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Même s’il est nécessaire de s’en remettre à la justice et à son fonctionnement pour établir la réalité des faits et traiter les conséquences judiciaires de la tragédie dont Pierre Palmade est le responsable, force est constater que la façon dont le système médiatique a réagi n’est pas reluisante. Cela raconte finalement des choses assez laides sur notre société. Et en particulier sur cette France d’en haut qui s’autorise tant de choses tout en continuant à dispenser à tout propos ses cours de morale.

Concernant les faits, et même si évidemment il faut être prudent, il apparaît qu’un certain nombre sont établis. Le comédien sous l’emprise de substances illicites a provoqué un très grave accident de la circulation à la suite duquel, s’il a lui-même été grièvement atteint, trois membres d’une même famille ont basculé dans la tragédie. Et l’on a appris quelques détails sur les deux passagers qui l’accompagnaient et se sont enfuis, ainsi que sur le contexte dans lequel se trouvait Pierre Palmade au moment où il a décidé de prendre son véhicule. Il s’agirait d’une « fête sexuelle » avec surconsommation de produits stupéfiants. La justice donnera à toutes ces infractions les suites qu’elles méritent, et il faut bien évidemment s’en remettre au processus judiciaire pour cela. Cela étant on peut émettre quelques observations sur ce que dit ce « fait divers » sur le fonctionnement de la France en ce début 2023.

La première de ces observations porte sur ce secret de polichinelle d’une France d’en haut s’autorisant en toute impunité à utiliser des produits interdits. Nourrissant ainsi des trafics multiples qui gangrènent du haut en bas l’organisation sociale. Aux pauvres le crack, aux riches la cocaïne. Et que l’on ne vienne pas nous dire que ces violations de la loi font l’objet d’un traitement normal par la justice. Hasard du calendrier, il y a quelques jours démonstration a été faite dans ces colonnes de cette passivité dès lors qu’il s’agissait d’un parlementaire de la majorité Macronienne. Dans l’affaire Palmade s’y ajoutent ces excès sexuels que l’on ne peut qualifier autrement que de dépravation. On se rappellera les conditions de la mort de Richard Descoings le directeur qui a détruit Sciences-po et dont la mémoire fut saluée par des concerts de louanges dans le bloc élitaire. L’addiction est une chose, s’y vautrer en se considérant au-dessus des lois et en organisant sa protection en est une autre. Cela s’appelle de la dépravation.

Il y a ensuite, les premières réactions du système médiatique se précipitant plein de compassion sur le sort du malheureux Pierre Palmade sans dire un mot des victimes de la famille ravagée. Business is business bien sûr, les « peoples » ça fait vendre coco. On a immédiatement appris que Muriel Robin et Mimi Marchand avait quitté la soirée des « Victoires de la musique » pour se précipiter au chevet de leur ami souffrant. Torrent de tweets de la France d’en haut pour manifester sa compassion à l’artiste. Répercussion massive des « communiqués » soulagés de sa famille pour donner des nouvelles de sa santé et dire qu’il était sorti d’affaire. On aurait pu penser que la discrétion s’imposait et concernant l’auteur présumé de lourdes infractions pénales, il valait mieux raser les murs. Et peut-être exprimer sa compassion aux victimes. Il fallut attendre… Le sommet de l’inconscience sera atteint par François Rollin avec son tweet exonérant Palmade de sa responsabilité pour la faire porter « au pouvoir qui se fout complètement de l’addiction ».

Naturellement, les réseaux ont immédiatement réagi de façon rageuse à cet événement, caricatural dans sa façon de décrire un fonctionnement social que la France d’en bas exècre. Évidemment dans un lynchage médiatique, comme dans tous les autres, la meute a toujours une sale gueule. Cela n’a pas manqué, mais cette fois-ci, les belles âmes ont immédiatement réagi. Ces belles âmes qui sont les premières à lancer ou à participer à des campagnes médiatiques dès lors qu’elles concernent leurs adversaires politiques, ou pour faire avancer de mauvaises causes ont soudainement redécouvert l’importance des principes : « il faut laisser la justice faire son travail, attendons l’enquête, vive la présomption d’innocence ». Festival de tartuferie que ces soucis à géométrie variable qui ne trouvent application que dès lors qu’il s’agit de protéger ses amis. Faisons un petit détour pour l’illustrer par Jean-Luc Mélenchon. Qui est venu sur les plateaux prendre la défense d’Adrien Quatennens pour son retour à l’Assemblée nationale. Avec des arguments imparables, sur le fait que sa condamnation était actée et que la justice ne l’avait pas condamné à une peine d’inéligibilité. Mais en oubliant soigneusement que lui-même et ses troupes font systématiquement le contraire dès lors qu’il s’agit d’un leurs adversaires politiques ou de ces cibles faciles qui permettent de prendre la pose. Damien Abad, en sait quelque chose lui qui n’est même pas poursuivi par la justice. On ajoutera que Jean-Luc Mélenchon a oublié ses nombreuses propositions antérieures pour rendre inéligible à vie les titulaires d’un casier judiciaire. Quelle géométrie variable ?

Dans quelques jours l’infosphère sera passée à autre chose. Pierre Palmade va devoir se débrouiller avec sa faute et rendre des comptes le jour venu devant la justice. Les victimes innocentes dont la vie est brisée vont devoir la poursuivre avec un malheur sans limite.

L’affaire Palmade est un fait divers. Mais comme tous les faits divers, il parle d’une société et en particulier de sa partie supérieure. Et l’image qu’il nous en donne raconte de la dépravation, du dévoiement et de l’hypocrisie. C’est celle d’une décadence.

 Le constater et le dire fait naturellement de vous, un réactionnaire, un populiste, voire un idiot utile du nazisme.

Régis de Castelnau

Source : VU DU DROIT

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