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L’une des raisons qui peut conduire des individus, des groupes et leurs chefs à aller contre leur intérêt évident est l’attachement, le dévouement absolu et exclusif à une cause qui l’emporte sur cet intérêt, fut-il lié à leur conservation. C’est ce qu’on appelle le fanatisme. Ce dernier peut conduire à la commission d’actes extrêmes et violents, pas seulement contre les autres, mais aussi contre soi-même.

Les dirigeants actuels des pays européens nous semblent, pour la plupart, entrer dans cette catégorie du fanatisme quand on considère leur attitude à l’égard de la Russie depuis le début de la guerre ukrainienne. Ce n’est pas le seul angle de vue qui peut expliquer leur conduite : il y en a d’autres qui se conjuguent au facteur fanatique, mais c’est celui-là que nous allons spécifiquement envisager maintenant.

Ces dirigeants, français, britanniques, allemands, scandinaves, polono-baltes, sans parler des autres, ne se conduisent pas de manière rationnelle ou stratégique dans ce qui est une question pourtant d’abord géopolitique, géoéconomique et géostratégique. Dans ces trois domaines, cette question est aussi multidimensionnelle puisqu’en faisant varier les échelles on passe rapidement d’un conflit entre Russie et Ukraine à un conflit mondial opposant l’Occident américanocentré, à l’Eurasie russo-sino-irano-nord-coréenne. Et ce conflit vise, pour l’Occident, à maintenir une triple hégémonie : idéologique, économique et militaire. C’est pour cela qu’il l’a initié1.

Si le conflit était purement politique, économique, stratégique voire même idéologique, la rationalité devrait l’emporter. La rationalité et l’intérêt bien compris auraient dû amener les dirigeants européens à ne pas monter aux extrêmes et, en tout cas, une fois constatés les effets handicapants pour eux-mêmes des multiples sanctions prises contre la Russie, ils auraient dû revenir à des positions plus conformes à leurs intérêts. Mais ce n’est pas le cas car les dirigeants européens sont aveuglés par leurs passions, par des états affectifs et mentaux qui ont généré en eux une véritable haine qui nourrit des réactions irrationnelles.

Il y a dans la situation présente plusieurs passions à l’œuvre qui peuvent se combiner. On en identifiera trois dont certaines sont spécifiques à certains acteurs.

Chez les élites de certains pays qui furent membres de l’ancien Empire russe et/ou de l’URSS et du Pacte de Varsovie, comme les trois états baltes, la Finlande ou la Pologne, il y a un retour du refoulé historique qui s’exprime sur un mode hystérique. Cela fait plus de trente ans que l’URSS, dernière version rouge de l’Empire russe, a disparu. Une nouvelle génération d’hommes et surtout de femmes est aux affaires dans ces pays. On pourrait penser qu’elle pourrait être à même de relativiser le passé2 et de tourner la page pour bâtir des relations apaisées avec la nouvelle Russie. C’est le contraire qui se produit : cette nouvelle génération est belliciste en diable et prête à monter aux extrêmes. Les services américains n’ont même pas besoin de les pousser, au contraire : ils doivent parfois les freiner pour garder la situation sous contrôle du maître. Un simple regard sur leur situation géographique par rapport à la Russie ou une évaluation sommaire du rapport de force, y compris nucléaire, devrait convaincre ces dirigeants qu’une vraie guerre de l’Occident contre la Russie serait une guerre totale dont leurs pays sortiraient totalement dévastés quel que soit le vainqueur, si tant est qu’il puisse y en avoir un. Ce serait la voie de la raison ouvrant sur la modération. Mais non, ils macèrent dans les récriminations historiques comme dans l’hybris de la toute-puissance occidentale et sont prêts à suicider leurs peuples.

Les élites politiques britanniques présentent un autre cas de figure. Il semble y avoir une russophobie britannique de longue durée. Guy Mettan en a parlé dans son ouvrage3, c’est une histoire très mal connue en pays francophones. La Grande Bretagne, ou plutôt l’oligarchie britannique, a vraiment découvert la Russie dans les années 1770 quand celle-ci a fait la conquête de la Crimée et de la Nouvelle Russie (déjà !). Immédiatement, l’oligarchie britannique, qui s’était soumise son monarque depuis la Glorieuse Révolution de 1688, a détesté le système politique russe où le Tsar s’était soumis l’oligarchie depuis le règne de Pierre le Grand. Protestante, elle a vomi encore plus la pompe de l’Église Orthodoxe que celle de l’Église romaine. Enfin, elle qui méprisait pourtant son propre peuple, a méprisé plus encore le paysan russe, serf et superstitieux. Pour combattre l’ennemi français qui avait du mal a se soumettre à la domination britannique, elle a dû faire alliance avec la Russie. Elle en a conservé la crainte des masses russes. Ce mépris teinté de crainte s’est conjugué à une rivalité géopolitique tout au long du XIXe siècle. De la Question d’Orient en Méditerranée à la rivalité pour le contrôle de la Perse en passant par le Grand Jeu en Asie centrale, la Grande Bretagne a été en guerre tantôt larvée, tantôt ouverte (la Guerre de Crimée… encore !) avec l’Empire russe tout au long du XIXe siècle. L’Empire russe a été l’ennemi principal de la Grande Bretagne jusqu’au tout début du XXe siècle. Ce n’est qu’à partir du moment où l’élite britannique a fait le choix d’un conflit prioritaire contre le redoutable concurrent économique allemand que les choses ont changé en apparence. La Grande Bretagne ayant fait le choix de la France comme proxy continental et cette dernière étant alliée à la Russie, une alliance conjoncturelle a pu se nouer entre les deux rivales. Il y eut une alliance globalement similaire avec la Russie soviétique durant la guerre de 39 – 45. Mais l’opinion de fond sur la Russie, à la fois crainte et méprisée, n’a jamais changé. Par ailleurs, pour les britanniques, très fiers de l’efficacité de leurs services secrets retors, l’humiliation subie durant la Guerre Froide, quand les soviétiques avaient infiltré le MI6 au point de le rendre suspect aux yeux du grand allié américain, n’a pas été digérée. Quand, au début du XXIe siècle, le redressement inattendu de la Russie, que l’on pensait à terre après la dissolution de l’Union Soviétique et en voie d’implosion sociale, économique et territoriale, a réactivé toutes les strates de la passionnelle russophobie britannique sur un mode désormais hystérique car la Grande Bretagne n’est plus qu’une puissance mondiale de second rang. Elle compense par la jactance et les coups de ses services secrets une impuissance globale. Les services secrets britanniques, de longue date, spécialisés dans la subversion et les coups tordus et ayant mérité à la Grande Bretagne son surnom de « perfide Albion », sont à peu près tout ce qu’il reste d’opérationnel de son ancienne puissance.

Le fanatisme britannique a été transmis aux États-Unis et au Canada mais sur d’autres bases. Sans que l’on puisse tout détailler ici, il faut souligner la russophobie des néoconservateurs, issus du trotskisme juif américain. Il faut remonter aux années 1970 pour en comprendre les racines. Le trotskisme en faisait des ennemis acharnés des « staliniens » soviétiques. Et leur judéité sioniste en faisait aussi des ennemis d’une Union Soviétique allée des pays arabes hostiles à Israël4. Dans l’affaire ukrainienne actuelle, cet effet est renforcé par l’origine juive ukrainienne de deux des principaux protagonistes de la politique antirusse de Washington : Victoria Nuland (épouse de Robert Kagan Jr, l’un des chefs de file intellectuels des néoconservateurs actuels), principale artisan du fameux Maidan de 2014 puis Secrétaire d’État adjoint de Biden jusqu’en février 2024 et Anthony Blinken, Secrétaire d’État actuel, jusqu’au 20 janvier 2025 prochain.

Il est assez intéressant de remarquer que ces influents fanatiques antirusses d’origine juive ukrainienne communient dans la même ferveur avec la vice-Premier Ministre canadienne, jusqu’en décembre 2024, Chrystia Freeland, issue, quant à elle, d’une famille bandériste ukrainienne. Les bandéristes n’étaient pas réputés pour un ardent philosémitisme durant la 2nde Guerre Mondiale. Mais finalement, peu importe l’origine de la haine, l’essentiel c’est que l’objet soit le même…

La russophobie américaine dans les affaires étrangères a aussi une autre source qu’on rappellera pour mémoire. Zbigniew Brzezinski (1928 – 2017), pilier du Groupe Bilderberg, créateur de la Commission Trilatérale, géopolitologue, conseiller de plusieurs présidents depuis Jimmy Carter (dont il fut Conseiller à la Sécurité Nationale de 1977 à 1981), et surtout auteur du Grand Échiquier : l’Amérique et le reste du monde5 en 1997, livre programme pour faire de l’Ukraine une Anti-Russie, qui a fait école au Département d’État. D’une certaine manière, c’est la russophobie polonaise qui fut ainsi importée, Brzezinski était le fils d’un diplomate polonais coincé au Canada par les effets du Pacte germano-soviétique de 1939 et l’invasion de la Pologne par l’ouest et l’est.

Cependant, quand on scrute les « jeunes » élites politiques occidentales, celles qui arrivent aux affaires depuis une trentaine d’années, on s’aperçoit qu’il existe d’autres facteurs idéologiques qui les ont ancrés dans le fanatisme antirusse d’aujourd’hui. Il y en a principalement deux et l’un d’eux est particulièrement viscéral. Le premier est assez connu, c’est le mondialisme néolibéral tel qu’il s’exprime par sa vitrine du Forum de Davos. Pour résumer, au risque de la caricature, il s’agit de livrer le monde à la suprématie d’une caste financière en faisant table rase des identités collectives et des souverainetés politiques en instrumentalisant de grandes peurs artificielles climatiques ou sanitaires. Toute structure politique qui affirme à la fois une identité collective, nationale et spirituelle en particulier, et une souveraineté qui dit non au programme de ce mondialisme, déclenche la fureur des dirigeants occidentaux. Cette fureur est d’autant plus vive concernant la Fédération de Russie que celle-ci possède les moyens de son refus. Elle possède la taille critique avec toutes les ressources naturelles et énergétiques nécessaires à une économie développée. Elle est dotée d’une population suffisante, éduquée, scientifiquement et technologiquement capable de transformer ces ressources en élément de puissance quasi autarcique. La Russie est en outre possesseur du premier arsenal nucléaire du monde, d’une armée qui a montré ses capacités contre une Ukraine soutenue par l’OTAN et d’autres puissances occidentales et par la maîtrise de nouvelles technologies militaires, comme les technologies hypersoniques, dont elle a un quasi-monopole à ce jour. Les dirigeants du monde occidental sont fous de rage aujourd’hui : ils pensaient mettre la Russie à genoux par un ensemble de sanctions économiques inouï et, non seulement ils s’aperçoivent que cela glisse sur la Russie comme l’eau sur les plumes du canard, mais que le choc en retour les affecte eux-mêmes dangereusement. Leur rage est d’autant plus forte qu’ils persistent à mépriser la Russie comme état et les russes comme peuple et ne parviennent pas à comprendre leur résilience. L’inénarrable Bruno Le Maire annonçait en mars 2022 la chute imminente de l’économie russe et donc du régime russe, en novembre 2024 Jean-Noël Barrot, le nouveau ministre néoconservateur des Affaires Étrangères françaises, les prévoit pour 2025. Contre la réalité, ces gens continuent le même discours en boucle, espérant qu’à force de répétition il finira par devenir réalité. C’est un symptôme du fanatisme quand on choisit le discours performatif contre le réel. Dans ses chroniques hebdomadaires Xavier Moreau de Stratpol en a même fait une rubrique, parlant de « moment Bunker » par référence au film éponyme qui montrait un Adolf Hitler menant sur carte, en 1945, des contre-offensives avec des armées fantômes.

Mais ce qui nourrit le plus la haine des dirigeants occidentaux contre la Russie est plus viscérale. Bien avant l’éclatement de la guerre en 2022, les dirigeants occidentaux et leurs faire-valoir culturels étaient vent debout contre la politique russe de refus du LGBTisme . Les valeurs occidentales d’aujourd’hui sont en effet de deux ordres : la prédation financière et la dégénérescence affichée des mœurs6. Chez les dirigeants occidentaux, il y a un mélange de corruption financière (qu’on se rappelle l’affaire Alsthom ou les contrats Pfizer) et de corruption des mœurs, même si, en Occident, ces mœurs-là ont été légalisés, voire sanctifiés, sans parler des consommations de drogues diverses7 qui peuvent altérer le discernement. L’idéologie LGBTQ+ et le wokisme en général semblent les couvertures à des mœurs personnels dépravés qui donnent à ces « élites » un sentiment de supériorité ontologique sur la masse des gens ordinaires : elles peuvent se permettre ce qui est interdit aux autres. Elles cherchent aussi à salir et détruire la décence commune qui constitue encore l’axe intérieur des gens ordinaire, axe qu’elles ont perdu pour elles-mêmes.

Elles procédaient assez facilement jusque-là dans l’Empire occidental dont elles contrôlaient les populations par l’ingénierie culturelle, politique et sociale ainsi que par la corruption. Elles voulaient étendre ce contrôle au monde entier pour rendre irréversible leur domination. Or, depuis quelques années, il y a des ratés dans la mécanique. L’excès de prédation financière a détruit les soubassements de la puissance matérielle de l’Occident. Le contrôle des masses par l’ingénierie culturelle, politique et sociale patine et, surtout, des pôles de résistance extérieures s’affirment. De grandes et nouvelles puissances refusent d’être les victimes de la prédation financière occidentale et surtout, en refusent les « valeurs » dégénérées. De fait, depuis le début de la guerre en février 2022, la Fédération de Russie a endossé le rôle de chevalier combattant la dépravation occidentale. Avec un succès certain. Prises entre l’impuissance constatée sur le terrain et leur certitude que le nec plus ultra culturel qu’elles représentent doit nécessairement l’emporter, les élites occidentales sont prises d’une frénésie rageuse et sont prêtes à risquer la guerre mondiale ouverte, au risque de leur destruction complète, avec bien sûr, les peuples qu’elles entraînent. On a l’impression qu’elles veulent rejouer l’épisode du 24 mars 2015, quand Andréas Lubitz, pilote suicidaire de la Germanwings s’était enfermé dans le poste de pilotage avant de précipiter son Airbus A320 sur les Alpes françaises. C’est leur fanatisme qui les rend suicidaires.

Il est temps, il est grand temps de leur arracher les commandes.

Jean-Patrick Arteault, janvier 2025.

Notes

  1. On rappellera brièvement ici que nous faisons, dans le conflit ukrainien comme dans tous les autres, la différence entre agresseur stratégique et agresseur opérationnel. L’agresseur stratégique façonne la réalité, construit les conditions qui rendent une guerre inévitable. L’agresseur opérationnel est seulement celui qui commet le premier acte de violence parce que le contexte qu’on lui a construit rend sa réaction inévitable. La plupart du temps, l’agresseur opérationnel donne l’impression d’attaquer alors qu’en réalité il ne fait que se défendre. On ne fera pas ici de parallèles historiques mais c’est clairement le cas de la Fédération de Russie en 2022 obligée soit à se soumettre soit à faire la guerre par les opérations occidentales conduites en Ukraine depuis, au moins, 2014.
  2. L’histoire est complexe pour ce qui est des relations entre ces peuples, puisqu’il s’agit souvent de pays mono-ethniques à l’origine, et la Russie, surtout dans sa version soviétique. Certains, comme les polonais, avant d’être soumis aux russes, les avaient aussi durement traités. Lorsque l’on porte un jugement sur des relations historiques entre peuples, tout dépend de la date sur laquelle on place le curseur.
  3. Russie – Occident : une guerre de 1000 ans. TheNookEditions, 2023.
  4. On rappellera le rôle des premiers réseaux néoconservateurs dans l’adoption de l’amendement Jackson-Vanik à la loi sur le commerce de 1974 soumettant la liberté du commerce soviéto-américain à la possibilité de l’émigration des juifs soviétiques.
  5. Fayard / Pluriel, 2023
  6. Les élites sociales et politiques se sont toujours autorisées, comme marque de leur supériorité, des mœurs sociétales ‘sexuelles en particulier) en décalage par rapport à celles autorisées à la population générale. Mais elles affichaient publiquement un comportement décent. Ce n’est plus le cas des élites contemporaines qui ont perdu toute retenue depuis quelques décennies. La manière dont le président Macron se conduit dans sa vie privée (qui ne l’est plus tant que cela…), la manière dont il affiche un comportement d’adolescent attardé adepte des sales blagues, y compris dans ses activités diplomatiques, en est un bon exemple.
  7. On ne les citera pas pour ne pas encourir les foudres judiciaires dans un Occident où la liberté d’expression est réservée à ceux qui encensent les pouvoirs, mais un certain nombre de nos dirigeants présentent tous les signes de la cocaïnomanie. La cocaïne étant réputée donner un sentiment de toute puissance, cela peut expliquer l’inconscience de certains roquets à aboyer aux basques d’un certain ours nucléaire.
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