Et de chercher une explication : l’ataraxie. Mieux même, la prostration…
« Tout vient se briser contre une indifférence absolue, contre une sorte d’ataraxie, d’impassibilité générale, qui n’est point l’ataraxie stoïque dont parle Proudhon, mais plutôt une inertie maladive, une prostration sur laquelle rien n’agit ».
Le cœur ne bouge plus trop :
« Les physiologistes connaissent bien ces phases passagères où le cœur est inexcitable. L’organe où l’humanité puise sa flamme a soudain des moments de repos, d’hébétude, de torpeur après lesquels il reprend son fonctionnement… A l’heure actuelle, malheureusement, ce n’est plus par saccades, c’est toujours que le cœur ne répond plus aux excitants. Et comme ce bourdon, qui rythme nos artères, nos expansions et nos violences, dépend lui-même du cerveau, c’est toujours au cerveau qu’il faut chercher la cause des défaillances et des sommeils »1.
Et Drumont de s’interroger :
« Comment s’étonner alors que la lassitude saisisse ces entendements secoués, non plus la saine lassitude du travail, où se puisent des forces nouvelles, mais la dépression atonique où l’on a l’illusion de la vigueur ? »
Le monde moderne est là et son absence de réaction (sauf pour aller se vacciner ou pester contre le fascisme ou la Russie – toujours par conformisme et conditionnement) :
« La Mort gagne le monde par l’insensibilité, par l’anesthésie. Cette anesthésie sociale, que l’on appelle l’ataraxie, envahit les masses, comme sa sœur envahit les êtres. Elle débute d’ici, de là, par plaques qui se rejoignent et couvrent bientôt le corps tout entier. Certaines régions intermédiaires jouissent d’une fausse excitation que l’on retrouve avant tous les désastres. Celui qu’attend la congestion bâtit des projets bienheureux »2.
Le temps est à l’optimisme paresseux :
« Nous autres, au bord du gouffre, nous affirmons le Progrès indéfini, une ère joyeuse et libre. Au fond, nous ne croyons même pas à Demain, et nous nous en occupons très peu. »
Nous sommes entourés de frivoles :
« Les frivoles rient jusqu’à la mort ; les esprits moins légers, ceux qui réfléchissent sur les spectacles que la vie déroule devant eux et qui s’irritent de ce qu’elle leur cache, ne peuvent se défendre de la tristesse qui se dégage de tout… »3
On chasse le pessimisme (il n’y pas de grand remplacement, pas de gouvernance mondialiste, pas de dictature sanitaire, pas de complots…) :
« Les Français modernes n’ont rien de tout cela. Les troublantes théories de Schopenhauer comme les belles désespérances de Tolstoï, vastes et désolées comme des steppes, les laissent parfaitement indifférents. Intellectuellement, c’est trop fort pour eux, trop étendu d’horizon, trop intense de pensée ; cela les obligerait à trop de méditation. »
On se contentera de peu intellectuellement spirituellement :
« La conception que les Français contemporains ont de la vie n’a d’analogue dans aucun temps, elle est tout à fait particulière à notre époque. Notons tout d’abord que si la vie moderne s’est compliquée au point de vue des faux besoins et des raffinements du bien-être, elle s’est singulièrement simplifiée au point de vue moral ; comme une espèce de Peau de chagrin, elle se rétrécit tous les jours sous ce rapport. »
Le monde moderne a créé son homme rond-de-cuir en France, pays de la Révolution (voyez nos textes sur Cochin) et du bourgeois (Taine) :
« Le régime moderne a créé, on peut le dire, un type d’être spécial que l’on serait tenté d’appeler le contribuable ; car, en réalité, si on demandait à beaucoup d’hommes de ce temps pourquoi ils sont sur la terre, ils seraient bien embarrassés de répondre et finiraient par vous dire :
— Ma foi, pour faire notre service militaire, pour acquitter nos contributions et pour payer notre terme. »
S’ensuit une belle comparaison animale :
« Les Français sont admirablement dressés à toute cette organisation fiscale ; ils sont comme les méharis qui s’agenouillent pour qu’on puisse les charger plus facilement, ou comme les chevaux de renfort d’omnibus qui, leur besogne faite, vont tout seuls rejoindre leur place au bas de la montée et attendent là qu’on les attelle de nouveau… »
Sources :
Drumont, Testament, III, 1, p.171-172 (archive.org).
https://archive.org/details/letestam
https://www.youtube.com/watch?v=dnTgAKziCBU&t=948s
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