150 ans de la Commune de Paris: bas les masques!
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Alors que la droite officielle proteste contre la commémoration des 150 ans de la Commune de Paris, une certaine gauche libérale bien-pensante y voit, en glorifiant l’événement, une occasion pour redorer son image de marque « populaire » et de réaffirmer son monopole sur la lutte sociale et l’insurrection parisienne. Au-delà de cet enjeu mémoriel conflictuel et la puissance symbolique de cette événement sujet à de fortes récupérations idéologiques, il convient de voir dans cette parenthèse politique, sociale et économique de 1871 un événement à la fois anticipateur et correcteur.
Deux éléments explicatifs soulignent la signification nationale et populaire de cette insurrection, au-delà des clivages de droite et gauche : les causes profondes de l’insurrection et le contexte historique de l’humiliation nationale consécutive à la défaite française de 1871 face aux Prussiens. Ainsi, même si Paris constituait une véritable poudrière avec une population politisée sous l’influence la gauche radicale, de l’anarchisme et du syndicalisme révolutionnaire sorelien, il ne faut pas oublier que c’est l’extrême pauvreté de la classe ouvrière et la famine, la ghettoïsation des quartiers populaires par les transformations haussmaniennes qui constitueront les ressorts profonds du soulèvement.
L’autre cause immédiate qui jouera le rôle de déclencheur est la capitulation de l’empereur Napoléon III, encerclé par les Prussiens à Sedan, le 2 septembre 1870, perçue par la population parisienne comme une profonde humiliation et un coup de poignard dans le dos des Versaillais. Il ne faut pas oublier que, dès le 4 septembre, à Paris, la République est proclamée et un gouvernement de la Défense nationale est formé, lequel promet de continuer la lutte malgré le siège de l’armée prussienne que subit Paris à compter du 19 septembre. Néanmoins, les Parisiens s’estimeront trompés en apprenant que, depuis des semaines, le gouvernement de la Défense nationale avait engagé des pourparlers avec Otto von Bismarck, le chancelier allemand, pour parvenir à un cessez-le-feu qui sera finalement signé le 28 janvier 1871.
Après des élections hâtives et tronquées, qui portent au pouvoir une Assemblée majoritairement conservatrice et monarchiste, puis l’installation d’Adolphe Thiers à Versailles, le fossé se creuse entre le « pays légal » versaillais réactionnaire, obéissant aux mots d’ordre de la bourgeoisie financière, et le « pays réel » de la Commune. Evénement correcteur à valeur dystopique, la Commune joue un rôle de miroir déformant en rendant compte de la bêtise d’une droite réactionnaire, ralliée au camp de l’« étranger » et de l’ordre bourgeois, et l’abstraction internationaliste d’une gauche aveuglée par les dogmes marxistes.
Mais elle a aussi une dimension anticipatrice et axiologique, puisqu’elle met en exergue les contours de ce que la droite authentique devrait être en tant que modèle, à la fois nationale, révolutionnaire et populaire, et ce vers quoi la gauche nationale et populaire devrait tendre en s’émancipant de son discours internationaliste et droit-de-l’hommiste. C’est en effet dans ce sens que la Commune fut l’incubateur et le point de convergence entre une droite véritablement nationale-populaire et une gauche nationale révolutionnaire, unie dans leur lutte antibourgeoise contre l’« étranger » et pour la justice sociale. C’est, aussi, qu’en ce sens, la Commune transcende le clivage droite-gauche classique et fut un laboratoire d’idées hétérogènes : socialisme, jacobinisme, blanquisme, proudhonisme, jusqu’à l’anarchisme et le nationalisme d’un Édouard Drumont. Mais aussi fédérateur : les expériences communalistes et autogestionnaires pouvant appartenir à une tradition politique de gauche comme de droite.
Cela explique aussi que le contexte historique et social spécifique permet la rencontre atypique entre un Auguste Blanqui, socialiste insurgé pour qui le bourgeois anticommunard constituait « le Prussien de l’intérieur », et un Louis Rossel, jeune officier supérieur, républicain et patriote qui, refusant la défaite face à l’Allemagne en 1870, se rallie à la Commune.
Jure Georges Vujic
Sources : https://www.bvoltaire.fr/
Quand Karl Marx pleurait la mort d’un chantre de la « race aryenne »…
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Le hasard fait bien les choses. La toute récente biographie de Jenny Marx (par Jérôme Fehrenbach, une étude remarquable, aussi érudite qu’agréable à lire) m’a conduit jusqu’à un personnage dont j’ignorais tout, Gustave Flourens. Un ami très proche de Jenny et Karl Marx qui eurent la douleur de le perdre en 1871. Officier communard, Flourens avait conduit une sortie contre les Versaillais qui avait tourné court. Un officier de gendarmerie l’avait abattu sans forme de procès, le 3 avril 1871.
Jenny Marx s’en remis au journal socialiste Volksstaat pour clamer sa douleur : « … nous avons été profondément bouleversés par la mort de Gustave Flourens. Nous avions noué avec lui des relations d’amitié (…) il était à fond, et pleinement une âme noble. Ferme jusqu’à l’abnégation, chevaleresque, humain (…) il avait un esprit riche, il était même lettré… son âme le tournait vers les pauvres, les opprimés (…) son grand cœur intégrait toute nation, toute race… »
Il semble que Madame Marx n’ait connu qu’un volet de la personnalité et des idées de Flourens. Car son amour des races, il le donnait exclusivement à la race « aryenne ». Ou alors, Madame Marx passait outre. Fehrenbach montre que l’antisémitisme était courant dans les milieux révolutionnaires, autour de Marx. Jenny n’hésitait pas à qualifier le grand rival de son mari, Ferdinand Lassalle de… « Nègre juif ».
J’ai voulu en savoir plus sur ce Flourens. Il était le fils d’un médecin et physiologiste de renom, professeur au Museum et au Collège de France, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences. Gustave fit les meilleures études et, à 25 ans, en 1868, on lui confia un enseignement au Collège de France, l’histoire des races humaines. Dès sa leçon inaugurale, Flourens se distingua par ses convictions matérialistes. Il ne cacha pas non plus son hostilité au pouvoir impérial. Au bout d’un an, le ministre Victor Duruy le révoqua.
Flourens décida alors de porter secours aux Crétois, en lutte contre les Ottomans. Mais Athènes préféra l’expulser. Rentré à Paris, il collabora à tout ce qui comptait de presse d’extrême gauche. Avec véhémence, jusqu’au duel avec un adversaire politique, Cassagnac, qui le blessa. Poursuivi par la justice, Flourens se réfugia à Londres où les Marx l’accueillirent.
Survint la guerre contre la Prusse. Il revint en France et fit grand bruit à Paris. Dès les débuts du siège, il prit la tête des cinq bataillons de Belleville avec le titre ronflant de « major des remparts ». La Commune insurrectionnelle en place, Flourens se fit élire et reçut tout de suite le grade de général. Bravache mais incompétent, il mena ses hommes au désastre.
Pourtant, la Commune voulut glorifier son nom. Elle constitua en « Vengeurs de Flourens » un bataillon de gamins (15-17 ans) qui subit la répression versaillaise.
Sanctifié par le couple Marx, Flourens a profité jusqu’à maintenant d’une réputation flatteuse. Le « Maitron », bible du mouvement ouvrier, lui consacre une notice élogieuse. Plusieurs villes ont donné son nom à des rues, Suresnes, Le Mans, Saint-Brieuc, La Rochelle, Marly, Thézan-les-Beziers… A Vierzon, une cité HLM porte son nom.
Le 150ème anniversaire de la Commune a avivé la flamme. Le blog Médiapart l’exalte en passant pudiquement sur les idées de Flourens. Les 27 et 28 avril, l’association « Faisons vivre la Commune » propose une « ballade Gustave Flourens » à Belleville…
Dommage que ce bel hommage aille à un théoricien exalté du « racisme scientifique ».
Florilège :
-Ils s’appelaient les Aryas, les hommes purs et ils méritaient ce nom. C’est d’eux que nous viennent nos idées les plus élevées, nos sentiments les plus nobles (…) ces Grecs, spirituels et intelligents, braves soldats, poètes, orateurs, artistes passionnés ; ces Germains, ces Gaulois (…) étaient les fils des Aryas (…) Et nous aussi, Français, nous sommes Aryas…
– Les Gaulois présentaient le type arya dans toute sa pureté : teint, cheveux blonds, yeux bleus…
– Parmi les Aryas de l’Europe orientale, parmi les Slaves, les Polonais, ils sont restés purs de tout mélange avec les Jaunes, les Mongols. La Russie (…) s’est fortement mongolisée, de là son infériorité en civilisation.
– Jamais les Sémites n’ont connu d’autres mobiles que l’intérêt et le fanatisme.
– Autant le mélange entre peuples de même race est bienfaisant, autant il est funeste entre peuples de races différentes.
N’en jetez plus. En ces temps qui pourchassent le suprémacisme blanc, pourquoi ne pas exiger la disparition dans l’espace public – comme pour Alexis Carrel, eugéniste radical (prix Nobel de médecine en 1912) – du nom de Gustave Flourens ? En la matière, il ne peut y avoir deux poids, deux mesures.
Jean HEURTIN
Notes:
* Jérôme Fehrenbach, Jenny Marx, Passés/composés, 2021.
* Gustave Flourens, Histoire de l’homme, chez Garnier frères, Paris, 1863.
Sources : Breizh-info.com 25/04/2021
Mythologie de la suisse ancienne : Taranis
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- Catégorie : Mythologie Celte
Cette divinité gauloise présente pour la Suisse un intérêt particulier. En effet, elle fut vénérée dans ce pays, l'ancienne ville de Tarnaia (aujourd'hui Massongex, en Valais) lui était consacrée.
Le rapprochement Taranis-Sucellus a déjà été fait à la fin du siècle dernier, mais sans rencontrer beaucoup d'échos. Les études de Cerquand ne sont plus d'actualité et les remarques de Gaidoz, par exemple à propos des marteaux votifs d'Uriage, sont aujourd'hui vieillies [1]. Le rapprochement entre Taranis, Thor et Jupiter semble avoir déjà été fait en 1678 par Scheffer [2].
P. Lambrechts a repris cette étude et, utilisant à fond sa thèse universaliste, assimile Taranis au dieu à la roue, au dieu du soleil, du tonnerre, de la guerre, à Sucellus, Dispater, Hercule et Jupiter. C'est trop; la critique de cette méthode a déjà été faite par G. Dumézil et nous n'y reviendrons pas [3]. Plusieurs de ces assimilations sont toutefois séduisantes, et doivent être examinées.
Par les scholies de Berne à la Pharsale de Lucain [4], nous savons que Taranis, aussi cruel que la Diane des Scythes, était l'équivalent de Dispater et qu'on lui sacrifiait en brûlant des hommes enfermés dans un arbre creux. Taranis est aussi assimilé à Jupiter, maître des guerriers et des dieux; on lui aurait consacré des têtes, coutume gauloise qui paraît bien attestée. Le rapprochement Taranis Jupiter est confirmé par deux inscriptions, provenant l'une de Chester (Angleterre), l'autre de Scardona (Dalmatie) [5].
Si l'on admet l'équation Taranis = Jupiter [6], il faudrait écarter l'identification de Taranis à Sucellus/Silvain. En effet, l'autel de Nîmes est dédié à Jupiter et à Silvain [7], l'équivalent de Sucellus en Narbonnaise. Le devant de ce monument comporte un foudre, commun aux deux divinités, un maillet pour Silvain-Sucellus et une roue pour Jupiter. Les faces latérales explicitent encore cette différence. A droite on a sculpté un foudre et une roue ; à gauche, un maillet, un pot et une serpe [8]. De même à Vernègues [9] sur deux faces d'un autel on voit un arbre stylisé; sur la troisième, une roue à six rais; et sur la quatrième, un maillet. Nous pensons que ces deux monuments sont bien consacrés au dieu de la foudre, ou plutôt au dieu de la foudre diurne et au dieu de la foudre nocturne. Il s'agirait alors de l'équivalent du Volcanus diurne et du Summanus nocturne. Nous savons qu'à Rome la roue était consacrée à Summanus nocturne et à Dius Fidius, de même qu'au Jupiter Sancius ombrien. Mais du fait qu'à Rome la roue était associée à la foudre nocturne, peut-on déduire qu'il en était de même en Gaule et que le dieu à la roue n'est autre que Taranis ? Nous débouchons ici sur un problème ardu, celui de la signification du cercle. Pour J. de Vries, qui assimile le dieu à la roue à Jupiter, la roue est avant tout un symbole solaire [10]. En revanche, Riemschneider, avec des arguments valables, fait de la roue et de l'anneau un symbole du monde infernal [11]. M. Eliade admet la signification chthonienne des monuments circulaires mais reste sur la réserve, ce qui nous paraît, en l'état actuel de la question, la seule attitude possible [12]. Pour Rome, la question est claire. Le cercle correspond à la foudre nocturne et peut-être, par extension, au sexe féminin (yoni) [13]. Il est significatif que le flamen dialis qui, plus que tout autre flamine, soulignait ses rapports avec l'élément igné, portait un anneau creux et interrompu en un endroit, comme les torques gaulois [14].
S'il est clair que Taranis est un dieu du tonnerre (bénéfique ou redoutable, nous l'ignorons), nous ne pouvons l'identifier au dieu à la roue. Ce point est d'ailleurs secondaire dans le cadre de notre étude. En revanche, son assimilation à Dispater est importante [15]. En effet, César affirme que les Gaulois prétendent descendre de cette divinité [16]. Linckenheld conclut son article sur Sucellus et Nantosvelta en affirmant que Sucellus est Dispater, le dieu de la vie et de la mort, le père de la race celtique [17]. Nous nous rallions à la plupart des constatations de cet auteur et notamment à celle-ci. Nous regrettons toutefois qu'il n'ait pas pris position au sujet de Taranis.
Si nous nous reportons à Rome, nous constatons que la notion d’indiges s'applique à plusieurs divinités ou héros: Jupiter, Sol, Enée et Anchise [18]. Or Dispater, ce maître du monde infernal, que Grenier a déjà rapproché de Sucellus et de Silvain [19] est en Gaule ce d’indiges est à Rome. Pourquoi l'épithète de Dispater ne serait-elle pas appliquée en Gaule à plusieurs divinités ? Ne pourrait-on pas aussi concevoir Taranis comme un aspect de Sucellus ? Il serait le dieu de la foudre (diurne ?) et Dispater, alors que Sucellus remplirait des fonctions plus étendues. Les similitudes partielles que présentent en Grèce plusieurs divinités, Zeus et Poséidon, Apollon et Hermès, signifient uniquement que des fonctions identiques ont été attribuées dès la période historique à des entités bien distinctes, mais qui ont pu antérieurement se confondre ou coexister en divers dieux. Les récits mythologiques irlandais illustrent encore mieux ce phénomène. Pour en revenir à Taranis, dont nous ne possédons pas de représentation certaine, et au Sucellus suisse, au sujet duquel les textes sont muets, point n'est besoin de les identifier, même en admettant que l'un et l'autre ont pu être considérés par les Gaulois comme le père de la race. En effet, un des caractères de Taranis ne s'applique pas à Sucellus : son aspect militaire. Taranis ferait penser plutôt à Mars pater qu'à Volcanus.
En conclusion, il faut pour Taranis mettre en évidence sa « fusion » avec Jupiter car tous deux sont des dieux du tonnerre et des « pères de la race ». Quant au caractère cruel de Taranis, aux sacrifices qui lui étaient offerts, à son rôle de dieu des guerriers, rien de cela ne s'applique à ce que nous savons de Sucellus. Pour expliquer Sucellus, Taranis nous est de peu de secours dans l'état actuel du problème.
Raymond Christinger
Notes :
[1] C. F. CERQUAND, Mémoires de l'Académie de Vaucluse 1880 et Taranis et Thor, Revue celtique, t. VI, pp. 417 à 456. H. GAIDOZ, Taranis, Revue celtique, t. VI, pp. 457 à 459.
[2] SCHEFFER, op. cit., pp. 67-68, écrit que le dieu lapon Tiermes est identique au dieu suédois Thor, ou le Tonnerre, au latin Jupiter et à « Tarami ou Tarani ». Ce dieu Tiermes s'appelle aussi Aijke, ce qui signifie « l'aïeul » ou « l'ancêtre ». Citant Samuel Rheen, Scheffer précise que Tarani est scythe et que le dieu Tiermes-Thor des Lapons chasse les démons grâce à des flèches tirées au moyen de l'arc-en-ciel nommé Aijekedauge, c'est-à-dire « l'arc de l'aïeul ». Le dieu possède aussi un marteau, pour fracasser les têtes des démons ; cette arme se nomme Aijekevetchera, « le marteau de l'ancêtre ». Vetchera est le vajra sanscrit, qui a donné en finnois vasara et en mordve vizir. C'est l'arme d'Indra et du Mithra avestique. Cf. G. DUMEZIL, Mitra-Varuna, Paris 1948, p. 138. Aijeke devrait peut-être être rapproché du dieu estonien de Forage, Aike ou Pikker, qui produit le tonnerre en traversant des ponts de fer sur un char aux roues de bronze; KREUTZWALD, chez A. H. KRAPPE, La genèse des mythes, Paris 1938, p. 168. L'appellation « Aijeke » était encore connue, à la fin du Moyen Age, par les Lapons qui désignaient un grand père par agja, et le petit père par adschiegads.
[3] P. LAMBRECHTS, op. cit. ; G. DUMEZIL, Naissance de Rome, op. cit., pp. 28 sq.
[4] Luc., Pharsale I, 446.
[5] CIL. VII, 168 et CIL. III, 2804. On peut éventuellement citer, comme dérivant de Taranis, le dieu dit Tarnaiae, aujourd'hui Massongex, en Valais.
[6] Cf. par exemple P. M. DUVAL, Observations sur les dieux de la Gaule, op. cit., t. CXLV, pp. 11-12.
[7] ESPER. 6849, Iovi et Silvano.
[8] ESPER. 6849.
[9] ESPER. 1691.
[10] J. DE VRIES, op. cit., pp. 34 sq., 63 sq.
[11] M. RIEMSCHNEIDER, op. cit., pp. 46 sq.
[12] M. ELIADE, Traité, op. cit., p. 320. '
[13] A l'apex qui surmontait la coiffe du flamme correspondait la couronne, l'arculum ou le surculus, de la flaminique, fait d'un rameau de grenadier portant du fruit. Le voile de la flaminique rappelait la foudre selon FESTUS s. v. Flammeum.
[14] AUL. GELL. X, 15.
[15] Cf. USENER, M. Annaei Lucani Commenta Bernensia, Leipzig 1869, p. 32.
[16] CES., De bello Gall. VI, 18, 1: « Galli se omnes ab Dite patre prognatos praedicant idque at druidibus proditum dicunt. »
[17] E. LINCKENHELD, op. cit., p. 92.
[18] Références chez C. KOCH, Gestirnverehrung im alten Italien, op. cit., p. 77.
[19] VARRON L. L. V, 66. A. GRENIER, op. cit., pp. 66 et 176. Le culte de Dispater et de Prosperine se célébrait la nuit, sur un autel souterrain, dans un lieu nommé Tarentum ou Terentum.
Sources : Mythologie de la suisse ancienne – Raymond Christinger - Librairie de l’université Georg, Genève, 1965.
Lu dans Présent et Rivarol
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UN CHASSEUR DE (NÉO)NAZIS AU RN.
Economiste assez peu connu, y compris de ses électeurs, Jean-Richard Sulzer a accédé le 8 avril à une notoriété mondiale en confiant à The Jerusalem Post qu’en prévision des régionales, lui et ses camarades du Cercle national juif établissaient une « liste noire » (black list) des « responsables du Rassemblement National ayant des affiliations néonazies » et qui doivent être évincés du parti, y compris quand ils sont têtes de liste.
Ainsi, pour la Bretagne, l’historien Gilles Pennelle accusé de proximité avec Terre et Peuple (quel crime !) et, en Ile-de- France, Jordan Bardella, car il fut l’attaché parlementaire de l’eurodéputé Jean-François Jalkh, député FN de 1986 à 1988 et ancien vice-président du Front national, coupable d’avoir lu des revues révisionnistes et participé à « des cérémonies glorifiant le général [sic] Pétain, collaborateur des nazis et chef de Vichy ». Tour à tour radical-socialiste, barriste, mitterrandien et UMP, M. Sulzer rallia en 2003 le Front national où il fit son trou comme conseiller régional du Nord-Pas-de-Calais depuis 2010. Donc sous la présidence de Jean-Marie Le Pen dont il pouvait difficilement ignorer les « dérapages », l’amitié avec l’ancien Waffen SS Karlheinz Schönhuber, fondateur du mouvement Die Republikaner allié du Front national au Parlement européen, et la fidélité au Maréchal. Apparemment, tout cela ne le gênait nullement. Est-ce parce que, à 74 ans, il n’a pas été reconduit aux régionales qu’il lance sa chasse aux sorcières ?
Camille Galic – En bref – Présent du 17 avril 2021
UN LOBBY JUIF D’UNE FOLLE ARROGANCE AU SEIN DU RN
L’information transmise par notre ami David Veysseyre est si incroyable qu’une vérification des sources s’imposait. Oui, l’information a bien paru dans The Jerusalem Post, le grand quotidien israélien. Le Cercle juif national, rattaché au Rassemblement national, est dirigé par Jean-Richard Sulzer, conseiller régional de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, qui ne se représente pas aux élections (ou qui n’a pas été retenu, ceci expliquant peut-être cela). Il a pris une initiative qui rappelle les « heures les plus sombres de notre histoire ». Il prépare en effet une liste noire de responsables du parti et de candidats aux prochaines élections régionales, ayant de fantasmagoriques affiliations néo-nazies. « Nous demandons à [Le Pen] de retirer les néo-nazis des listes de candidats », a déclaré Sulzer au Jerusalem Post. « S’ils sont autorisés à se présenter, ce n’est pas bon pour la réputationnde notre parti… Nous ne voulons pas que ces hommes ou ces femmes sur la liste se présentent, parce qu’ils ont appartenu à des groupes néo-nazis dans le passé ou en raison de leur comportement antisémite », a déclaré Richard Sulzer, exigeant que Marine Le Pen leur retirât l’investiture. Autre gravissime accusation : Sulzer a également accusé le parti d’empêcher un nombre de candidats potentiels juifs (dont lui ?) de se présenter sur les listes du Rassemblement national. Le Cercle National Juif a déjà eu des démêlés avec le Rassemblement national. Dans un document obtenu par le Jerusalem Post, l’avocat du parti a envoyé une lettre menaçant de poursuivre le groupe en 2019, lorsqu’il s’appelait le Rassemblement National Juif, s’il ne changeait pas de nom. Conclusion limpide de Sulzer : « Il est clair que [Marine Le Pen] ne veut pas que le Rassemblement National soit associé aux juifs ».
Parmi les personnes ciblées par le lobby juif du RN, figure Gilles Pennelle, la tête de liste du Rassemblement national en Bretagne et membre du bureau national du Rassemblement national. Les accusations sont lourdes. Il serait membre de l’association « païenne et nationaliste Terre et Peuple », dirigée par Pierre Vial, dont le site internet affiche le slogan « Résistance identitaire européenne ». Pire, Pennelle a écrit un article sur « Le Seigneur des Anneaux pour le magazine du mouvement en 2003 ». Et puis, il a proféré des propos nauséabonds en voulant empêcher la « Turquie musulmane » d’entrer dans l’Union Européenne, déclarant : « si nous ne faisons rien, ils s’installeront dans nos cathédrales et coucheront avec nos filles » et en appelant à la défense des « idées identitaires ».
Jordan Bardella, le vice-président du RN, qui pourrait prendre la présidence du mouvement pendant la campagne présidentielle de Marine Le Pen, est aussi sur la sellette. Imaginez-vous qu’il a été, il y a certes longtemps, un assistant de Jean-François Jalkh, une figure de proue du parti, qui a admis avoir lu des auteurs révisionnistes, fait l’éloge de certains d’entre eux. Et puis, horreur absolue, le Jerusalem Post révèle que Jalkh a également participé à des événements « à la gloire du collaborateur nazi et leader de la France de Vichy, le général (sic !) Philippe
Pétain. » Bardella, dis-leur qui tu fréquentes, et ils te diront qui tu es. La conclusion du Jerusalem Post est sobre bien que formulée de façon quelque peu approximative : « Bardella est un ancien du Zyklon B pour tuer des masses de Juifs ». Pauvre Marine Le Pen. Malgré ses reniements et ses reptations, ses purges et ses exclusions, ce n’est pas demain la veille qu’elle sera invitée à Yad Vashem…
Robert SPIELER- Rivarol du 21 avril 2021
Dessin de Chard (Rivarol)
AGENCES DE RENSEIGNEMENT ET GRANDES ENTREPRISES : L’IDÉOLOGIE WOKE EN COMMUN
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L’IDÉOLOGIE WOKE (ÉVEILLÉ) A CONSTAMMENT BESOIN DE FAIRE CONTRITION FACE AUX MINORITÉS DE TOUT GENRE : RACIALES, SEXUELLES, EN PARTICULIER CELLES DU MONDE LGBTQ+ ETC. MAIS ELLE REJOINT AUSSI D’AUTRES INTÉRÊTS, ÉCONOMIQUES ET FINANCIERS. NOUS PUBLIONS UN RÉSUMÉ EN FRANÇAIS D’UN ARTICLE DE GLENN GREENWALD SUR SON BLOG PUBLIÉ EN ANGLAIS LE 13 AVRIL 2021. LES SOUS-TITRES SONT DE NOTRE RÉDACTION.
LE WOKE CAPITALISME
L’article dénonce l’idéologie du « Woke capitalism », les grandes entreprises rentrent dans le débat politique en se polarisant à l’extrême et avec des moyens disproportionnés qui biaisent complètement le débat démocratique et sont vecteurs de division difficilement réconciliables ensuite tant les sujets sont clivants.
L’observation des agences de renseignements américaines (CIA, NSA) et britanniques (GCHQ) est éclairante : elles sont capables d’ignobles actions mais se drapent fréquemment dans les atours de la bien-pensance SJW (social justice warrior) pour défendre les causes LGBT féministes, BLM (Black lives Mattter) et Cie, ce qui leur assure une sorte d’immunité totale à la critique : « qui pourrait bien critiquer des gens aussi vertueux ? Ce sont de saintes personnes puisqu’elles défendent telle ou telle cause mainstream. »
L’auteur appuie son propos sur nombre d’exemples médiatiques. Les causes LGBT féministes BLM ne sont pas mauvaises en soi, mais servent de prétexte et détournent bien souvent des vrais problèmes d’une part et d’autre part les moyens des grandes entreprises sont tellement disproportionnés que le seul qui pourrait faire face c’est l’État sauf que celui-ci est déjà assujetti à ces grandes entreprises en général puisque les politiques doivent souvent leur succès aux soutiens financiers qu’ils ont reçus.
CIA, FBI, SILICON VALLEY MÊME COMBAT
Le GCHQ hisse un drapeau arc en ciel et illumine ses locaux avec ses couleurs pour la journée internationale LGBT. La CIA abrite des activités pour le mois de la fierté LGBT et organise des évènements autour de l’histoire noire africaine. Il en est de même pour le FBI.
De grandes entreprises ont constaté la réussite de cette tactique : embellir la face militariste et impérialiste en revêtant le costume de la justice sociale. Les grandes entreprises avaient l’habitude d’acheter le pouvoir politique en soutenant des campagnes électorales ou en faisant du lobbying. Elles vont plus loin maintenant et deviennent des partisans de plus en plus polarisés dans le débat démocratique. Il est devenu virtuellement obligatoire pour chaque grande société de proclamer son soutien pour BLM, alors qu’elle n’avait jamais démontré d’intérêt pour cette cause.
LA NEUTRALITÉ EST PUNIE, LES MÉDIAS VEILLENT
Une entreprise qui ne suivrait pas cette mode sera alors punie. La plateforme d’échange de crypto-monnaie de la Silicon Valley, Coinbase avait annoncée qu’elle resterait neutre dans le débat BLM, son co-fondateur estimant que si « ces efforts sont bien intentionnés, ils ont le potentiel de détruire beaucoup de valeurs dans les entreprises, à la fois en étant une distraction et en créant de la division interne ». Mal lui en a pris, sa société a été dénoncée, par un journaliste célèbre comme adepte de la censure, dans le New York Times comme un bastion du racisme et de l’intolérance ; puis d’autres journalistes on fait chorus quand l’entreprise a osé répondre au NYT.
La mode s’est rapidement répandue, les grandes entreprises sont devenues des SJW soutenant les platitudes libérales pour éviter consciencieusement de s’occuper des vraies injustices qui les concernent directement mais pourraient gêner leur business. Les démocrates étant en position de force, les grandes entreprises pensent que servir l’agenda démocrate servira leurs intérêts. La Silicon Valley et les plus riches corporations sont ouvertement pro-démocrate.
La nature grotesque de tout ceci saute aux yeux. Comme il est ridicule de voir la CIA ou la GCHQ s’occuper de « justice sociale », l’idée que de gigantesques corporations qui utilisent une forme d’esclavage par le travail, le licenciement de masse et l’abus de la force de travail s’occupent avant tout de leur image libérale sur les réseaux sociaux, devrait faire suffoquer n’importe quelle personne rationnelle sur leur sincérité.
Quand de grandes entreprises utilisent leur pouvoir financier incomparable pour contourner le processus démocratique, alors le système ressemble plus à une oligarchie qu’à une démocratie. Au-delà des dangers d’un contrôle par les corporations, toujours plus grand sur nos vies et nos politiques, l’exploitation trompeuse de causes « sociales » cache la concentration de la richesse et du pouvoir entre les mains de la classe des grandes entreprises. Nous sommes aveuglés par leurs vertueuses déclarations sur Instagram qui cachent la destruction des classes ouvrières et moyennes. Nous oublions alors à quel point ce pouvoir est menaçant et incontrôlable et à quoi il est utilisé en général. Et c’est exactement ce qu’ils veulent.
Sources : © Observatoire du journalisme (Ojim) - 20 AVRIL 2021.
« Cessons d’être des Occidentaux et redevenons des Européens d’origine boréenne » - Entretien avec Georges Feltin-Tracol
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- Catégorie : LIGNES DE FRONT
Q : Pour commencer, pouvez-vous nous donner une brève introduction sur votre domaine d’expertise, votre travail et vos activités en cours ?
R : J’ai 50 ans. Formé aux sciences politiques, à l’histoire et à la géographie, j’ai aussi suivi des cours de droit constitutionnel.
J’écris mes premiers articles dès 1993. J’ai publié une dizaine de livres et collaboré à une dizaine d’autres. En 2005, je fonde avec quelques amis le site identitaire français Europe Maxima dont j’assume la rédaction en chef.
Je collabore aux Cahiers d’histoire du nationalisme, à la revue Synthèse nationale et au Magazine des Amis de Jean Mabire. Je tiens enfin chaque semaine sur le site officiel de TVLibertés un podcast intitulé « Chronique hebdomadaire du Village planétaire ».
Q : Dans le passé, vous étiez également membre du grand groupe de réflexion français de la « Nouvelle Droite », le GRECE. Parlez-nous un peu de votre travail au sein de ce groupe de réflexion et de la « Nouvelle Droite » elle-même ?
R : Il faut d’abord rappeler aux lecteurs que le terme de « Nouvelle Droite » provient de journalistes de gauche hostiles qui alimentent une violente campagne de presse de l’été 1979. Fondé à la fin des années 1960, le GRECE est un groupe de réflexions pluridisciplinaires et contre-encyclopédiques qui n’a jamais pris de positions politiques, sauf à deux occasions :
– en 1974, quand son secrétaire général, Jean-Claude Valla (1944 – 2010), appelle les lecteurs d’Éléments à voter pour Valéry Giscard d’Estaing au second tour de l’élection présidentielle contre le candidat de l’union de la gauche socialiste – communiste François Mitterrand;
– en 1992, quand le rédacteur en chef d’Éléments, Charles Champetier, défend le « non » au référendum sur le traité européen de Maastricht. Sa prise de position suscite de vifs débats. Si Alain de Benoist s’abstient, les « Nouvelles Droites » flamande et italienne soutiennent le « oui ».
Le GRECE m’a intellectuellement formé. J’y ai rencontré de grandes figures pionnières aujourd’hui décédées comme Roger Lemoine (1928 – 1999), Maurice Rollet (1933 – 2014) ou Jacques Marlaud (1944 – 2014). J’ai d’abord publié des articles dans ses publications régionales avant d’écrire dans Éléments. Parrainé par Jacques Marlaud et Charles Champetier, je me suis occupé du Lien, son bulletin interne. Je suis aussi intervenu à ses nombreuses universités d’été dans les années 1990 – 2000.
Aujourd’hui, le GRECE n’existe plus dans les faits. Il a été remplacé par l’Institut Iliade dont l’ambition plus politique s’inscrit dans la perspective d’un retour en politique après 2022 de Marion Maréchal, la nièce de Marine Le Pen. Je me suis détaché pour diverses raisons de la « Nouvelle Droite » parisienne qu’il ne faut pas confondre avec les « Nouvelles Droites » présentes dans les différentes régions françaises, ni avec les autres manifestations ailleurs sur le continent indépendantes, en particulier les initiatives autour de Synergies européennes de l’excellent Robert Steuckers. Je continue à ma modeste mesure l’immense entreprise de démolition des mystifications de la Modernité, du Progrès et de l’Égalité.
Q : Une partie de votre travail porte sur la géopolitique. Que pouvez-vous nous dire sur l’actuelle situation géopolitique ? Pensez-vous que les objectifs géopolitiques de grands « acteurs » tels que la Chine, la Russie, les États-Unis d’Amérique ou de l’Union européenne évolueront dans un proche avenir ?
R : Balayer l’actuelle situation géopolitique en quelques lignes ne serait pas sérieux. Je ne lis pas l’avenir. Mais je ne me dérobe pas.
L’Union dite européenne prouve chaque jour son inutilité géopolitique. Ce vide existentiel atteint aussi les nations, les États et les peuples, ce qui invalide le souverainisme national et les propositions de « Frexit » ou d’« Italexit ». Le risque de sécession de la Catalogne montre aussi que l’indépendantisme et le gauchisme travaillent en réalité pour le mondialisme. Sauver notre civilisation passe par un saut historique vers une véritable unité européenne.
La Russie reste une puissance d’ordre continental, mais l’immensité de son territoire, son faible nombre d’habitants, sa natalité toujours déficiente et sa porosité démographique avec les populations du Caucase méridionale et d’Asie Centrale fragilisent ses ambitions. N’oublions pas que Vladimir Poutine n’est pas immortel.
Avec Joe Biden élu grâce aux fraudes massives de l’« État profond », les États-Unis redeviennent le sheriff du monde entier. Mais ont-ils encore les moyens de dominer les cinq continents ? La société yankee est plus que jamais divisée. Les États-Unis se rapprochent du Tiers-Monde et la drogue ravage leurs campagnes. Verra-t-on leur éclatement ? Je le souhaite, mais je ne parierai pas.
Quant à la Chine, grâce à sa dynastie septuagénaire, le Parti communiste, elle retrouve la place qu’elle a perdue à la fin du XVIIIe siècle : la première. Face à la montée en puissance de Pékin, il faut prendre en compte l’émergence de l’Inde sous le gouvernement national-conservateur de Narendra Modi. On oublie que la Chine vieillit et qu’en 2050, l’Inde sera l’État le plus peuplé du monde. Et si le XXIe siècle était son siècle?
Q : Vous avez également écrit sur la troisième voie et le mouvement solidariste. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur les solidaristes et sur les grands principes des mouvements de troisième voie ?
R : Au risque de me défausser, ma réponse développée dépasserait le cadre de cet entretien. Après une publication récente en espagnol, Pour la troisième voie solidariste pourrait être traduit en anglais ou en slovène. Dans cet ouvrage, je me concentre sur la France sans pour autant ignorer les voisins européens et les expériences en Amérique du Sud et en Russie.
Le solidarisme est d’abord une formulation de l’homme politique français, le républicain Léon Bourgeois (1851 – 1925), premier président du Conseil de la Société des Nations. Il veut donner au radicalisme – le mouvement républicain franc-maçon qui constitue le cœur nucléaire de la IIIe République française (1870 – 1940) – une idéologie. L’ingénieur allemand Rudolf Diesel (1858 – 1913) écrit en 1903 un essai intitulé Solidarismus. Le Flamand Joris van Severen (1894 – 1940) fonde en 1931 en Belgique le Verdinaso (Ligue des solidaristes nationaux thiois). Dans la même décennie, avant de rejoindre la Phalange espagnole, Ramiro Ledesma Ramos (1905 – 1936) anime le national-syndicalisme et influence les mouvements d’Amérique latine tels le péronisme argentin ou le sinarquisme mexicain.
Après la Guerre d’Algérie en 1962, les jeunes militants de l’Algérie française reprennent à leur compte le solidarisme et travaillent avec la NTS (la résistance solidariste russe en exil). En 1975, un militant solidariste français, Francis Bergeron qui dirige maintenant le quotidien national-catholique Présent, distribue des tracts anti-soviétiques sur la Place Rouge à Moscou ! À la même époque, d’autres solidaristes français partent au Liban combattre aux côtés des phalangistes chrétiens contre les musulmans progressistes.
La troisième voie (« Ni trusts ni soviets » et « Ni Washington ni Moscou ») prend des formes variées. En France, elle se manifeste avec le bonapartisme de l’empereur Napoléon III, le catholicisme social des royalistes contre-révolutionnaires, le distributisme cher à l’écrivain britannique G.K. Chesterton ou le gaullisme de Charles De Gaulle. Ce dernier prônait l’indépendance nationale, une Europe libérée des blocs issus de Yalta et la justice sociale (l’association du capital et du travail, l’intéressement aux bénéfices et la participation des producteurs à l’avenir de leur entreprise).
Q : Quels autres auteurs, philosophes et écrivains ont-il eu le plus d’influence sur vous et vos travaux ? Quels auteurs recommanderiez-vous à nos lecteurs ?
R : Je ne mentionne que des défunts : l’Italien Julius Evola, les Allemands Carl Schmitt et Arthur Moeller van der Bruck, le Suisse Denis de Rougemont, l’Étatsunien Francis Parker Yockey, le Belge Jean Thiriart, les Français Joseph de Maistre, René Guénon, Charles Maurras, Maurice Barrès, Robert Aron, Arnaud Dandieu, Julien Freund, Guillaume Faye, Robert Dun, Dominique Venner ou Guy Debord. J’en oublie bien sûr…
J’invite vos lecteurs à les lire dans le texte ou dans une traduction disponible en anglais ou en allemand.
Q : Quelle est votre avis sur les mouvements identitaires et nationalistes contemporains ?
R : Vaste question ! Chaque mouvement est différent, y compris au sein d’un même pays. Je porte un regard assez positif sur les mouvements nationalistes et identitaires, surtout s’ils s’opposent au monde financier et au multiculturalisme, à l’immigration extra-européenne et à la corruption politique.
Je déplore en revanche que certains mouvements cherchent encore à régler des désaccords frontaliers et les contentieux historiques. Les nationalistes doivent renoncer aux vieilles et vaines querelles pour défendre l’intérêt général européen. Je n’apprécie pas que le FPÖ s’attaque à la minorité slovène en Carinthie. Je n’aime pas que les nationalistes norvégiens ou suédois s’indignent de la présence des Samis, ces indigènes d’Europe septentrionale.
Disciple de Julius Evola, fils d’un des cofondateurs du MSI, le penseur italien Adriano Romualdi (1940 – 1973) affirmait avec raison que « seuls les nationalistes peuvent faire l’Europe ». Les « bons Européens » doivent soutenir les avant-postes de notre civilisation européenne : protéger les enclaves espagnoles au Maroc, libérer Chypre de l’occupation turque et l’unir à la Grèce, reprendre à la Turquie la Thrace orientale et Constantinople, soutenir l’Arménie et l’Artsakh – Nagorny Karabakh. Ils doivent enfin exiger le départ de toutes les troupes US d’Europe et la dissolution de l’OTAN.
Q : Que pouvez-vous nous dire sur la situation politique actuelle en France ? Comment voyez-vous les développements au sein de l’Union européenne, y compris les migrations massives, la crise du covid-19 et le fossé entre les États-membres du V4 et le reste des pays occidentaux « libéraux » de l’UE ?
R : Votre question comporte plusieurs sous-questions. La France arrive lentement à son nadir historique. Sa classe politique, intellectuelle, artistique, culturelle, économique, technicienne et sanitaire est d’une affligeante nullité. Les Français sont responsables de ce drame historique. Les nationalistes les ont prévenus depuis cinquante ans. Ils ne les ont pas écoutés ! En 1973, le gouvernement français interdit le mouvement Ordre nouveau, créateur du Front national, qui avait tenu une réunion électorale contre l’immigration, principal vecteur de la tiers-mondisation de l’Europe.
L’actuelle crise sanitaire favorise l’expansion du capitalisme de surveillance. Le covid-19 permet une expérience incroyable d’ingénierie sociale et de guerre psychologique 3.0 afin de domestiquer les peuples européens récalcitrants. Ce dressage social réussira-t-il ou bien connaîtrons-nous des insurrections salvatrices ? L’avenir nous le dira.
Le pessimiste lucide que je suis ne croit pas à l’influence déterminante du V4 (ou Groupe de Visegrad). Sous le même emballage « illibéral », la Hongrie et la Pologne divergent par rapport à la Russie. Varsovie et Budapest se plient aux conditions sur l’« état de droit » du plan de relance européen. Le V4, même avec l’apport de la Slovénie, voire de la Croatie, ne fera jamais le poids face à l’axe franco-allemand. Par ailleurs, Viktor Orban et Jaroslaw Kaczynski sont des « faux héros réactionnaires (ou conservateurs) ». On doit cette notion à Thomas Molnar (1921 – 2010) dans son essai La Contre-Révolution (1969). Catholique hongrois polyglotte exilé aux États-Unis, Thomas Molnar participait au courant paléo-conservateur. Ce collaborateur des « Nouvelles Droites » française, allemande, autrichienne et italienne conseilla le jeune Orban entre 1998 et 2002.
Les régimes hongrois et polonais ne sont pas révolutionnaires–conservateurs, mais plutôt nationaux-conservateurs. Ils prennent une bonne direction, mais ils manquent de radicalité.
Q : Quelles conséquences géopolitiques pensez-vous qu’auront les élections américaines de l’année dernière ?
R : Avec Joe Biden, l’humanitarisme armé et interventionniste retrouve la Maison Blanche. Les États-Unis reprennent leur volonté d’exporter partout leur conception frelatée et aliénée du bonheur bourgeois, mais ils sont très divisés : la guerre culturelle fait rage sur les campus et dans les mass media. Le sang des Étatsuniens coulera encore et encore au nom du Progrès et des droits de l’homme (pardon ! de l’humain fluide non genré trans-post-méta-sexuel…). Il importe au contraire de valoriser toutes les affirmations identitaires qui s’y développent. Ce modèle d’ultra-modernité doit éclater sous ses contradictions internes.
Q : Selon vous, quel est l’avenir de l’Europe et de l’Occident ?
R : Je tiens à distinguer l’Occident de l’Europe. En 2021, l’Occident relève de l’atlantisme et du cosmopolitisme. L’Occident ne coïncide donc plus avec l’Europe dont l’antique civilisation brille de ses derniers feux. Cessons d’être des Occidentaux et redevenons des Européens d’origine boréenne. Comment ? En bâtissant un État central continental qui délivrerait la nationalité européenne aux seuls Européens. Ainsi serais-je un citoyen français de nationalité européenne et les lecteurs, des citoyens slovènes, autrichiens ou allemands de nationalité européenne. Je ne verrai pas de problème qu’un Danois ou un Italien soit maire de Strasbourg ou qu’un Hongrois devienne président de la République européenne de France.
Trêve de rêverie ! L’Europe court avec l’affreuse Union européenne vers sa perte finale. Amor fati !
Q : Avez-vous un dernier conseil ou un dernier message pour les lecteurs slovènes ?
R : Je les salue. Ils appartiennent à un vieux peuple et à un jeune État. Pendant des siècles, ils ont connu diverses dominations étrangères plus ou moins consenties. Au XXe siècle, la Slovénie a subi l’oppression de la première Yougoslavie royale serbe, puis de la seconde Yougoslavie titiste. Le peuple slovène a quand même conservé son identité, base indispensable pour fonder la souveraineté. Il est un bel exemple de persévérance historique.
Outre de magnifiques paysages karstiques, la Slovénie est la patrie du célèbre groupe musical Leibach et du remarquable courant artistique NSK à l’esprit néo-futuriste, ironique et « situationniste ». Leur apparition a correspondu aux premiers signaux de la fin de la Guerre froide.
Amis Slovènes, vous êtes le Midi de la Mitteleuropa danubienne !
Propos recueillis par Andrej Sekulovic pour le site slovène tradicijaprotitiraniji.orgmis en ligne en anglais et en slovène les 19 et 22 mars 2021, versions allemande et néerlandaise consultables sur Synergon Infos, le 4 avril 2021.
https://synergon-info.blogspot.com/2021/04/georges-feltin-tracol-die-rettung.html
https://synergon-info.blogspot.com/2021/04/georges-feltin...
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