint le Front. Attentat contre François Duprat
Le 10 février 1977 a lieu un événement important: la rencontre de Jean-Pierre Stirbois, responsable de l'Union solidariste et de Jean-Marie Le Pen. Jean-Pierre Stirbois, militant d'élite, décide de rejoindre le FN, lui apportant ses compétences d'organisateur hors-pair et son charisme exceptionnel. L'année 1977 fut bien sombre pour le camp nationaliste avec l'attentat qui causa la mort de François Duprat, qui était à la tête des Groupes nationalistes-révolutionnaires. C'était le 18 mars, près de Caudebec en Caux, en Seine-Maritime où il habitait. Une bombe placée sous le siège passager lui coûta la vie, son épouse étant grièvement blessée. Il s'agissait d'évidence du « travail de professionnels ». Qui en était l'auteur ? Certains ont soupçonné les services israéliens, hypothèse très peu probable. D'autres évoquent de dangereuses fréquentations de Duprat qui aurait navigué entre différents services qui ont pu, à un moment ou à un autre, considérer qu'il jouait double jeu. Toujours est-il que, près de cinquante ans plus tard, les services français persistent à refuser de déclassifier le dossier, ce qui paraît tout à fait ahurissant et qui pose de lourdes questions.
Le Pen, empêché de se présenter à l'élection présidentielle de 1981
En mars 1979, des élections cantonales eurent lieu. Les scores du FN furent modestes mais Jean-Pierre Stirbois obtint 8% des suffrages dans le canton sud de Dreux. Le 10 juin de la même année, se sont tenues les premières élections européennes au suffrage universel. Il y eut une tentative de présenter une liste unitaire PFN/FN, mais elle échoua. Finalement seul le PFN se présenta et sa liste obtint 1,33% des voix. L'année 1980 fut marquée par l'annonce de la candidature de Jean-Marie Le Pen à la présidentielle de 1981. En 1974, 100 parrainages étaient nécessaires pour pouvoir se présenter. Le pouvoir giscardien, sournoisement, éleva la barre à 500, empêchant Jean-Marie Le Pen d'être candidat.
1982: un tournant pour le FN
L'année 1982 constitua un tournant pour le Front national. Lors des élections cantonales qui se déroulèrent en mars, le parti obtint des résultats en forte progression (12,62% à Dreux-Ouest; 13,30% à Grande-Syrthe, près de Dunkerque) et des scores approchant souvent les 3, voire 5% des suffrages dans les cantons où il était présent. 1983 allait être une année historique pour le Front national. En mars, Jean-Marie Le Pen obtient 11,3% aux élections municipales dans le XXème arrondissement de Paris. A Dreux, où Jean-Pierre Stirbois mène la liste du FN, une union se fait avec le RPR local au premier tour. Au second tour, la liste FN-Droite rate de huit voix la victoire. Vu le grand nombre de fraudes, l'élection de la liste de gauche est invalidée et la nouvelle élection partielle permet la victoire des listes de droite, grâce à la fusion des listes FN/RPR/UDF, ces deux dernières refusant les oukases parisiens. Les succès électoraux vont se poursuivre. Une liste du Front national conduite par Guy Viarengo obtient près de 10% des voix à des élections municipales partielles à Aulnay-sous-Bois en Seine-St-Denis. Jean-Marie Le Pen, quant à lui, fera près de 12% des voix à une élection législative partielle dans sa circonscription natale d'Auray, dans le Morbihan. Avec de tels résultats, le FN peut s'engager avec enthousiasme et confiance dans la campagne des Européennes qui doivent se dérouler en juin 1984.
1984: 10 députés élus aux Européennes !
C'est le 13 février 1984 que le Front national et son président passent définitivement à la vitesse supérieure. En effet, ce soir-là, Jean-Marie Le Pen est pour la première fois invité à l'émission politique phare de l'époque, L'Heure de vérité, où il fera un tabac. Le 17 juin 1984, le Front national réalise son plus gros score depuis sa création en 1972 lors d'une élection nationale, avec 10,95% aux élections européennes, soit plus de 2 millions d'électeurs, et obtient 10 élus. On connait la suite de l'aventure. Le 16 mars 1986, les élections législatives, avec l'application d'un scrutin proportionnel, permet au Front national d'entrer à l'Assemblée nationale, avec un peu plus de 2 700 000 voix (soit 9,65%) et la création d'un groupe FN de 35 membres. Parallèlement les élections régionales permettent l'élection de 137 conseillers régionaux. Et puis, voici l'année 1988 et l'élection présidentielle. Début janvier, une convention nationale « Le Pen Président » rassemble à l'Acropolis de Nice des milliers de délégués. Le 24 avril, Le Pen obtient 14,38% au premier tour de l'élection présidentielle. La dissolution de l'Assemblée nationale consécutive à la réélection de François Mitterrand va entrainer la perte du groupe parlementaire du fait du changement du mode de scrutin.
La mort tragique de Stirbois
Et puis, voici ce funeste samedi 5 novembre 1988. Un référendum national était organisé sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie. Le FN s'opposait vigoureusement au projet d'autodétermination et Jean-Pierre Stirbois, accompagné de Pascal Delmas, partit à Nouméa faire campagne. Samedi 5 novembre, revenant d'un meeting à Dreux, il mourait dans un accident de voiture. Sans doute, épuisé par cette campagne où il s'était donné corps et âme, s'était-il endormi au volant de sa voiture. D'aucuns n'ont pas pu s'empêcher d'évoquer un attentat. Absurde, bien sûr... Quelques jours après sa mort, un magnifique hommage, organisé par Roland Gaucher et National Hebdo, lui fut rendu au Palais de la Mutualité. En l'absence de Jean-Marie Le Pen, qui s'opposa à l'organisation de cette soirée. Cette information ne figure pas dans le livre, ce que l'on peut regretter. La triste vérité est que certains, dans l'entourage de Jean-Marie Le Pen, sablèrent le champagne à l'annonce du décès de Jean-Pierre Stirbois dont on dit qu'il était le seul que Le Pen craignait et donc, respectait. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle Le Pen créa le dispositif de l'élection présidentielle, destiné à affaiblir l'influence de Stirbois, confiant à Bruno Mégret le pilotage de la campagne, organisé à partir de locaux et d'équipes totalement distinctes de ceux du Front national. Diviser pour régner... Inutile de relever que le conflit entre Mégret et Stirbois, tous deux des hommes de grande valeur, était inévitable. De même, le conflit entre Le Pen et Stirbois, qui n'avait pas une âme de courtisan, eut été lui aussi inévitable si Jean-Pierre avait vécu. Stirbois, de sensibilité solidariste, goûtait peu l'embourgeoisement du Front national et une quelconque recherche de respectabilité.
Un souvenir personnel
Après l'élection des 35 députés, Le Pen avait décidé d'organiser une soirée de prestige au pavillon d' Armenonville au Bois de Boulogne, invitant notamment tous les ambassadeurs en poste à Paris (aucun ne vint, évidemment) et quelques bourgeois plus ou moins faisandés. Il y avait là le Bao Daï, ancien empereur d’Annam (Viet-Nam), mais cela n'allait guère plus loin: « Smoking de rigueur », était-il précisé sur le carton d'invitation. Les députés de sensibilité nationaliste, sociale et populaire, Stirbois en tête, refusèrent de se prêter à cette fantaisie et boycottèrent la soirée. Pour ma part, je m'y rendis, quelque peu provocateur, en costume et non en smoking. Cela me valut un petit mot de Jean-Marie Le Pen: « Tu aurais dû m'en parler, il existe au groupe une petite caisse pour députés nécessiteux ». Je lui répliquai: « Ayant été élevé à la bière et à la choucroute en Alsace, je ne connais pas les mœurs de la bourgeoisie parisienne ». Je dois reconnaître qu'il prit cet échange avec humour. Mais le fait est que la tentation de la recherche d'une certaine respectabilité, d'un embourgeoisement du parti, ne date pas de Marine Le Pen...
Elections européennes de 1989
Dimanche 18 juin 1989, aux élections européennes, la liste du Front national obtient 11,73% et 10 élus dont Claude Autant-Lara, le grand cinéaste, réalisateur du Diable au corps, L'Auberge rouge, ou La Traversée de Paris, des chefs d'œuvre incontestables. Il souleva maintes polémiques, déclarant notamment: « Toute ma vie, j'ai été persécuté par des bigots conservateurs ! Ce n'est pas maintenant pour me faire emmerder par des chaisières de gauche ! » Il démissionnera de son mandat en septembre 1989, laissant sa place à Jean-Claude Martinez. A son enterrement en 2000, il n'y eut pas grand monde, rappelle Philippe Randa: Sa veuve, son chien, un ancien cégétiste (Autant-Lara avait été patron du syndicat CGT des petites mains du monde du spectacle), et un certain... Jean-Marie Le Pen.
Une décennie agitée
La décennie qui suit sera agitée pour le Front national, débutant avec la sordide affaire de Carpentras. En mars 1992, aux élections régionales, le Front national obtient 239 élus. Le 30 janvier 1993, Le Pen se surpasse à L'Heure de vérité, réalisant la meilleure audience de l'émission (3 millions de téléspectateurs soit 30% de part du marché). Le 12 juin 1994, la liste FN obtient 19,52% et 11 élus, aux élections européennes. L'année suivante, voici l'élection présidentielle. Le Pen obtient 15% des voix. En juin, aux élections municipales, les listes FN remportent, dans des triangulaires, trois mairies de la région PACA: Jean-Marie Le Chevallier (Toulon), Jacques Bompard (Orange) et Daniel Simonpierri (Marignane). En 1998, scandale: aux élections régionales, le FN obtient 275 élus. Plusieurs présidents de région sortants acceptent de négocier avec lui pour conserver leur mandat et empêcher la gauche de l'emporter. C'est le cas notamment de Jean-Pierre Soisson en Bourgogne, de Charles Baur en Picardie, et de Charles Millon en Rhône-Alpes. La gauche hurle à la mort. Le 2 avril, Jean-Marie Le Pen est condamné à 2 ans d'inéligibilité pour « violence en réunion » et « injures publiques » (réduits à un an en appel). Il avait quelque peu secoué une maire socialiste qui, accompagnée de militants d'extrême-gauche, entendait perturber un déplacement de soutien à sa fille, Marie-Caroline. Cette inéligibilité pour les européennes de 1999 va être un des facteurs de la rupture de Bruno Mégret avec Le Pen, celui-ci refusant de confier la tête de liste à Bruno Mégret. A Marignane, un « congrès du Front national » décidé par les amis de Bruno Mégret (23 et 24 janvier 1999) lance officiellement le « Front national-Mouvement national » dont Mégret est élu président. Les juges reconnaitront que Le Pen dispose du droit exclusif du titre Front national, de son logo et du fichier du mouvement. Le parti qui vient d'être créé se nommera donc Mouvement national républicain (MNR). Aux élections européennes du 13 juin, la liste FN obtient 5,7%des suffrages et 5 élus, celle conduite par Mégret se contentant de 3,28% des voix.
2002: le séisme
Jean-Marie Le Pen va rencontrer les pires difficultés à rassembler les 500 parrainages nécessaires pour valider sa candidature. Il y parviendra de justesse, grâce au travail phénoménal accompli par Carl Lang, qui en sera honteusement fort mal remercié. Implanté depuis toujours dans le Nord, il se verra expulsé de sa circonscription gagnable (et gagnée) au profit de Marine Le Pen. Il est vrai que « l'ingratitude est la reconnaissance des rois », dit le dicton. Le dimanche 21 avril à 20 h 00, c'est la divine surprise. Avec 16,86% des suffrages, Jean-Marie Le Pen est qualifié pour le second tour. Cet événement provoque un séisme politique et des manifestations dans tout le pays. Seul Bruno Mégret (2,34%), au nom de la « discipline nationale », lui apporte son soutien. Au deuxième tour, Le Pen ne progressera que faiblement, obtenant 17,79% des suffrages. Lors du XIIème congrès qui se tient à Nice du 18 au 21 avril 2003, la fille de Jean-Marie Le Pen est nommée d'autorité par son père vice-présidente du parti, alors qu'elle n'a pas été élue, provoquant quelques remous au sein de l'appareil. La direction de la campagne de la présidentielle de 2007 sera confiée à Marine Le Pen, qui se révélera parfaitement incompétente. Jean-Marie Le Pen ne recueille que 10,54% des suffrages au premier tour, la faute il est vrai à la présence de Nicolas Sarkozy, qui fait de l'ombre à Le Pen. A noter que Jean-Marie Le Pen avait proposé une Union des Patriotes à laquelle Bruno Mégret avait souscrit. Mais sa fille torpilla le projet, faisant subir moultes humiliations à Bruno Mégret quand celui-ci apparaissait dans les meetings de Le Pen. Le reflux est confirmé aux élections législatives où le FN n'obtient que 5% des voix au niveau national.
Marine Le Pen, présidente du Front National, vire son père
Nous voici en 2011. Un congrès a lieu les 15 et 16 janvier. Il a pour but d'élire le nouveau président du parti. Deux candidats sont déclarés: Marine Le Pen et Bruno Gollnisch. Marine Le Pen bénéficie du soutien de son père qui interdit à Bruno Gollnisch d'user de la flamme tricolore dans sa communication avec les militants (ahurissant qu'il ait accepté sans broncher). Elle est élue présidente du Front national avec 67,65% des suffrages. Jean-Marie Le Pen avait pourtant désigné, quelques années plus tôt, Bruno Gollnisch comme son dauphin. Interrogé par un journaliste, il aura cette phrase particulièrement blessante: « les dauphins sont faits pour s'échouer ». Passons... Candidate à l'élection présidentielle de 2012, Marine Le Pen arrive en troisième position en recueillant 17,90% des suffrages exprimés. L'année 2013 sera marquée par La Manif pour Tous qui suscite de gigantesques manifestations rassemblant plus d'un million de personnes à Paris. Toute la droite et toutes les formations nationalistes étaient présentes. Pas le FN. Marine Le Pen s'était opposée à la présence du FN à la manifestation. Seuls quelques courageux bravèrent l'interdit: Bruno Gollnisch, Gilbert Collard, Nicolas Bay ou Marion Maréchal. Nous voici en 2014. Le 25 mai, le FN arrive en tête sur le plan national avec 24,86% des suffrages aux élections européennes. Il obtient alors 24 eurodéputés. Pour la première fois dans l'histoire de la Vème République, deux sénateurs FN sont élus. Il s'agit de David Rachline et de Stéphane Ravier. Les rapports entre Marine et Jean-Marie Le Pen se dégradent. Au printemps, la situation devient explosive. Marine Le Pen, obnubilée par sa volonté de dédiabolisation et prétextant quelques déclarations controversées de son père, refuse de lui donner l'investiture en PACA pour les élections régionales. Florian Philippot et Louis Aliot (qui fut directeur de cabinet de Le Pen) poussent à l'exclusion du Menhir. Le 4 avril, le Bureau politique décide de retirer à Jean-Marie Le Pen le titre de Président d'honneur: une odieuse mesquinerie. Dimanche 23 avril 2017, Marine Le Pen se qualifie pour le second tour de l'élection présidentielle. Le Front national change de nom le 1er juin 2018 et devient le Rassemblement national. Une époque se termine.
Qu'est devenu le FN ? On ne peut s'empêcher de penser au titre de l'excellent livre d'Anne Kling consacré aux dérives du parti désormais mariniste: « Tout ça pour ça ? »
« Le Front national: avoir eu tellement raison », 188 pages, 24 euros (plus 5 euros de port), Synthèse nationale BP 80135-22301 Lannion PDC, www.synthese-editions.com