La veille des commémorations du cinquantenaire de la disparition de Jean Giono (octobre 2020), le Mucem propose, à travers près de 300 œuvres et documents, une rétrospective qui, loin de l’image simplifiée de l’écrivain provençal, suit le trajet de son œuvre écrite et filmée en lui rendant sa noirceur, son nerf et son universalité.
Giono, poète revenu des charniers de la Première Guerre mondiale, s’est en effet autant attaché à décrire la profondeur du Mal qu’à en trouver les antidotes : création, travail, pacifisme, amitié des peintres, refuge dans la nature, évasion dans l’imaginaire.
Pour donner chair à l’un des artistes les plus prolifiques du XXe siècle, la quasi-totalité de ses manuscrits, ici exposée pour la première fois, entrera en dialogue avec de très nombreux œuvres et documents. Au programme, archives familiales et administratives (dont celles de ses deux emprisonnements), reportages photographiques, presse, éditions originales, livres annotés, entretiens sonores et filmés.
Mais ce sont aussi tous les carnets de travail de l’écrivain, les films réalisés par lui ou qu’il a produits et scénarisés, les adaptations cinématographiques de son œuvre par Marcel Pagnol et Jean-Paul Rappeneau (sans oublier le film d’animation de Frédéric Back, L’Homme qui plantait des arbres), que l’on retrouvera.
Ainsi que les peintures naïves du mystérieux Charles-Frédéric Brun qui lui inspira Le Déserteur, l’intégralité de son terrible Journal tenu pendant l’Occupation, et les tableaux de ses amis peintres, avec au premier rang ceux de Bernard Buffet.
Un Giono emporté dans le siècle
Ces traces matérielles de la vie et de la création seront redoublées par l’évocation symbolique d’expériences matricielles de l'oeuvre, confiée à quatre artistes contemporains.
Celle de Giono simple soldat perdu dans le fracas de la guerre (sans laquelle on ne peut comprendre ni les livres, ni l’engagement pacifiste, ni les emprisonnements et polémiques politiques qui scandent et obscurcissent son parcours) ouvre logiquement l’exposition avec une installation immersive de Jean-Jacques Lebel.
Vient ensuite une Provence incarnée loin des clichés folkloriques, à travers les œuvres de la plasticienne Thu Van Tran et du cinéaste Alessandro Comodin. Enfin, la plasticienne Clémentine Mélois revisite la bibliothèque de Giono, ce lieu de liberté et de respiration, au cœur de sa vie comme de l’exposition.
L’exposition se tiendra du 30 octobre au 17 février 2020, au Mucem. Emmanuelle Lambert, écrivain, est la commissaire de l’exposition. Le catalogue, lui, a été réalisé en coédition avec les éditions Gallimard. L’événement se déroule dans le cadre de l’année Giono, avec la Ville de Manosque.
L’ouvrage contiendra une préface de JMG Le Clézio, ainsi que des textes d’écrivains contemporains — dont Patrick Auréaux, Philippe Claudel, Alice Ferney, Sylvie Germain, Hédi Kaddour ou encore Sylvain Prudhomme. Il sera le premier ouvrage illustré consacré à la vie et l’œuvre de Giono, enrichi de nombreux documents inédits.
En outre, la maison remettra en vente le livre d’Henri Godard, Giono. Le roman, un divertissement de roi, originellement paru en 2004.
Décidément le Myanmar (ou Birmanie) est à l’honneur. Après l’ouvrage sur son histoire rédigé par Antoine Sfeir (voir Conflits numéro 19), voici un opuscule consacré aux Rohingyas, ces musulmans qui habitent l’extrême nord-ouest du pays.
L’auteur est un spécialiste du bouddhisme ce qui explique ses positions à contre-courant. Alors que l’opinion internationale se mobilise pour les Rohingyas, victimes de discriminations que l’auteur ne nie pas, il rappelle les origines du problème – la venue de ces populations a été encouragée par le colonisateur britannique qui les a utilisées contre les nationalistes birmans ; il dénonce l’instrumentalisation de ces musulmans comme de ceux de Thaïlande en un vaste djihad qui touche aussi le Bangladesh et qui conduit dans ces trois pays à des affrontements avec les bouddhistes.
Un texte engagé, sans aucun doute. Mais il a le mérite de remettre en question bien des idées reçues en particulier l’insupportable classement de l’humanité en « bons » et « méchants ».
P.G.
Didier Treutenaere, Rohingyas. De la fable à la réalité, Soukha 2018, 158 pages, 19,90 euros.
Le garant italien de la protection des données personnelles a infligé aujourd'hui une amende d'un million d'euros au réseau social Facebook pour son implication dans le scandale de Cambridge Analytica. «Le garant de la protection des données a appliqué à Facebook une sanction d'un million d'euros pour les actions illégales commises dans le dossier Cambridge Analytica, la société qui à travers une application pour des tests psychologiques a eu accès aux données de 87 millions d'utilisateurs et les a utilisées pour tenter d'influencer l'élection présidentielle américaine de 2016», a-t-elle indiqué dans un communiqué.
Cambridge Analytica s'est retrouvée en 2018 au coeur d'un scandale qui a sérieusement écorné la réputation de Facebook. La société a toujours démenti avoir collecté et exploité sans leur consentement les données personnelles de 87 millions d'utilisateurs de Facebook à des fins politiques, via une application de tests psychologiques. Selon le garant italien, 57 Italiens avaient téléchargé l'application qui permet de recueillir les données de leurs amis sur Facebook, sans le consentement de ces derniers, de sorte qu'un total de 214.077 utilisateurs italiens du réseau social avaient vu leurs données personnelles acquises sans qu'ils n'aient donné leur accord.
«Nous sommes fortement engagés dans la protection de la vie privée des personnes et nous avons investi dans des ressources, des technologies et des partenariats et nous avons embauché au cours de la seule année passée, plus de 20000 personnes impliquées dans la sécurité», a réagi Facebook dans un communiqué. «Nous examinerons avec attention la décision du garant de la vie privée et continuerons de travailler avec lui pour avoir davantage de clarté», a-t-il ajouté.