De l’introduction des « carrières alias » dans les écoles et les universités à la création de groupes de recherche engagés dans des études pseudo-scientifiques sur les « enfants trans », en passant par l’ouverture de véritables cours universitaires sur la théorie queer, la boue de l’idéologie du genre touche de plus en plus les jeunes et les étudiants.
L’influence croissante du mouvement LGBTQ et de son dispositif idéologique sur les lieux de culture et d’éducation nécessite une réflexion critique sur les fondements de cette vision qui, bien qu’elle se présente comme scientifique et objective, n’est rien d’autre que l’expression d’un simple « désir politique » vide de contenu.
Un amalgame de thèses, extraites à dessein et détachées de leurs contextes plus généraux pour valider des hypothèses personnelles, qui mêle une certaine psychanalyse des années 50 et 60, le féminisme de la deuxième vague, le marxisme, le post-structuralisme et la déconstruction philosophique.
La critique homosexuelle de Mieli
L'un des précurseurs de tout cet univers qui, à partir de la fin des années 90, fera référence à la théorie queer, dans toutes ses variantes, est sans aucun doute Mario Mieli, activiste et philosophe, parmi les premiers en Italie à aborder la thématique des études de genre. Son ouvrage principal, Éléments de critique homosexuelle, publié en 1977, a eu une grande influence, même internationale, sur tout le panorama lié à l’idéologie du genre.
Cet essai, qui constitue la thèse de Mieli, s’adresse principalement aux milieux de l’extrême gauche et de la contestation de la fin des années 70. Ainsi, les thèmes de l’œuvre sont abordés sous un angle qui unit marxisme et psychanalyse et, plus généralement, au travers d’une introspection subjective visant à universaliser l’expérience de l’auteur.
Mieli part d’un postulat délibéré, à savoir que le pansexualisme ou transsexualisme (compris comme le polymorphisme sexuel de Freud plutôt que dans le sens moderne du terme) est une condition naturelle de l’être humain, antérieure à la division sexuelle, laquelle survient ensuite par un processus de socialisation, ou « édu-castration », violent.
Cette édu-castration aurait pour effet de perdre cette condition d’indifférenciation et de se figer dans une stricte norme sociale ; d’où le projet politique de libération et d’émancipation de l’humanité tout entière pour se débarrasser de cette castration : rendre la liberté au-delà de la socialisation.
L'attribution, à tort, de Mieli au courant des penseurs marxistes découlerait de l'idée que l'édu-castration constitue une condition préalable nécessaire au resserrement social, qui est indispensable pour l’exploitation par le Capital. Toutefois, le positionnement de l’éros comme pré-structural, c’est-à-dire comme prémisse aux rapports de production, est inacceptable dans la dialectique marxiste structure-superstructure (production-rapports sociaux).
La complétude originelle invoquée dans l’essai semble davantage faire référence à un état de nature idéal qu’à une condition biologique ou ontologique. La référence à des catégories psychanalytiques pour évoquer une origine mythique naturelle de la transsexualité ou pansexualité pose divers problèmes. En effet, le polymorphisme sexuel de Freud se référait non pas à une donnée intrinsèque de la condition humaine, mais à la plasticité des formes individuelles de sexualité en fonction du stress, de l'anxiété et de la névrose.
Mieli pousse alors son cadre théorique (l'hypothèse d’une condition pré-édu-castration et pré-sexualisation comme naturelle) vers la nécessité d'éliminer complètement la norme hétérosexuelle, perçue comme le fondement du système capitaliste. L’utilisation de catégories psychanalytiques pour expliquer cette libération observe le comportement social comme une sublimation de la tension découlant de la négation d’une supposée homosexualité ou pansexualité originelle, vues comme des conditions à retrouver pour parvenir à l’émancipation.
Le transsexualisme est vu non seulement comme un outil de libération individuelle, mais comme un véritable outil politique, d’où la volonté de destruction de tout type de structure organisée ou de normativité.
Cette approche efface complètement l'idée de femme et d'homme, s’appuyant sur un retour quasi religieux à une pré-catégorisation de la sexualité absolue, anticipant de plusieurs années la réflexion sur le rejet de la bisexualité, mis en avant par les études de genre.
Dans son solipsisme délirant, Mieli va jusqu’à concevoir des dérives fétichistes et des comportements relevant de la pédophilie, de la nécrophilie ou de la coprophagie comme des expériences rédemptrices, en ajoutant l’hétérosexualité à la liste des déviances mentales (bien que, d’un point de vue historique et culturel, elle ait toujours été majoritaire).
Au final, tout le discours proposé par Mieli ne prouve jamais rien mais projette simplement sa propre idiosyncrasie sur le plan général. La référence continue à un préconscient intérieur (biologiquement inexistant, étant le fruit d’un désir idiosyncrasique) montre l’incapacité de l’auteur à supporter le poids de l’existence (d'être homme) et celui du choix. Le type humain qui recherche une condition transsexuelle primordiale de naturalité est fondamentalement en fuite du monde, car incapable de se compléter et de s’identifier tel qu'il est (parricide).
Ainsi est rejetée la dimension tragique du choix, c’est-à-dire le fait d’être quelque chose en contraste avec le reste, de se donner une forme et de donner forme au monde.
Qu'est-ce que le genre ? La bouillie d'une idéologie
Dans la complexe théorisation des études de genre, le concept même de « genre » est considéré comme un élément constitutif des relations sociales et des rapports de pouvoir.
Cette conception donne naissance à l'idée que la base biologique est une simple illusion collective, dissociant ainsi l'identité de genre du fait biologique, l'esprit du physique, l'âme du corps. Le rejet de toute forme de détermination sexuelle adopte d’une part une conception universaliste de l’être humain, et d’autre part, le triomphe de la subjectivité, où chacun se construit à partir de rien, selon ses propres impulsions émotionnelles.
La dissociation sexe-genre distingue donc les aspects biologiques des aspects psychologiques, assumant en fait un passage problématique de la nature psychologique du genre à son interprétation comme entité culturelle: à partir de l'idée que le genre est une construction culturelle imposée à une base biologique malléable dans le cadre d'une hiérarchie binaire homme-femme, la déconstruction devient un outil politique.
Cette vision de la distinction masculin-féminin comme résultat d'une exploitation historique n'est rien d'autre qu'une supposition vide de sens.
Les théoriciens du genre, dans la lignée d’un certain anti-essentialisme postmoderne, réduisent le binarisme sexuel à un constructivisme sans réalité substantielle, produit uniquement par des catégories linguistiques. Comme déjà observé dans la réflexion sur les thèses de Mieli, des théories psychanalytiques ad hoc, comme le polymorphisme sexuel originel de Freud ou l'entrée du nourrisson dans l'ordre symbolique binaire de Lacan, sont invoquées pour étayer cette position.
Dans ce cadre théorique, toute référence à un corps biologique est déjà filtrée par des significations culturelles (le sexe biologique toujours défini par le genre), comme l’a établi l'opération de dé-essentialisation et de dé-naturalisation de Judith Butler.
Le genre devient ainsi un performatif, non pas une expression qui nomme mais qui fait exister son propre sens, et, en conséquence, le corps devient une performance, une fabrication dénuée de statut ontologique propre, produite à travers des gestes ou des actes.
La féminité et la masculinité deviennent de simples déguisements du caractère performatif du genre, artificiellement modelé par la « domination hétérosexuelle ». La théorie queer ne fait alors que dissoudre toute opposition et fluidifier le genre en supprimant tout conditionnement historique/culturel.
Cette démarche s’intègre parfaitement dans ce qui est le triomphe de la raison libérale, au sein de laquelle chaque identité ou normativité est remplacée par un appel à la sphère de l’arbitraire subjectif. La vision réductrice de cette identité psychologique comme produit culturel suppose une opposition schématique entre nature et culture: une nature perçue comme une donnée matérielle statique sur laquelle se superpose une dimension subjective. Un idéalisme subjectif qui considère l'élément psychologique comme seul réceptacle de vérité, prêt à être modelé arbitrairement.
Le corps biologique, en tant que concept culturel, est ainsi subordonné à la notion culturelle de genre.
Ce que la théorie queer et les études de genre ne voient pas, c’est la prédisposition naturelle de l’espèce humaine à l’apprentissage à travers des dispositions naturelles. Bien que le genre soit désormais étendu à toutes les caractéristiques traditionnellement reconnues dans la différenciation sexuelle, l’existence de différences dans de nombreuses caractéristiques biologiques et comportementales entre les deux sexes est établie depuis longtemps.
La complémentarité biologique entre homme et femme ne peut être réduite à une simple distinction sociologique, car elle est fondamentale pour la reproduction humaine ; de même, l'absence de catégories naturelles absolues et dogmatiques ne constitue pas une raison suffisante pour nier l'existence et l'essentialité de la différence sexuelle ou biologique.
Andrea (Blocco Studentesco)
Source : https://www.bloccostudentesco.org/2024/10/25/bs-sesso-e-g...