Pierre-Joseph Proudhon
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Longue histoire que celle de la relation entre Proudhon et les nationalistes-révolutionnaires, qu’il revient d’exhumer, pour mieux la méditer. J’en retrace ici les grandes lignes.
Pour l’historien Nicolas Lebourg, l’importance de la tradition du socialisme dit « utopique » dans la tradition NR ne doit pas être sous-estimée. Il classe dans ce socialisme utopique Blanqui et Proudhon (alors que la classification traditionnelle s’accorde plutôt à classer comme utopiques des auteurs tels qu’Owen, Fourier, Cabet, Buchez ou Saint-Simon). Notons que le terme « utopique » a été employé à l’origine par Engels et Marx.
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«Comment le suffrage universel parviendrait-il à manifester la pensée, la vraie pensée du peuple, quand le peuple est divisé, par l'inégalité des fortunes, en classes subordonnées les unes aux autres, votant par servilité ou par haine ; quand ce même peuple, tenu en laisse par le pouvoir, ne peut, malgré sa souveraineté, faire entendre sa pensée sur rien ; quand l'exercice de ses droits se borne à choisir tous les trois ou quatre ans, ses chefs et ses charlatans ; quand sa raison, façonnée sur l'antagonisme des idées et des intérêts, ne sait aller que d'une contradiction à une autre contradiction.»
PROUDHON - Confessions d'un révolutionnaire, 1849.
« Tu ne te rassembleras pas ; tu n'imprimeras pas ; tu ne liras pas ; tu respecteras tes représentants et tes fonctionnaires, que le sort du scrutin ou le bon plaisir de l'État t'aura donnés ; tu obéiras aux lois que leur sagesse t'aura faites ; tu payeras fidèlement le budget ; et tu aimeras le gouvernement, ton seigneur et ton dieu, de toute ton âme, de tout ton cœur, de toute ton intelligence : parce que le gouvernement sait mieux que toi ce que tu es, ce que tu vaux, ce qui te convient, et qu'il a le pouvoir de châtier ceux qui désobéissent à ses commandements, comme de récompenser jusqu'à la quatrième génération ceux qui lui sont agréables. »
PROUDHON - Idée générale de la révolution au XIXe siècle, 1851.
PROUDHON toujours aussi actuel !
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« Il n’est pas possible de séparer le proudhonisme de la vie de Proudhon, écrit Jean Touchard (1) ; le proudhonisme c’est d’abord la présence d’un homme ». C’est sans doute le côté le plus attachant de celui qui fut l’un des pères fondateurs du socialisme français : il a vécu, totalement, ses idées.
Né le 15 janvier 1809 à Besançon, Pierre-Joseph Proudhon avait pour parents un tonnelier (vigneron à ses heures) et une servante. Loin de cacher ses origines modestes, Proudhon a toujours affirmé qu’il entendait, à travers son oeuvre, « travailler sans relâche... à l’amélioration intellectuelle et morale » de ceux qu’il se plaît à nommer « ses frères et ses compagnons ». Homme du peuple, devenu par ses écrits la conscience de nombreux militants révolutionnaires, Proudhon se gardera toujours de succomber à la vanité qu’apporte trop souvent le succès intellectuel. A vingt-neuf ans, alors qu’il vient d’être choisi par l’Académie de Besançon comme bénéficiaire de la pension Suard (2), il écrit à son ami Ackermann : « Faites des voeux pour que ma fragilité humaine reste fidèle à ses serments et à ses convictions et ne se laisse point offusquer par un vain succès d’amour propre» (3).