Les assassins sont dans la maison
Dès la maternelle, on apprend aux enfants que tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Et surtout quand il a la peau sombre et les cheveux crépus ou qu’il s’appelle Mohamed. Ce sont nos frères et nos sœurs, ou au moins nos cousins (puisque tous les hommes sont semblables et donc interchangeables). En rentrant chez eux les enfants reçoivent le même message dans les dessins animés que débite la télévision, tout en s’empiffrant de sucreries et de coca-cola qui en feront de jeunes obèses, incapables d’efforts physiques qu’ils perçoivent d’ailleurs comme d’injustes et inutiles brimades. Comment pourraient-ils penser autrement quand ils voient leur père vautré sur un divan, une canette de bière à la main (le pack de réserve n’est pas loin), célébrant à grands coups de gueule les mérites de footballeurs colorés qui gagnent en un mois plus qu’un Gaulois en vingt ans de travail ? Allez les Bleus ! D’autant qu’ils sont d’un bleu très sombre, comme le commentent avec enthousiasme les journaleux de service.
Donc tout baigne. Certes on grogne, pour le principe, parce que tout de même la vie n’est pas facile. Mais on s’apprête aux joies des grandes vacances : les bouchons sur des routes surchargées qui rappellent de façon sympathique (on n’est pas dépaysés) les embouteillages des grandes villes qu’on vient de quitter ; les tournées à répétition de pastis avec les voisins du camping, en ayant en fond sonore les radios portables grand modèle qui débitent les braillements des « chanteurs » de hip-hop ; les séances de cuisson de la viande étalée sur les plages, avec les mémères dont les seins nus qui s’écroulent sont d’efficaces remèdes contre l’amour. Ah, la France sera toujours la France et il ne nous manque qu’un Maurice Chevalier pour mettre tout cela en chanson.
Et puis changement de décor. Retour au réel. Tous les media l’annoncent en boucle : un policier a été lardé de coups de couteau devant chez lui et sa femme a été égorgée dans sa maison, devant son fils de trois ans. Atterrés, les braves gens s’interrogent : comment cela est-il possible ? Et l’assassin dont la photo apparaît sur les écrans ? « Il avait l’air bien convenable, bien gentil » disent ses voisins. On évite de s’appesantir sur les origines de ce « Français ». Avec sa tronche de croque-mort le ministre de l’Intérieur, porte-parole du Robespierre au petit pied de Matignon et du joyeux drille de l’Elysée, dit sa stupéfaction indignée : il ne faut pas que de telles choses existent dans notre belle et pure République. Il ne faut pas…
De même qu’il ne faut pas que des casseurs s’attaquent à un hôpital Necker où des enfants sont en train d’être opérés. Il ne faut pas… Mais surtout on ne dit pas ce qui est pourtant une évidence : si on ne veut plus de casseurs il faut casser les casseurs. Les paysans le savent bien : quand on veut se débarrasser d’animaux nuisibles, de prédateurs, il n’y a pas trente-six solutions.
Aïe ! Je vais encore m’attirer les foudres des bien-pensants, des gens bien convenables qui trouvent qu’il y a des choses qu’il ne faut pas dire. Il ne faut pas dire que les assassins sont dans la maison parce qu’on leur a ouvert la porte. Les fous d’Allah savent que l’Occident, cette chose molle et veule, est un fruit trop mûr prêt à tomber. Alors ils secouent l’arbre. Pour voir. Et ils voient : une population anesthésiée par un individualisme bourgeois qui sévit même dans les rangs de ce qu’il est convenu d’appeler « la droite nationale ». Où on a peur d’appeler un chat un chat (il paraît que c’est du racisme). Où on veut bien applaudir les discours musclés. Mais quand il est question d’agir, il n’y a plus personne. S’engager ? Militer ? C’est fatigant. Et puis, nous disent des « philosophes », cela ne sert à rien.
Nous, nous choisissons de mettre les pieds dans le plat. Et de dire aux assassins : si vous voulez entrer dans notre maison cela va vous coûter cher. Très cher.
Pierre VIAL
Traductions européennes :