Ces propos on déclenché un tollé dans le monde islamique, toutes tendances confondues, avec exigence de « repentance publique » pour des propos jugés diffamatoires à l’égard de l’islam, exigences assorties de menaces et d’actes de violences contre les rares lieux saints chrétiens en terre islamique.
Cette affaire qui enfle chaque jour davantage appelle quelques commentaires.
D’abord, il est vrai que le christianisme en général et l’Eglise Catholique en particulier sont très mal placés pour donner des leçons de tolérance et de non violence quand il s’agit de « vérités dogmatiques ». N’importe qui, un peu au fait de l’histoire du christianisme, sait bien que la christianisation de l’Europe et d’une partie du monde ne fut pas un « long fleuve tranquille » mais un enchaînement de violences physiques et morales assumées avec la meilleure conscience du monde puisqu’il s’agissait d’obliger les gens à « faire leur salut » en croyant au « seul vrai Dieu ». C’est bel et bien le problème moral de tout monothéisme qui, persuadé de l’existence d’une vérité unique, considère la vérité des autres comme, au mieux superstition, au pire erreur diabolique. Nous autres, Européens, avons été bien payés par nombre de massacres et de bûchers pour prendre avec une certaine distance les protestations papales : nous savons que le loup n’est pas devenu agneau de lui-même mais contraint et forcé parce que le devenir historique lui a arraché les crocs.
Cela dit, les protestations enflammées venues du monde islamique sont tout aussi inadmissibles tout en étant très inquiétantes pour l’avenir.
Inadmissibles, elles le sont parce qu’avant de jouer les vierges effarouchées, le monde musulman ferait bien de balayer devant sa propre porte. Ce n’est pas une diffamation, mais la constatation d’un fait que de souligner que le monde islamique interdit en son sein les autres religions, sauf quand il ne peut faire autrement mais en leur imposant alors des conditions de subordination et de ségrégation sociales et politiques qui cloueraient n’importe quel pays européen, s’il les pratiquait, au pilori du fascisme ou de l’apartheid. C’est un fait aussi qu’il proscrit les conversions de l’islam vers d’autres religions et que l’apostasie y est très souvent punie de mort. C’est un fait encore que la quasi totalité du terrorisme à base religieuse d’aujourd’hui est issue du monde islamique et que les terroristes peuvent très légitimement trouver dans leur tradition religieuse les justifications théologiques à cette violence inadmissible. Qui se sent morveux se mouche, dit un proverbe français, si donc le monde musulman veut éviter qu’on lui fasse des procès, qu’il procède enfin à l’instauration de la liberté de conscience dans les états qu’il contrôle et qu’il fasse le toilettage définitif de ses dogmes.
Inquiétante, l’agitation présente, venant après les menaces et les attentats qui ont suivi l’affaire dites « des caricatures de Mahomet », délibérément montée en épingle au delà de sa réalité, loin d’infirmer les propos de Benoît XVI, ne fait que les confirmer. Elle donne le sentiment que l’islam se sent assez fort aujourd’hui pour exiger, sous prétexte de respect, toujours plus de déférence et d’aplatissement en Europe. Ce qui se dessine, c’est l’imposition subreptice avec la complicité active d’un nombre croissant d’européens de souche renégats, d’un nouveau statut de dhimmi à l’intérieur duquel les non-musulmans devront supporter vexations, insultes et menaces pour le fait de leur histoire et de leurs cultures quand il leur sera interdit la moindre parole critique à l’égard de l’islam. Le fait que les communautés musulmanes d’Europe soient montées en flèche dans les protestations contre Benoît XVI montre à l’évidence qu’il n’est plus très loin le moment où elles considèreront l’Europe comme « terre d’islam » où elles auront le droit de faire, sans partage, la loi spirituelle, intellectuelle et sociale.
Nous autres Européens avons assez souffert hier de la prétention normative du monothéisme chrétien pour accepter demain la prétention du monothéisme musulman à régenter nos vies.
Qu’on se le dise !