{xtypo_dropcap}F{/xtypo_dropcap}ait divers ». C’est sous ce titre anodin et sur une petite colonne (cela ne mérite pas mieux, n’est-ce pas ?) que Le Monde (5 janvier) a rendu compte sobrement, très sobrement, d’un banal épisode : « Au petit matin du Nouvel An, les 600 voyageurs du train Corail assurant le trajet entre Nice et Lyon ont vécu une heure et demie d’effroi. Parmi la centaine de jeunes gens (sic) des Bouches-du-Rhône et du Vaucluse revenant d’une nuit de réveillon sur la Côte d’Azur (resic), une trentaine ont semé la terreur dans ce train, parti de Nice à 6 heures, le 1er janvier (…) Ils ont insulté les voyageurs, agressé et dépouillé certains d’entre eux, mis à sac le train, dont les rideaux ont été déchirés et des fauteuils lacérés ». Jusqu’à la gare des Arcs, où le train a été immobilisé pendant plus d’une heure et demie, « attendant l’arrivée des gendarmes de la brigade des Arcs, lesquels ont dû appeler des renforts pour mettre un terme à ces « scènes de pillage », selon les mots du procureur de Draguignan ».

Coupables d’agressions sexuelles sur des jeunes femmes, trois individus ont été interpellés – beaucoup des agresseurs ayant pris la fuite – et l’un d’eux « devra suivre une expertise psychiatrique dans le cadre d’accusations d’atteinte sexuelle en réunion » (on prend les paris ? Le psychiatre « expert » va déclarer l’accusé irresponsable – car, bien sûr, « malade »).

La SNCF a estimé qu’il s’agissait là d’un « acte isolé » et que « cet événement malheureux » imposerait à l’avenir « de mieux cibler les trains sensibles ».

 

Question : qu’est-ce qu’un « train sensible » ? Réponse : un train où des « jeunes » (Le Figaro du 5 janvier ose même écrire « les adolescents »... et pourquoi pas « les enfants » ?) commettent « de menues dégradations » (expression du procureur Christian Girard…). On apprend, incidemment, que les deux seuls individus emprisonnés, âgés de 19 ans (des « adolescents »...) sont « nés au Maroc » (Libération, 5 janvier). Quatre mineurs, interpellés puis relâchés (bien sûr, comme d’habitude) « font l’objet d’une convocation devant le juge des enfants ». Les pauvres… Le juge va sûrement les gronder très fort.

L’affaire est emblématique à bien des égards.

D’abord elle illustre spectaculairement le livre d’Ivan Karpeltzeff, La guerre des mots, que viennent de publier Les Editions de la Forêt. Hypocrisie d’un vocabulaire (les « jeunes ») par crainte de dire la vérité, à savoir que ce sont des bandes ethniques qui sont concernées (il faut bien chercher dans la presse avant d’apprendre que les « jeunes » sont d’origine non-européenne – Le Figaro dit « originaires des cités environnantes » de Marseille : au lecteur de savoir traduire…). Dans le genre, la SNCF n’est pas mal. Elle déclare que les casseurs, pourtant bien repérés à Nice, semblaient « des personnes dissipées ». Rien de grave, quoi, des garnements…  « On est habitué à ces situations » avoue le syndicaliste délégué de Sud-Rail à Marseille... qui s’appelle Jamil Zeribi (ah bon). Un cadre du siège parisien de la SNCF, qui tient courageusement à rester anonyme, déclare, lui : « Ce qui s’est passé est grave mais, malheureusement, ça se passe aussi parfois entre La Plaine et Saint-Denis sans que personne en parle ».

Toujours dans le vocabulaire faux-cul, Libération fait très fort en titrant sur le « far west » du train Nice-Lyon. C’est sympa, le farwest, non ? Et dans son éditorial titré « Shérifs », Patrick Sabatier explique qu’il ne faut pas exagérer : il s’agit de « quelques petits voyous » mais on est « très loin d’un remake méridional d’Orange mécanique  ». Il ne faut donc pas « dégainer trop vite pour jouer les shérifs (…) Au risque de favoriser l’hystérie dans l’opinion ». Il a raison, cet homme : les gens qui pourraient s’inquiéter en apprenant de tels événements sont sûrement des hystériques. Une remarque, tout de même : au farwest, dans les westerns, les shérifs dégainent et descendent les méchants. Et, si les shérifs ne le font pas, les honnêtes citoyens, colt au côté, s’en chargent.

Accusé de jouer au shérif, Sarkozy n’est pas digne d’un tel compliment. Il fait des moulinets mais ménage la chèvre et le chou – en l’occurrence la SNCF qui, la pauvre, n’est responsable de rien car (communiqué officiel du ministre de l’Intérieur) « il s’avère  que des déplacements de bandes sont parfois difficilement gérables ». Ah qu’en termes galants…

Et pourtant, à chaud (lorsque malgré les efforts officiels de black out, l’affaire du train de Nice est sortie, avec retard, dans la presse), tout le monde – la SNCF, la police et la gendarmerie, la préfecture des Alpes-Maritimes, le Conseil régional de PACA (qui avait gentiment payé, aux frais du contribuable, le voyage de Nice aux bandes de voyous) - s’est repassé le bâton merdeux. La directrice de cabinet du préfet des Alpes-Maritimes nous a expliqué à la télévision, en zozotant, que c’était la faute de tout le monde…et donc de personne. Au jeu de « l’autre est plus nul que moi » les autorités de notre République bananière sont championnes toutes catégories.

C’est aussi ce qui apparaît derrière l’affaire du train de Nice : le décalage complet entre les discours officiels (c’est « totalement inacceptable » a dit Chirac avec un fort beau mouvement de menton) et la réalité des mesures mises en application. L’immense majorité des voyous du train de Nice vont s’en tirer sans aucun dommage alors que les RG auraient la possibilité d’identifier beaucoup d’entre eux, déjà connus des services de police et qui, de plus, ne vont pas manquer de clamer partout qu’ils ont « niqué les Français »... et qu’ils recommenceront à la première occasion. Ils sont bien conscients de la lâcheté d’autorités officielles qui disent et font tout et le contraire de tout, en fonction des intérêts électoraux des uns et des autres. C’est Chirac, qui bat piteusement en retraite sur l’affaire de la loi de février 2005 reconnaissant le rôle positif de la colonisation française, qui devra être « réécrite » - Chirac ridiculisant ainsi les députés UMP (bonjour les cocus), sommés de rentrer à la niche. C’est Chirac encore qui, par les orientations qu’il exige du gouvernement, pour 2006, s’aligne sur le ministre (eh oui !) Azouz Begag, lequel déclare dans un entretien à la revue ethnocommunautariste Respect Magazine (sic) : « Il faut traverser le périphérique, aller chez les indigènes là-bas, les descendants de Vercingétorix…Il faut casser les portes, et si elles ne veulent pas s’ouvrir, il faut y allé (sic) aux forceps. Partout où la diversité n’existe pas, ça doit être une invasion de criquets, dans les concours de la fonction publique,  dans la police nationale. Partout de manière à ce qu’on ne puisse pas revenir en arrière ».

Ce beau programme – « l’invasion de criquets » -  béni par Chirac et Villepin a constitué les vœux de nouvel an pour les passagers gaulois  (les « descendants de Vercingétorix », comme dit le bronzé) du train Nice-Lyon.

Quant à Sarkozy, qui nous a fait son numéro habituel de matamore à la télé après l’affaire du train, c’est lui qui, avec sa « discrimination positive » (en clair : priorité absolue aux non-Européens) et son droit de vote pour les étrangers est le principal responsable d’une africanisation accélérée de la France. Surtout ne pas être dupe de ce personnage. Chirac et lui se haïssent mais ils ont un point commun : ils incarnent tous deux un danger mortel pour la population européenne de ce territoire qu’on appelle encore la France. Et qui vient d’assister, effarée, avec l’affaire du train, à un nouvel épisode de la guerre ethnique. Car c’est évidemment ainsi que l’ont compris « les jeunes » - non seulement ceux qui ont semé la terreur dans le train, mais encore tous les autres, les millions d’autres, qui considèrent ces « frères » comme des héros puisqu’ils ont fait trembler les Gaulois et humilié leurs femmes. Et, tous, ils doivent bien rire, en voyant s’agiter les guignols de la République pure et dure.

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