Histoire secrète de la Rome antique : LES LIVRES SIBYLLINS par J. EVOLA
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A quiconque se propose de scruter l'histoire secrète de la romanité antique, en considérant aussi les influences raciales, l'examen des dits Livres Sibyllins présentera une importance particulière. Pour s'en rendre compte, il faudra toutefois disposer de principes adéquats et, surtout, se convaincre de l'idée que la romanité ne représenta pas quelque chose d'homogène : des forces opposées s'y croisèrent et s'y heurtèrent. Se dégageant énigmatiquement d'un substrat de races et de civilisations dont la composante méditerranéenne non-aryenne était importante, Rome en viendra à manifester un principe opposé. Avec Rome, l'élément viril, apollinien et solaire s'oppose, sous des formes variées, au principe d'une civilisation de promiscuité, panthéiste, « lunaire » et chthonienne, une civilisation de couches ethniques plus anciennes qui avait réussi à altérer et à renverser l'Hellade olympienne et héroïque elle-même.
Seul cet encadrement général nous fait comprendre le sens profond des bouleversements les plus importants de l'histoire de l'ancienne civilisation romaine. Ce que Rome eut de spécifiquement romain et « aryen » se constitua à travers une lutte incessante du principe viril et solaire de l'Imperium contre cet obscur substrat d'éléments ethniques, religieux et même mystiques dans lequel la présence d'une forte composante sémitico-pélasgique est incontestable, et où le culte chthonien et lunaire des grandes Mères de la nature eut une part très importante. Cette lutte connut des hauts et des bas. L'élément pré-romain, soumis dans un premier temps, passa ensuite à la rescousse, au moyen d'influences plus subtiles et en rapport étroit avec des formes de vie et des cultes précisément asiatiques et méridionaux. C'est dans cet ensemble qu'il faut étudier l'influence des Livres Sibyllins dans la Rome antique, ils représentèrent une base très importante pour une action souterraine de corrosion et de dénaturation de la romanité aryenne, dans la dernière phase de laquelle — c'est-à-dire au moment où la contre-offensive se sentait près du but ardemment convoité — nous voyons entrer en jeu, de façon significative et sans masque, non seulement le ferment général de décomposition asiatico-sémitique, mais aussi le ferment consciemment et proprement judaïque.
La tradition rapporte l'origine des Livres Sibyllins à une figure féminine et à un roi de la dynastie étrangère : il s'agirait d'une partie des textes offerts par une vieille femme mystérieuse à Tarquin le Superbe, qui fut le dernier roi de la période ancienne descendant de la race pré-romaine et pélasgique des Etrusques. Ces livres furent acceptés dans le temple de Jupiter capitolin lui-même. Confiés à un collège spécial — les duumvirs, qui devinrent ensuite les quindecimviri sacris faciundis — ils évoluèrent vers une sorte d'oracle auquel le Sénat demandait les réponses. En 83, ils furent détruits dans l'incendie qui ravagea Campidoglio. On chercha à les reconstituer en faisant des recherches dans les sanctuaires les plus célèbres de la religion sibylline et le nouveau texte fit l'objet de révisions successives. Naturellement, dans cette nouvelle phase, étant donné le caractère plus ou moins impur du matériel recueilli, les infiltrations devaient être très faciles. Ces textes étaient d'ailleurs entourés d'un très grand secret.
Abstraction faite des textes sibyllins appelés précisément juifs (Orac. SibylI, III, IV, V), on ne sait pas grand-chose de précis sur ces textes : on ne connaît que leurs effets, ce qui peut déjà fournir l'essentiel. En effet, la base matérielle d'un « oracle » est ce qui importe le moins : elle a seulement le sens d'un appui et d'un instrument qui, en des circonstances spéciales, permet à certaines « influences » de se manifester — tout comme font sur un autre plan, les médiums, quand ils favorisent, par leur état de transe, différents phénomènes. Par conséquent, au sujet des premiers Livres Sibyllins, le fait de savoir quelles furent les formules et les sentences qu'ils contenaient ne nous intéresse pas ; au contraire, ce qui nous intéresse, c'est la « ligne » qui se trahit à travers la série de réponses auxquelles ils donnèrent lieu par des interprétations variées, cas pas cas, des textes eux-mêmes. C'est cette ligne qui nous fait connaître avec exactitude la vraie nature des « influences » agissant à travers l'oracle.
Alix sénator
Or nous voyons que cet oracle, presque toujours, fit en sorte que Rome s'éloignât de ses traditions, qu'elle introduisît des cultes exotiques qui agissaient subversivement surtout dans la plèbe, c'est-à-dire dans l'élément qui, à Rome, maintenait une inconsciente relation raciale et spirituelle avec les précédentes civilisations italico-pélasgiques, opposées au noyau « solaire » et aryen. Utilisés surtout dans les moments de danger, de calamité et d'incertitude pour calmer le peuple romain, les Livres Sibyllins devaient, par leur réponses, indiquer les moyens les plus aptes à assurer la bienveillance et le concours de forces supérieures, divines. Eh bien, jamais les réponses n'eurent pour conséquence de renforcer le peuple romain dans ses antiques traditions et dans les cultes qui caractérisaient le plus son patriciat sacral et guerrier ; toujours elles servirent à introduire ou à adopter des divinités exotiques, dont la relation avec le cycle de la civilisation pré- et antiromaine des Mères est, dans la très grande majorité des cas, on ne peut plus visible.
Le contenu d'une des plus anciennes réponses sibyllines, donnée en 399 à l'occasion d'une peste, est bien expressif par toute la dénaturation qui devait s'opérer graduellement par la suite. L'oracle voulut que Rome introduisît le lectisterne (1) et la supplicatio qui s'y rapportait. La supplicatio consistait dans le fait de s'agenouiller et de se prostrer face aux divinités, pour en embrasser et en baiser les genoux et les pieds. Autant ce rite peut sembler naturel ou, du moins, à peine exagéré à celui qui est accoutumé aux formes de culte qui succédèrent au paganisme antique, autant cet usage était étranger aux mœurs et au « style » des premiers Romains : lesquels ne connaissaient pas la servilité sémitique face au divin et qui, virilement, debout, priaient, invoquaient, sacrifiaient. C'est déjà l'indice d'une transformation profonde, l'indice du passage d'un type de mentalité à un autre.
En 258, Demeter fut introduite à Rome par les Livres Sibyllins, et avec elle Dionysos et Koré. C'est la première grande phase d'une offensive spirituelle : elle fait pénétrer les deux grandes déesses chthoniennes de la nature avec leur compagnon orgiaque, symbole de tout mysticisme confus et antiviril, à l'intérieur d'un monde que l'ancienne romanité avait bâti en détruisant par les armes des races et des centres de puissance qui avaient déjà eu en propre des formes analogues, mêlées, de spiritualité. En 249, toujours par la volonté des Livres Sibyllins, entrent à Rome Dispater et Proserpine, c'est-à-dire carrément les divinités « infernales », personnifications de tout ce qu'il y a de plus opposé aux idéaux olympiens et apolliniens ; en 217 c'est le tour d'une divinité aphrodisienne, la Venus Ericina et, enfin, en 205, au moment le plus critique des guerres puniques, entre pour ainsi dire la Souveraine de tout ce cycle, celle qu'on peut appeler la personnification de tout l'esprit asiatico-pélasgique préromain et pré-aryen, Cybèle, la Magna Mater. Toutes ces divinités étaient complètement ignorées des Romains : et si la plèbe, galvanisée dans son substrat le plus impur, se donnait à elles dans un enthousiasme souvent frénétique, le sénat et le patriciat ne manquèrent pas, dans un premier temps, de manifester leur répugnance et leur conscience du danger. D'où l'étrange incohérence propre au fait que Rome, d'un coté alla prendre, avec toutes sortes de magnificences, !e simulacre de Cybèle à Pessimunte, mais interdit aussi aux citoyens romains de prendre part aux cérémonies et aux fêtes orgiaques présidées par les prêtres phrygiens eunuques de cette Déesse. Mais, naturellement, cette résistance fut de courte durée. Elle connut le même sort que l'interdiction du dionysisme et du pythagorisme. Et de nouveau, en 140, les Livres Sibyllins introduisent encore une figure du cycle féminin et chthonien, la Venus Verticordia ou Aphrodite Apostropha.
Tout ce que cela eut comme conséquence dans la transformation de l'esprit romain, Livius le notait déjà qui, en se référant aux environs de l'an 213, écrivit textuellement (XXV, I) : « Des formes religieuses, en grande partie venues du dehors, agitaient tellement la population que soit les hommes, soit les dieux parurent d'un seul coup différents. Les rites romains étaient désormais abolis, non seulement sous leurs formes secrètes ou dans le culte domestique, mais aussi en public ; et sur le forum capitolin il y avait une tourbe de femelles qui ne sacrifiaient plus ni ne priaient selon la tradition des pères ». C'est ainsi que plus s'étendait la puissance politique romaine, et plus les forces mêmes qu'elle avait vaincues à l'extérieur se développaient sur un plan moins visible, à travers cette œuvre de dénaturation : une seconde guerre où elles remportaient des succès toujours plus sensibles et brillants.
On arrive ainsi à la période des dits Livres Sibyllins Juifs, qui semblent avoir été compilés entre le premier et le troisième siècle, et dont une bonne partie nous est connue. A ce sujet, Schührer utilise l'expression : « Propagande juive sous un masque païen » — jüdische Propaganda unter heidnischer Maske ; opinion partagée par un savant juif italien, Alberto Pincherle, qui reconnaît dans les textes en question l'explosion de la haine judaïque contre les races italiques et contre Rome. Sous une forme plus tangible, on répète ici une manœuvre mystificatrice, déjà tentée avec succès, par une association indue de l'ancien oracle sibyllin et d'Apollon, le dieu solaire nordico-aryen : ceci à cause de la relation des Sibylles avec ce dieu. Au moyen de cette relation, rien moins que limpide et simple, du culte apollinien avec la religion sibylline, les oracles introduits à Rome par le roi étrusque cherchaient déjà à s'assurer une autorité supérieure en choyant, pour ainsi dire, la vocation « apollinienne » de la race de Rome : et cela jusqu'à Auguste qui, se sentant l'initiateur d'une nouvelle ère apollinienne et solaire sous le signe de l'Empire, ordonna une révision des textes sibyllins pour en éloigner les apports impurs. Naturellement, les choses se passèrent autrement et on reconnut l'arbre à ses fruits : c'est exactement la collection des divinités les plus antisolaires et anti-apolliniennes qui furent introduites à Rome par cet oracle. Un alibi semblable fut utilisé par les nouveaux Livres Sibyllins : ici, c'est le judaïsme pur qui pare ses idées de façon à les faire apparaître comme l'authentique prophétie d'une très ancienne sibylle païenne, pour obtenir ainsi à Rome un crédit correspondant. On vérifia donc un paradoxe unique en son genre : beaucoup de milieux romains considérèrent comme l'expression d'un savoir de leur propre tradition des images apocalyptiques désordonnées, qui n'étaient que des manifestations de la haine judaïque contre Rome et contre les peuples italiques.
En effet, ces oracles se présentent à nous comme un fac-similé exact de l'Apocalypse johannite. Mais l'Apocalypse a été interprétée par la foi chrétienne sur un plan symbolique, universaliste et théologique, si bien que la thèse judaïque, qui en représentait originellement le centre, a été presqu'entièrement effacée. Dans les Oracles sibyllins au contraire, elle subsiste à l'état originaire. La prophétie de la pseudo-sibylle se tourne contre les races des Gentils : elle prédit la vengeance que l'Asie tirera de Rome et la punition — plus sévère que la loi du talion — qui frappera la ville maîtresse du monde. Cela vaut la peine de reproduire quelques extraits caractéristiques par leur haine antiromaine :
« Autant de richesses Rome a reçues de l'Asie tributaire, autant et trois fois plus l'Asie en recevra de Rome et lui fera payer les conséquences des violences commises ; et autant d'hommes d'Asie devinrent esclaves dans la résidence des italiques, autant et vingt fois plus d'Italiques misérables travailleront en Asie et chacun sera débiteur pour des dizaines » (III, 350) ; « O Italie, à toi aucun Mars étranger ne viendra (pour te secourir), le sang si mauvais et si dur pour détruire de ton propre peuple te dévastera, célèbre et impudente. Et toi, gisant sur les cendres encore chaudes, imprévoyante dans l'âme, tu te donneras la mort. Tu seras la mère d'hommes sans bonté, nourricière de bêtes sauvages » (III, 460-470). Et suit ici tout un film de malheurs et de catastrophes, décrits avec une sadique complaisance. Les références au judaïsme sont toujours plus tangibles vers la fin du Ille livre et au début du IVe. La prophétie devient histoire au livre IV, 115 : « Même à Jérusalem il y aura une mauvaise tempête de guerre venue d'Italie et elle détruira le grand temple de Dieu ». Mais à cause de ces catastrophes en tout genre, « ils devront connaître la colère du Dieu céleste, parce qu'il détruisirent l'innocent peuple de Dieu ». Que la Babylone dont on décrit ici l'écroulement avec des teintes grand-guignolesques semblables à celles de l'Apocalypse johannite, parce qu'elle aussi — tout comme l'Italie — fit périr d'entre les Juifs beaucoup de « saints fidèles » et le « peuple véridique » (c'est-à-dire Israël) — que cette Babylone soit Rome fut parfaitement clair aussi pour les Anciens. Lactance écrit par exemple (Inst divin., VII, 15,18) : « Sibyllae tamen aperte interituram esse Romam loquuntur et quidem iudicio dei quod nomen eius habuerit invisum et inimica iustitiae alumnnum veritatis populum trucidarit » (2). Au livre IV, 167 et suivants, on lit encore : « O ville toute impure de la terre latine, ménade qui aime les vipères, veuve tu t'assiéras sur les hauteurs et le fleuve Tevere te pleurera, toi sa compagne, qui a !e cœur homicide et l'âme impure. Ne sais-tu pas ce qui est au pouvoir de Dieu et ce qu'il te prépare ? Mais tu dis : Je suis seule et personne ne me détruira. Mais voilà que c'est le Dieu impérissable qui te détruira, toi et les tiens, et il n'y aura plus trace de toi sur cette terre, comme avant, quand le grand Dieu inventa tes gloires. Reste seule, ô inique ; immergée dans le feu flamboyant, habite ton inique région tartaréenne de l'Hadès ». Face à Rome et à la terre italique condamnées se trouve la « race divine des célestes Juifs bienheureux » (248). Au livre III (703-705), on répète : « mais les hommes du grand Dieu (les Juifs) vivront autour du Temple, se réjouissant de ces choses que leur donnera le créateur, seul juge souverain... et toutes les villes s'exclameront : « Comme tu aimes ces hommes, toi l'Immortel ! ». Les passages 779 et suivants reproduisent presque à la lettre les célèbres prophéties d'Isaïe, et en eux prend forme le rêve judaïque, messianique et impérialiste, qui a pour centre le Temple : les « prophètes du grand Dieu », après le cycle des catastrophes et des destructions, tireront l’épée et seront rois et justiciers des peuples. Ces nouveaux prophètes, tous descendants d'Israël, sont destinés à être « guide de vie pour tout le genre humain » (580).
Un singulier contraste est propre au fait que d'un côté — ainsi que nous y avons fait allusion — les auteurs de ces écrits utilisent l'alibi païen, c'est-à-dire veulent revêtir leurs expressions prophétiques de l'autorité provenant de l'ancienne tradition sibylline italique, mais que de l'autre, au livre IV, ils découvrent entièrement leurs vraies positions. Dans ce passage les Livres Sibyllins développent en effet une vive polémique contre les sibylles païennes rivales, et cette sibylle à laquelle on fait prononcer les paroles de haine et de vengeance espérée du peuple élu, va jusqu'à déclarer ne pas être prophétesse du « menteur Phébus » — de la divinité apollinienne — « que des hommes sots prennent pour un dieu et appellent, à tort, prophète », mais de ce dieu qui n'admet pas les images : c'est-à-dire, évidemment, de Jehova, du Dieu du mosaïsme juif.
Mais par là même le maquillage de toute cette « tradition » se donne à connaître pour ce qu'il est. La divinité apollinienne elle-même, sur laquelle la première religion sibylline appuyait son crédit, est maintenant discréditée et vilipendée. Seulement, la vérité est que le « menteur Phébus », que le Dieu d'Israël veut supplanter, mais que les premiers textes veulent avoir pour maître, est un faux Apollon ; nous voulons dire que si la religion sibylline eut des rapports avec le culte d'Apollon, il ne s'agissait pas ici de la pure divinité de la lumière, du symbole du culte solaire d'origine hyperboréenne (nordico-aryenne), mais bien de l'Apollon influencé par Dionysos et associé de l'élément féminin et même chthonien, tel qu'il apparut dans certains résidus dégénérescents de la civilisation méditerranéenne archaïque. C'est à cet Apollon que nous pourrions rapporter les formes les plus anciennes du sibyllisme, en rapport avec la mise en relief de certains aspects de la civilisation pélasgico-matriarcale.
Ainsi donc, en définitive, on peut constater la continuité d'une influence antiromaine et anti-aryenne, qui se précise peu à peu et qui, dans la période comprise entre le 1er et le lIIe siècle, va incontestablement être dirigée ou, du moins, faire cause commune avec l'élément sémitico-judaïque, par le moyen duquel elle prend les formes les plus extrémistes et révèle pour ainsi dire son terminus ad quem, le but final de toute cette source d'inspiration prophétique : « O ville toute impure de la terre latine, ménade qui aime les vipères, immergée dans le feu flamboyant rejoins ton inique région tartaréenne de i'Hadès ».
Julius EVOLA
(traduit de l'italien par Eric HOULLEFORT)
Sources : TOTALITE – Numéro 5, juin-juillet-août 1978
Notes :
(1) Cérémonie propitiatoire consistant à dresser des tables et des lits de parade où l'on plaçait les images des dieux pour leur servir un festin (N. D. L. R.).
(2) « Toutefois les Sibylles proclament ouvertement que Rome doit être détruite et son nom sera maudit par le jugement de Dieu parce que l'ennemie de la justice aura assassiné le peuple enfant de la vérité »
Article publié à l'origine dans La Difesa délia Razza (vol. IV, n° 7, 5 février 1941, pp. 20-27) et republié dans La Tradizione di Borna, Ed. di Ar, Padova, 1977).
L'ÉTUDE COMPARÉE DES RELIGIONS INDO-EUROPÉENNES
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- Catégorie : Georges Dumézil
I. — Les Indo-Européens.
Au cours du troisième et du second millénaires avant Jésus-Christ se produisit l'événement le plus important de l'histoire temporelle récente de l'humanité : d'une région qu'on semble pouvoir situer entre la plaine hongroise et la Baltique, par vagues successives, partirent en tous sens des troupes conquérantes qui parlaient sensiblement la même langue. Que s'était-il passé? Désagrégation d'empires préhistoriques? Difficultés alimentaires ou climatériques? Impérialisme inné, appel confus du destin, maturation plantureuse d'un groupe humain privilégié? Nous n'en saurons jamais rien. Mais le fait est là : des courses centrifuges, en quelques siècles, asservissent à ces hardis cavaliers toute l'Europe du Nord, de l'Ouest, du Sud et du Sud-Est; les anciens habitants disparaissent, s'assimilent ou forment des îlots qui se résorbent lentement et dont il ne subsiste aujourd'hui que le « témoin » basque, au bout des Pyrénées, et, dans le Caucase, de petits peuples très originaux. En Asie centrale, quelques-uns poussent jusqu'au Turkestan, où leurs royaumes tiendront encore près de dix siècles après le début de notre ère, malgré la pression chinoise, malgré les remous des Turcs et des Mongols. Certains, très tôt, et d'autres après eux, se ruent sur l'Asie antérieure; d'autres occupent l'Iran, cheminent jusqu'à l'Inde : mille ans avant Jésus-Christ, ils sont dans le Pendjab et déjà regardent le Gange où les Grecs du temps d'Alexandre les trouveront installés.
Par référence à l'aire ainsi couverte, le peuple inconnu d'où se sont détachés tant de rameaux a reçu des savants modernes un nom composé, purement symbolique, qui parle à l'esprit plus qu'à l'imagination : ce sont les Indo~ Européens.
Leurs chevauchées victorieuses n'échappent pas complètement à l'observation, du moins vers leurs points d'arrivée : dans tout le Proche Orient, les nouveaux venus côtoient, heurtent et parfois soumettent de vieilles sociétés très civilisées, qui tenaient depuis longtemps leurs annales et dont les inscriptions signalent l'ouragan. Les conquérants eux-mêmes adoptent en partie les usages et les commodités des vaincus ou des voisins et se mettent à graver : entre la mer Noire et la Syrie, nous connaissons maintenant et nous lisons les archives cunéiformes des rois hittites, maîtres d'un de ces empires du second millénaire avant notre ère. Mais un fait domine tout le détail : partout où on les voit s'installer, ces armées ont perdu la liaison avec les corps qui opèrent dans d'autres régions, même proches. A plus forte raison ne reconnaissent-elles pas pour parents ceux qui, par une randonnée antérieure, ont déjà foulé le sol où elles se fixent. Les langues se différencient. L'histoire, les mythes, les cultes se localisent. Les mœurs évoluent. Bref, nul sentiment ne survit de la communauté d'origine et les envahisseurs successifs bousculent indifféremment leurs plus intimes cousins et les autochtones les plus étranges. Plus tard, ça et là, quand les philosophes athéniens ou les grammairiens de Rome réfléchiront, ils admireront bien, par exemple, que le chien et l'eau portent presque le même nom en phrygien et en grec, ou que tant de mots latins sonnent si près des mots grecs de même sens : ils n'en concluront rien, sinon à l'emprunt ou à la constance de la machine humaine.
Et le jeu continue, cette fois en pleine lumière : les Germains submergent l'empire romain et donnent à l'Europe une nouvelle figure. Des flottes vont soumettre l'Afrique et l'Inde, les nouveaux mondes de l'Orient et de l'Occident, les îles des mers lointaines. Des colons sans scrupule dépeuplent en hâte et repeuplent une partie des Amériques, toute l'Australie. Après des succès éphémères, les concurrents arabes et turco-mongols sont éliminés : Alger, Le Caire, Bagdad tombent en vassalité, la Sibérie s'exprime en russe. Hormis quelques rares allogènes — Finnois, Hongrois, Turcs ottomans — qui ont su se faire admettre et comme naturaliser sans perdre leur langue, l'Europe « parle indo-européen » et, par ses émigrants, fait « parler indo-européen » à tout ce qui compte dans trois autres continents et dans la moitié du quatrième. Aujourd'hui, au delà de luttes fratricides qui sont peut-être le dur enfantement d'un ordre stable, on ne voit sur la planète qu'un coin de terre où pût grandir un appelant contre ce triomphe. Mais sans doute arriverait-il trop tard.
Pour toutes sortes de raisons qui tiennent aux conditions internes et externes du développement de la science, ce n'est qu'au début du XIXe siècle que les grammairiens occidentaux découvrirent ce fait capital que le sanscrit de l'Inde et les langues de l'Iran, le grec, le latin, les langues germaniques, les langues celtiques, les langues slaves et baltiques, ne sont que des formes prises, au cours d'évolutions divergentes, par un seul et même parler préhistorique qui se définit par rapport à elles comme le latin par rapport à l'italien, au français, à l'espagnol, au portugais, etc. La notion de « langues indo-européennes » était née. Un siècle d'admirable travail, auquel toutes les universités d'Europe ont collaboré, a permis de la préciser et de la nuancer, et l'on s,e fait aujourd'hui une idée nette de ce qu'était « l'indo-européen commun », au moment des grandes migrations qui l'ont brisé. Les recherches les plus récentes font même entrevoir par quelle évolution antérieure la langue commune avait atteint cet état final dont nos langues modernes sont des modifications diverses.
II— La religion des Indo-Européens.
L'unité de langue ne suppose pas forcément l'unité politique; elle suppose en tout cas une sensible unité de civilisation : qu'on songe à la Grèce d'avant Alexandre, qui n'a jamais formé un Etat, mais qui, malgré les différences de dialectes et de mœurs, a eu constamment conscience et volonté de « parler grec », de « vivre grec ». Il est certain que les hommes qui s'exprimaient dans la langue indoeuropéenne avaient en commun un minimum de civilisation matérielle et morale. Il est légitime, en particulier, de parler de « la religion indo-européenne », étant bien entendu que cette unité n'impliquait pas l'uniformité et que chaque canton, comme plus tard chaque vallée grecque, chaque cité du Latium, chaque fjord norvégien, colorait à sa façon le bien commun.
Vers le milieu du XIXe siècle, avec un bel enthousiasme, les savants s'efforcèrent donc de reconstituer comparativement, en même temps que la langue, la religion des Indo-Européens et surtout ce qu'on regardait alors comme la partie essentielle de toute religion, la mythologie. L'entreprise était prématurée et elle a échoué. Les philologues et les linguistes qui s'y dévouaient ne disposaient pas encore de cette nouvelle connaissance de l'homme, de cet humanisme élargi et rajeuni qu'a constitué, lentement d'abord puis à un rythme et à un débit vertigineux, l'exploration méthodique des diverses branches de notre espèce. La situation est bien meilleure aujourd'hui : l'ethnographie et l'anthropologie ont permis d'observer, toutes vives, les formes que revêt la religion dans des sociétés de civilisation comparable, pour le niveau et pour les éléments, à celle des Indo-Européens; d'autre part, la psychologie et la sociologie ont éclairé le mécanisme interne de ces paganismes, leurs conditions d'équilibre, les fonctions qu'ils assurent, les évolutions qui les attendent. On s'est donc remis au travail depuis une vingtaine d'années, en France et en Allemagne surtout, et aussi en Suède, en Hollande, en Belgique, mais en se gardant des deux illusions du début. On ne croit plus que les Indo-Européens aient été des « primitifs »; on sait que ni leur civilisation ni leur langue ne permettent d'atteindre un « début », un zéro absolu; que l'une et l'autre portent au contraire la marque, la charge et le fruit d'un riche passé dans lequel notre vue ne peut guère remonter. D'autre part, on ne croit plus que les mythes soient d'ingénieux et vains symboles imaginés de toutes pièces par des chantres pour exprimer leur admiration devant les spectacles de la nature, ni les jeux de mots plus ou moins conscients de philologues préhistoriques; aux mythes solaires, aux mythes d'orage, aux « épithètes personnifiées » et autres produits des « maladies du langage», on fait aujourd'hui leur juste part, qui n'est pas grande; on sait qu'une religion suppose, exprime, règle et coordonne des besoins et des efforts bien plus complexes.
III. — Mythes, rites, religion, société.
Réservant à la philosophie l'origine et l'essence des religions, et à s'en tenir à l'observation extérieure, on peut poser comme acquis les définitions et les principes suivants :
1° Un mythe est un récit que les usagers sentent dans un rapport habituel, d'ailleurs quelconque, avec une observance positive ou négative ou un comportement régulier ou une conception directrice de la vie religieuse d'une société. Loin donc d'être des inventions désintéressées, ou même des inventions libres de l'imagination, les mythes ne sont pas séparables de l'ensemble de la vie sociale : ils expliquent, illustrent, et protègent contre la négligence ou l'hostilité, des liturgies, des techniques, des institutions, des classifications, des hiérarchies, des spécialisations du travail commun, du maintien desquelles sont censés dépendre le bien-être, Tordre, la puissance de la collectivité et de ses membres. Il est donc impossible d'étudier les mythes sans étudier les formes de l'activité magico-religieuse, politico-religieuse, économico-religieuse, etc., des sociétés considérées. En particulier, chaque fois qu'un récit apparaîtra en liaison constante avec un rituel, on devra examiner si cette liaison n'est pas essentielle : elle l'est le plus souvent, et du même coup on saura quel était, pour les usagers, le sens principal de ce récit, de ce mythe.
Le mythe reste donc, autrement qu'on ne le croyait il y a un siècle, le phénomène religieux supérieur, qui donne aux autres signification et efficace, et la « mythologie comparée », en ce sens, garde sa primauté; on peut même, par piété pour les premiers chercheurs, maintenir ce nom pour désigner la nouvelle forme d'étude comparée des religions indo-européennes. Mais la « mythologie comparée » moderne n'est possible qu'à condition d'incorporer à tous les étages de sa structure tous les phénomènes en relation avec les mythes, c'est-à-dire pratiquement toute la sociologie. On comprend mieux dès lors l'intérêt de ces études : s'il s'agit de groupes humains historiques, c'est leur physiologie et leur anatomie tout entières qui s'exposent dans les mythes, schématisées parfois ou idéalisées, mais plus nettes, plus saisissables, plus philosophiques qu'elles ne le sont lorsqu'on les considère seulement dans les accidents de l'histoire. Et s'il s'agit de groupes humains préhistoriques, l'analyse ainsi comprise des mythes reconstitués par comparaison donne le seul moyen de connaissance objective.
2° Dans la vie d'une société, il est peu de « moments rituels » importants qui n'aient qu'une fonction, qu'un seul sens : un geste sacré tend à être aussi puissant, aussi fécond que possible, tend à être total. Il est certes légitime de parler, par exemple, de « rites purificatoires », mais on ne doit pas oublier que les usagers tâchent en même temps, et par ces mêmes rites, de faire prospérer leurs champs et leurs troupeaux, d'obtenir longue vie, de nuire à leurs ennemis, etc. II en est de même pour les mythes, avec la circonstance supplémentaire que les jeux naturels de l'imagination et de l'association des idées les enrichissent plus facilement encore. Aussi est-il rare qu'un mythe n'ait qu'un sens. Et c'est ici que, très souvent, il est légitime de restituer une part accessoire aux anciennes interprétations naturalistes : l'indien Indra n'est pas l'orage personnifié, certes; il est la projection divine de la classe des guerriers; cela n'empêche pas que ses combats célestes ont été certainement assimilés aux phénomènes atmosphériques où interviennent le nuage, l'orage, la pluie. Les mythologies de l'Amérique et de l'Afrique montrent constamment, à nu, sans qu'il soit besoin d'interpréter, ces mouvements simultanés, ces harmoniques de l'imagination sur des plans divers.
3° Suivant le génie des peuples, les mythes, solidaires des rites, sont orientés vers le merveilleux ou vers le vraisemblable, supposent un monde différent du nôtre ou se présentent comme des histoires, comme de l'histoire ancienne ou même récente. Ici le récit fait intervenir des dieux, des héros fabuleux, des monstres; là simplement des personnages qu'on croit « historiques » : héros nationaux, ennemis de type humain. Dans les deux cas, pourtant, ils répondent aux mêmes besoins et méritent le même nom. Sur le domaine indo-européen, Rome, abstraction faite des influences grecques facilement décelables, représente à l'extrême ce type de mythologie à forme historique. Qu'on feuillette ce livre infiniment précieux, ce véritable traité de sociologie religieuse, sans équivalent dans l'antiquité classique, que sont les Fastes d'Ovide : chaque fête, chaque geste rituel y est justifié par un, deux, trois récits qui se présentent presque tous comme de l'histoire; ce sont pourtant des mythes, au même titre que ceux qu'on lit, malheureusement coupés de tout support rituel, dans la Théogonie d'Hésiode ou dans les « poèmes divins » de l’Edda.
4° Les mythes ne meurent pas toujours en même temps que disparaissent, sous des influences diverses, les formes de vie politique ou économique, les rites religieux qu'ils avaient d'abord contribué à maintenir. La mythologie irlandaise a ainsi survécu à la christianisation. Mais elle s'est tournée tantôt en légendes (liées à des noms historiques ou géographiques), tantôt en contes (anonymes), et si elle n'avait pas été, dès les premiers siècles de sa déchéance, consignée en lettres par des clercs heureusement attachés aux traditions, elle ne nous serait parvenue qu'éro-dée, banalisée, envahie aux trois quarts par les lieux communs du folklore international. C'est une grosse question de savoir si les thèmes des contes sont nés dans des temps très anciens de mythes dégénérés ou si, pour l'essentiel, ils représentent un genre de production imaginative qui a toujours été autonome. Mais à coup sûr cette vivace forme de littérature populaire, sous tous les climats, envahit sans délai, défigure et dévore les mythes dont une fonction sociale précise ne défend plus l'originalité. Le mythologue ne doit pas perdre de vue cette évolution; souvent, en effet, un texte lui livre un mythe déjà désaffecté mais dont la dégénérescence folklorique n'est qu'à un stade précoce.
5° Ce n'est que tardivement, littérairement, chez des peuples déjà pourvus de philologues ou bien dans les religions à dogmes impératifs, que l'on voit apparaître des corpus mythologiques, « une mythologie », où l'ensemble des mythes s'organise sans contradictions au prix de retouches et de compromis. Encore ces efforts restent-ils peu efficaces sur la religion vécue. Pourtant, et dans les milieux les plus arriérés, même en Australie, on est en droit de superposer la notion de « mythologie » à la pluralité des mythes : quelque contradictoires qu'ils soient en effet, ces derniers n'en restent pas moins solidaires; des êtres surnaturels de même groupe, de même type y apparaissent, les mêmes noms propres (de lieux, d'êtres, etc.) font la liaison d'un récit à l'autre, les mêmes institutions sociales et cosmiques, explicitement ou en filigrane orientent tous les récits; si les usagers ont confiance dans l'efficacité d'un mythe particulier, c'est, pour beaucoup, parce qu'ils sentent, parce qu'ils savent qu'il n'est pas isolé : une cohérence mouvante mais suffisante est maintenue d'autant plus facilement que, en chaque occasion, c'est un seul mythe qui a de l'importance, qui se récite avec détail, la masse de tous les autres composant en sourdine une orchestration utile mais nécessairement confuse. Ce sentiment de « choses du même genre, apparentées », suffit à constituer, au-dessus des mythes, une mythologie, un organisme dont on ne doit isoler les fragments qu'avec précaution.
IV. — Point de départ : religions des Indo-Iraniens, des Celtes et des Italiotes.
L'unité de langue, disions-nous, suppose un minimum commun de civilisation, en particulier de religion. La matière de notre étude n'est donc pas illusoire : par la confrontation des équilibres religieux attestés dans les diverses sociétés parlant des langues indo-européennes, on peut espérer reconstituer au moins des fragments de l'ancienne religion commune, de la même manière que les linguistes, par la confrontation des grammaires et des vocabulaires du sanscrit, du grec, du latin, etc., reconstituent une bonne partie de l'indo-européen commun.
Il se pourrait cependant que cette matière fût inaccessible, et l'étude impossible; il se pourrait qu'en évoluant au sein des sociétés issues par fractionnement de la société préhistorique, l'ancien équilibre eût tellement changé que les traces du passé fussent imperceptibles ou méconnaissables; une langue étant moins sujette aux révolutions, aux réformes et refontes radicales qu'une religion, il se pourrait que, tout en continuant à parler deux formes encore fraternelles de l'indo-européen, les Indiens védiques et les Latins de Rome par exemple eussent entièrement renouvelé leurs systèmes de rites et de mythes, au point de ne pas laisser de prise à la comparaison.
De fait le « minimum initial de civilisation commune » s'est partout considérablement altéré lorsque les tribus indo-européennes, se dispersant aux quatre points cardinaux, de l'Atlantique au Turkestan, de la Scandinavie à la Crète et à l'Indus, se sont superposées ou mêlées à des allogènes dont la civilisation — nous pensons au monde égéen, à l'Asie antérieure, à Mohendjo Daro — les a conquises dans le temps même où, conquérantes, elles imposaient l'essentiel de leur langue.
Nulle part donc, nous pouvons en être certains, les religions historiquement attestées ne sont issues par simple et linéaire évolution de la religion indo-européenne. Partout nous nous trouvons vraiment en présence d'équilibres nouveaux, quelques-uns constitués pour la plus grande part de matériaux non indo-européens; les faits hérités de la préhistoire commune n'y sont plus que des survivances réduites ou déformées selon les nécessités de la perspective nouvelle. Découvrir ces faits dans leurs cachettes et sous leurs déguisements, n'est-ce pas un problème insoluble et même inabordable?
Ce n'est qu'un problème difficile. Et voici la circonstance particulière qui donne un moyen de l'aborder.
Entre l'unité indo-européenne préhistorique et les histoires, séparées, des Indiens, des Perses, des Scythes, des Grecs, des Latins, des Gaulois, des Irlandais, etc., l'examen des faits linguistiques a permis d'établir qu'il y a eu, en cours de migration et parfois jusque près du point d'arrivée, des unités partielles intermédiaires : il y a eu, par exemple, jusqu'à l'extrême Est, une unité indo-iranienne; jusqu'à l'extrême Ouest, une unité plus lâche rapprochant les futurs Celtes et les futurs Italiotes. Cela est capital : ce qu'on sait par l'archéologie de l'ancienne Europe non méditerranéenne et du sud de l'actuelle Russie donne à penser que, entre l'unité indo-européenne et ces unités partielles, les peuples en migration n'ont pas rencontré de « grande civilisation », ni donc de grands systèmes religieux comme il est arrivé ensuite plus au sud; il est donc probable que « la religion indo-européenne » n'a pas été, durant cette période, complètement bouleversée. Comme d'autre part ces unités partielles sont plus récentes, relativement proches même des premiers documents « séparés », il est probable que, en dépit des bouleversements qui ont suivi, les survivances observables du dernier état commun, les souvenirs, au moins quant au vocabulaire religieux, seront encore abondants et groupés, de sorte que l'ancien équilibre se laissera peut-être entrevoir sous le nouveau. C'est en particulier ce qui s'est vérifié pour l'unité partielle indo-iranienne : la religion de l’Avesta n'est pas celle des Veda; les correspondances de vocabulaire religieux (noms d'êtres divins, d'hommes, d'objets et d'actes sacrés, formules même) y sont pourtant très nombreuses et éclatantes. Or il est évident, quelle que soit la méthode de nos études, qu'un rôle très important y sera joué par le recensement et le classement des correspondances de vocabulaire. Le fait qu'on puisse atteindre, et presque sans effort, un vocabulaire religieux indo-iranien considérable est rassurant.
Il y a mieux. Une des chances, la meilleure chance peut-être de nos études est le fait, remarqué d'abord par M. Kretschmer puis mis en pleine valeur par M. Vendryes (Mémoires de la Société de Linguistique de Paris, XX, 1918, pp. 265-285), que d'assez nombreux mots relatifs à la religion apparaissent à la fois chez les Italiotes, chez les Celtes, et dans le groupe indo-iranien, et n'apparaissent que là. Des termes mystiques comme ceux qui désignent la « foi » dans l'efficacité de l'acte sacré, la pureté rituelle et morale, l'exactitude rituelle, l'offrande au dieu et l'agrément du dieu, la protection divine, la prospérité, le mot signifiant la récitation des formules, des noms d'hommes chargés de fonctions sacrées ne se rencontrent ainsi que sur les bords opposés du vaste domaine recouvert par les langues indo-européennes. Cette singulière distribution s'explique, ainsi que l'a indiqué M. Vendryes, par une concordance non plus linguistique mais sociologique ; alors que chez les autres peuples de la famille les prêtres n'ont dans la société qu'un rôle mineur, un rôle « d'ouvriers » parmi les autres, les brahmanes indiens, les mages iraniens, les druides celtiques, le collège pontifical (flamines et pontifes) à Rome constituent autant de puissants corps sacerdotaux, dépositaires intéressés des traditions; qu'on pense au vaste effort de mémoire requis des jeunes brahmanes et des élèves druides.
Cette circonstance assure que des survivances de la plus vieille unité existent, qu'elles sont directement connaissables. Elle met le linguiste en état de signaler au sociologue des notions qui, désignées ici et là par les mêmes mots anciens, ont chance de contenir encore en partie la même ancienne matière.
V. — Le problème des cadres sociaux et religieux.
Appuyée à ce point fixe, la nouvelle mythologie comparée a fait depuis vingt ans ses premières prospections. D'abord incertaines et maladroites, elle les a rectifiées, assurées et réunies dans une synthèse déjà vaste où les vues particulières se contrôlent réciproquement et qui ne paraît pas artificielle à de bons esprits.
Les faits les plus apparents, ceux qui ont vite concentré sur eux la recherche, sont relatifs à la « Souveraineté ». Nous entendons par là l'ensemble des rites et des mythes relatifs à l'administration magique et juridique du monde et de la société, aux grands dieux célestes et aux rois leurs représentants, ainsi qu'aux ministres mythiques et aux prêtres ou magistrats terrestres qui assistent les Souverains dans leur office. Il semble en effet que les divers peuples indo-européens, du moins ceux chez qui ont survécu de grands corps sacerdotaux, aient gardé avec une fidélité particulière ce qui, dans la religion, concernait ces fonctions présidentielles et directrices (1).
Mais il ne faut pas oublier qu'une religion — et ces deux mots se sont déjà rencontrés plusieurs fois dans l'exposé qui précède — est un système, un équilibre. Elle n'est pas faite de pièces et de morceaux assemblés au hasard, avec des lacunes, des redondances et des disproportions scandaleuses. Si nous osions risquer après tant d'autres une définition, toujours extérieure, nous dirions qu'une religion est une explication générale et cohérente de l'univers soutenant et animant la vie de la société et des individus. Si donc on ne veut pas se méprendre grossièrement sur la forme, l'ampleur et la fonction propre de tel ou tel d'entre les rouages d'une religion, il est urgent de le situer avec précision par rapport à l'ensemble. Quitte à retoucher ensuite cette première image, il faut dessiner d'abord les lignes maîtresses de toute l'architecture religieuse qu'on étudie ou qu'on reconstitue. Sinon, n'importe quel dieu étant plus ou moins amené à s'occuper de toutes les provinces de la vie humaine, on risque d'attribuer essentiellement à celui, quel qu'il soit, qu'on étudiera ce qui ne lui appartient qu'accidentellement; on le centrera sur la marge de son domaine ou même au delà et l'on méconnaîtra au contraire sa destination fondamentale. Bref, contrairement à une illusion fréquente, contrairement à un précepte de fausse prudence fort révéré, les monographies ne peuvent être constituées avec quelque assurance que lorsque l’ordre d'ensemble a été reconnu. Ou, si l’on préfère une formule plus modérée, il faut pousser parallèlement, l’une corrigeant sans cesse et améliorant l'autre, l'étude du cadre et celle des détails, l'étude de l'organisme et celle des tissus.
Nous avons senti vivement cette nécessité en plus d'un point de nos études sur les dieux souverains, et aussi à la lecture d'excellents livres récemment publiés en Allemagne et en Suède sur la même question (2). Faute de situer exactement le « Souverain » parmi les rouages politiques et parmi les représentations religieuses des Indo-Européens, nous nous sommes sentis portés, et nous avons vu les autres portés à élargir indéfiniment son domaine propre, ce qui n'est certes pas entièrement illégitime puisque le dieu souverain, en dernière analyse, a regard et entrée partout, mais ce qui fausse la juste perspective puisque, à partir de certaines limites, dans certaines zones, il n'agit qu'en interférence ou en collaboration avec d'autres spécialistes divins plus immédiatement intéressés, alors que, dans sa zone centrale, il opère directement. Dans le temps même où nous traitions de Varuna comme dieu souverain, on a pu écrire ailleurs un gros traité sur les activités agraires et économiques du même personnage; et l'on n'avait pas tort; mais où est le centre propre de Varuna? Est-ce dans la souveraineté ou dans la fécondité qui, elle, ne manque pas de représentants divins qualifiés? Chez les Germains, Odhinn semble patronner à la fois les magiciens, la royauté, une partie des activités guerrières, et plusieurs auteurs ont insisté davantage sur son affinité avec l'agriculture : derechef, où est son centre. Inversement, n'importe quel dieu spécialiste, dans certaines circonstances, sort de son domaine, prend même des airs de dieu souverain : c'est ainsi que Mars bellator, s'occupe aussi des champs et du bétail au point que quelques historiens de la religion romaine font de l'élevage et de l'agriculture sa fonction primaire, tandis que d'autres, se fondant sur des faits considérables, voient en lui, en Mars Pater, le plus ancien « grand dieu » italique dont Jupiter n'aurait que tardivement usurpé quelques activités : ici encore, où est le centre.
Ces incertitudes et beaucoup d'autres analogues nous ont conduit à essayer de fixer, avant toute nouvelle enquête de détail, les cadres généraux et les grandes articulations de la religion indo-européenne. Et comme, chez les demi-civilisés, la conception du monde et celle de la société, la hiérarchie des dieux et celle des hommes sont le plus souvent parallèles, cette recherche revient à définir, à la fois et indifféremment, comment les Indo-Européens concevaient la division et l'harmonie de leur corps social et comment ils ajustaient les provinces de leurs principaux dieux.
GEORGES DUMÉZIL
Notes :
(1) Voir nos essais Ouranos-Varuna, 1934 (A. Maisonneuve); Flamen-Brahman, 1935 (Geuthner); Mitra-Varuna, essai sur deux représentations indo-européennes de la Souveraineté, 1940 (Leroux); Jupiter, Mars, Quirinus, essai sur la conception indo-européenne de la Société et sur les origines de Rome, 1941 (Editions de la N. R. F.)-
(2) H. Güntert, Der arische Weltkönig und Heiland, Halle, 1923; H. Lommel, Die alten Arier, von Art und Adel ihrer Gôtter, Frankfurt a. M., 1935; G. Widengren, Hochgottglaube im alten Iran, Upsal et Leipzig, 1938.
Sources : La Nouvelle Revue Française – 1er octobre 1941
La géopolitique des sectes
- Détails
- Catégorie : GEOPOLITIQUE
Il y a une trentaine d'années, en publiant dans la collection de l'Institut des relations internationales et stratégiques de Paris une étude sur les aspects géopolitiques du christianisme orthodoxe [1], François Thual utilisait le cas exemplaire de l'orthodoxie pour montrer l'importance du facteur religieux comme paramètre fondamental de la géopolitique.
C'est ainsi qu'est née la « géopolitique des religions », que Thual a ensuite traitée dans d'autres essais, tant sur des sujets spécifiques que généraux [2]. Acceptant la leçon de Thual, Eurasia a donné naissance en 2014 à un numéro intitulé Géopolitique des religions [3], dans lequel les implications géopolitiques de diverses religions dans différentes régions du monde ont été examinées. Eurasia a également accordé une attention particulière à ce thème, comme en témoignent par exemple des dossiers tels que L'islamismo contro l'Islam ? [4], Luoghi santi e « Stato Islamico » [5], La guerra civile islamica [6], Geopolitica dell'Ortodossia [7], Cattolici, ortodossi, evangelici, Islam [8].
Si le facteur religieux fait partie de ceux que la géopolitique s'efforce d'identifier et de comprendre pour ses investigations, pourquoi ne pas considérer également le facteur constitué par les sectes? Eurasia a tenté de le faire en consacrant un récent « doxaire » aux Sectes de l'Occident [9], dans lequel sont examinés certains phénomènes sectaires qui, ces derniers temps, ont joui d'une certaine célébrité. Aussi limitée soit-elle, la vue d'ensemble offerte au lecteur révèle un fait d'une importance considérable, à savoir l'extraordinaire familiarité des Etats-Unis avec la réalité multiforme de l'univers sectaire. En fait, il a été souligné « que la plupart des groupes qui portent le nom de "sectes" ou de "nouveaux mouvements religieux" sont nés aux États-Unis, comme dans le cas des Témoins de Jéhovah, des Mormons, de la Science chrétienne, de la Scientologie[10] » ; que l'expansion de nombreuses sectes qui ont vu le jour en dehors des États-Unis commence souvent par le transfert de leur leader ou « maître » aux États-Unis; que les États-Unis d'Amérique eux-mêmes ont à leur origine l'action d'une secte, la puritaine ; que l'actuel président Joe R. Biden est lié par un lien ancien avec les puritains. Biden est lié par une vieille relation à la secte juive Chabad Lubavitch.
Mais les Loubavitchs, qui en 2008 soutenaient déjà Biden pour ses positions pro-sionistes [11], ne sont que l'aspect le plus pittoresque de cette « coalition informelle d'organisations et d'individus travaillant à orienter la politique étrangère américaine dans une direction pro-Israël » [12], c'est-à-dire de ce groupe de pression qui, défini par le terme anglais de lobby [13], se configure comme « le Lobby » par excellence, c'est-à-dire comme une véritable « supersecte ».
En effet, si près de soixante-dix pour cent de la judaité mondiale est concentrée aux Etats-Unis [14] et en Palestine [15], c'est aux Etats-Unis qu'elle « dispose d'un certain nombre de grandes associations qui défendent ses thèses et ses intérêts, tant auprès des gouvernements nationaux que des organisations intergouvernementales » [16]. Il s'agit d'un « déploiement impressionnant d'organisations, dont la plus puissante et la plus connue est l'AIPAC » [17] (American Israel Public Affairs Committee), dont le positionnement super partes par rapport aux partis politiques est démontré par ses conférences annuelles, auxquelles participent aussi bien des démocrates que des républicains, comme par exemple, en 2016, Hillary Clinton et Donald Trump (qui a prononcé un discours écrit par son gendre Jared Kushner, qui est lui-même un juif orthodoxe).
« La conférence annuelle de l'AIPAC », explique un journaliste américain, « a lieu à Washington chaque printemps et constitue un événement important de la saison politique (...). Le discours d'ouverture est généralement prononcé par le président des États-Unis, le vice-président ou le secrétaire d'État. (...) Comme un hommage au pouvoir du lobbying, environ la moitié des membres du Congrès participent à la conférence, y compris les whips démocrates et républicains des deux chambres. Il est évident que leurs discours reflètent leur allégeance personnelle et le soutien inconditionnel de l'Amérique à Israël. Les noms des membres du Congrès qui empruntent la passerelle sont publiés sur le site web de l'AIPAC, ce qui augmente leurs chances d'obtenir des contributions de grands donateurs juifs. Tout aussi importants, mais rarement médiatisés, sont les dîners et déjeuners régionaux de l'AIPAC dans tout le pays, événements auxquels sont invités les dirigeants politiques locaux (...). A l'issue de ces événements, les personnes invitées reçoivent comme prix des voyages tous frais payés en Israël, offerts par les Conseils communautaires juifs locaux, les Fédérations ou d'autres organisations juives. En Israël, ils sont reçus par le Premier ministre, le ministre de la Défense et le chef d'état-major de l'armée, on leur fait visiter Israël et les colonies de Cisjordanie, et enfin on les emmène au musée de l'Holocauste de Yad Vashem » [18]. Les membres du Lobby sont tous juifs.
Le Lobby comprend non seulement des Juifs, mais aussi des personnalités éminentes de l'Église évangélique et d'autres « dénominations »; en particulier, il comprend les « sionistes chrétiens », « une secte au sein du groupe plus large et politiquement orienté de la droite chrétienne (...) une sorte de "partenaire junior" des divers groupes pro-Israël de la communauté juive américaine ». La secte des sionistes chrétiens est issue du « dispensationalisme » [20], un courant théologique d'origine anglo-saxonne particulièrement répandu dans les églises évangéliques.
Avant de venir aux Etats-Unis, ce courant avait eu une certaine diffusion en Angleterre, où il a probablement contribué « à rendre le ministre anglais des Affaires étrangères Arthur Balfour particulièrement sensible à l'idée de créer un foyer pour les Juifs en Palestine »[21]. Selon la théologie « prémillénariste » de la secte, les juifs régneront sur la « terre d'Israël » pendant mille ans après que Jésus-Christ aura « enlevé » les chrétiens pour les emmener au paradis; après le millénaire, le nouveau ciel et la nouvelle terre annoncés par l'Apocalypse de Jean apparaîtront. Les « dispensationalistes », et avec eux la secte des sionistes chrétiens, sont donc certains que le prétendu « retour » [22] des Juifs en Palestine est un événement fondamental de ce processus eschatologique qui culminera avec le second avènement de Jésus; ils croient donc que les États-Unis doivent soutenir de toutes leurs forces le régime sioniste de Tel Aviv et se préparer à combattre à ses côtés dans la bataille finale d'Armageddon. La diffusion des thèses « dispensationalistes » est également due à une très heureuse activité littéraire à thème « apocalyptique », dont il suffit de mentionner quelques cas. Le premier est représenté par le théologien et animateur de télévision Harold (Hal) Lindsey (né en 1929), connu pour sa campagne en faveur d'une attaque nucléaire contre la République islamique d'Iran, « le seul choix logique possible pour Israël ». Lindsey est l'auteur de The Late, Great Planet Earth (28 millions d'exemplaires depuis 1990), dont a été tiré un film avec Orson Welles. Le second cas est celui de Timothy (Tim) LaHaye (1926-2016), conférencier spécialisé dans les prophéties bibliques et auteur d'une série de seize romans (Left Behind, Tribulation Force, Soul Harvest, Nicolae, etc.) qui se sont vendus à ce jour à plus de 60 millions d'exemplaires et ont inspiré plusieurs films.
* * *
Quel est le poids du Lobby dans les deux dernières administrations américaines?
Donald Trump, en plus de confier le poste de « conseiller principal » à son gendre Jared Kushner et à sa fille Ivanka (tous deux juifs orthodoxes), a puisé dans les rangs du Lobby au moins une vingtaine de collaborateurs, dont: Stephen Miller (conseiller politique), Steven Mnuchin (secrétaire au Trésor), David Friedman (ambassadeur en Israël), Jason Greenblatt (assistant du président et représentant spécial pour les négociations internationales), Elliot Abrams (représentant spécial pour le Venezuela, puis l'Iran), Anne Neuberger (conseillère adjointe à la sécurité nationale et responsable de la cybersécurité), Gary Cohn (conseiller économique, puis président d'IBM), Lawrence (Larry) Kudlow (directeur du Conseil économique national), etc.
Quant à l'administration actuelle, le 8 décembre 2020, Nathan Posner a annoncé triomphalement dans Atlanta Jewish Times que le gouvernement de Joe Biden serait "historiquement juif" [23]. Un mois plus tard, en fait, le Lobby a placé ses hommes (et ses femmes) dans la nouvelle administration.
Antony (Tony) John Blinken, ancien conseiller adjoint à la sécurité intérieure sous l'ère Barack Obama, a succédé à Mike Pompeo au poste de secrétaire d'État le 26 janvier. « L'histoire de sa vie se lit comme une fiction sur la haute société juive », a écrit le Washington Post, rappelant que Blinken « a eu voix au chapitre dans tous les débats sur la sécurité nationale et la politique étrangère de l'administration du président Obama » [24]. Un article du Wall Street Journal a notamment rappelé que « la grande attention portée par l'administration Obama à la Syrie était due à Blinken, dont les recommandations avaient tendance à suivre la ligne dure » [25].
Le jour même du début du mandat de Blinken, le poste de secrétaire au Trésor a été confié à Janet Louise Yellen, issue d'une famille juive de Brooklyn. Ancienne vice-présidente puis présidente de la Réserve fédérale, Yellen s'est classée en 2014 à la deuxième place de la liste des 100 femmes les plus puissantes du monde, selon Forbes [26].
La direction de la Central Intelligence Agency (CIA) a également été reprise par une israélite [27], Avril Danica Haines, anciennement directrice adjointe de la CIA de 2013 à 2015 et conseillère adjointe à la sécurité nationale (en remplacement de Blinken) de 2015 à 2017.
Le poste de secrétaire à la sécurité intérieure est revenu à Alejandro Nicholas Mayorkas, anciennement secrétaire adjoint du même département de 2013 à 2016; Mayorkas est né à La Havane de parents juifs qui ont quitté Cuba après la révolution et se sont installés à Miami.
L'économiste Jared Bernstein, collaborateur du New York Times et du Washington Post, devient le conseiller économique de M. Biden. Le fait que Bernstein, pour célébrer sa nomination au Council of Economic Advisers, ait eu recours au lexique yiddish lui a donné une importance particulière [28].
Le chef de cabinet de la Maison Blanche depuis le 20 janvier est Ronald (Ron) Alan Klain, ancien chef de cabinet de deux vice-présidents: Al Gore (1995-1999) et Joe Biden (2009-2011). M. Klain, cinquième membre du Lobby à devenir le chef de cabinet du président, a célébré sa bar-mitsva dans une synagogue d'Indianapolis affiliée au « judaïsme reconstructionniste ». En avril 2020, lors d'une conversation télévisée avec le rabbin Dennis Sasso, M. Klain a démontré son expertise en matière d'exégèse biblique en comparant l'épidémie de Covid-19 à la dixième plaie d'Égypte, lorsque « il y eut de grandes lamentations en Égypte, car il n'y avait pas une maison où il n'y avait pas un mort » [29]. Et « les Israélites (...) firent donner par les Égyptiens des objets d'argent et d'or et des vêtements. (...) Ils dépouillèrent donc les Égyptiens » [30].
* * *
Celui qui veut retracer les origines historiques de la « supersecte » américaine, doit remonter à la naissance de la loge maçonnique initialement appelée Bundesbrüder,qui a été fondée le 13 octobre 1843 au café d'Aaron Sinsheimer à Wall Street, New York, par douze Juifs d'Allemagne. Le groupe, qui prend bientôt le nom d'Independent Order of B'nai B'rith, se propose, selon l'article 2 de sa charte, d'« unir les Juifs pour la promotion de leurs intérêts les plus élevés et le bien de l'humanité », le « peuple d'Israël » étant le médiateur nécessaire entre Dieu et l'humanité. En 1851, le B'nai B'rith comptait douze loges et un peu plus d'un millier d'affiliés ; mais, étant donné l'augmentation continue de la population juive américaine (un million en 1900, 5.200.000 en 1945), en septembre 1945, les membres de l'Ordre s'élevaient déjà à 160.000 hommes et plus de 70.000 femmes. Ayant entre-temps acquis le caractère d'une véritable organisation internationale, le B'nai B'rith peut compter sur un réseau mondial de 250.000 affiliés et se servir des activités de l'Anti-Defamation League of B'nai B'rith, qu'il a fondée en octobre 1913.
L'ADL, dont le siège est à New York et qui compte actuellement une trentaine de branches aux États-Unis, ainsi que quelques bureaux à l'étranger, ne fait pas mystère de ses activités d'espionnage. Abraham (Abe) H. Foxman [31], directeur national de l'ADL, a explicitement déclaré: « Notre mission est de surveiller et de détecter ceux qui sont antijuifs, racistes, antidémocratiques (...). Comme les organisations extrémistes sont enclines au secret, l'ADL ne peut parfois apprendre leurs activités qu'en utilisant des moyens secrets » [32]. Bien entendu, le procès intenté en 1993 contre l'ADL par douze groupes de défense des droits civils, dirigés par l'American-Arab Anti-Discrimination Committee et la National Lawyers Guild, n'a pas servi à grand-chose. (En ce qui concerne l'influence de l'ADL en Italie en particulier, il convient de rappeler qu'en août 1994, le chef du gouvernement, Silvio Berlusconi, a été contraint de présenter ses excuses à Abe Foxman pour une déclaration du ministre du travail, Clemente Mastella, qui avait insinué que la chute de la lire sur le marché international avait été provoquée par le lobby juif américain. Devenu ministre de la justice dans le gouvernement Prodi (2006-2008), Mastella a expié sa culpabilité en présentant un projet de loi visant à punir les « idées antisémites » et en finançant un programme international d'éducation sur l'Holocauste.
De retour au B'nai B'rith, il s'installe en septembre 1957 dans son nouveau siège à Washington, DC, qui est inauguré par le président Richard Nixon. « Depuis lors, les différents présidents américains, les plus hautes personnalités de l'Etat et de nombreux chefs d'Etat étrangers n'ont cessé de suivre et de soutenir l'Ordre du B'nai B'rith (...) Les campagnes présidentielles passent désormais inévitablement par les assemblées du B'nai B'rith, où les candidats, tant démocrates que républicains, viennent apporter leurs messages de soutien à Israël (accusant toujours leurs adversaires de tiédeur envers la cause sioniste) (...). En 1963 (...) l'invité d'honneur était le président John Kennedy. (...) Quelques mois plus tard, c'était le tour du nouveau président Lyndon Johnson » [33]. L'Ordre entretenait de très bonnes relations avec les sionistes.
L'Ordre a entretenu d'excellentes relations avec tous les présidents américains, exhortant chacun d'entre eux à engager les énergies du pays dans la défense du régime sioniste et de ses intérêts au Proche et au Moyen-Orient. Immédiatement après l'élection de Donald Trump, le président Gary P. Saltzman et le vice-président exécutif Daniel S. Mariaschin ont envoyé le message suivant au président nouvellement élu: « Le B'nai B'rith applaudit votre engagement déclaré en faveur de la sécurité d'Israël et votre engagement à faire tout ce qui est en votre pouvoir pour empêcher l'Iran d'obtenir une arme nucléaire. Nous reconnaissons que le leadership américain - et le partenariat crucial de l'Amérique avec son allié démocratique Israël - sont essentiels à notre objectif commun d'un Moyen-Orient pacifique et stable. Nous sommes donc grandement rassurés de savoir qu'Israël, la seule démocratie du Moyen-Orient, un pays qui a combattu le terrorisme et l'agression depuis son indépendance, aura un allié fidèle en la personne du président des Etats-Unis » [34]. Nous sommes également rassurés de savoir qu'Israël est la seule démocratie du Moyen-Orient, un pays qui a combattu le terrorisme et l'agression depuis son indépendance.
Le message envoyé par le président et le vice-président de l'Ordre au président nouvellement élu, Joe Biden, n'est pas très différent sur le fond: « Le moment est venu pour la nation de resserrer ses rangs, unie dans la guérison et unie face aux défis les plus graves. En tant qu'organisation humanitaire juive mondiale, nous nous concentrons sur les droits de l'homme, sur la sécurité et la défense d'Israël et du peuple juif, sur les questions touchant les anciens, la tolérance et la diversité. Nous nous réjouissons de travailler avec la nouvelle administration et le Congrès sur des questions cruciales pour les États-Unis et Israël. » [35].
NOTES
[1] François Thual, Géopolitique de l’Orthodoxie, Dunod, Paris 1993. Trad. it. La geopolitica dell’Ortodossia, SEB, Milano 1995. Di Thual si veda inoltre: Il mondo fatto a pezzi, Edizioni all’insegna del Veltro, Parma 2008.
[2] Géopolitique du Chiisme, Arléa, Paris 1995; Géopolitique du Bouddhisme, Éditions des Syrtes, Genève 2002; Géopolitique des religions. Le Dieu fragmenté, Ellipses, Paris 2004.
[3] “Eurasia”, a. XI, n. 3.
[4] “Eurasia”, a. IX, n. 4.
[5] “Eurasia”, a. XI, n. 4.
[6] “Eurasia”, a. XII, n. 3.
[7] “Eurasia”, a. XIII, n. 3.
[8] “Eurasia”, a. XVI, n. 1.
[9] “Eurasia”, a. XVIII, n. 2.
[10] Massimo Introvigne, Le sètte cristiane. Dai Testimoni di Geova al Reverendo Moon, Oscar Mondadori, Milano 1990, p. 19.
[11] David Margules, président du Chabad Lubavitch au Delaware, a déclaré à proposdeBiden : “He has developed the reputation for being a strong supporter of Israel”.
[12] John J. Mearsheimer – Stephen M. Walt, La Israel lobby e la politica estera americana, Mondadori, Milano 2007, p. 14.
[13] Dulatin tardif laubia, qui est à l’origine du terme italien loggia.
[14] D’après une étude publiée par la démographe Ira Sheskin et parle sociologue Arnold Dashefsky en 2015 la population juive aux Etats-Unis serait de 6.829.930 individus.
[15] D’après les données fournies par la ‘’Berman Jewish Data Bank’’, en 2018 la population juive de l’Etat totalisait 6.960.000 individus.
[16] Jean Meynaud, Les groupes de pression internationaux, Études de Science politique, Lausanne 1961, pp. 95.
[17] John Mearsheimer – Stephen Walt, La lobby israeliana e la politica estera degli Stati Uniti, in: AA. VV., Lobby israeliana e politica statunitense, Effepi, Genova 2007, p. 18.
[18] Jeffrey Blankfort, L’influenza di Israele e della sua lobby in America sulla politica americana in Medio Oriente, in AA. VV., Lobby israeliana e politica statunitense, cit., pp. 68-69.
[19] John J. Mearsheimer – Stephen M. Walt, La Israel lobby e la politica estera americana, cit., pp. 164-165. Cfr. Marco Zenesini, Ritorni: il sionismo cristiano, “Eurasia”, 2/2021, pp. 123-127.
[20] Ce nom dérive du terme anglais dispensation, qui, dans la version autorisée de la Bible du Roi Jacques traduit le terme οἰϰονομία, “administration’’. L’apôtre, en fait, ‘’administre’’ l’annonce faite dans l’Evangile et ‘’dispense’’ la Grâce.
[21] John J. Mearsheimer – Stephen M. Walt, La Israel lobby e la politica estera americana, cit., p. 165.
[22] Il est difficile, sinon impossible, de soutenir que lers Juifsactuels, auxquels les thèses sionistes attribuebt un ‘’droit au retour’’en Palestine, descendent desHébreuxdes douze tribus, parce qu’à l’ethnogénèse juive d’autres éléments ethniques de provenances très diverses ont contribués, car acquises via le prosélytisme. Sur ce thème, je renvoie à mon essai Chi sono gli antenati degli Ebrei?, “Eurasia” 2/2009, republié sous le titre de Gli Ebrei sono semiti? en appendice à: Goffredo Coppola, Trenta danari, Edizioni all’insegna del Veltro, Parma 2020.
[23] Nathan Posner, Biden’s Jewish Leadership, atlantajewishtimes.timesofisrael.com
[24] Alison Weir, L’ex vice consigliere per la sicurezza nazionale Tony Blinken rivela come Obama e Biden hanno contribuito al massacro israeliano di Gaza nel 2014, bocchescucite.org, 4 luglio 2020.
[25] Ibidem.
[26] Ecco le donne più potenti del mondo secondo Forbes, www.liberoquotidiano.it, 29 maggio 2014.
Claudio Mutti
Ex : https://www.eurasia-rivista.com/
Dante Alighieri: une nouvelle victime de la cancel culture
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- Catégorie : Littérature
Le 21 mai 1265, Dante Alighieri naquit en Italie, mais en Occident, cette date n'est plus célébrée.
Aujourd'hui, ce serait tout simplement dangereux de la célébrer. Comment cela se fait-il, me direz-vous? Dante est le symbole de la poésie occidentale, un classique mondialement connu. C'est vrai. Mais ce génie médiéval italien n'a pas non plus été épargné par la guillotine du politiquement correct.
Lorsque la Divine Comédie est tombée entre les mains de défenseurs des droits de l'homme, de libéraux et de mondialistes enragés, ils ont jugé l'œuvre de Dante ‘’politiquement incorrecte’’. Et c'est tout. Pas de Dante. Il est devenu une autre victime de la nouvelle culture politique. Désormais, ses œuvres ne peuvent être imprimées qu'avec des coupures et avec la mention que leur contenu est non politiquement correct.
Techniquement, Dante a fait placer le fondateur de l'Islam dans une partie pas très agréable de l'espace sacré. Et les libéraux, qui ne se soucient généralement pas de l'Islam, ni d'aucune religion traditionnelle d'ailleurs, ont soudainement décidé qu'une telle lecture pourrait avoir un effet négatif sur le psychisme des migrants originaires de pays islamiques. Et qu'ils doivent en être protégés afin de ne pas provoquer des accès d'agressivité imprévisibles.
Cela semble absurde, mais dans notre monde, presque tout semble absurde. Il est temps de s'y habituer.
Ici, tous les protagonistes de cette censure sont dans la position de l’idiot complet :
- Les censeurs eux-mêmes (tout d'abord, on peut imaginer le vieux Soros accompagné de la petite Greta Thunberg feuilletantLa Divine Comédie, soulignant les endroits suspects) ;
- et les Européens, qui doivent maintenant se repentir non seulement du colonialisme et du meurtre du junkie Floyd, mais aussi de Dante ;
- et les musulmans eux-mêmes, qui semblent si faibles d'esprit qu'ils sont incapables d'apprécier la distance qui sépare le Moyen Âge chrétien de l'Europe moderne, et prennent tout au pied de la lettre et réagissent immédiatement de manière brutale - comme des maniaques incontrôlables.
Mais il est clair que la localisation de Mahomet dans l’œuvre de Dante n'est qu'une excuse. Dante est l'encyclopédie du Moyen Âge européen, le grand monument de la théologie, de la philosophie, de la poésie, de la culture. Dante est l'apogée de l'esprit chrétien de l'Europe occidentale du moyen-âge, le chantre solennel de l'Empire, de la religion et de l'amour chevaleresque. De nombreuses générations d'Européens se sont inspirées de Dante pour former leur personnalité. Selon les modèles posés par Dante, les héros de l’Europe ont construit leur destin et leur vie.Fideli d'amore - Fidèles d'Amour. Dante a exprimé les idéaux de cette société courtisane chevaleresque de l'élite aristocratique chrétienne.
C'est pour cela que Dante est exécuté aujourd'hui. Il est le porteur d'une autre Europe - une Europe de l'esprit et de l'idée, de la foi et de l'honneur, du service et du grand Amour. Les gouvernants modernes de l'Europe détestent tout cela farouchement. C'est pourquoi ils interdisent Dante, le retirent des programmes d'enseignement, l'accusent de manquer de tolérance et le soumettent à la honte.
L'Europe détruit ses fondations, érode ses piédestaux, jette hors de leurs tombes les reliques impérissables des génies.
Nous ne devons en aucun cas nous engager dans cette voie. Il s'agit de protéger non seulement nos génies russes, mais aussi les grands penseurs, artistes et poètes d'Europe. La Russie n'a jamais été un pays européen, mais nous avons toujours été capables d'apprécier la grandeur européenne - la pensée, l'art et le génie. Même si les Européens ne nous comprenaient pas, nous les comprenions. Et nous avons respecté ce qui était admirable chez eux. Aujourd'hui, alors que les Européens jettent le grand Dante à la poubelle de leur civilisation effondrée, il est grand temps de l'élever et de l’inscrire sur notre bannière.
Dante est à nous. Nous le connaissons, l'honorons, le lisons, l'enseignons et le comprenons. Sans le vouloir, la Russie se retrouve dans le rôle de gardien et de protecteur des valeurs européennes, mais des valeurs, et non des résultats de la décadence européenne, de la décadence et de la dégénérescence. Le libéralisme et la mondialisation ne sont pas encore le lot de toute l'Europe. De plus, c'est l'Anti-Europe. Par conséquent, en les adoptant, l’Europe renonce à ses racines. Nous n'abandonnons pas les nôtres. Et les génies européens sont proches de nous.
L'amor che move il sole e l'altre stelle
Nous devons être des Fidèles d'Amour.
Et si l'Amour s'épuise, qu'est-ce qui fera bouger le soleil et les étoiles ?
Alexandre Douguine
Ex : https://katehon.com/ru/article/dante-aligeri-novaya-zhert...
EDITORIAL - TP MAG N°87 (DEUTSCH VERSION)
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- Catégorie : Terre et Peuple Magazine n°87 - Printemps 2021
FREIHEIT
Die Demonstration zur Unterstützung der Bewegung Génération Identitaire hat bewiesen, daß es doch noch eine Solidaritätsfront gibt gegen die von Innenminister Darmanin losgetretene hirnrissige Hexenjagd.
Eine Solidaritätsfront, der wir uns selbstverständlich ohne Vorbehalt anschließen. Darmanin, und die Leute, die ihn fernsteuern, bilden sich womöglich ein, die identitären Aktivisten demotivieren zu können. Sie werden rasch eines besseren belehrt werden….
Man entdeckt die Begründetheit und die Notwendigkeit der Grenzen, um sich gegen die Ausbreitung des Coronavirus zu schützen. Doch die Ausbreitung einer grenzenlosen Invasion durch Menschen, die unsere eigene Identität zu respektieren weder imstande noch willens sind, ist weitaus gefährlicher. Zumal sie von allen Kräften der anti-France (sprich:Frankreichfeinde) aktiv gefördert wird.
Als ich gegen Ende des vergangenen Jahrhunderts das Wort identitär vorschlug, um das zu definieren, was wir eigentlich sind, ahnte ich noch nicht, daß dieses Wort so schnell und so umfassend gebraucht werden würde. Heute zeigen alle Meinungsumfragen, daß die Stammesfranzosen (nicht die Papier-Franzosen!) sich mehrheitlich in diesem Wort wiedererkennen und seine Bedeutung gutheißen. Ein Hoffnungsschimmer in dieser finsteren Zeit….
Das Phänomen Covid wird heimtückisch vom System benutzt, um die Gallier (und die anderen Europäer) immer mehr daran zu gewöhnen, sich absurden, stumpfsinnigen, kastrierenden Maßnahmen zu unterziehen. Ein genialer Trick der Diktatur, die sich breitmacht: Die braven Leute davon überzeugen, sie müssen – zu ihrem eigenen Wohl natürlich – den Halsband dringend verlangen, den man ihnen um den Nacken schnürt. Damit sie dann in den Genuß einer glücklichen Seelenruhe gelangen können, in der der Freßnapf reichlich gefüllt wird (Mac Do oder Burger King sei dank) und in der man sich schwachsinnige Fernsehfeuilletons angucken kann, in denen die multirassischen Figuren eine Hymne an die «Mannigfaltigkeit» sein sollen. Schlafen Sie, Ihr braven Leute, und träumen Sie sacht! Man denkt, ja man entscheidet für Sie! Keine Verantwortung übernehmen zu müssen, ist das nicht ein Ausbund von Glück ?
Heißt das, wir sollten verzagen? Das wäre eine große Dummheit, wie es schon Charles Maurras ausdrückte. Denn es gibt in unseren europäischen Völkern noch Frauen und Männer, die frei leben wollen. Die sind die Erben der Griechen, der Römer, der Kelten, der Germanen und Skandinavier, der Slawen, die damals für die Freiheit sterben konnten, als die Pflicht es befahl. Denn die Freiheit war schon immer das Grundprinzip, das Fundament, unserer Kultur und Zivilisation, während die aus dem Orient importierten Ideologien seit eh und je die Unterwerfung predigen.
Heute scharen sich die Besten unserer Blutsbrüder- und Schwestern, bereit, in den Widerstand zu treten. Es handelt sich in den meisten Fällen um einen passiven Widerstand. Vorerst…. Denn unter den Globalisten, die - wie lange noch? - an den Schalthebeln der Macht sitzen, wissen doch diejenigen, die noch etwas Einsicht haben, daß sie auf einem Vulkan schlafen, dessen Ausbruch für sie die Zeit der Apokalypse einläuten wird.
Pierre Vial
I-Média n°342 – Audrey Pulvar : la haine des blancs au programme
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Conseils de lecture de la librairie " Les Deux Cités"
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- Catégorie : GUERRE CULTURELLE
Nos amis de la Librairie Les Deux Cités présentent
en fin de vidéo le
numéro 87 de Terre & Peuple Magazine.
- L’ancien Futhark dans la Tradition primordiale
- WALT DISNEY veut rééduquer LES BLANCS. L'épuration culturelle continue.
- In Memoriam: Sébastien DEYZIEU
- Le bal des cocus, souvenirs des années Mitterrand
- Une date, un évènement: Mai 148O, il était une croix par P. Vial
- Symbolique des fêtes de Mai : l'arbre de Mai
- Charles Maurras, le littéraire, le classique, au-delà de la politique !
- Quand Nietzsche évoquait Napoléon
- Il n’y avait pas un bon et un mauvais Céline : il y avait Céline, un point c’est tout!
- Mémorisation du Futhark PAR HALFDAN REKKIRSSON - 4.
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