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Des visites guidées sur le thème des mythes et des sorcières à Saint-Pée-sur-Nivelle. © Radio France - Linda Rousso

 

Les sorcières ont marqué l'histoire du Pays Basque. En 1609, plusieurs dizaines de procès ont été menés par le juge bordelais Pierre de Lancre contre la sorcellerie. Les visites estivales de Saint-Pée-sur-Nivelle proposent de redécouvrir cette histoire, loin des clichés et des légendes.

« Il faut briser l'image de la sorcière de Walt Disney qui enfourche son balai avec son nez crochu », explique Argitxu, employée à l'Office de tourisme de Saint-Pée-sur-Nivelle. « C'était des femmes qui avaient des connaissances, qui menaient simplement leur vie et qu'on a accusée à tort. » Accompagnée d'une vingtaine de personnes, elle arpente le bourg jusqu'aux ruines du château pour raconter l'histoire de la sorcellerie au Pays Basque.

« Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'à l'époque, le Pays Basque est une terre de pêcheurs. Les hommes partent de la province du Labourd pendant six à huit mois par an pour aller pêcher la morue, la baleine au Canada », explique l'historien François Bordes, auteur de l'ouvrage «Flammes de l’illusion, mythe et réalité des sorcières basques en 1609 » (Editions Kilika). Lorsque les Inquisiteurs arrivent sur le territoire, ils sont donc surpris de trouver des femmes qui dirigent. Elles ont un pouvoir culturel et aussi économique. « Il y a une grande culture du pommier ici. Le vin de pomme permettait d'éviter aux marins de mourir de la maladie du scorbut », précise Argitxu. « Les femmes s'occupaient du verger pendant que leur mari étaient absents ». Le juge bordelais Pierre de Lancre et le président du parlement de Bordeaux Jean d'Espaignet, envoyés par le royaume d'Henri IV pour enquêter sur la sorcellerie, y voient un signe de transgression, car la pomme renvoie au pêché originel d'Adam et Ève.

 

80 femmes mortes sur le bûcher

« Lorsque Pierre de Lancre et Jean d'Espaignet arrivent dans le Labourd, une psychose collective va se développer et des tas d'accusations vont avoir lieu pendant quatre mois », explique à son tour l'historien. « Ce sont des femmes, souvent jeunes, qu'on accuse de participer au sabbat, des sortes de réunions festives, émanant du diable, avec la réalisation de potions. » Il n'y a aucune preuve de ces « manifestations diaboliques », les femmes se réunissaient « peut être pour danser dans la forêt », complète François Bordes.

Plusieurs facteurs poussent donc Pierre de Lancre et son ami à mener des dizaines de procès, sur place. « On estime que 80 femmes ont péri sur le bucher, la plus jeune avait 14 ans », raconte Argitxu. La visite se termine devant le mémorial Oroitmina, une œuvre de l'artiste basque Nestor Basterretxea dédiée à ces femmes : « À l'arrière de cette sculpture, on voit des épines qui symbolisent le fait qu'on connait les faits historiques, mais la souffrance d'un peuple est toujours cachée ». Car cette période a marqué l'histoire et l'identité du Pays basque. Ces femmes sont encore très présentes dans la mémoire collective.

Pour Johana qui a participé à la visite. « C'est toujours les femmes qui prennent » dit-elle dans un sourire.

Linda Rousso - 20 août 2025

Renseignements et inscriptions auprès de l'Office de tourisme de Saint-Pée-sur-Nivelle. Plein tarif 6 euros, tarif réduit 5 euros et gratuit pour les moins de 14 ans.

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