A LA SOURCE DU GÉNIE EUROPÉEN : L'HELLÉNISME
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- Catégorie : HISTOIRE
« La connaissance des phénomènes célestes a été perfectionnée par les Grecs à la suite des premières observations faites par les Barbares à Babylone. La géométrie, née de la géodésie en Egypte, a fait les immenses progrès que nous voyons. Ce sont encore les Grecs qui ont élevé l'arithmétique, inventée par les marchands phéniciens, à la dignité de la science. Les Grecs, enfin, unissant ces trois disciplines en une seule, appliquent la géométrie à l'astronomie, combinent l'arithmétique avec ces deux-ci, et révèlent les rapports harmonieux qu'elles soutiennent mutuellement. »
Sources : L’Empereur Julien, œuvres complètes, Ed. par Talbot, Paris, 1863.
« La Grèce a fondé, dans toute l'étendue du terme, l'humanisme rationnel et progressif. Notre science, notre art, notre littérature, notre philosophie, notre morale, notre politique, notre stratégie, notre diplomatie, notre droit maritime et international sont grecs d'origine. Le cadre de la culture humaine créé par la Grèce est susceptible d'être indéfiniment élargi, mais il est complet dans ses parties. Le progrès consistera éternellement à développer ce que la Grèce a conçu, à remplir les desseins qu'elle a, si l'on peut s'exprimer ainsi, excellemment échantillonnés. »
Sources : Ernest Renan, Histoire du peuple d’Israël, T1.
Le numéro 84 de TERRE & PEUPLE Magazine est paru !
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- Catégorie : Terre et Peuple Magazine n°84 - Été 2020
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LE MYTHE VIKING ET LA NORMANDIE: Jean Mabire
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- Catégorie : Régions d'Europe
Quand on veut s'imaginer la personnalité du pays normand, avant de penser à Corneille, à Gustave Flaubert ou même à Guillaume le Conquérant, la plupart des Normands (et encore plus les « Français de l'extérieur » - les « horsains » comme on dit ici) pensent à un pays fondé par les « hommes du Nord », les Vikings, et a leurs bateaux (improprement appelés « drakkars »), et naturellement les ancêtres des Normands sont venus de Norvège (même si le plus gros des Vikings installés en Normandie venait du Danemark ...).
En Normandie, cette conscience au « premier degré » est commune. (...) C'est cela un mythe: une origine quasi-fabuleuse, des ancêtres lointains, réels ou supposés qui cimentent une communauté de destin. Bien plus, il n'y aurait eu que 5000 colons Scandinaves au milieu d'une population autochtone de plus de 100 000 Neustriens, qu'importe ... que les Normands descendent des Gaulois ou des Vikings. C'est la conscience de ce mythe qui fait la Normandie. Un mythe s'oppose quelquefois à la science ou à l'histoire, jamais complètement toutefois. Il part d'un fait historique réel qui s'idéalise à travers les générations ou qui s'enracine à une « période basse » de l'histoire d'un pays.
Le folklore normand du XIXème siècle est moribond: il est essentiel qu'il survive ou plutôt qu'il revive, mais cette survie est loin d'être évidente. En ce qui concerne la langue, le normand est encore bien plus menacé que le breton; il est probable qu'il aura quasiment disparu dans une génération. Quant au mythe viking, c'est en Normandie la valeur la plus éternelle. Dans une époque où chacun recherche des racines et où règne l'attrait pour le fantastique ou le merveilleux, un tel mythe hors du commun ne peut que fasciner.
Tout mythe national s'enracine dans l'Histoire pour la transfigurer et susciter une véritable « relance » d'un sentiment qui se transforme à son tour en événement. L'avenir s'enchaîne sur le passé. Il en privilégie certains aspects et donne un éclairage qui devient parfois contrainte, exaltant et réduisant tour à tour. Le mythe devient fait.
Ainsi, ce qu'on nommera un jour l'idée nordique est-elle devenue, au fil des ans, inséparable de la réalité normande. Elle a peu à peu conquis le régionalisme jusqu'à s'identifier avec lui. L'originalité fondatrice de la Normandie se réclame d'abord de la source Scandinave.
JEAN MABIRE
Sources : ARTUS N°2-1980
Terre & Peuple magazine N° 83: Compte rendu de lecture de nos amis de Renaissance Européenne
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- Catégorie : Terre et Peuple Magazine n°83 - Printemps 2020
Dans son éditorial qu'il intitule « La Peste » Pierre Vial rapproche, en bon médiéviste, la pandémie actuelle, faillite du modèle jacobin et du mondialisme, de l'impuissance du monde du XlVe siècle face à la peste, colère de Dieu. Le retour du réel et la conscience de notre vulnérabilité suscite de salutaires remises en cause. Les responsables étaient au courant et n'ont pas pris à temps les mesures appropriées. Il s'agira de faire rendre des comptes, notamment à l’ex-ministre de la santé Agnès Buzyn, qui fait d'ores et déjà l'objet d'une plainte introduite par un collectif de médecins. La crise marque la fin d'un monde, celui de l'optimisme consumériste béat, celui de la démesure de l'utopie progressiste. Pierre Vial situe notre combat au départ de l'ouvrage de Guillaume Faye « Pourquoi nous combattons », qu'il convient de compléter par les 82 numéros parus de la revue « Terre & Peuple Magazine ». Il souligne que celle-ci n'a pas, dans le combat des idées, de prétentions intellectuelles qu'elle laisse à un éventail déjà bien fourni de spécialistes. Elle vise simplement à procurer des munitions idéologiques aux combattants qui, dans les villes et villages envahis, sont confrontés quotidiennement aux réalités d'une guerre sainte. Elle veut dans l'Age sombre proposer une voie de lumière, un élan de spiritualité. Au besoin des Amis de se regrouper, elle présente Terre et Peuple comme une communauté de travail, de combat et de foi (les trois fonctions des Indo-Européens). Mais elle a impérativement besoin d'être d'une solidité à toute épreuve.
Pierre Vial encore définit le racialisme comme le constat que l'être humain est façonné à la fois par la nature et par la culture. Il en découle le droit pour chaque peuple comme pour chaque individu d'affirmer et de défendre son identité. Ce qui est en contradiction avec le racisme, qui prétend établir une seule échelle pour toute l'humanité, avec des premiers et des derniers de classe, ce qui est absurde. Il prend ses références chez Ernest Renan, Georges Montandon et Alexis Carrel, qui écrivait : « II faut abandonner l'idée dangereuse de restreindre les forts, d'élever les faibles et de faire ainsi pulluler les médiocres. » Sans oublier Jean Rostand, ni Nicolas Lahovary et son livre « Les peuples européens ».
Jean Haudry signale la déconfiture du dogme de l'origine africaine de l'humanité, qui reposait sur la découverte, en 1974 en Ethiopie, du squelette de l'australopithèque Lucy. Il a été daté de 3,18 millions d'années. La paléontologue Madelaine Böhme, de l'université de Tübingen, a découvert récemment dans une commune de l’Ostallgau, en Bavière, le squelette d'un primate, qui peut être considéré comme l'ancêtre commun de l'homme et du singe et qui remonte à 11,6 millions d'années.
Bogdan le Sarmate livre un aperçu de la genèse de la raciologie à une époque à dominante mondialiste, où prononcer le mot tabou de race éveille la suspicion, la délation et la répression. Sa suppression de la Constitution française est comme une dernière sommation et, confrontés à cet antifascisme d'Etat, les chercheurs le délaissent au profit de type humain ou d’origines géographiques. Les Européens de l'est manifestent une certaine réaction immunitaire de leur communauté d'affinités sociales. Les affinités comportementales et psychiques entrent dans la définition avant les propriétés biologiques. (Une volonté de survie raciale émerge depuis l'ère préhistorique. Les premières civilisations pratiquent une ethno-différenciation de plus en plus sophistiquée. Bien avant l'Ancien Testament, l'Egypte pharaonique dresse un inventaire sur des critères morphologiques : les Noirs et les Berbères sont distincts. Cette ethnicité suscite des disputes savantes dans les universités occidentales. La pensée raciologique s'ordonne au départ de quatre mastodontes : Vacher de Lapouge, Arthur de Gobineau, Madison Grant et Houston Stewart Chamberlain. Sans oublier l'illustre naturaliste suédois Cari von Linné (1707-1778), qui apporte déjà une classification interne à l'homo sapiens : Africanus, Americanus, Asiaticus et Europeanus. Montesquieu introduit une théorie climatique, qui souligne que les hommes du Nord sont plus laborieux que les méridionaux (bien que les colons nordiques de l'Afrique restent créatifs et que ni les Inuits ni les Yakoutes ne soient notablement effervescents). L'essor vertigineux des sciences et des techniques allait imposer une suprématie des Européens qui paraissait alors pérenne. A Arthur de Gobineau, leur décadence paraissait déjà inévitable : les Sumériens, les Egyptiens, les Perses, les Grecs, les Romains se sont dilués dans les alluvions du métissage. Dans son Essai sur l'inégalité des races, les Blancs sont les plus entreprenants et la sémitisation est synonyme de déclassement. Si certains de ses arguments sont aujourd'hui infirmés (les Slaves ne sont pas un ramassis d'Eurasiens et sa dévaluation des Asiatiques est tendancieuse), sa réflexion conserve un intérêt central. Pour Chamberlain et Grant, leur engouement nordiciste les pousse à certaines contre-vérités, qui ne devraient pas dévaloriser leur analyse générale, notamment l'étiolement que provoque le métissage et l'importance de l'eugénisme.
Alain Cagnat chante la geste des guerriers héroïques d'un grand peuple, les Kurdes. A la trace, il en remonte le filon indo-européen jusqu'aux Mèdes. Leur teint clair, leurs cheveux dorés et leur regard transparent achèvent de nous persuader qu'ils sont bien de nos cousins. Leur langue est plus apparentée au breton qu'au turc. Représenté par un triangle dans l'écriture cunéiforme, le mot KUR signifie « montagne ». Les Assyriens les appelaient Kardou et les Arméniens Kord. Xénophon parlait de Kardouche et Strabon de Kourtioi. Montagnards farouches, restés longtemps à l'écart des facilités urbaines, ils menaient leurs troupeaux. Leur grande fête, Newroz, à l'équinoxe de printemps, était le signal de la transhumance. Elle est symbolisée sur leur drapeau par un soleil de 21 rayons. Convertis à l'islam, ils le pratiquent avec une grande tolérance, notamment dans l'approche mystique du soufisme, dans l’alévisme ou dans le yarsanisme spécifiquement kurde. Il subsiste des fidèles du zoroastrisme. Cyaxare, roi des Mèdes, peuple d'éleveurs et de cavaliers, avait en -612 conquis l'Assyrie et fondé un grand empire qui s'étendait sur l'Iran et l’Anatolie. Mais déjà en -550, son fils Astyage est vaincu par Cyrus II, roi des Perses. Les deux empires fusionnent, mais en -331 Darius III est écrasé par Alexandre le Grand, qui se proclame « roi d'Asie ». La Médie est ravalée au rang régional d'une satrapie. Vers -240, la tribu des Parni, des Scythes (indo-européens), s'empare de la Parthie et, sous Mithridate 1er, conquiert la Médie et la Mésopotamie et fonde l'Empire parthe, qui écrasera les légions de Crassus. Mais, en 224 de notre ère, ruiné par les dissensions et par les guerres contre Rome, il est conquis par l'Empire perse. Celui-ci, centralisé à l'excès, pratique un zoroastrisme outrancier, notamment traite la femme en être inférieur. Les Kurdes, autonomistes et tolérants, ne cessent de se révolter, mais en vain. Les Perses sont si puissants que les Romains leur abandonnent l'Arménie et la Mésopotamie. Tentant de réagir, l'empereur Valérien est écrasé. Lui-même fait prisonnier est supplicié. L'Empire sassanide continuera de rayonner durant plusieurs siècles, jusqu'aux incursions des asiatiques, notamment des Huns. Avec l'Hégire, en 622, les Arabes conquièrent en un éclair le Kurdistan avec l'Iran et la Syrie. Islamisés de force, les Kurdes s'insurgent. Crucifiés par milliers, ils se réfugient dans les montagnes du Taurus. Pour renverser les Omeyades, ils s'allient aux Abbassides, ingrats qui massacrent les « Chemises blanches » kurdes, qui avaient installé à Samarcande un Etat sans islam. Dans une croisade sans espoir qui dure vingt ans, les « Chemises rouges » tuent plus d'un demi-million de musulmans. En 1071, les Turcs seldjoukides écrasent l'armée byzantine et démantèlent les principautés kurdes, qui sont fédérées en une seule province appelées enfin Kurdistan. De nombreux Kurdes abandonnent l'élevage pour le métier des armes. L'un d'eux, Saladin, se met au service des musulmans sunnites. Il conquiert l'Egypte pour le sultan Nur ed Din et, à la mort de celui-ci, se fait nommer sultan par le calife de Bagdad. Il s'illustre en arrachant Jérusalem aux croisés, mais n'accorde aucune faveur au Kurdistan. A partir de 1231, les Mongols ravagent le Kurdistan et provoquent des famines. Gengis Khan ne laisse pas âme qui vive à Bagdad. Tamerlan ravagera tout de Delhi au Caire. Il écrase les Ottomans turcophones et encage leur sultan Bajazet, mais il meurt soudain, laissant le fils de Bajazet, Mehmet 1er, fonder l'empire ottoman. Le fils de celui-ci, Mehmet II, s'empare de Constantinople en 1453. A l'est, les Safavides, des Kurdes soufis, font renaître la Perse. Ils se convertissent à un chiisme intransigeant et, en 1501, Ismaïl, qui s'est proclamé Shah de Perse, lance un djihad contre les sunnites. Le Kurdistan est déchiré entre, à l'est, l'empire perse indo-européen et chiite et, à l'ouest, l'empire ottoman turco-mongol et sunnite. Au lieu de s'en faire des alliés, Ismaïl traite les Kurdes avec rigueur et Sélim, le sultân ottoman, massacre 40.000 Kurdes chiites et met en pièces l'armée perse en 1514. A l'exception du sud-est, tout le Kurdistan est aux mains des Ottomans. Comme ils ne disposent pas des moyens de le défendre, ils en confient la charge aux Kurdes contre une parcelle d'autonomie. Comme ceux-ci se révoltent sans cesse, les Turcs rasent des centaines de villages yézidis. L'empire perse déclinant, les Afghans sunnites détruisent en 1719 sa magnifique capitale Ispahan et c'est alors le Kurde Kerim Xané Zend, qui devient shah, relève la Perse. En 1830, Mir Kor chasse les Turcs et proclame l'indépendance du Kurdistan, mais les Anglais, jouant la carte ottomane contre la Russie et la Perse, le livrent aux Ottomans. Lors de la guerre de Crimée, Ils répéteront leur traitrise en leur livrant le Kurde Yeshander, qui avait réussi à lever une armée de cent mille volontaires. Le sultan forme alors le corps des auxiliaires kurdes sous commandement turc, à qui seront confiées des basses besognes, notamment le génocide des Arméniens. Un mouvement intellectuel de liberté pro-kurde émerge à la fin du XIXe siècle, malheureusement au moment où s'impose le fanatisme des Jeunes Turcs kémalistes, panislamique et panturc. En 1914, les Kurdes, qui avaient joué la carte slave, sont dans le mauvais camp. Ces mises malheureuses vont se répéter ensuite à l’envi et aujourd'hui, Trump, qui a récupéré le pétrole irakien, n'a plus besoin des Kurdes et les a livrés à la vindicte d'Erdogan.
Pour situer son imprégnation personnelle par la spiritualité païenne, Pierre Vial exprime d'abord sa profonde aversion pour les religions du Livre qui, par leur mondialisme dogmatique, contaminent l'esprit de vie, lequel est divers et enraciné. Par bonheur, en Europe, la réaction identitaire monte partout en puissance. L'Eglise romaine avait été contrainte de prendre en considération un pagano-christianisme respectueux des rythmes de la nature, qu'il a symbolisé par la roue solaire. La spiritualité païenne se fonde sur le souci d'entretenir la relation avec la nature. Ce lien est mis en péril par la dictature de l'argent-roi, apatride et vagabond. L'auteur salue la création de mouvements de jeunesse en révolte qui, tels les Wandervögel, les Oiseaux migrateurs et E.J. cultivent la camaraderie dans l'effort déployé ensemble à travers montagnes et forêts. Tous ceux qui s'insèrent dans la conception völkisch de la vie se trouvent naturellement engagés dans le combat écologique. Est une révélation à cet égard le cas de Walter Darré, qui sera dénoncé après 1945 comme un maudit. Voir à ce sujet le livre d'Anna Bramwell « Darré, le Blut und Boden et l'écologie » (éditions du Lore 2020). Le célèbre éthologiste Konrad Lorenz, Prix Nobel de zoologie, reprendra nombre de ses idées.
Modèle lui-même de militantisme, Eugène Krampon brûle les trois cierges de notre rituel de fidélité au militant-phare qu'a été Robert Dun, de son vrai nom Maurice Martin. Comme nombre de champions de l'obéissance discipliné, celui-ci était jalousement libertaire. Entré à 14 ans aux Jeunesses Communistes, il les quitta très vite pour rallier la Fédération Anarchiste. Avec Nietzsche, il découvre comment la christianisation de l'Europe y a brisé la virilité solaire au profit de la religion droits-de-l'hommiste de saint Paul, véritable fondateur du christianisme, selon qui « il n'y a plus ni Juifs ni Grecs, ni maîtres ni esclaves, ni hommes ni femmes ». Lorsque, en 1943, Maurice Martin endosse l'uniforme maudit de la Brigade Frankreich, il précisera : « Je me suis rallié à un type humain plutôt qu'à une idéologie. Le monde guérira par la personnalité allemande ». Condamné à un an de prison, il exerce ensuite de multiples métiers, dont l'enseignement de l'allemand. Aux jeunes, il apprend à être des missionnaires du combat révolutionnaire européen et de la défense de leur identité raciale, des protecteurs des identités régionales enracinées dans l'ensemble civilisationnel de la Grande Europe Blanche, laquelle inclut la Russie. Ecologiste avant la lettre, il épouse la vision jungienne du conditionnement géographique des psychismes dans le cadre d'une psychologie des profondeurs. Il soutient le projet d'une agriculture naturelle et non-productiviste. Vis-à-vis de ses proches, il se refuse à être un gourou et recommande : « N'ayez jamais de maîtres à penser, pensez par vous-même. »
R.D. (qu'on n'hésitera pas à identifier en Robert Dragan) évoque l'affaire Matzneff. Romancier fécond et styliste de haute qualité, celui-ci avait, en 1988, décrit dans son roman Harrison Plaza sa liaison de plus d'une année avec une adolescente de 14 ans, Vanessa Springora. Celle-ci a publié, en janvier 2020, « Le Consentement », un livre où elle accuse l'écrivain de l'avoir détruite, le jour où elle a découvert que, en réalité, elle n'était aimée que pour son jeune âge et non pour sa personne. Dans son livre, elle fait ressortir la complicité du Système dans la banalisation de la pédophilie. Elle relève que, dès 1977, un grand nombre d'intellectuels de gauche ont pris la défense d'adultes inculpés. Deux pétitions successives en faveur de la dépénalisation des relations sexuelles entre adultes et mineurs sont signées par un cortège d'éminents intellectuels de gauche. A la question du pourquoi de cette ardeur à défendre des positions jugées aujourd'hui choquante, elle répond qu'il s'agissait de « lutter contre l'emprisonnement des désirs comme contre toutes les autres répressions ». Dans la foulée du mouvement « Me Too », les victimes relèvent aujourd'hui la tête. Les féministes visent large : c'est le patriarcat occidental et tous les hommes blancs qui sont dénoncés, donc personne en particulier. En tête d'un PS croupion, Raphaël Glucksman jette aujourd'hui la pierre à Matzneff, brûlant sur le bûcher ce que son nouveau philosophe de père encensait. Bouc émissaire, Matzneff est l'arbre qui cache la forêt du crime. Pendant que Polanski, prévenu aux USA pour avoir drogué une enfant de 13 ans pour la sodomiser, tourne des films en Europe où il est réfugié. Pendant que Cohn-Bendit, qui s'est vanté par écrit d'avoir provoqué des attouchements par et sur des enfants de cinq ans confiés à sa garde, reste éditorialiste radiophonique. Et que Gallimard met vertueusement fin à la publication des journaux intimes de Matzneff. Vanessa Springora est éditée par Grasset, que dirige B-H Lévy, que Matzneff évoque plusieurs fois comme un ami dans ses carnets intimes. Quel monde que ce beau monde !
Dans « l’Empire prédateur d'occident », l'essayiste helvétique Michel Bugnon-Mordant, analyse notre mal-être. Il cite Jean Delumeau (La civilisation de la Renaissance, 1984) pour rappeler que la civilisation occidentale n'a longtemps désigné que la seule Europe. Il a fallu l'action de traîtres tels que Jean Monet pour que lui soit greffé l'appendice prédateur pathologique des Etats-Unis. Au XXIe siècle, être un Occidental, c'est être attaché nolens-volens à un espace politique criminel. S'y sentent à l'aise les ploutocraties bancaires, industrielles, militaires et les oligarchies diverses, avec leurs complices et leurs obligés et les idiots utiles des partis et des organisations humanitaires, qui croient lutter contre le capitalisme prédateur tout en le servant. Il s'agit de rien moins qu'une opération de conquête mondiale, sous couvert de la religion laïque des Droits de l'Homme et avec l'encadrement d'institutions telles que l'OTAN, gigantesque organisation criminelle, du FMI, de la Banque Mondiale, de l'Union européenne, du Bilderberg, de la Trilatérale, appuyées par les médias en mains ploutocratiques. Ce projet global, jusqu'ici confidentiel, vient d'être étalé au jour par Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. Cela a la vertu de rendre ouverte la guerre sourde qui opposait jusqu'ici les Mondialistes et les Patriotes. Pour ces derniers, est sacrée la terre gorgée de sueur et de sang où reposent leurs aïeux. Les étrangers n'y sont invités que sous condition qu'ils la respectent et s'en montrent dignes. L'Etat a pour fonction de garantir son intégrité, afin que puisse y régner équité, continuité, identité et paix. Contre les Patriotes se sont armés les Mondialistes, qui ne tolèrent plus des états protecteurs. Maîtrisant les techniques de manipulation des masses, ils entraînent celles-ci dans la soumission. Universaliste, la Révolution française a d'emblée supprimé les corporations de métiers, avec les libertés qu'elles avaient obtenues de l'aristocratie éclairée. Ses assemblées réunirent bientôt un essaim de riches propriétaires, banquiers et industriels, profiteurs enrichis qui confisquèrent le pouvoir. Ceux qui n'y avaient pas accès constituèrent les futurs prolétaires et les massacrés des grandes guerres liquidatrices des bouches inutiles et des classes dangereuses. En ce début du XXIe siècle, police et armée sont payées pour n'avoir pas d'état d'âme au moment où le plus gros reste à faire : abattre les frontières, métisser les peuples et effacer genres et préjugés. Madame von der Leyen annonce que le droit international cède désormais la place, comme les droits nationaux, au droit globalisé, lequel permet de juger et condamner quiconque rejette l'ordre nouveau, fût-il chef d'état. Toute ingérence de l'OTAN sera légitimée et toute parole critique sera sanctionnée. Chaque individu pourra s'installer où il l'entend et s'y comporter selon ses mœurs. La violence explosera sous le regard amusé des oligarques. Les classes moyennes et populaires seront les victimes prééminentes. Elles auraient tort d'attendre de leurs compatriotes aux commandes qu'ils les épargnent : étant du monde, ils sont de partout, mais de nulle part.
Pierre Vial poursuit son analyse magistrale du modèle identitaire juif. A partir de 1925, la quatrième alyah fait passer, en 18 mois, le nombre des colons juifs de la Palestine de 93.000 à 141.000, grâce à des apports pour 50% polonais et 20% russes. 83% des nouveaux arrivés s'installent en ville. Tel Aviv, qui accueille 65% de ces immigrés, est peuplée exclusivement de juifs. Avec la crise de 1926, 15.000 de ces citadins quittent déjà le pays. La population juive de Jérusalem est passée, entre 1921 et 1931, de 34.000 à 51.000. Chargée de « reprendre la flamme de l'esprit hébreu », l’Université hébraïque attire pas mal d'intellectuels. Le port de Haïfa et ses industries accueille nombre d'immigrants, mais, pour la plupart, l'idéal est la terre et sa valeur symbolique. Nombre de jeunes pionniers s'installent dans les moshavim et les kibboutsim, des fermes collectives. D'autres s'organisent en communautés de travailleurs et se font embaucher dans l'industrie ou la construction. Entre 1929 et 1939, la colonisation juive de la Palestine se développe énormément grâce à la fois à la percée des nationaux-socialistes en Allemagne et à la révolte arabe en Palestine. La cinquième alyah fait passer, entre 1931 et 1939, le nombre des juifs en Palestine de 175.000 à 475.000, soit le tiers de l'ensemble de la population. Le pays leur paraît le seul refuge au monde, au moment où ils se sentent menacés en Allemagne, où l'URSS leur interdit de partir, où la Pologne et la Roumanie sont activement antisémites, où de nombreux pays occidentaux y compris les USA, l'Afrique du Sud et l'Australie, ferment leurs portes ou limitent fortement leur accès. De 4% du total de la migration juive, la Palestine en absorbe désormais plus de la moitié. Lors de la révolte arabe, ce sont pour l'essentiel des militants de mouvements de jeunesse. De 1936 à 1939, ce sont des familles bourgeoises. Un bureau central d'installation des Juifs d'Allemagne passe alors un accord avec le gouvernement allemand pour que les juifs puissent échanger une partie de leur fortune contre des machines, des produits manufacturés, des matières premières, ce qui permettra aux Juifs de Palestine de monter des entreprises de pointe. Médecins et intellectuels fournissent des cadres aux hôpitaux et universités. Dans l'agriculture, les nouveaux venus permettent de fonder les grands complexes modèles. La défense contre les troubles provoqués par les arabes impose de créer des villages dans les zones stratégiques, pour empêcher les infiltrations, tenir les points stratégiques et créer un bloc continu d'agglomérations juives tout en divisant les régions arabes dans la perspective d'un partage territorial. Pour joindre les parties nord et sud de la plaine côtière, 140 opérations surprises seront montées en une seule journée. La nécessité d'une force armée organisée devenait alors de plus en plus évidente. Une première organisation d'auto-défense, le Ha-Sho-mer, remonte à 1908. Pour passer inaperçus, ses membres, qui fondèrent leurs propres kiboutsim, s'habillaient comme les Palestiniens. Les Anglais, s'emparant de la Palestine en 1917, étaient sensés assurer la sécurité de ses habitants, mais ils n'en faisaient rien. Après la chute de Tel Haï, en 1920, la Fédération sioniste autorisa Zé'ev Jabotinsky à former une Force de défense juive, la Haganah, que celui-ci voyait comme un bataillon intégré à l'armée anglaise. Mais Ben Gourion voulait une milice armée autonome et la Haganah se procure alors clandestinement des armes et organise l'entraînement de ses forces dans des associations sportives. En 1929, des attaques simultanées de colonies juives sont déclenchées dans toute la Palestine et des massacres ont lieu, les Anglais s'attachant alors à limiter la liberté d'action des sionistes. La Haganah, désormais subordonnée au seul Yishouv, l'organisation sioniste, voit naître une dissension en son sein actionnée par la Histadrout, qui défend les droits syndicaux des salariés juifs. Il en résultera la sécession de l'organisation militaire nationale Etzel (Irgoun Tsvaï Léoumï). Quand éclate la grande révolte arabe de 1936-1939 contre tant les Anglais que les Juifs, ils joignent leurs forces et des volontaires de la Haganah sont intégrés à la police. Leurs escouades de nuit organisent des coups de main. La Haganah, qui entre-temps s'est dotée du Shai, service secret très efficace, et du Ta'as, comptait en 1937 25.000 miliciens et miliciennes.
Grégoire Gambier recommande l'édition Flammarion de poche (242 pages 7 euros) du livre du géographe Christophe Guilluy « No Society - La fin de la classe moyenne occidentale », augmentée d'un avant-propos sur le phénomène des Gilets jaunes. Il y ouvre une perspective de victoire au Bloc populaire, qui rejette la rigueur du libéralisme tatchérien, avec sa liberté individuelle obligatoire, ferment de la « trahison des élites ». Il relève la révolte d'une fraction croissante d'entre elles, qui réagit à la prolétarisation systématique des classes moyennes occidentales. Comment refaire une société populaire ? C'est la question que pose Guilluy dans « La France périphérique » (2014) et dans « Le crépuscule de la France d'en haut » (2016). Celle-ci a su écarter, économiquement puis socialement, le peuple souverain, en utilisant à son profit le Lumpenproletariat immigré. Tout en se préservant de ses effet négatifs (ghettos, effondrement du système éducatif, criminalité) et en l'utilisant, pour délégitimer les revendications sociales des autochtones et pour écraser dans l'œuf toute velléité de révolte de leur part. Guilluy dénonce le repli dans ses citadelles d'une bourgeoisie asociale, décidée à jouir sans contrainte des bienfaits de la mondialisation, en pariant notamment sur l'intelligence artificielle. Le socle populaire autochtone, encore majoritaire (60% ?), se pense comme réfèrent culturel, sédentaire, adhérent de moins en moins à la société ouverte (Michel Onfray « La grandeur du petit peuple », Albin Michel 2020). Les classes dominantes, dépendantes du système bancaire mondialisé, cherchent dans une fuite en avant économique surtout à gagner du temps, en freinant les effets du vent qui tourne. Guilluy, optimiste et volontariste, y voit la fin du « magistère des prétentieux ». L'heure est au développement durable, à la relocalisation sous les contraintes économique, écologiques, sociales, à la réconciliation des anywhere avec les somewhere. Le populisme doit encore se trouver une élite.
Pierre Vial, orienté sur le même azimut que Jean-Gilles Malliarakis avec son livre « Ni trusts ni soviets » (1985) et son Mouvement nationaliste révolutionnaire (MNR), dissèque le thème de la Troisième Voie, auquel la Nouvelle Droite avait consacré son XVIIIe Colloque, en 1984. Depuis longtemps déjà, il existait un courant de pensée qui récusait tant le libéralisme que le marxisme. Avant 1914, aux Cercles Proudhon, les anciens militants du socialisme révolutionnaire côtoyaient les royalistes. Dans « Qu'est-ce que le fascisme ? », Maurice Bardèche remarque que les néofascismes recherchent toujours une troisième voie entre capitalisme et marxisme. Dans « Pensées corsaires », Gabriele Adinolfi rappelle que le corporatisme fasciste visait, comme le justicialisme péroniste, la prééminence du travail sur le capital. A présent, il s'agit d'opposer à la déferlante de l'indifférencié et au règne de l'argent la solidarité verticale de la nation et la solidarité horizontale du service social. C'est cette même orientation qui se retrouve à Casa Pound, chez Robert Steuckers, dans le mouvement national révolutionnaire allemand Der Dritte Weg, chez Georges Feltin-Tracol qui, avec « Pour la troisième voie solidariste » nous découvre les auteurs qui ont donné son contenu à la notion de troisième voie. Notamment Hyacinthe Dubreuil (1883-1971), qui opposa au monstrueux taylorisme déshumanisant la participation pécuniaire, intellectuelle et morale des travailleurs dans des entreprises organiques. Sa méthode a été pratiquée avec succès dans les usines Arthur Martin et Bata-France, qui employaient chacune plus de deux mille travailleurs. Autre auteur marquant de la troisième voie, Pierre-Joseph Proudhon (1808-1865), dont se réclame aujourd'hui Michel Onfray. Il est l'apôtre du mutuellisme et du travail bien fait dans un tissu social serré, qui n'est plus déchiré par l’individualisme, l’industrialisation et la voracité du capitalisme. Pierre Vial n'oublie pas le gaullisme de gauche, animé par Louis Vallon et par le constitutionaliste René Capitant. Ils visaient à « unir le travail au capital et à faire des ouvriers comme des cadres les co-actionnaires de leur outil de travail ».
Sources : RENAISSANCE EUROPEENNE – Juillet Aout Septembre 2020
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NOUVEAUTÉ TERRE & PEUPLE éditions: LE GRAAL D'APOLLON de P.G. Sansonetti
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MOELLER VAN DEN BRUCK: Le conservateur a l'expérience de l'éternité.
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Le libéral est toujours prêt à abandonner son point de vue pour en prendre un autre, aussitôt que la situation générale et des considérations utilitaires l'y invitent. Il lui suffit de trouver une formule susceptible de légitimer ce changement de point de vue.
Le réactionnaire a un point de vue absolu auquel il se tient avec rigidité. Chez lui, le caractère devient de l'obstination, la vie se fige en un État ; tout s'engourdit autour de lui et en lui.
Le révolutionnaire a un point de vue chaotique qui l'emporte en tourbillonnant et l'entraîne à des perspectives sans espoir. Il n'a pas de caractère, mais un tempérament qui le fait osciller de la colère la plus impétueuse à la froideur la plus glaciale et la plus cynique.
Le conservateur a un point de vue organique. La pensée conservatrice est une pensée démiurgique qui oblige l'homme doué de force créatrice à poursuivre l'œuvre du créateur et qui, en tant que pensée politique, se rapporte à la communauté des peuples.
C'est de ce pouvoir conservateur des choses, qui règle toute croissance, qu'est issu l'éternel dont parle la métaphysique allemande ; et, si nous jetons sur l'histoire un coup d'œil rétrospectif, nous le découvrons partout, où de grands hommes ont créé, selon les lois immuables la nature, et nous ont transmis des valeurs. Tous les grands hommes ont été conservateurs et ont affirmé pour la vie ce que Nietzsche affirmait, pour lui-même : « En fin de compte, je ne veux pas avoir gain de cause pour aujourd'hui ni demain, mais pour des siècles. » La pensée conservatrice est un macrocosme qui englobe le microcosme et, en tant que pensée politique, garantit le maintient de la vie. La pensée conservatrice ne croit pas « au progrès », mais elle cherche à donner à l'instant une durée.
Le réactionnaire ne crée pas. Le révolutionnaire ne fait que de détruire ou, médiateur de buts, qu'il ne connaît pas lui-même, il ne fait, tout au plus, que de créer un espace nouveau. Le conservateur, lui, crée dans l'espace éternel, il donne aux phénomènes une forme, sous laquelle ils peuvent survivre et conserve par l'assujettissement ce qui peut se perdre dans le monde.
La pensée conservatrice est la conscience que prend de lui-même le fait fondamental et conservateur sur lequel repose le monde.
Elle est la force qui permet l’action.
Comme le révolutionnaire, le réactionnaire ne voit dans la révolution qu'un événement politique.
Le conservateur au contraire, qui voit l'événement historique, reconnaît derrière la révolution l'évènement spirituel qui l'accompagne, qui en est la transposition ou l'origine, et ceci quand bien même l'esprit de la révolution aurait été, d'abord, des plus équivoques.
La pensée d'un peuple résulte de la somme des expériences qu'il a faites avec d'autres peuples et de celles qu'il fait avec lui-même. La révolution a été pour le peuple allemand avec sa propre race une expérience qui lui manquait encore pour arriver à la connaissance de soi-même et à la connaissance du monde. Le réactionnaire dit : cette expérience n'était pas nécessaire. Le conservateur est d'un avis différent et il dit : Sans doute devons-nous réprouver, sur l'instant, la révolution du point de vue politique à cause des événements qui ont été en liaison avec elle mais nous sommes obligés de l'approuver historiquement, et ceci non pour elle-même, mais pour ses conséquences.
Le conservateur vit dans la conscience de l'éternité qui renferme tout le temporel. Mais il voit le présent ouvert du côté de l'avenir.
Il sait que le monde historique dans lequel nous vivons est un monde soumis à des lois et qui se réforme toujours. Il tient compté des instincts immuables des hommes qui se retrouvent dans tous les peuples, de l'invariabilité de leurs passions et du droit, tout naturel qui, en tout temps, fera valoir la force ; il tient compte des rapports naturels entre les forts et les faibles, de la supériorité de l'individu, des revendications de puissance des masses, et de toutes ses conséquences que le courage ou l'abandon, la circonspection ou l'étourderie, la résolution ou le laisser aller ont dans une situation historique. Mais il sait aussi que toute situation dépend de circonstances qui, quelquefois, peuvent sembler insensées mais qui ne le sont jamais. Et il n'ignore pas, non plus, que le sens de tous les événements n'apparaît que dans leurs conséquences. L'Allemand le plus conservateur a prononcé après la révolution les mots suivants, les moins réactionnaires qui soient : « Qui sait à quoi cela est bon? » C'est sur ces conséquences que le conservateur met un accent métapolitique. Et sa foi en l'imprévisible l'empêche de croire en des calculs sur l'avenir.
Le réactionnaire est une forme dégénérée du conservateur. Le réactionnaire est rationaliste. Il s'en tient aux faits. Il ne connaît que les effets qui sont immédiats. Ainsi il s'en tient aux faits de la révolution. Il ne se soucie pas de ses causes. Elles échappent à son regard du fait même qu'il est lui-même une de ces causes, non point en tant que personne, mais en tant que type. Il n'a plus compris l'idée conservatrice d'une façon vivante et de l'intérieur. Et à sa place, il laissa s'épanouir, une pensée conventionnelle, à une époque où il n'y avait pas encore de révolution. C'est ainsi, indirectement et sans le vouloir, par maintes négligences spirituelles qui ont conduit à la négligence politique, qu'il a aidé à préparer des événements dont il n'a pu, ensuite empêcher l'explosion révolutionnaire. Cette révolution, il ne l'a pas encore comprise maintenant. Il ne l'a pas vécue. Il n'a fait que la récuser. Dans le meilleur des cas, il avoue qu'elle lui a été un enseignement. Mais là encore il ne fait que juger des faits au lieu de comprendre leur signification. II ne peut prendre position, face à la révolution, parce qu'il vit en marge d'elle. Le conservateur, au contraire, connaît les problèmes qu'elle pose. Il connaît son époque, et cette connaissance qui lui rend, immédiatement, ces problèmes familiers. Et il a une image du monde, où tous ces problèmes s'insèrent, dans leur importance ou leur insignifiance. Le conservateur vit ainsi dans une participation à la révolution qui, contrairement au réactionnaire, lui donne le droit de ne pas être pour elle, mais contre elle.
Chaque peuple accomplit selon sa propre manière sa révolution : un peuple politique le fait d'une façon politique, un peuple non politique d'une façon non politique, et nous avons vu de quelle façon l’a faite le peuple allemand. Mais les peuples changent, du fait de leurs révolutions. Aucun peuple n'accomplit la sienne, sans se transformer. La révolution provoque un bouleversement des forces. Elle dégage ce qui restait stagnant. Elle met fin à des habitudes et amène les hommes à penser, de nouveau, à l'inaccoutumé. Elle en fait les représentants d'un nouvel état d'esprit d'où peut sortir un nouvel âge de l'histoire.
La conception que le réactionnaire a de l'histoire est aussi superficielle que celle du conservateur est enracinée. Le réactionnaire se représente le monde tel qu'il l'a toujours été. Le conservateur le voit comme il sera toujours. Il a l'expérience de son époque. Et il a l'expérience de l'éternité. Ce qui était ne sera jamais plus. Mais ce qui est toujours peut toujours revenir à la surface.
La politique réactionnaire n'est pas une politique. La politique conservatrice est la grande politique. La politique ne devient grande que lorsqu'elle crée de l'histoire : alors elle ne saurait se perdre.
Est réactionnaire, qui confond l’une et l'autre et voudrait revenir sur le passé.
Sources: Le Troisième Reich. Traduction de Jean-Louis Lenault. Ed. Alexis REDIER.
La condition féminine
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- Catégorie : REFLEXION
La condition féminine reste un sujet brûlant, voici un texte de Joël Lecrozet (et Alain de Benoist) datant de 1976 (Éléments n°16-17). Une autre manière de voir la femme dans l'histoire européenne. Il y a déjà 40 ans !
S’il était conséquent avec lui-même, un certain féminisme moderne se confondrait avec la défense de l’Occident. Car c’est au sein de la culture européenne, et de celle-là seulement, que la femme a de tous temps été considérée comme une personne, et non comme un objet. Une simple comparaison de l’Europe préchrétienne et du Proche-Orient ancien (laissons ici de côté la question des cultures d’Afrique noire et d’Asie, qui ne nous concernent qu’indirectement) fait apparaître le fait comme évident.
« Dans l’ensemble de l’histoire d’Israël, écrit M. Jean-Marie Aubert, la femme n’a jamais joui d’une grande liberté » (Femme. Antiféminisme et christianisme, Cerf-Desclée, 1975). Plus précisément, la dévalorisation sociale de la femme fait partie intégrante d’une superstructure religieuse. L’idée d’une déesse, protectrice de la cité ou chasseresse, comme la Diane ou la Minerve des Romains, est impensable dans la perspective hébraïque. La circoncision, mutilation opérée en signe d’alliance avec Jahvé, est réservée à l’homme. La femme est ainsi rejetée en marge des croyants. Mariée, elle est considérée comme un obstacle à la prière de son époux. Les synagogues prévoient la séparation rigoureuse des hommes et des femmes. « En fait, précise M. Aubert, les femmes ne comptent pas dans la synagogue » (op. cit.) : le minyan, ou quorum de dix personnes nécessaire à la célébration d’un office, doit être exclusivement masculin.
G. Leipoldt (Die Frau in der antiben Welt und im Urchristentum, Leipzig, 1954) signale que la langue hébraïque ne connait pas de féminin pour les mots « juste », « pieux » et « saint ». Dans le dialecte akkadien, la flexion qui indique le féminin s’applique à tout ce qui est inférieur. On cite également cet enseignement rabbinique, selon lequel Dieu doit être loué tous les jours en ces termes : « Sois loué pour ne pas m’avoir fait païen ! Soit loué pour ne pas m’avoir fait femme ! Soit loué pour ne pas m’avoir fait ignorant ! ».
Cette incapacité religieuse et sociale de la femme se traduit par toute une série d’interdits rituels, qui aboutissent à la claustration progressive de la femme. Le mari est le propriétaire (Baol), le maître absolu de son épouse. Celle-ci est son esclave, sa chose, son objet. Le divorce se ramène à la répudiation, dont seul le mari peut prendre l’initiative ; selon l’école rabbinique de Hillel, la répudiation peut être pratiquée pour n’importe quel motif, à commencer par la découverte par le mari d’une femme qui lui plaît mieux. Chez les Hébreux, comme chez les Assyriens, règne la pratique du lévirat : la veuve d’un ménage resté sans enfants « passe » automatiquement au frère du mari défunt. La pratique de la prostitution sacrée n’est pas non plus inconnue. Il y avait des prostituées sacrées dans l’ancien temple de Jérusalem, ainsi qu’à Babylone ; on les appelait qédhêshah.
Quoique proclamant, à partir d’une vérité révélée, l’égale dignité de tous les êtres humains – et inaugurant ainsi, sous l’angle spiritualiste, le cycle égalitaire dont nous vivons aujourd’hui l’aboutissement et la matérialisation –, le christianisme ne pouvait que reprendre la tradition anti-féminine liée à ses origines. Ce qui ne l’empêcha pas, dans un premier temps, de séduire surtout les femmes et les esclaves (au IIIe siècle, l’importance numérique des femmes chrétiennes, par rapport à celui des convertis masculins, créa de tels problèmes que le pape Callixte autorisa les patriciennes à épouser des esclaves plutôt que des hommes de leur rang qui fussent restés fidèles à la foi de leurs pères).
À l’hostilité chrétienne à la femme qui procède du judaïsme, s’ajoute une hostilité vis-à-vis de toutes les choses de la chair, de caractère plus probablement gnostique. (À beaucoup d’égards, le christianisme apparaît comme un gnosticisme successivement rejudaïsé et déjudaïsé). L’attitude de Paul, considérant le mariage comme un pis-aller (« Celui qui marie sa fille fait bien, mais celui que ne la marie pas fait mieux », 1 Cor. 7, 38) et déclarant que « l’affection de la chair, c’est la mort », est complètement étrangère au judaïsme traditionnel. Par contre, Paul rejoint les rabbins quand il recommande aux époux de se séparer pour prier (1 Cor. 7, 5).
Cet enseignement, tiré des écoles rabbiniques, s’accompagnait chez Paul d’une morale moins simple, moins manichéenne, puisée à la culture grecque, en particulier à celle des stoïciens. Or, en Grèce, comme dans l’ensemble des peuples indo-européens, la femme participait à la vie culturelle et souvent à la vie politique ; de plus, par le mariage toujours monogamique, la femme se trouvait associée à son mari et intéressée à l’avenir de son foyer. Aussi s’adressant à un public hellénisé, Paul reconnaissait-il aux femmes le droit de prier publiquement et celui de prophétiser. Mieux, il admettait le ministère des femmes comme une chose normale.
Pour lui, la distinction des sexes devait être surmontée : « Il n’y a ni homme ni femme » (Galates, 3, 28). Ce qui le conduisit à mettre entre parenthèses toute vie sexuelle et à prôner la virginité comme véritable libération de la femme.
La défense de la famille, pratiquée ultérieurement par le christianisme, découle de cette façon abstraite d’envisager la femme, par le biais du mépris de la chair, de l’exaltation maladive de la virginité, de la supériorité sans cesse proclamée de la vierge stérile sur la maîtresse du foyer. En sorte, comme l’écrit M. Aubert, que le christianisme, lorsqu’il a rehaussé la dignité de la femme, ne l’a fait qu’« au prix d’une sévère ségrégation et d’une marginalisation » (op. cit.).
Par la suite, il y eut évidemment des compromis – ne serait-ce que parce que le christianisme, « au moment où il se répandait dans le monde païen gréco-romain, se trouvait dans un milieu culturel où la condition de la femme était autrement favorable que dans le monde juif » (J. M. Aubert). De ce fait, l’esprit européen, imprégnant la foi nouvelle, la colora de façon telle qu’elle dut admettre nombre d’éléments d’une plus ancienne tradition. Ainsi naquit l’« Occident chrétien ». Mais en dépit de cette influence de la culture païenne, le mépris de la femme reste constant chez les Pères de l’Église.
Demeurée à cet égard dans la dépendance du judaïsme tardif, l’Église reproche essentiellement à la femme d’avoir été la cause du péché originel. La femme, quoi qu’elle fasse, reste « fille d’Ève ». Elle descend de celle par qui l’humanité déchut. Elle sera donc décrite comme incapable de résister à la tentation du Malin, comme un danger guettant l’homme avec la complicité du Serpent – bref, comme une créature dont on doit limiter la liberté, que l’on doit placer en tutelle et traiter éternellement en mineure.
Selon la Genèse, Ève procède en quelque sorte d’Adam. Certains théologiens diront qu’elle n’a été créée à l’image de Dieu que par procuration. Considérée comme le siège et le symbole de la sexualité, la femme est l’objet d’une haine méprisante, qui dissimule souvent une panique pathologique devant le second sexe (cf. Wolfgang Lederer, Gynophobia ou la peur des femmes, Payot, 1970). En même temps, la vieille idée juive de la « pureté rituelle » survit dans l’Église jusqu’en plein Moyen-Âge : certains pénitentiels interdisent à la femme qui a ses règles d’entrer à l’église ou de communier. Parallèlement, le mariage continue de n’être décrit que comme un remède pour ne pas « brûler ». Pendant des siècles, théologiens et confesseurs n’admettront l’acte sexuel, même pratiqué dans une union légale, qu’assorti de la ferme intention d’avoir un enfant. Enfin le culte de Marie, prenant parfois le relais de celui d’Isis, permet d’idéaliser une femme irréelle et de jeter ainsi les bases de l’alternative : vierge-et-martyre (mère-et-sainte en version minorée) ou prostituée tentatrice.
Les Pères de l’Église se donnent un mot d’ordre : tota mulier in utero. Pour Augustin, la femme est « un cloaque » ; pour Origène, elle est « la clé du péché »; pour saint-Jérôme, « le chemin de l’iniquité ». Tertullien écrit : « Femme, tu devrais toujours porter le deuil, être couverte de haillons et abîmée dans la pénitence, afin de racheter la faute d’avoir perdu le genre humain. Femme, tu es la porte du diable. C’est toi qui a touché à l’arbre de Satan et qui, la première, a violé la loi divine » (De cultu feminarum). Clément d’Alexandrie ajoute : « Toutes les femmes devraient mourir de honte à la pensée d’être des femmes ».
Saint-Jérôme maudit la maternité, « cette tuméfaction de l’utérus ». Saint Ambroise, évêque de Milan, compare même le mariage à la prostitution. Jean Chysostome, plus désabusé, écrit : « La femme est une punition à laquelle on ne peut échapper, un mal nécessaire, une tentation naturelle, une calamité désirable, un danger domestique, un péché délectable, une plaie de la nature sous le masque de la beauté ».
Toute cette étrange conception de la féminité se retrouve dans le célèbre décret de Gratien, publié au XIIe siècle. Chez Thomas, comme chez Augustin, seul l’homme a été fait à la ressemblance de Dieu ; la femme est mise d’emblée dans la catégorie des êtres humains déficients, comme les enfants et les fous. En 1563, le concile de Trente déclare : « Quiconque prétend que le mariage est supérieur à la virginité et au célibat sera excommunié ». D’où le mot de Nietzsche : « Le christianisme a empoisonné Eros. Il n’en est pas mort, mais il est devenu vicieux ».
Dans la perspective chrétienne, si l’homme reste le dominus, la femme, qui était la domina, redevient l’ancilla. Et ce n’est pas sans raison que Mme Benoîte Groult, voici quelques mois, taxait de « monstrueuse » l’« étroitesse de la religion catholique lorsqu’il s’agit de justifier l’oppression féminine » (L’Express, 10 mars 1975).
Déesses et héroïnes
La société indo-européenne, dont procèdent les cultures européennes actuelles, est fondée sur un système de type patriarcal. Les liens de parenté dominants, qui permettent et transmettent les identifications, sont les liens de parenté masculine. La famille est soumise à l’autorité du père (pater, pita, Vater, etc.), de même que le système social (et le système religieux qui en constitue la projection) a pour clé de voûte une autorité et un pouvoir de type paternel. Le panthéon indo-européen donne la place principale au dieu-père : Zeus-Pater, Jupiter, Varuna, Odhinn, etc. Et cette conception patriarcale est encore confortée par la division tripartie qui forme la structure de base de l’« idéologie » indo-européenne, la fonction souveraine (politico-juridique) étant assimilée au père, la seconde l’étant aux fils (élément guerrier), la troisième à l’ensemble du peuple, aux femmes et aux enfants. C’est là un fait bien connu, que personne ne conteste, et qui constitue le système de notre culture – à tel point que même la grammaire des langues européennes consacre le primat du « genre masculin ».
Et pourtant, c’est aussi ce système patriarcal indo-européen, lorsqu’on le ramène à ce qu’il a de plus authentique, qui a donné à la femme une place privilégiée dans l’histoire. Contradiction ? Nullement. C’est parce qu’en Europe, les valeurs viriles et proprement célestes ou solaires forment la clé de voûte d’une société complète, que les femmes y ont été « admises » et honorées. C’est parce qu’une conception inégalitaire du monde est nécessairement fondée sur la reconnaissance de la diversité, que l’autre sexe a toujours été considéré en Europe comme un enrichissement – et non comme une malédiction, cause d’une faute originelle. C’est parce que la tradition religieuse et théologique indo-européenne repose sur l’honneur, et non sur le péché, que les choses de la chair ont pu être considérées à mi-chemin des excès constituant les antithèses relatives d’un même système : la débauche et le tabou – comme l’une des données naturelles, et donc fastes de la vie.
Tandis qu’en Assyrie, les femmes devaient se prostituer rituellement au moins une fois dans leur vie, les Grecs honoraient la belle Hélène, la tumultueuse Phèdre, la fidèle Pénélope, sans oublier Sappho la poétesse et même l’acariâtre Xanthippe et la courtisane Aspasie. Innombrables sont les déesses indo-européennes, comme innombrables sont les héroïnes dont l’histoire de l’Europe a retenu les noms, depuis les épopées homériques jusqu’aux sagas scandinaves.
Que ce soit à Sparte, à Athènes, à Rome, chez les Indo-Aryens, les Celtes ou les Germains, la femme est pleinement intégrée dans les structures socio-économiques, culturelles et politiques. Elle participe à tous les actes de la vie publique. Elle seconde son mari à la guerre. Elle exerce ses droits par des procédures de justice. Elle a sa place dans les jeux du stade, comme devant les autels où l’on honore les dieux. En Irlande, les femmes exercent des fonctions religieuses, politiques et même militaires. Chez les Cimbres et les Goths, il n’est pas rare qu’elles prennent part au combat.
« La mère de famille jouissait déjà à Rome d’une considération réelle, remarque M. Louis Bridel. Mais chez les anciens Germains, c’est la femme qui était honorée et l’on peut dire que la notion de féminité (Weiblichkeit) est entrée dans le monde avec eux » (La femme et le droit. Étude historique sur la condition de la femme. Paris-Lausanne, 1884). Tacite écrit, dans sa Germanie : Inesse quin etiam sanctum aliquid et prouidam putant : nec aut consilia eurum aspernantur, aut responsa negligant ; « ils (les Germains) vont jusqu’à croire qu’il y a dans (les femmes) quelque chose de prophétique et de saint : ils ne méprisent pas leurs conseils, ils écoutent leurs prédictions ».
À Rome, la femme peut posséder des terres ou des biens. Elle peut hériter. La fille, dans l’héritage, a une part égale à celle des garçons : comme ses frères, elle est copropriétaire du patrimoine familial. Au début de la République, elle peut aussi témoigner et assigner en justice. Chez les Germains, la fille majeure jouit également de la libre administration de ses biens. Mariée, elle peut, sans l’autorisation de son époux, s’engager et contracter dans les limites des besoins du foyer. Si l’union vient à se dissoudre, elle reprend ses biens propres. De même, chez les Francs, si la communauté conjugale est dissoute, l’épouse retrouve la pleine jouissance de sa dot. Chez les Vikings, la femme peut hériter, non seulement de son mari, mais encore de ses enfants et même de ses gendres.
Le plus souvent, filles et garçons se choisissent librement – en accord avec les lois de la cité et les antiques traditions. La veuve retourne dans sa famille et se remarie à son gré. L’union étant librement consentie, la fidélité mutuelle en forme la pierre angulaire. La liberté sexuelle s’exerce de façon responsable : avec pudeur et gravité. On admet une grande liberté de mœurs avant le mariage, car l’union doit se faire à bon escient. Mais ensuite, une fidélité totale est la règle. L’adultère peut être mis à mort. Il n’est pas tant coupable d’avoir commis l’acte sexuel avec un tiers (c’est là chose de peu d’importance) que d’avoir failli à la parole donnée – ce qui ne se rachète pas (il est beau le geste de la Gauloise Chininara jetant aux pieds de son mari la tête du centurion qui l’avait violée, parce que, rapporte Plutarque, elle ne pouvait concevoir d’avoir appartenu à deux hommes vivants).
Les attributions sont naturellement partagées. Au père reviennent les fonctions civiques et militaires, ainsi que la responsabilité du culte domestique ; à la femme, l’autorité sur la famille et l’administration du foyer : tâche considérable quand le foyer comprend une domesticité nombreuse et des parents éloignés. Chez les Grecs, le jour du mariage, la maîtresse de maison se voit remettre un trousseau de clés, insigne de son pouvoir et de son autorité. On retrouve cette coutume chez les Celtes irlandais – comme en témoigne L’exil des fils d’Uisnech – ainsi qu’en Scandinavie, ce qui atteste son ancienneté. Chez les Germains, dit Tacite, « la famille n’existe et ne subsiste que par la femme » ; elle est la mère, l’économe, la gardienne, l’associée : vitae laborumque socia.
L’esprit indo-européen des origines s’étant mieux conservé dans le Nord de l’Europe, resté plus longtemps préservé des mélanges de cultures, on retrouve aujourd’hui une nette différence entre la place occupée par la femme dans les pays de tradition celto-germanique et dans les pays latino-méditerranéens. D’où cette « coupure », soulignée par tous les observateurs, entre les peuples chez lesquels la différence sexuelle est vécue naturellement, parce qu’elle est perçue comme un facteur de complémentarité et d’harmonie, et ceux qui, en ce domaine, ne cessent d’osciller entre l’adoration sublimée d’un idéal imaginaire et le rejet méprisant au nom d’une virilité qui ne cherche à s’affirmer perpétuellement que parce qu’elle doute d’elle-même. D’où l’ambiguïté des mots d’ordre de « libération de la femme », qui, au Nord et au Sud de l’Europe, ont nécessairement une signification différente. D’où également beaucoup d’amertume et de désillusions1.
Il est à la mode aujourd’hui de vanter l’Occitanie des troubadours et son « féminisme » un tant soit peu décadent. On peut toutefois s’interroger sur son exemplarité en lisant ces vers de Raimbaut d’Orange : « Si vous voulez conquérir les femmes,
Quand vous estimez qu’elles vous font honneur,
Si elles vous répondent mal ou peu
Mettez-vous à les menacer ;
Si elles font plus mauvaise réponse encore,
Donnez-leur du poing dans les naseaux.
Si elles sont dures, soyez durs.
Plus de mal leur ferez, plus aurez de repos ».
La thèse du matriarcat primitif a connu son heure de gloire au siècle dernier, notamment avec Friedrich Engels (L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’État, 1884) et Bachofen (Das Muterrecht, 1861). Depuis, elle a été durement critiquée, y compris par certains idéologues féministes. Simone de Beauvoir, dans Le deuxième sexe, la qualifie de « mythe ». C’est également l’avis de la plupart des ethnologues, à l’exception peut-être d’Elizabeth Gould Davis (The First Sex, G. P. Putnam & Sons, New York, 1971).
Cela ne veut pas dire, pour ce qui nous concerne, qu’il n’y a jamais eu de matriarcat pré-indo-européen. Mais on s’est aperçu que, pas plus que le patriarcat n’impliquait le mépris ou la déchéance de la femme, le sens social du matriarcat ne relevait nécessairement d’une autre forme de domination. De même, le culte rendu à une déesse-mère ne suffit à conclure à l’existence d’un matriarcat : l’idéalisation de la Femme peut aller de pair avec le rabaissement des femmes.
Il n’en reste pas moins que ce thème continue de séduire les adeptes d’un néo-féminisme purement égalitaire, dans la mesure où il leur laisse entrevoir – ne serait-ce qu’à titre d’hypothèse – un état social antérieur à ce « putsch mâle » que fut la révolution néolithique et l’avènement de la société patriarcale indoeuropéenne.
Plusieurs auteurs semblent avoir ainsi compris, par une logique qui leur est propre, que la remise en cause radicale, non pas seulement de la tradition judéo-chrétienne enkystée dans l’histoire de l’Europe, mais bien des structures sociofamiliales traditionnelles, voire de toute répartition des rôles sociaux masculin/féminin, implique la négation absolue de la totalité de l’histoire européenne, et le retour à l’état social qui existait avant (avant le péché originel et l’aliénation par la division du travail, avant le début de l’histoire) – vers l’âge d’or du « communisme primitif « ou du jardin d’Eden. Car la cause structurale de tout ce qu’ils dénoncent, c’est l’existence même de la culture historique européenne, en sorte que, le seul moyen d’empêcher les effets étant de supprimer la cause, une certaine contestation est nécessairement conduite à revendiquer la fin de cette culture et la sortie de l’histoire, conditions nécessaires à la restitution de l’âge d’or antérieur.
Telle est l’opinion soutenue récemment par M. Ernest Borneman, dans un gros livre intitulé Das Patriarchat. Ursprang und Zukanft unseres Gesellschaftssystems (S. Fischer, Frankfurt/M., 1975). Se réclamant d’Engels et de Bachofen et aussi de Robert Briffault (The Mothers. The Matriarchat Theory of Social Origins, London, 1927 et 1959 ; New York, 1931), M. Borneman constate que l’avènement de la culture indo-européenne, sur la base d’une idéologie tripartie impliquant le patriarcat, a mis fin à un état social qu’il définit comme une culture « féminine », non dans le sens d’une domination des hommes par les femmes, mais dans le sens d’un primat des valeurs féminines de sécurité, d’« amour » universel et d’égalitarisme – primat dont le système de parenté matriarcal aurait été le garant. Il en déduit que le retour à une dialectique sexuelle égalitaire est impossible aussi longtemps que la culture européenne continuera d’être elle-même.
À divers titres, on retrouve le même point de vue dans les essais d’Ashley Montagu (The Natural Superiority of Women, Collier-Macmillan, New York, 1968 et 1974), de Françoise d’Eaubonne (Les femmes avant le patriarcat, Payot, 1976) et de Paula Webster (« Matriarchy : A Vision of Power », in Raynda R. Reiter, éd., Toward an Anthropology of Women, Monthly Review Press, New York, 1975), selon qui la théorie du matriarcat primitif est une « vision fructueuse », même si elle est sans fondements empiriques ou théoriques réels.
Que le matriarcat primitif soit ou non une vue de l’esprit, il est important d’observer l’aboutissement, dans le cas précis du néo-féminisme, d’un processus idéologique à l’œuvre dans bien d’autres secteurs et qui ne vise à rien moins qu’à abolir les « millénaires européens » en vue d’une régression de la société au stade prénéolithique.
Joël Lecrozet,
Éléments n°14-15, 1976.
1. On trouvera plus de détails sur la condition féminine et son histoire dans les deux articles suivants, parus dans Nouvelle École : Jean-Claude Bardet, « La condition féminine dans l’Antiquité et au Moyen-Âge », in Nouvelle École n°11, janvier-février 1970, pp. 17-49 ; et Alain de Benoist, « Les mutilations sexuelles », in Nouvelle École n°8, avril-mai 1969, pp. 27-72. Ce dernier titre a été longuement cité par le Dr. Gérard Zwang (La fonction érotique, Laffont, 1972), puis par Mme Benoîte Groult (Ainsi soit-elle, Grasset, 1975), avant d’être repris par Le Quotidien des femmes (18 novembre 1975).
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